Elle l'avait à sa merci, il ne pouvait plus lui résister, rien lui refuser. Elle avait le pouvoir ! Car oui, les femmes fatales avaient le pouvoir, et Sélès se plairait bien dans ce rôle … Cela satisferait grandement ses petits caprices, mais elle n'était assez esclavagiste dans l'âme pour en profiter de façon bien importante. Non, tout ce dont elle profitait serait de ce genre de petites faveurs innocentes. Elle se sentait telle une princesse, ou au moins une lady, ainsi vêtue. Elle avait hâte de se montrer ainsi à Zelos, sans nul doute qu'il ne tarirait pas d'éloge lui non plus ! D'autant plus que cela fait bien ...Quoi, trois ans qu'il ne s'étaient pas vus ? Ça faisait si longtemps ! Elle était encore plus petite et surtout plate comme une limande à l'époque ! Ça allait sans doute lui faire un choc de voir que sa toute petite, petite, petite sœur était devenue une jolie jeune femme dans la fleur de l'âge.
  Même s'il était faible et qu'il lui céda son nouveau caprice, Aeron tenta de donner une petite pointe d'autorité qui ne se sentit pas le moins du monde, tant il parlait gentil et que … Au final, il lui fit deux cadeaux pour le prix d'un !! Elle était un peu gênée d'être ainsi gâtée. Le faire chanter pour qu'il cède à des envies frivoles l'amusait, mais des cadeaux matériels et onéreux suscitaient déjà plus d’embarras. Elle avait l'impression de profiter de lui sans ne l'avoir jamais souhaité, d'être une croqueuse de diamants. Il tenta de la rassurer sur ce point, comme s'il avait deviné ses pensées, mais cela ne la rassura qu'à moitié. Elle ne put qu'accepter, il ne lui laissait pas vraiment le choix, mais elle se promettait de lui faire un joli cadeau aussi. Elle ne savait pas encore quoi, mais elle trouverait bien, et elle avait largement de quoi lui rendre la pareille avec ses économies qu'elle avait tant envie de dilapider. Elle se découvrait effectivement une soudaine fièvre acheteuse, sans doute poussée par son nouveau sentiment de pleine liberté. Peut-être était-ce aussi l'envie de se débarrasser de tout ce qui constituait son ancienne vie de solitude, pour s'offrir les fruits d'un nouveau départ. Elle avait toujours eu un certain instinct de conservation jusque-là, économisant, faisant des réserves avec sagesse. Mais c'était finalement plus par ignorance que par sagesse ! Elle ne savait tout simplement pas comment dépenser son argent avant. Mais maintenant qu'elle savait, elle ne se priverait pas.
  Mais voilà que l'heure avançait sans les attendre, et l'heure du déjeuner était largement arrivé ! Ils remballèrent leurs cliques et leurs claques – et par là j’entends surtout la montagne de vêtements choisis par la rouquine – et sortirent enfin du grand magasin. Sélès ne manqua pas de remercier généreusement Mavis et avait même insisté pour lui offrir quelque chose. Et oui, Sélès était naturellement pour la rupture des classes sociales ! Qu'en attendre de moins de la part d'une demi-elfe ? Mavis ne faisait peut-être que son travail, mais ça ne l'empêchait pas d'être une personne très agréable, et puis Sélès était gênée de se faire ainsi plaisir sans en faire profiter tout son entourage, ainsi, elle se sentait plus en équité.
  Il reprirent leur carrosse pour retourner à l'hôtel afin de se décharger de leur fardeau, et pendant le trajet, Sélès s'était laissée aller à la description de tous ces jolis vêtements auxquels elle avait du renoncer. Oui parce qu'avec tout ce qu'elle avait gardé, on aurait pas cru comme ça, que si elle ne s'était modérée un peu, elle aurait peut-être pris deux fois plus. Ce n'était pas du tout intéressant ce qu'elle disait, et pourtant Aeron la regardait, il semblait écouter – en tout cas, il fut bien attentif lorsqu'elle lui parla de ce haut super échancré, ça c'était certain. Elle ne savait pas pourquoi elle parlait, mais les mots venaient tous seuls. Elle avait l'impression de s'être transformée en une petite pie bavarde, jusqu'à ce qu'elle ait épuisé son stock de descriptions. Elle avait sacrément soif du coup.
  Après être donc passé par l'hôtel, il se rendirent au beau restaurant juste en face, et s'installèrent à une table où ils pouvaient pleinement contempler le large. Lorsque la serveuse vint prendre leur commande, elle jeta son dévolu sur le rumsteck et sa poêlé de 'légumes du soleil'. Elle prit alors le temps d'admirer une fois de plus l'environnement, fixant un instant la plage avec envie. Elle ne put s'empêcher d'insister pour connaître la suite du programme.
  – Alors, on ira après ? A la plage !
  Il voulut un instant laisser planer le suspens, juste pour la faire trépigner. Alors elle insista et décrocha finalement une approbation. Elle était si impatiente qu'elle dévora son repas aussi vite que le petit déjeuner, faisant tout de même l'exploit de prendre un dessert, qui fut englouti tout aussi vite. Cela semblait amuser et impressionner en même temps Aeron, qui lui conseilla plusieurs fois de ralentir si elle ne voulait pas s'étouffer ou avoir mal au ventre, ce à quoi elle répondait que les vagues ne pouvaient attendre ! Pourquoi, ce ne serait pas la première fois qu'elle irait à la plage ! Elle y avait grandi … mais seule. Elle en profitait parfois, lorsque Zelos venait, mais là, c'était différent, là, c'était ALTAMIRA.
  Ils remontèrent une nouvelle fois à l’hôtel pour se changer, Sélès emprunta la salle de bain après Aeron, qui s'était affublé d'un short de bain beige où figurait le motif d'un dragon orange sur le flanc. La dessus, il portait une chemise blanche, ouverte sur son torse qu Wahou mais … c'est qu'il en avait des jolies tablettes de chocolat ! Bref. Ce n'était pas le moment de loucher, voyons, jeune fille … Enfin, quand même ! Elle alla donc se changer à son tour pour revêtir son maillot de bain orange, par-dessus lequel elle enfila une petite robe fine et blanche, tout simple, juste pour le trajet hôtel-plage. Elle noua son paréo autour de ses hanches et sortit pour mettre son grand chapeau de plage jaune et des lunettes de soleil, abordant un petit air tout fier. Puis elle s'approcha du blondin, et se hissa sur la pointe de pied, toute proche de lui, pour lui mettre un bob blanc sur la tête, parce que oui, Sélès est une fétichiste des couvre-chefs. Elle lui ajouta également des lunettes de soleil, et lui adressa un large sourire satisfait.
  – Petit cadeau pour toi, je me suis dis que ça t'irait bien … Et j'avais raison !
  Elle conclut par un petit rire. Elle s'était séparée de son exsphère, de peur de la perdre ou d’attirer l'attention avec. Pour un petit après midi, elle allait bien supporter de ne pas la porter. Puis comme elle était décidément trop impatiente, elle partit devant en demandant à Aeron de se dépêcher.
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Arrivée du déserteur et sa rouquine [PV Seles] Mar 19 Nov - 1:50
Le repas était très bon. La rouquine avait insisté pour aller à la plage et oui c'était prévu. Aeron prit un malin plaisir à la laisser insister avant de dire oui. La voir heureuse l'emplissait de joie. Il monta avec elle dans l'ascenseur, mais il ne pouvait pas se débarrasser de cette impression d'être observé. Ce devait être son imagination. Il n'était pas possible que les gardes pontificaux soient déjà sur leurs traces. Une fois dans leur chambre, il n'y pensait déjà plus. Il passa à la salle de bain le temps de se changer, puis laissa sa place à Seles. Il eut l'impression que celle-ci le regardait avec attention qu and il sortait. Elle devait juste être curieuse de sa tenue de plage, vu qu'il ne l'avait pas encore mise devant elle. Il n'eut pas long à attendre avant qu'elle ressorte en toute hâte tout en finissant d'attacher son paréo. Elle avait vraiment des jambes magnifiques, mais le jeune homme ne s'y attarda pas. Il savait quel embarras le guettait, sinon. Ils reprirent l'ascenseur et pendant qu'ils allaient vers le sable, il se sentit à nouveau observer. Bah, ce n'était rien, il fallait qu'il arrête de se croire le centre du monde. Seles devait beaucoup plus attirer les regards que lui, de toute manière.
Jirall était le grrrraaaaand héritier de la maison Valerius. Il était là à Altamira avec cette bonne à rien de servante demi-elfe. Saleté, au moins il pourrait la prendre au lit si jamais il ne trouvait aucune autre fille à y amener ce soir. Il avait fait attention à prendre la plus voluptueuse des servantes pour ses vacances personnelles, il fallait bien qu'il en profite, non ? Elle n'avait pas le droit de lui refuser quoi que ce soit. Ah les avantages des nobles, il ne s'en lasserait jamais. Le voilà paré pour aller sur le sable. Il attendait que sa servante lui apporte sa glace qu'il lui avait demandée. "Demander" était une façon de parler, bien entendu. Elle n'avait pas le choix et voilà qu'elle revenait. Cette incapable a failli lâcher la glace en se faisant bousculer par cette rouquine... plutôt mignonne la rouquine, d'ailleurs. Un grand blondinet la suivait, sûrement son copain, tant pis. Attendez, ce blondinet... AERON ?! Qu'est-ce que cette raclure qui valait à peine plus que les excréments d'un demi-elfe faisait là ? Il était sensé être dans la Garde Pontificale, Jirall y avait veillé. Avait-il eu une permission ? Peu probable, elles n'étaient jamais acceptées ou presque et on ne peut pas dire que ce vaurien ait été très bien vu de l'Eglise. C'est donc avec sa servante demi-elfe qu'il suivit le couple de loin. Attendez, ils ne semblaient pas si proches. Une fois qu'ils eurent disparu dans l'ascenseur, l'héritier Valerius demanda à l'accueil s'ils avaient le nom d'Aeron. Effectivement, Aeron avait la chambre voisine à celle de son frère. Un hasard qu'ils ne se soient pas encore croisés depuis ce matin. Après avoir attendu, il les vit ressortir. Comme il le pensait, ils allaient à la plage. Il se tourna vers la servante qui semblait préoccupée.
-Quoi ? Parle !
-La jeune fille rousse, monseigneur, c'est une de mes semblables.
Cette rouquine ? Une demi-elfe ? Elle cachait bien son jeu. Ainsi ce déchet qui appréciait la race inférieure se promenait avec l'une d'entre elles. Probablement l'avait-il rencontré lors de ses missions et est parti avec elle pour essayer de l'amener dans son lit. S'il n'avait pas encore réussi, il devait probablement être encore puceau... et la rouquine également pucelle. Oh quelle douce mélodie résonnait dans la tête de Jirall. Il allait prendre cette fille à Aeron, la mettre dans un lit et la défleurer. Elle n'avait beau être qu'une demi-elfe, le plaisir de ravir cela à Aeron serait suffisant pour compenser. Et après tout, honorer cette vermine d'un membre si noble devrait être appréciable pour elle aussi.
Aeron n'était plus vraiment concentré sur le fait d'être suivi ou non ; il mettait cette impression sur le fait qu'il n'était plus habitué à être au milieu de la foule. Il avait enlevé sa chemise et était parti acheter des glaces à un petit stand sur la plage. Une fois arrivé, il la reconnut. Cette fille qui vendait les glaces, il l'avait croisée dans l'ascenseur. Toujours aussi parfaitement proportionné aux yeux de la plupart des mâles, elle vendait des glaces et l'attention des gens alentours n'était pas sur ses mains. Le blondinet garda ses yeux dans ceux de son interlocutrice quand il demande une glace pour lui et une autre pour Seles. La jeune fille avait bien pris un dessert un peu plus tôt, mais ce n'était apparemment pas suffisant. La vendeuse reconnut apparemment Aeron. Elle le taquina d'un clin d’œil aguicheur tout en donnant la glace, puis, plus surprenant, lui dit simplement de se concentrer sur sa rouquine qu'il semblait tant aimer. D'abord gêné et plus rouge qu'une tomate, Aeron fut surpris au-delà de ce qu'il pouvait imaginer. Comment savait-elle qu'il appréciait beaucoup Seles ? Et puis il ne l'appréciait pas à ce point non-plus, si ? Dur à dire. Il avait l'impression que cette mystérieuse femme le perçait à jour mieux que lui-même sur les sentiments qu'il pouvait nourrir. C'était quelque chose d'assez étrange. Il lui adressa un sourire de gratitude malgré tout. Elle avait les possibilités de le taquiner comme elle voulait et elle avait plutôt choisi de le guider dans ce qu'il considérait être la bonne direction. Oui, elle avait raison, quelle que soit les tentations des femmes, seule Seles importait. Oui il l'aimait... enfin il croyait... Rah les sentiments, ce n'est jamais simple.
Ah ce benêt d'Aeron allait acheter une glace. Waw cette vendeuse... c'était vraiment quelque chose. Jirall la prendrait bien dans son lit tous les soirs de ses vacances et même plus. Ah mes regardez-moi cette poitrine, cette courbure des hanches, et ces jambes ! Oh, mais attendez. Un simple clin d’œil de sa part et le pauvre petit blondinet tout prude était gêné ? Il était apparemment très sensible au charme féminin. Les engrenages s'activaient dans l'esprit tordu du grand frère d'Aeron. Oui, il y avait un moyen simple de faire cela. Il loucha sur la poitrine généreuse de Cécilia, cette bonne à rien de servante. Oui, tout était clair. Après un bon moment à expliquer son plan et à donner des ordres précis pour les différents cas de figure, Jirall se leva, satisfait. Aeron savourait sa glace en discutant avec sa compagne. Profite de ta glace mon petit blondinet, tu verras le résultat des manigances de celui qui t'est supérieur. En attendant, il y avait une vendeuse de glaces à séduire. Le nom de Valerius était toujours aussi efficace, normalement. S'approchant d'un pas conquérant, s'imaginant déjà pouvant la peloter en public après un petit numéro de charme.
-Salut ma jolie. Tu as un corps divin, ma foi, je n'ose imaginer ce que ça donnerait avec un noble expérimenter comme moi, Jirall Valerius. Il faut dire que...
On ne sut pas ce qu'il fallait dire, car Jirall avait fait l'erreur de se mettre sur le côté du stand, à un pas à peine de la femme. Celle-ci se décala et écrasa le noble pied de son talon tout en approchant son joli minois avec le sourire le plus aimable qui puisse être.
-Dis donc le petit nobliau. Tu trouves que j'ai la tête de tes catins habituelles ? Déjà, je ne m'intéresse qu'aux hommes, aux vrais, ensuite ton nom n'est rien. A présent, disparais. Je te promets que le jour où je verrai ce que tu as entre les jambes, je ferai un tour de magie avec, et ce ne sera pas de le faire grossir, crois-moi !
Elle avait dit tout ça d'un ton parfaitement calme, joyeux, comme si elle l'invitait à prendre le thé. C'était beaucoup plus effrayant que si elle s'était énervée. Elle retira son talon et Jirall partit sans demander son reste. Mais c'était quoi cette traînée ? Elle ne savait pas ce qui était bon en ce bas monde, décidément. Tsss il faudra la retrouver et la faire fouetter quand il aura réintégré la maison familiale. Mais pour l'instant, il avait un plan à accomplir.
Aeron avait fini sa glace. Seles lui avait raconté quelques détails sur ses entrevues avec Zelos. Il était vraiment un frère adorable qui voulait veiller sur sa petite sœur. Cela changeait des rumeurs de coureur de jupon, bien que ces rumeurs furent confirmées par Seles elle-même. Aeron aurait aimé avoir des liens avec sa famille, pouvoir discuter avec eux. Enfin, il avait Elena quand il pouvait la voir, et maintenant, il avait surtout Seles. Elle était belle, tellement belle. Cependant, il avait du mal à ne pas regarder son corps. Elle n'avait plus que son maillot de bain sur elle, et par Martel quel corps ! Le blondinet ne l'aurait pas qualifié de parfait mais pourtant il ne voyait pas comment il pourrait être mieux. Il avait conscience que ses sentiments forts jouaient peut-être un peu et qu'il n'était pas objectif, mais il n'en avait cure. Malgré la tentation de regarder, il avait évité et était resté presque calme... en tout cas, assez calme pour que cela ne se voie pas. La chaleur commençait à se faire sentir. Seles ne semblait pas au mieux de sa forme. Il faut dire qu'elle n'avait pas son exsphère avec elle. Aeron allait demander si elle voulait se baigner mais sans son exsphère, cela allait être difficile pour elle. Elle avait cependant pris la décision de ne pas prendre cette dernière, il n'allait remettre sa décision en question. Seles était encore celle qui connaissait le mieux son propre état. Il allait malgré tout poser sa question quand un ballon lui atterrit dessus. Une jeune femme de grande beauté s'approcha pour le récupérer.
-Excusez-moi, je ne voulais pas qu'il arrive sur vous. Je pense que je vais plutôt aller dans l'eau pour jouer avec.
Elle était là, penchée en avant avec ses cheveux blonds qui pendaient sur son côté droit. Son opulente poitrine était mise en avant par sa position et le fait qu'elle les serrait probablement sans le vouloir avec ses bras. Elle avait un sourire impeccable et donnait l'impression d'être aimable. Elle récupéra son ballon et avec un clin d’œil presque complice, lui décrocha un :
-Merci bien, beau blond, tu es un amour !
Et ainsi elle partit vers l'eau avec son ballon dans les mains. Ses fesses et jambes étaient aussi impeccable que son sourire et sa poitrine et Aeron, sous la surprise, la regarda partir pendant quelques secondes. Il allait demander à Seles si elle comprenait comme quelqu'un pouvait être si démonstratif envers des inconnus, mais celle-ci ne semblait pas contente. Après un silence inconfortable, elle lui demanda de terminer la question qu'il allait formuler. Pensant pouvoir se rattraper aux branches, il posa la question. Et non, Seles ne voulait pas aller dans l'eau à cause de son état mais il pouvait toujours y aller sans elle si ça le chantait. Prenant ça comme une invitation à la laisser tranquille. Pauvre Aeron, il regrettera longtemps de ne pas comprendre les messages cachés des femmes. Il se leva donc et partit vers l'eau, laissant Seles seule. Il ne réalisait pas à quels dangers il l'exposait. Il se plongea rapidement dans l'eau qui était plutôt à une bonne température. Il décida de nager un peu pour se changer les idées et se dépenser.
Aeron était vraiment un crétin pour abandonner cette jeune fille fragile toute seule. Il ne se méfiait pas des prédateurs qui rôdaient. Quel inconscient. Enfin, cela arrangeait bien Jirall. Il s'approcha de la rouquine et s'assied à côté d'elle, ayant préparé son masque de sourire aimable. Il n'était pas Jirall, il était... disons Zelos. Zelos le grand séducteur, aucune fille ne pouvait lui résister. Voilà de l'auto-persuasion qui marchait bien en général. Il salua la demoiselle et lui demanda si elle allait bien. En effet, elle semblait fatiguée. D'un air méfiant, elle répondit que tout allait bien. Parfait, ma petite, parfait, crois-en le bon Jirall, cela ne durera pas.
-Je dois vous avouer, mademoiselle, que je vous regarde depuis un moment. Votre beauté est tel un joyau au milieu de cette plage. J'ai eu du mal à penser à autre chose qu'à vous depuis que je vous ai vue, et je m'inquiète beaucoup pour vous.
La jeune fille, d'abord surprise, semblait heureuse malgré tout d'entendre ces compliments. Haha, cela marchait à tous les coups. Toutes les filles tombaient sous le coup de quelques compliments bien placés. Elles n'avaient jamais de moyen de vérifier que c'était vrai. Ah, qu'il était simple de les manipuler, et voilà qu'elle était intriguée de sa dernière remarque, tout comme prévu. Prenant son air le plus chagriné possible, il continua.
-Votre compagnon ne semble pas vous porter beaucoup d'intérêt, à croire qu'il ne pense pas avec sa tête ou son cœur, si vous voyez ce que je veux dire. Je l'ai vu tout à l'heure acheter des glaces, mais ses yeux se promenaient surtout sur la poitrine de cette demoiselle. Ah je ne comprendrai jamais ces hommes qui fantasment sur une poitrine rebondie. Seuls la personnalités et les yeux d'une personne devrait compter. Là il s'est rincé l’œil jusqu'à ce qu'elle lui fasse apparemment une remarque. C'était gênant à voir, à ce point.
Tout en parlant, il indiqua du doigt la femme qui l'avait maltraité lui, son pied et son honneur. La rouquine suivit la direction indiquée et, les yeux de la rouquine s'élargirent.
-Mais... c'est la fille de l'ascenseur !
-Oh, vous la connaissez ?
-Oui, enfin non. Aeron l'a déjà fixée quand on l'a croisée dans un ascenseur.
Oh Aeron ! Tu joues le jeu à la perfection sans même le vouloir ! Oh que c'était bon, un véritable délice ! Tout allait encore mieux que prévu, maintenant. Le destin lui-même aidait Jirall à assouvir ses dessein. C'était la preuve que les nobles qui se conduisaient comme tels et qui n'allaient pas pactiser avec des demi-elfes inférieurs avaient les faveurs de Martel. Martel devait détester les demi-elfes pour le récompenser ainsi !
-J'ai l'impression que votre ami ne vous estime pas beaucoup. J'espère qu'il ne se sert pas de vous d'une manière ou d'une autre, ce serait tellement triste. Oh, au fait, je m'appelle Jirall !
Il n'avait fait aucune accusation, mais les graines du doute germeront dans l'esprit de la jeune fille. Ces graines deviendront rapidement une méfiance, voire une haine. C'était tellement facile que c'en était jouissif. Il apprit au passage que la rouquine s'appelait Loreleil. Qu'importe son nom, bientôt, elle s'appellera la vierge-défleurée-perdue-nue-dans-le-couloir.
Aeron avait eu raison de nager un peu, cela lui faisait du bien. Il nageait le crawl quand il percuta quelque chose de moelleux. Il se redressa sur ses pieds. L'eau lui arrivait au niveau du torse et la jeune femme qu'il avait percuté était presque aussi grande que lui. Il la reconnut comme étant celle qui avait été maladroite avec son ballon. Elle s'excusa d'avoir été sur la route du jeune homme et lui s'excusa de ne pas l'avoir vue.
-Vous n'avez plus votre ballon, vous l'avez perdu ?
-Oh ce n'est rien, je l'ai laissé à des amis. Mais j'ai trouvé bien mieux.
Le ton aguicheur sur lequel ces derniers mots avaient été prononcés, liés au physique avantageux de la jeune femme firent qu'Aeron se dressa en un temps record. Pourquoi était-il si sensible au charme féminin ? Il se maudit lui-même. Alors qu'il pensait cela, la jeune femme s'approcha de lui et mis ses mains sur ses épaules tout en collant sa poitrine contre le torse d'Aeron. Les pensées d'Aeron se bousculèrent, pourtant elles posaient toutes la même question : "jefaisquoijefaisquoijefaisquoijefaisquoi?". Cela ne lui était jamais arrivé. Il ne voulait pas faire quoi que ce soit avec cette femme mais pourtant elle savait tellement bien se servir de ses charmes, malgré le fait qu'il préférait les poitrines moins massives, qu'il n'osait pas la repousser. Que dire ? Que faire ? Le comportement de cette femme était totalement incompréhensible pour lui. Alors qu'elle se rapprochait encore plus, elle mis ses mains sur les fesses d'Aeron et appuya pour que les bassins se collent. Aeron sentit son membre raide comme un piquet frotter contre le bas-ventre de la séductrice. Il n'avait jamais connu de contact ici autre que par lui-même et dans son état de manque, ne put s'empêcher de fermer les yeux et de pousser un soupir d'excitation. Non, ce n'était pas normal, il ne fallait pas céder. Il vit le visage aux traits élégants se rapprocher du sien. Non, c'était trop près, trop près ! Il avait envie de goûter à ces lèvres pulpeuse, mais en même temps, il ne voulait pas. Le désir l'envahissait en même temps que sa volonté luttait contre. Alors que leurs lèvres allait se toucher, Aeron détourna son visage. Non, il ne se laisserait pas faire. D'un effort qui lui coûta plus qu'il ne l'aurait cru, il prit la femme par les épaules et l'écarta de lui. Il parla d'un ton ferme, tout en levant le bras et désignant la plage à laquelle il tournait le dos.
-Mademoiselle, je suis désolé mais je ne suis pas du genre à accepter si vite des avances, aussi tentantes soit-elles. De plus, et plus important, la femme que j'aime est sur cette plage. Même si elle ne le sait pas, accepter vos avances serait une infidélité à mes yeux.
La jeune femme ne répondit rien, elle prit un air vexé et retourna sur le sable. Aeron attendit une petite minute de se calmer avant de faire de même. Toute envie de nager l'avait déserté après cet épisode pour le moins incongru.
Jirall jubilait. Cécilia était parvenue à intercepter Aeron qui nageait. Elle commençait son numéro de charme. Il en profita pour continuer son discours cette Loreleil.
-Vous savez, j'ai rencontré pas mal de femmes brisées. Quelques hommes beaux parleurs se faisaient passer pour des victimes, se servait de sentiments nobles comme la compassion pour attirer leur proie dans leur toile. Il vous couvre de compliments ou de cadeau, parfois des deux, fait tout pour vous faire plaisir, tout ce genre de choses. Mais à l'arrivée, tout cela n'est qu'illusion. Tout ce voudra un homme de ce genre, c'est avoir sa victime, la prendre dans son lit avec l'approbation de celle-ci. Non, la forcer n'est pas drôle pour des manipulateurs comme eux, ils préfèrent avoir l'accord de leur victime pour ensuite s'en servir comme trophée et enfin les jeter. Excusez-moi, je divague. Depuis que j'ai rencontré plusieurs victimes de ces prédateurs, j'ai tendance à en voir partout. J'ai toujours peur que... mais regardez, ce n'est pas votre ami en train de fricoter avec une femme ? Par Martel, quel sans-gêne, aux yeux de tous en plus !
Oh Cécilia ! Tu sais y faire quand tu veux ! Un peu de bonne volonté et tout marche pour le mieux ! Ce pauvre Aeron semblait ne pas bouger. Peut-être se laissait-il réellement charmer ? Ce serait encore plus drôle, remarque. Oh, Cécilia allait l'embrasser. Mmmh on dirait qu'Aeron a détourné la tête. Dommage, mais bon, avec de la chance, la rouquine n'a pas vu ce détail.
-Tsss ce genre de personne, c'est écœurant. Connaissait-il cette femme au moins avant de l'embrasser ?
-Non, pas que je sache.
Ohoho ! La demoiselle était livide. Elle tombait des nues, apparemment. Il faut dire que ce puceau d'Aeron ne doit pas être du genre à faire tomber les femmes autour de lui. En attendant, Jirall pouvait d'ici entendre les rouages tourner dans la tête de la jeune fille pour associer tout ce qu'il lui avait dit. C'est parti pour le spectacle. Oh, Cécilia sortait de l'eau. Aeron ne tarderait pas. Il ne le reconnaîtrait pas à cette distance, mais à l'instant où cet idiot se retournera, il faudrait prendre la poudre d'escampette pour le moment. Il ne lui restait que peu de temps pour fignoler son travail.
  À elle la plage, le sable chaud et les vagues ! En traversant la mince petite ruelle qui les séparait de cet endroit salvateur, elle gardait toujours son regard vers l'horizon, prenant garde à ne bousculer personne fois ! Elle fut très confuse de bousculer cette fille tout à l'heure, et s'était confondue en excuses, d'autant plus lorsqu'elle remarqua qu'elle était demi-elfe. Elle ne put s’empêcher de se dire qu'elle n'était pas là pour les vacances, elle, pas vraiment, malgré ce que sa tenue pourrait laisser croire. Elle ne l'avait vu quoi, que deux secondes ? Mais notre petite rouquine plus perspicace qu'on ne pourrait le croire avait très vite discerné une grande fatigue chez cette jeune femme, ainsi qu'une certaine détresse et beaucoup de stress en tout cas. Bon, ce n'était pas ses affaires de toute façon … Et elle se trompait peut-être, après tout ? Pour le moment, ils arrivaient tout juste sur leur terrain de jeu de l’après-midi. Sélès enleva ses sandales dès qu'ils atteignirent le sable pour sentir les grains si chauds sous ses pieds. C'était tellement agréable de marcher là ! Et peu importe si c'était difficile de s'en débarrasser ensuite, Sélès avait toujours aimé la plage, avec ses bienfaits et ses inconvénients ! Que voulez-vous ? C'est ça l'amour !
  Ils se trouvèrent un petit coin tranquille où s'installer à l'ombre d'un palmier. Aeron se débarrassa de sa chemise, et Sélès de sa petite robe en toile fine qui se fermait avec des boutons sur le devant. Elle s'habilla cependant de son paréo de part une certain pudeur, le renouant à ses hanches. Chapeau et soleil en place, elle étendit sa serviette sur le sol et s'installa tranquillement, louchant abusivement sur le stand de glace. Elle avait dit qu'elle voulait goûter tous les parfums avant de partir … Et elle était très en retard sur son programme ! Elle allait devoir les enchaîner si elle voulait finir à temps ! Cependant, elle n'osa vraiment demander directement, mais un regard suffit au blondin pour comprendre ce que sa protégée convoitait tant. Il se dévoua donc courageusement pour aller chercher une de ces neiges au sirop, que Sélès choisit au pamplemousse cette fois, car le colorant était de la même teinte que ses cheveux.
  Elle observa tranquillement sont environnement pendant l'absence d'Aeron. Il y avait des familles qui jouaient sur la plage, des couples qui bronzaient, d'autres qui s'amusaient à s'éclabousser. Il y avait un groupe de jeunes grands, où les garçons couraient après leurs demoiselles pour les jeter à l'eau, ce qui amusa Sélès, bien qu'elle aurait certainement moins ri si cela lui arrivait. Il y avait également des gens sur les tables un peu plus loin, sirotant des boissons fraîches. C'est pendant son observation de tout ce flot de personne qu'elle se rendit compte à quel point c'était peuplé ici. Elle qui avait toujours vécu seule, ne voyant toujours que les mêmes têtes en petits nombres, sauf lorsqu'il arrivait à l'abbaye d'accueillir des pèlerins ou que les hommes de la garde changeaient. Ça lui faisait extrêmement bizarre d'être entourée d'autant de monde ! Et en fait, elle ne trouva pas ça très agréable. Tout ce brouhaha de discussions mêlé à la virulence du soleil lui en donnait presque mal au crâne. Sans compter que la dernière fois qu'elle s'était retrouvée au milieu d'une telle foule, c'était juste avant l’exécution de sa mère. Là, les gens ne criaient pas de haine – sauf peut-être ce couple là-bas qui se disputait encore – les gens étaient à peu près souriants et ne réclamaient pas le bûcher … Ah, mince. Elle ne pensait pas que se séparer de son exsphère lui ferait de l'effet aussi vite, elle ne devait pas se laisser aller ! Ça irait sans doute mieux après la glace.
  Et revoilà justement Aeron, avec le précieux. La petite rouquine le remercia de son plus joli sourire en récupérant son butin qu'elle ne tarda pas à savourer. Voilà qui était frais, sucré et revigorant ! Évidemment, elle ne manqua pas d'en chiper une fois de plus à Aeron, mais juste pour le bien de son programme ! Voilà qui lui faisait deux parfums à rayer de sa liste comme ça. La présence de son chevalier lui fit vite oublier l'angoisse qui l'avait tout à coup saisie sans vraiment de raison, et sans qu'il n'ait rien fait de spécial, elle sentit son cœur s’apaiser, comme si l'on venait de l'enrober de sucre et de chocolat tout chaud. Elle se sentait bien à ses côtés, et elle craignait d'être devenue dépendante à vrai dire. Peu importe si elle l'était, elle voulait rester avec lui, se montrer faible pour ne plus avoir à lutter. A quoi bon chercher le danger et la douleur alors qu'elle avait un moyen de se sentir si bien, juste en restant là, avec lui, en discutant gaiement.
  Tout en parlant – car elle monopolisait encore la discussion – elle le fixait, droit dans les yeux. Et ses yeux, elle les trouvait de plus en plus jolis, deux perles d'ambre précieuses qui scintillaient au soleil, ne reflétant que la bonté et la générosité de son cœur. Elle lui raconta les bons souvenirs qu'elle avait de son frère, cette fois où il lui avait appris à faire des ombres chinoises, ces après-midi à fait des châteaux de sable gigantesques, toujours très beaux, juste pour finir engloutis par les vagues. Ces jours de pluie où ils allaient construire des arches pour les vers de terre … Il n'y avait que les jours de neige que Zelos refusait d'aller jouer dehors, parce qu'il n'aimait pas ça. Sélès aimait bien elle, mais elle n'avait jamais vraiment pu en profiter à cause de sa santé fragile, et même avec l'exsphère, elle devait éviter de trop s'exposer au froid. Une chose était certaine, c'est qu'ici, elle ne risquait pas d'attraper froid ! L'insolation, par contre, elle n'y était pas à l’abri. Elle avoua cependant ces regrets quant au comportement de son frère ces dernières années. Elle lui ferait certainement des remontrances lorsqu'elle le reverrait – mais après avoir fêté ses retrouvailles. Ces trois dernières années, il avait préféré les passer à courir les filles plutôt qu'à venir la voir, et ça l'énervait vraiment. C'était en partie pour ça qu'elle détestait les coureurs de jupon, ce qu'elle ne cacha pas à Aeron. Le chevalier lui avoua d'ailleurs bien connaître la réputation de son frère, et même que, sa propre petite sœur souhaitait se marier avec Zelos. Heureusement, le rouquin ne les prenait pas encore aussi jeune que cela, mais elle rit bien sur le fait qu'ils auraient pu se retrouver à être de la même famille.
  Le soleil cognait et elle sentait un petit coup de mou, malgré tout, elle gardait le sourire en envisageant de peut-être aller se baigner, un petit coup de frais la revigorerait peut-être ? Bon, il ne fallait pas qu'elle se mange une hydrocution non plus, mais au pire, Aeron était là, il ne la laisserait pas se noyer. C'est alors qu'elle se disait cela, qu'Aeron entama une question, se faisant aussitôt coupé par l'atterrissage inopiné d'un ballon droit sur lui. Elle tressaillit sans s'offusquer, jusqu'à ce qu'elle voit cette fille arriver. C'est tout juste si elle ne lui mis pas ses propres flotteurs dans le visage, Sélès trouva cela parfaitement déplacé comme comportement. En plus, c'était la fille pour qui elle s'était inquiétée tout à l'heure, à croire qu'elle s'était trompée sur son compte ! Non mais, c'était quoi cette aguicheuse vulgaire, là ? Remballe ta marchandise espèce de mante religieuse ! C'est ça, va jouer plus loin pimbêche. Nan mais ho.
  Mais he attendez … Voilà que monsieur restait fixé sur elle comme un stupide papillon vers une satanée lumière. Les garçons vraiment ! Ils ont beau parler, parler, dire tout le bien qu'on voudra des femmes, tout le mal qu'on voudra des pervers, ils sont tous pareil ! Tous pervers et faibles face à un peu de chair bien placée. Voilà qu'elle complexait, elle qui ne s'était jamais souciée plus que ça de son corps … Elle baissa un instant les yeux vers sa poitrine encore modeste, bien qu'elle ait explosé ses bonnets en peu de temps. Elle releva alors un petit air contrarié vers ceux, bien plus – trop – proéminent de cette fille, puis fixant Aeron avec insistance. Comme elle partait et qu'il la regardait toujours, Sélès se renfrognant, le foudroyant du regard lorsqu'il se tourna à nouveau vers elle avec un petit sourire intrigué. Il allait dire quelque chose, elle le vit dans ses yeux, mais son air sembla le faire changer d'avis. Alors, d'une voix sèche, elle l'intima de finir sa question de tout à l'heure, avant que trois gros ballons pour le prix d'un ne viennent les déranger.
  -Qu'est-ce que tu voulais dire, alors ?
  Il lui proposa d'aller se baigner, mais elle n'en avait plus envie. Il l'avait déçue, voilà, c'était dit. Elle ne pouvait pas comprendre, elle était plus jeune, si prude, elle avait grandi dans un couvent et surtout … Elle était une fille ! Pour elle, c'était juste un comportement lubrique parfaitement dégoûtant. Elle haussa les épaules et lui dit qu'il n'avait qu'à aller se baigner sans elle s'il en avait envie, espérant qu'il aurait la décence d'esprit d'insister, de dire que sans elle ce n'était pas drôle et de proposer autre chose pour rester avec elle. Mais non !!! NON ! Cet espèce de goujat, il s'en va, là, comme ça ! Comme si elle n'était plus qu'une vieille chaussette toute trouée. Bougre de nigaud …
  Vexée, elle replia ses jambes contre elle pour poser son menton contre ses genoux, le fixant s'éloigner d'un air hostile, comme si elle eut été un grand requin blanc vorace prêt à le déchiqueter. Br, non, pas ça, pas les requins … Bah, il y en avait peut-être là-dedans ! Voilà une raison de plus pour ne pas se baigner, en plus du risque d'hydrocution. Qu'il aille se faire manger tout seul tiens ! Ho non. Elle regretta aussitôt cette pensée ! Elle craignait que cette simple petite idée puisse se produire, et alors, elle ne se le pardonnerait jamais ! Elle était contrariée mais elle ne lui souhaitait pas vraiment ça quand même ! Tout ce qu'elle pouvait lui souhaiter de pire, c'est qu'il se cogne l’orteil contre un rocher … Ouais, là il allait apprendre la vie, là il allait comprendre sa douleur, et savoir ce que ça fait de contrarier une jeune dame.
  Puis soudain, dam, quelqu'un décida de s'installer juste à côté d'elle. Jetant un petit coup d’œil méfiant à la personne en question, elle se décala d'un centimètre sur le côté en fulminant intérieurement sur le fait qu'il y avait assez de place ici pour qu'il ne vienne pas la coller. C'était un jeune homme qui devait avoir à peu près l'âge de son frère, peut-être plus. Il avait les cheveux blonds, effilés, le prolongeant en une longue queue de cheval bouclée. Son visage était plutôt délicat et ses yeux noisettes clairs, presque ambrés sous ce soleil, semblait renfermer un éclat étrange de malice. Plus que de la malice, c'est quelque chose que Sélès eut du mal à distinguer, il semblait le cacher. Ses vêtements, bien que décontracté, laissait supposer une certaine richesse. Lorsqu'il l'aborda d'abord, elle le trouva bizarre, et répondit d'une voix assez froide et distante que tout allait bien. Non mais vraiment, elle ne le connaît ni d'Eve ni d'Adam et lui il vient, comme ça, tranquille, il s'installe et l'air de rien il lui demande si ça va ? C'était peut-être 'gentil' mais elle trouvait ça juste … bizarre.
  -Je dois vous avouer, mademoiselle, que je vous regarde depuis un moment. Votre beauté est tel un joyau au milieu de cette plage. J'ai eu du mal à penser à autre chose qu'à vous depuis que je vous ai vue, et je m'inquiète beaucoup pour vous.
  De quoi ? Elle eut pour seul réflexe d'écarquiller les yeux, avant de jeter un œil par dessus son épaule, convaincu qu'il parlait à une femme derrière. Mais non, personne. Et en se tournant de nouveau vers lui, elle remarqua qu'il la regardait droit dans les yeux, avec un léger sourire charmeur. D'autant plus surprise, elle se mit à rougir et détourna les yeux. Elle le trouvait un peu gonflé de s'incruster comme ça pour dire des choses pareilles sur que … Mince, il était super vieux !! C'était quoi son problème ? Ça se voyait si peu que ça qu'elle avait quinze ans ? Quand même, son corps tout fin, sa taille et son petit visage tout rond … Sans parler de ses grands yeux innocents ! Il ne pouvait pas la prendre pour une vieille de son âge, mince. Oui parce que, pour une jeune fille de quinze ans aussi réservée que Sélès, vingt-deux ans, et surtout plus, c'était vieux. Donc voilà, il était vieux, et elle trouva cela super louche qu'il vienne lui parler comme ça. Elle aurait aimé lui demander de partir, mais comme il s'était malgré tout montré gentil – elle n'imaginait pas que son entreprise était mal intentionnée – elle lui adressa un sourire poli, un peu timide. Après tout, c'était peut-être un pauvre gars recherchant désespérément des amis, elle n'allait pas le contrarier. Enfin quand même, c'était super flippant d'apprendre qu'un gars vous a suivi pour vous observer comme ça, là … pas étonnant qu'il n'ait pas d'ami si il s'y prend comme ça !
  Le blond prit alors un air consterné en faisant de multiples remarque sur Aeron, que Sélès suivait du regard. Au début, c'était un peu par détresse, elle espérait qu'il reviendrait vite pour l'aider à gérer ce boulet … Parce qu'au final, elle ne savait pas si c'était normal qu'on l'aborde ainsi ! Et elle ne savait pas ce que les gens répondaient habituellement dans ce genre de situation, ce qu'il était « coutume » de répondre. Mais monsieur barbotait tranquillement, sans se soucier d'elle. Alors ce type bizarre se mit à le dénigrer et à jouer les balances, mais lorsque Sélès vit de quelle femme il parlait au stand de glace, elle ne put que le croire.
  -Mais... c'est la fille de l'ascenseur !   -Oh, vous la connaissez ?   -Oui, enfin non. Aeron l'avait déjà remarqué hier quand on l'a croisée dans un ascenseur.   -J'ai l'impression que votre ami ne vous estime pas beaucoup. J'espère qu'il ne se sert pas de vous d'une manière ou d'une autre, ce serait tellement triste. Oh, au fait, je m'appelle Jirall !
  Aeron, se servir d'elle ? Non, il était quelqu'un de bien … Il était juste faible face aux femmes, après tout, il n'avait jamais eu aucun geste déplacé envers elle, il s'était toujours montré très correct. C'était juste un garçon imbécile, qui, comme tous ces autres crétins de son espèce, réagissait au quart de tour quand une jolie fille munie de flotteurs lui adressait une petite attention. Cependant, ce genre de comportement l'agaçait tout de même. Les garçons, elle trouvait ça nul, en fait … Ah, oui, elle en faillit presque oublier de se présenter ! Par précaution, elle préféra ne pas utiliser son véritable prénom, alors elle utilisa 'Loreleil', en s'inspirant d'une marque qu'elle avait vu en magasin.
  Puis, comme elle observait toujours le chevalier, elle remarqua cette fille, qui était de retour à l'assaut. Bah, elle faisait quoi là ? Nan mais, mais, mais … Mais il faisait quoi là, tous les deux ?! NAN MAIS HO !!! HOO !!! Ils veulent un coup de boule là ? Devant tout le monde ! Mais he !!! Nan mais. Nan mais vraiment. Ho ! Ho Là ! C'est pas un baisodrome ici ! Nan mais d'accord, c'est du joli, il est comme ça ! Nan mais, nan mais … ok, d'accord … Et l'autre là à côté, il pouvait pas arrêter de jacasser une seconde !? Comme si les faits ne l'énervaient pas assez, il fallait qu'il en rajoute une couche en parlant de ces enfoirés de déchets – veuillez pardonnez la vulgarité des pensées de la demoiselle – du genre du frère d'Aeron ! Non, il pouvait quand même pas être comme lui ? Et si c'était le cas … ? Il se donnerait tant de mal pour jouer avec elle ? Le frère d'Aeron l'avait fait, lui, avec cette demi-elfe qui était censée être sa petite amie jusqu'à ce qu'elle lui dévoile le pot-aux-roses. Mais Aeron savait déjà qu'elle était demi-elfe et … Il ne pouvait quand même pas être si manipulateur ? Non, il était sincère … et si …
  -Tsss ce genre de personne, c'est écœurant. Connaissait-il cette femme au moins avant de l'embrasser ?   -Non, pas que je sache.
  Vous permettez ?! Elle était en train de fulminer et de douter là. Peut-être qu'Aeron était moins prude qu'il le disait. Elle était presque convaincue, en voyant ça – et elle avait détourné la tête juste au moment où ils allaient s'embrasser – qu'il était juste comme les autres. Non pas jusqu'à le soupçonner de la manipuler juste pour avoir cela d'elle spécialement, preuve étant qu'il pouvait avoir celles qu'il voulaient, mais en agissant ainsi auprès des femmes, il allait sans doute arriver à ce moment où il tenterait sa chance avec elle. Et sa chance, peut-être qu'elle lui aurait donné, si elle n'avait pas ces doutes. Elle qui pensait s'en être débarrassé de tout ça ! Voilà que ça revenait au galop. Était-il vraiment vraiment capable de ça ? Comme cette ordure ? Tout ce qu'il avait raconté …
  – Comme son frère. Souffla-t-elle enfin, n'en pouvant plus, alors que la description faite par ce Jerry – Jibril ? - correspondait parfaitement à l’aîné Valerius. Non, Aeron ne peut pas être comme ça … Comme comme ce monstre … qui ne mérite rien de mieux que la mort. Non, il mérite pire.
  Elle marmonnait un peu dans sa barbe, mais ce devait être largement audible pour l'homme qui était à ses côtés. Elle ne le regardait pas, alors elle ne vit pas sa réaction, mais il répéta le mot 'monstre' d'un air intrigué. Elle alors lui avoua de but en blanc que si elle avait cet être en face d'elle, elle le tuerait de ses mains pour les atrocités qu'il avait pu commettre. Mais voilà qu'Aeron sortait enfin de l'eau, après avoir quitté cette fille. Le monsieur bizarre lui conseilla alors une nouvelle fois de faire attention à elle avant de s'éloigner.
  – Merci de votre prévenance. Céda-t-elle enfin.
  Et il s’éclipsa rapidement. Sélès était au summum de la nervosité, si bien qu'elle gardait les sourcils froncés et le visage bas. Le blondin arriva enfin à ses côtés et lui demandant comme elle allait, ce à quoi elle ne répondit que par un soupir agacé. Ben oui petit malin, on t'a vu, on t'a tous vu ! Et du coup, elle ne voulait plus le regarder, ni lui parler, rien. Elle ne trouvait plus sa présence aussi agréable qu'il y a juste quelques minutes, non, sa présence lui était à présent presque insupportable. Elle avait envie de le traiter d'idiot, de pervers répugnant, en des termes plus vulgaires. Mais elle se mura dans le mutisme, ce n'était pas non plus son genre de déballer des insultes très crues.
  – Ne te dérange surtout pas pour moi, tu n'as qu'à y retourner, je suppose que quelqu'un doit bien t'attendre. Dit-elle sèchement.
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Arrivée du déserteur et sa rouquine [PV Seles] Mar 19 Nov - 15:12
Décidément, cette fille était bizarre. Pourquoi est-elle allée l'allumer comme cela ? Bien sûr elle lui faisait de l'effet physiquement, mais elle n'était pas vraiment à son goût. Il n'avait jamais trop aimé les blondes et les poitrines trop opulentes ne lui plaisaient pas beaucoup. De toute manière, là n'était pas la question, il aimait Seles. Il l'avait pleinement réalisé au moment où il avait écartée cette blonde étrange. Il l'avait dit tout naturellement. La femme qu'il aimait l'attendait sur cette plage. Oui, il était amoureux d'elle, il le réalisait, et il ne comptait pas l'oublier. Ensuite, il était improbable que Seles l'aime de la même manière. Il arriva à sa serviette et se prit une remarque acerbe de Seles. Bon, il était impossible qu'elle l'aime de cette manière. Il allait devoir attendre et se faire une raison, tant pis. Mais que voulait-elle dire, quelqu'un qui l'attendait ? Parlait-elle de la blonde ? Pourtant si elle l'avait vu avec elle, elle devait avoir vu qu'il l'avait repoussée. C'est à n'y rien comprendre. Seles, qui avait les jambes repliées contre elle, les déplia, révélant ainsi à la fois ses jambes, vu que le paréo était resté chiffonné autour de sa taille, et sa poitrine qu'elle serrait sans le vouloir en croisant les bras. Aeron qui n'était qu'à peu près calme se sentit repartir. Les jambes de Seles, fines, avaient une forme qui convenait parfaitement à une femmes, qui donnait envie qu'on les caresse tendrement. La courbure des hanches commençait à être bien marquée et ses seins, serrés l'un contre l'autre, donnait un Aeron-ne-savait-quoi d'excitant. Il ne put se retenir totalement. Lui qui était encore debout face à Seles se retrouva en quelques secondes avec une proéminence à l'entrejambe. Toutes ces autres fois où il avait été gêné et où c'était arrivé, il le cachait, mais là, par son manque de précaution et son hébétude devant la colère de Seles, il n'y pensa pas assez vite et Seles avait presque le nez devant cela. Il n'y avait aucune chance qu'elle ne le remarque pas. Tentant de le cacher malgré tout, le jeune homme s'assit en quatrième vitesse en tentant de le cacher. Vu les joues écarlates de Seles et la colère qui semblait luire dans ses yeux au point qu'on puisse presque voir les éclairs fuser, Aeron ne doutait pas qu'elle l'ait vu et ce n'est pas l'embarras et ses propres joues rouges qui allaient le sauver. Ça y est, elle allait le traiter de pervers, de tordu et allait l'abandonner là et partir.
Elle ouvrit la bouche, probablement pour commencer une tirade incendiaire, mais quelqu'un héla Aeron. Il se retourna pour tomber face à une petite fille avec une glace à la main. Celle-ci lui demanda de la suivre parce que la marchande de glace voulait lui parler. Ne pouvait-il pas avoir un moment de paix ? Quand est-ce que tout s'était mis à dérailler. Devant la colère de Seles, le blondinet fit l'erreur de partir. Quelle erreur ! Il marmonna des excuses à Seles et traversa la plage. En chemin, il se posa des questions. Pourquoi Seles avait-elle commencé à s'énerver avant son "emportement" ? Elle avait commencé à s'énerver avant même qu'il aille se baigner. Qu'est-ce qui avait pu changer entre deux ? Il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus que cela puisqu'il arriva face à la vendeuse. Celle-ci lui fit signe de faire la queue. Il n'y avait qu'une seule autre personne, cela ne prendrait pas longtemps. Le sourire enjôleur et enjoué qu'elle avait arboré chaque autre fois qu'il l'avait vue n'était plus là. Non, elle était sérieuse, même contrarié, et c'est un air qui ne lui semblait pas habituel. Il y avait de quoi s'inquiéter.
Cet imbécile d'Aeron s'était levé à nouveau. Jirall jubila. Il envoya Cécilia préparer ce qu'il fallait. Il n'y avait plus à se soucier d'Aeron. Le grand frère ne comprenait pas quelque chose malgré tout. Comment Aeron avait-il pu repousser Cécilia ? Elle avait pourtant sorti le grand jeu, dans l'eau. Quand il pensait que chaque fois qu'il regardait les formes de Cécilia, il avant envie de la prendre dans un coin et lui écarter les cuisses, il ne comprenait pas ce qui avait pu pousser Aeron à la repousser. Bah, cet idiot ne comprenait pas ce qui était bien dans ce monde. Il n'était qu'un déchet, après tout. Ha la tête qu'il fera quand il découvrira sa précieuse compagne dans le couloir, brisée, en train de pleurer toutes les larmes de son corps. Oh rien que d'y penser, Jirall en tremblait d'excitation. Oh, tiens, Loreleil se levait aussi. Elle semblait vraiment très énervée. Elle n'avait même pas repris ses affaires. Elle allait sûrement juste prendre quelque chose dans sa chambre. C'était l'occasion rêvée ! Suivant la demoiselle, il entra dans l'ascenseur avec elle. Elle était d'abord trop furax pour faire attention à la personne à côté d'elle, puis Jirall rompit le silence alors que les portes se fermaient.
-Oh, vous revoilà ! Vous n'êtes plus avec votre compagnon ? Vous vous êtes disputés ? J'espère qu'il n'a rien fait d'autre que ce qu'il a déjà fait.
La jeune fille lui jeta d'abord un regard méfiant. Oui, il avait du faire rapidement et donc n'a pas pu prendre toutes les précautions possibles. Il était donc normal qu'elle ne lui fasse pas encore totalement confiance, mais avec les doutes qu'elle nourrissait envers Aeron, il ne lui restait plus que ce gentil Jirall tout gentil et serviable pour l'écouter. Elle n'avait apparemment personne d'autre. Elle parlera, il la réconfortera, et ensuite, il l'emmènera dans sa chambre, de gré ou de force. A ce moment, le temps des réjouissances sera arrivé et il pourra ainsi voler cette fille à Aeron. Ce déchet qui n'est pas digne du nom de Valerius perdra le peu qu'il a jamais eu. Oh c'était délicieux, cette justice ! Martel était décidément de son côté, il n'y avait pas de doute possible !
  Traumatisme pubère intense. Sélès, notre douce, délicate et innocente petite Sélès, qui ne connaissait rien aux ''choses de l'amour'' et encore moins concernant les garçons ou leur physionomie. Enfin, elle savait bien qu'ils n'étaient pas fait pareil, elle avait tout de même eu des cours de biologie, mais dans un convent, pas de cours d'éducation sexuelle ! Et sans ami plus vagabond pour vous rapporter des anecdotes croustillantes, comment voulez-vous qu'elle sache tout ça ? Et puis, Aeron lui avait bien raconté des atrocités impliquant cela, donc elle imaginait bien comment ça se passait en gros, mais pour les détails … Enfin, donc, en parlant de détails, voilà qu'il lui pendait au nez. Enfin non, justement, il ne pendait pas. Dans toute sa naïveté, elle ne comprit d'ailleurs pas ce que c'était dans un premier temps, se disant qu'il y avait peut-être une bête dans le short d'Aeron, et une bête, oui, il y en avait une de bête ! Mais cette bête faisait bel et bien parti du jeune homme. Bref, un peu plus et elle lui faisait la remarque, histoire qu'il se débarrasse de la 'chose' avant qu'il ne lui arrive des bricoles, mais elle comprit soudainement ce qu'il se passait. Gênée, outrée et même offusquée, elle baissa la tête alors que le jeune homme s’asseyait à côté d'elle. Elle n'avait pas vraiment compris qu'il avait réagi parce qu'elle avait découvert son corps, du moins, elle n'en était pas sûre. Mais que ce soit pour cette raison ou une autre, elle trouvait ça dégoûtant et dégradant. Dégradant ? Ça devait sans doute l'être plus encore pour lui, qui ne savait plus où se mettre ! Mais Sélès le ressentait ainsi à son égard également.
  En baissant la tête, elle tenta de cacher ses rougeurs avec son chapeau, évitant soigneusement le regard d'Aeron. Puis, elle releva finalement le regard vers lui, sans vraiment pouvoir le regarder dans les yeux, elle était pleine de rancune et de colère. Son esprit martelait son petit cœur d'un tas de questions accablantes. Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu qu'il la laisse toute seule pour aller fricoter avec cette fille ! Pourquoi n'avait-il pas compris qu'elle voulait juste être avec lui, toute seule, sans autres flotteurs intempestifs dans le décor ! Pourquoi avait-elle réagi de façon si puérile, plutôt que de lui en parler ? Et pourquoi, par Shadow, POURQUOI avait-il eu cette réaction devant elle ?! Oui, son regard foudroyant était accusateur et elle lui en voulait, comme si c'était de sa faute ! Elle eut une de ces envie de le frapper, histoire de lui mettre les idées en places et de lui faire cracher le morceau. Le morceau sur quoi ? Peu importe, elle voulait le frapper c'est tout. Sélès, malgré ce que laisserait suggérer son apparence, avait forte tendance à être du genre à frapper avant et parler ensuite.
  Elle allait le traiter d'idiot dégoûtant, mais un enfant l'interrompit. Rha, qu'est-ce qu'il voulait ce mioche ! Eh, ho, toi ! Le père noël il existe pas, et la fée des dents non plus, alors casse-toi ! C'était une petite fille. Ok, une concurrente. Écoute ma petite, il n'y a de place ici que pour une seule petite demoiselle adorable, et cette petite demoiselle adorable, c'était Sélès ! Et ELLE elle avait fait un tour en carrosse ELLE, d'abord, et pas toi ! Et voilà que la petite, mignonne comme tout, - trop mignonne, elle devait payer un copyright pour ça ! - annonça au jeune chevalier que la vendeuse de glace voulait le voir. BAH. VOYONS. MON. COCHON. Voilà qu'il les enchaîne maintenant ? Et après un dernier regard très bref, où elle put lire de la peur, le blondin se défila sans demander son reste. C'est ça, fuis espèce de pleutre, va ! Retourne chez ta mère.
  Elle bouillonnait sur place, à tel point que, s'il ne faisait pas si chaud, on aurait presque pu voir de la fumée lui sortir par les oreilles ! C'en était trop. Elle n'avait pas envie de rester là à faire le meuble pendant qu'il allait fricoter avec toutes les pimbêches de la plage. D'un petit geste furieux, elle attrapa ses sandales ainsi que son sac à main et enfila sa petite robe de toile blanche, qu'elle boutonna sur le trajet, laissant en plant son chapeau, sa serviette et ses lunettes de soleil. De toute façon, elle avait besoin de crème solaire, ou elle ne finirait pas rouge que sous le coup de la colère. Elle rejoint rapidement l'hôtel et fonça dans l’ascenseur, appuyant nerveusement sur le bouton de son étage, telle la petite Brutus qu'elle était. Quelqu'un entra juste avant que les portes de se ferme, mais elle n'y prêta pas attention, repensant à sa réaction, à celle d'Aeron, à tout ça, se demandant si ça n'avait pas pris des proportions un peu excessives. Peut-être un peu ? Mais quand même, il abusait … Elle espérait qu'il s'inquiétait au moins de son absence tiens, ça lui apprendra à la laisser en plan.
  -Oh, vous revoilà ! Vous n'êtes plus avec votre compagnon ? Vous vous êtes disputés ? J'espère qu'il n'a rien fait d'autre que ce qu'il a déjà fait.
  Tiens, mais c'était Jerry ? Enfin Jill, ou Girolle ? Quelque chose comme ça. Il était un peu collant ce pauvre garçon. Elle lui adressa un petit regard méfiant, encore excédée par le comportement de son compagnon que l'inconnu lui rappelait 'maladroitement'. A ces mots, elle ne trouva pas bien quoi dire, après tout, ça ne le regardait pas, non mais. Surtout étant donné ce qu'il s'était passé, elle n'allait pas le raconter comme ça, c'était bien trop gênant. Alors, de son petit air bougon, elle haussa simplement les épaules, clairement agacée.
  -Veuillez pardonnez mon indiscrétion, je m'inquiétais simplement. Une jeune femme à l'air si gentil comme vous mérite de pouvoir garder le sourire en toute circonstance, puis-je faire quelque chose pour cela ?
  Il était bien serviable, et elle ne savait plus si elle devait trouver ça touchant ou plus étrange encore. Il n'était pas méchant, ce pauvre garçon, elle n'aurait pas le cœur de l'envoyer bouler, même si elle sentait que la conversation ne serait pas bien stimulante avec lui … Elle le voyait juste comme un boulet qui souhaitait bien faire, alors elle tenta de se calmer un peu, pour lui épargner cette mauvaise humeur qu'il n'avait 'pas mérité'. Elle céda même le début d'un sourire, bien qu'un peu forcé, son air se voulait rassurant. Si elle lui souriait maintenant, peut-être qu'il serait content et lui lâcherait la grappe plus vite ?
  -Merci beaucoup de votre sollicitude, mais ça va.   -Pourquoi avez vous quitté votre compagnon si vite ?   -Ho, je voulais juste … Aller chercher de la crème solaire dans ma chambre, j'ai la peau fragile.
  A ces mots, elle vérifia dans la vitre de l'ascenseur qu'elle n'avait pas encore rougi, et cela ne semblait pas être le cas. Ouf. Le signal de l'ascenseur sonna son étage et elle descendit, accompagné de ce Jerry. Elle lui lança un regard interrogateur, toujours un peu méfiante, puis il lui sourit en toute simplicité en lui disant le numéro de sa chambre, qui était juste à côté de la sienne. Elle laissa donc couler et se dirigea vers sa porte où elle fouilla longuement dans son sac … Et mince. Elle n'avait pas la clef.
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Arrivée du déserteur et sa rouquine [PV Seles] Mar 19 Nov - 20:54
/!\ Contenu choquant en fin de poste. Scène violente + sexe explicite /!\
Aeron achetait une glace par principe, mais c'était surtout pour savoir ce que cette vendeuse lui voulait. Son air si sérieux l'intriguait au plus haut point. Elle commença à lui préparer sa glace mais parlait en même temps. Aucun mouvement particulier pour faire rebondir ses formes ou geste aguicheur, cette fois, non. Elle était parfaitement sérieuse.
-Il faut que tu fasses attention à ta rouquine, blondin. Elle s'est faite accoster par quelqu'un de pas recommandable tout à l'heure.
Le jeune homme eut une sueur froide. Quelqu'un de pas recommandable ? Comment cela ? Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Pourquoi ? Non. Où et quand, c'était évident. Là où elle était assise pendant qu'il était à l'eau. Pourquoi ? C'était ça la bonne question. Pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? Elle lui en voulait parce qu'il avait eu une réaction involontaire mais avant ça...
-Comment ça pas recommandable ?
-Tu veux que je te dise ça comment ? Ce type est connu dans le coin pour être un salaud qui enchaîne les filles. Fais attention à elle. Je pense que je devais te prévenir.
Aeron la remercia. Il devait faire attention et en discuter avec Seles si elle était calmée. A peine se fut-il retourné qu'il s'arrêta. Seles. Seles n'était pas sur sa serviette. Aucune tignasse rouge à l'horizon. Où pouvait-elle être ? Kidnappée ? Retrouvée par les hommes du Pontife ? Enterrée sous le sable ? Non, stop. Aeron, STOP ! Réfléchis, cet homme pas recommandable a du sauter sur l'occasion pendant qu 'il était parti ou alors Seles était partie chercher quelque chose. Dans le doute, il demanda à la vendeuse :
-Vous sauriez le nom de cet homme peu recommandable ?
-Jirall Valerius.
Toute couleur quitta le visage d'Aeron.
Oh cette petite était délicieuse, cela allait être un plaisir pour Jirall de lui faire du mal. De toute manière, elle était une saleté de demi-elfe, elle l'avait donc mérité. Il cherchait un moyen de l'attirer dans sa chambre quand la solution lui vint d'elle-même, Martel soit louée ! Cette gourde avait oublié sa clef de chambre. Oh c'était parfait, juste parfait.
Oh, si c'est du produit solaire qu'il vous faut, j'en ai dans ma chambre, je peux bien vous en donner.
Elle ne semblait pas rassurée mais hocha la tête. Jirall entra dans sa propre chambre et intima à la jeune fille de le suivre pendant qu'il chercherait son produit solaire. A peine entré, il se cacha derrière la porte. A l'instant même où elle poserait un pied dans la chambre, sa virginité lui appartiendrait. Il attendit mais elle ne vint pas. Il dut attendre de longues secondes avant qu'elle demande naïvement si tout allait bien. Elle n'osait apparemment pas rentrer. Cette idiote ne respectait pas le scénario. Elle était sensée rentrer, poussée un cri de stupeur en reconnaissant Cécilia qui attendait à côté de lui, puis hurler quand il la prendrait sur le lit. C'était aussi simple que cela... Prenant son mal en patience, il se mit dans l'encadrement de la porte et, prétextant qu'il avait plusieurs flacons différents, il faudrait qu'elle choisisse. Il ignorait si la proposition en elle-même semblait louche ou si quelque chose dans son air l'avait trompé, mais la rouquine fit mine de se retourner pour partir. ELLE OSAIT ESSAYER DE FUIR ?! D'une grande enjambée, Jirall lui attrapa le bras avant qu'elle ne parte et la tira dans la chambre, claquant la porte derrière lui.
A défaut d'un cri de stupeur en voyant Cécilia, elle écarquilla les yeux. C'était déjà ça. Quand elle fut poussée sans ménagement sur le lit, elle poussa plus hoquet de surprise qu'un cri, également. Pourquoi ne pouvait-elle pas respecter le scénario qu'il avait prévu ? Quelle idiote ! Prenant une des deux menottes posées sur le lit, il attacha un poignet de la jeune fille à la tête du lit. Alors qu'il prenait la deuxième menotte, il la vit qui portait sa main valide à la main entravée en lui criant de la laisser partir. Voilà enfin une réaction qui convenait à son scénario. Il était temps qu'elle rentre dans le rôle. Jirall lui mit une gifle monumentale, au point qu'elle soit un peu sonnée. Il en profitant pour lui attacher son autre poignet à la tête du lit. Après avoir vérifié qu'elle était bien attachée, il lui arracha son paréo. La robe serait trop embêtante à enlever. Il l'entailla avec un couteau qui lui servait de coup-papier, puis la déchira dans un grand geste. La jeune fille, reprenant ses esprits, ouvrit la bouche, mais à peine le premier mot sortait qu'une autre gifle presque aussi forte que la précédente lui arriva. La chevalière au doigt du chevalier fit éclater la peau au niveau de la pommette de la jeune fille et du sang commença à couler.
-Tu ne prononceras pas un seul mot, ma chère. Pas un seul ! Si tu oses reparler, tu t'en prendras d'autres, jusqu'à ce que tu comprennes la leçon.
Il regarda le corps de la jeune fille, encore caché par le maillot de bain. Il ressemblait à un critique d'art contemplant une peinture. Après quelques secondes, il prit un air dégoûté.
-Bah, je ne comprendrai jamais les goût de mon imbécile de frère. Il n'y a rien d'intéressant sur le corps de cette gamine. Pouah ! Ne me tires pas ces yeux exorbités, sale rouquine demi-elfe. Oui, je suis le frère de ton compagnon et oui tu es moche. Tu es un laideron, je ne comprends même pas qu'un homme puisse te consacrer ne serait-ce que quelques minutes de son attention. La seule raison pour laquelle tu es là est que je veux déposséder Aeron de tout ce qu'il peut avoir. Ce salaud a déjà trop eu avec ce que lui a donné Mère Nature, il ne mérite rien d'autre. De toute manière, quand il te retrouvera dans le couloir, brisée et défleurée, il se suicidera peut-être. C'est une pensée encourageante. En attendant, te déshabiller ne m'amuse même plus. Cécilia, finis de la déshabiller et fais de même avec toi. Les réjouissance vont bientôt commencer.
Tout en disant cela, Jirall défit le nœud à sa ceinture.
Aeron était perdu. Jirall ? Ici ? Comment ? Pourquoi ? Il fallait l'arrêter. Ce n'était pas une coïncidence s'il avait parlé à Seles. Où étaient-ils ? Il fallait fouiller cette plage ? Se précipitant en haut des escaliers qui donnaient sur la plage, il chercha des yeux. La seule crinière rousse qu'il put voir était trop longue pour être celle de Seles. Un instant, Aeron pensa à Zelos, mais à la silhouette, il était évident que si l'Elu avait ce genre d'arguments, il n'aurait pas à séduire de femmes et irait se toucher lui-même. Sur cette pensée incongrue, il reprit sa recherche, mais rien. Désespérant, il demanda autour de lui avec les passants. Aucun ne semblait avoir vu une jeune fille rousse. S'il continuait de demander partout en cherchant, il attirerait une attention malvenue. Pourquoi a-t-il fallu que Jirall tombe sur eux ? Après pas mal de temps perdu, il ne voyait pas quoi faire. Il fallait qu'il se pose, qu'il réfléchisse. Il n'arrivait pas à garder la tête froide. Il avait perdu Seles de vue, il s'en voulait, il ne voyait pas comment rattraper ses erreurs. Il fallait qu'il la retrouve. Mais où pouvait-elle être ? Il ne pouvait pas le savoir, tout était perdu. Il ne valait rien, il ne savait même pas protéger la femme qu'il aimait. Il ne... STOP ! Du calme, où pouvait être Jirall ? S'il était à Altamira, il devait bien loger quelque part. L'hôtel le plus probable et qui est en même temps le plus proche était à côté. Il fallait vérifier dans cet hôtel.
/!\ Contenu très choquant ! /!\:
Jirall était maintenant aussi nu que les demi-elfes. Il jubilait d'avance. S'approchant de Seles, il se mit à quatre pattes au-dessus d'elle sur le lit. On voyait l'horreur dans les yeux de la jeune fille. Elle devait vivre un cauchemar, et tant mieux. Les deux cuisses serrées pour tenter de cacher son entrejambe, elle aurait apparemment reculé si elle avait pu. Posant ses mains sur les seins de sa victime, Jirall les malaxa tout en lui déconseillant de faire le moindre bruit. Ce fut avec plaisir qu'il la vit se mordre la lèvre inférieure pour retenir ses cris de douleur. Ah, quelle doux plaisir. Des larmes perlèrent aux coin des yeux de la rouquine, mais elle n'allait pas pleurer, non. Dans ses yeux, si Jirall était plus intelligent, il aurait lu des désirs de meurtre. Un meurtre violent, brutal, avec une longue souffrance. De toute manière, il s'en fichait. Il se redressa, et avec une moue dégoûtée, comment son speech.
-Tu veux savoir pourquoi ce que j'ai entre les jambes ne s'active pas ? Apparemment tu t'en fiches mais je vais te le dire quand même. Ton corps n'a rien d'attirant. Tu es un déchet, jamais aucun homme ne te désirera. Il suffit de voir comme je suis au repos après t'avoir tripotée. En revance... Cécilia, viens là et fais ton office. Enlève-moi cet air triste de ton visage, tu dois donner l'impression de prendre plaisir à faire tout cela, sinon tu sais sur qui ça retombera !
La demi-elfe blonde approcha et embrassa l'homme en se collant à lui. Son corps voluptueux se frottait contre celui de Jirall. Seles regarda horrifiée le membre de l'homme se dresser en quelques secondes. Elle ne semblait pas vouloir regarder mais c'est comme cette fascination morbide que l'on peut avoir avec des scènes horribles qui nous rebutent pourtant. Jirall se détourna un instant de Cécilia.
-Tu vois ça ? C'est quand un homme désire une femme, que regarder ce corps féminin lui fait très envie. Quoique je fasse, dès que Cécilia est nue, je ne peux pas m'empêcher de bander à ce point ou même plus. Elle me donne tellement envie de la baiser, mais toi non. Ton corps n'a rien qui puisse exciter un homme. Personne ne voudra jamais de toi. Cécilia serait humaine, je la prendrais dans mon lit tous les soirs. Mais bon, elle n'est qu'une demi-elfe, donc je la prend quand je n'ai rien d'autre sous la main, c'est ainsi. Continue, Cécilia.
La femme se colla contre le dos de l'homme, et son bras le contournant, elle pris le membre turgescent dans sa main et fit un mouvement de va et vient. L'homme, presque aussitôt, eut un sourire extatique sur le visage. Après quelques longues secondes, il poussa des gémissements de plaisir et demanda à Cécilia d'aller plus loin. Elle s'agenouilla devant lui et commença à la lécher. Elle parcourut tout le long du membre et reprenait son travail manuel par moment. Elle avait beau ne pas aimer ce qu'elle devait faire, Jirall devait admettre qu'elle le faisait bien. Quand elle l'enfourna dans sa bouche, il se mit à gémir encore et encore, sentant le plaisir l'inonder. Seles avait fermé les yeux. Il lui hurla de regarder si elle voulait vivre. Elle avait le choix entre se faire violer et mourir. Il ne la regarda cependant plus, fermant lui-même les yeux, profitant du plaisir.
-Ah, il faut bien faire cela pour me préparer à entrer dans la catin d'Aeron. Elle est tellement inintéressante qu'elle ne me motivera jamais assez pour cela. Ooooooh n'y va pas trop vite, Cécilia, je ne voudrais pas jouir avant d'entrer en elle, mais pour le moment, assieds-toi.
La blonde s'exécuta et se tint assise sur le lit. Jirall s'approcha d'elle et plaça sa virilité entre les seins proéminents. La femme serra ses seins autour et commença à faire un mouvement de va et vient avec ses seins. Jirall émit des sons qui tenaient plus du cri que du gémissement. Même s'il ne hurlait pas à gorge déployée, une oreille externe aurait pu entendre plus un goret qu'un humain. Après quelques minutes, Cécilia lécha, suça et titilla l'extrémité de ce qu'elle tenait entre ses formes. Jirall parla en coupant ses mots, dans un état d'excitation extrême.
-Tu vois ça ? C'est une des raisons pour lesquelles tu ne vaux rien. Tu n'as pas de formes. Elle sont naissantes mais ne grandiront pas assez, et même tes hanches pas assez marquée. Rien. Tu ne deviendras pas belle avec le temps, non, ça c'est une illusion que tu te fais. Cécilia, avec ses forme, et surtout ses seins, me donne le plus grand plaisir qu'il soit. Ouuaaaaaaaah
Ils continuèrent encore, apparemment infatigables, choquant de plus en plus une Seles qui n'avait rien fait pour mériter pareil traitement.
  Elle poussa un petit soupire agacé. Agacée d'être tête en l'air comme ça, agacée de son comportement, de sa bêtise de sa sale tête de cochon. Elle n'aurait peut-être pas du réagir comme ça, mais elle était si impulsive … Alors qu'avec un peu de dialogue, tout serait si vite rentré dans l'ordre, mais non, il fallait forcément qu'elle s'emporte, qu'elle s'enflamme, qu'elle boude, qu'elle fuie.
  – Oh, si c'est du produit solaire qu'il vous faut, j'en ai dans ma chambre, je peux bien vous en donner.
  Elle releva la tête vers lui. Bon, si elle comptait retrouver Aeron de toute façon, il lui fallait bien cette crème, et elle aurait eu l'air idiote si tout à coup elle partait sans rien. C'est donc par la contrainte d'une certaine fierté qu'elle hocha doucement la tête, toujours aussi gênée de tant de gentillesse. Il lui donnait vraiment une drôle d'impression, il n'était pas rassurant. Ses gentillesses sonnaient fausses, il était bien trop gentil pour un inconnu. Et tout en se méfiant, elle culpabilisait un peu de se montrer naturellement si hostile envers quelqu'un qui, si ça se trouve, était très gentil. Si seulement elle avait su … bien loin de culpabiliser, elle l'aurait achevé sur le champ, quoi que non, elle l'aurait sans doute laissé mourir lentement, et aurait pris beaucoup de plaisir à regarder.
  Elle le suivit jusque devant sa chambre, et attendit devant la porte, avec son petit sac devant elle, le tenant à deux mains. Elle attendit patiemment qu'il revienne et se pencha légèrement pour tenter de l’apercevoir, étant donné le temps qu'il semblait mettre à trouver la lotion. Elle se mâchouilla légèrement la lèvre en jetant un œil derrière elle, puis s'approcha de la porte d'un petit pas prudent.
  -Hm, est-ce que ça va ? Si vous ne trouvez pas, ce n'est pas grave, je me débrouillerai, ne vous en faites pas …
  Silence. Il s'était endormi ou quoi ? Ou évanoui peut-être ? Pourquoi ne répondait-il pas ? Mince, de plus en plus bizarre celui-là. Tous ses sens étaient en alerte, son instinct était piqué à vif, elle avait l'impression d'être un petit animal sans défense, dans le collimateur d'un dangereux prédateur sournois. Son cœur s'accéléra lorsque la voix de l'homme retentit, lui demandant d'entrer pour choisir ce qu'elle voulait. Rentrer ? Il voulait qu'elle rentre. Peut-être ferait-elle mieux de partir discrètement, là. Oui, allez, elle aurait disparut dans l'ascenseur avant qu'il ne s'en rende compte, et la prochaine fois qu'elle le croiserait, si elle le croisait, elle serait en sécurité, avec Aeron. Aeron. Elle voulait le voir. Elle ne boudait plus, elle voulait retrouver sa présence rassurante au plus vite.
  Elle rebroussa chemin, se tourna vers l'ascenseur. Son cœur s'emplit d'espoir à cette simple vision. Le temps sembla s'arrêter tout à coup, elle put alors penser à une foule de choses, elle se dit qu'elle avait eu peur, mais qu'elle allait bientôt retrouver son chevalier. Elle le sermonnerait et lui réclamerait de ne plus la laisser seule avec des gens bizarres. Et ça irait, oui … Tout irait bien, pas vrai ? Mais l'ombre de son prédateur planait sur elle, et avant qu'elle n'ait le temps d'esquisser le moindre pas vers cette boite de sûreté, les serres acérées du rapace se refermèrent sur elle. Une poigne se referma sur son poignet, et elle n'eut pas le temps de réagir qu'elle se retrouva dans cette chambre qu'elle voulait fuir, la peur au ventre. Elle avait lâché son sac dans le couloir sous la violence du mouvement. La porte claqua, mais tout sembla être fini bien avant qu'elle ne le voie commencé. C'est comme si on l'avait juste téléportée là qu'elle découvrait juste devant elle un visage familier, ou presque. Elle écarquilla aussitôt les yeux, reconnaissant cette fille qui avait séduite Aeron en leur envoyant ce ballon. C'était une blague ? Bon sang, que quelqu'un lui dise que c'était une blague ! Elle ne comprenait pas, elle ne comprenait absolument rien. Qu'est-ce qui était en train de se passer, là ? Pour cet homme si gentil et maladroit la brusquait tout à coup, et qu'est-ce que cette fille faisait là ? Elle ne comprenait rien, vraiment rien ! Comment pouvait-elle comprendre ? Comment pouvait-elle se douter qu'elle était le centre d'un tel complot ? Comment pouvait-elle imaginer que cela puisse seulement être possible pour qui que ce soit ?
  Ayant à peine le temps de voir cette fille et de la reconnaître, on la poussa brusquement sur le lit, de façon à ce qu'elle ne put qu'y tomber. Elle tenta cependant de se redresser aussitôt, mais il la saisit fermement pour lui menotter une main au lit. Ne comprenant toujours pas ce qu'il se passait, elle paniqua et tira dessus de toute ses forces. Si elle avait eu son exsphère, peut-être que ça l'aurait fait, mais là elle était plus faible encore qu'un oisillon tombé du lit.
  -Qu'est-ce que vous faites ?! Laissez moi partir !! S'exclama-t-elle, en détresse.
  Mais elle n'eut que le temps de prononcer ces mots avant de sentir quelque chose l’assommer. Elle n'eut même pas l'impression d'une gifle, mais plutôt de s'être mangée un mur blindé. Elle retomba sur le lit, sonnée, sentant à peine qu'on lui attachait l'autre poignet. Autant dire qu'elle voyait des étoiles, ou plutôt des mouches noires et de mauvais augure. Elle ne put reprendre pleinement connaissance que lorsqu'il lui arracha son paréo, ne pouvant cependant pas reprendre possession de ses mouvements avant qu'il ne déchire carrément sa robe. C'est étrange dans ces moments là, comme notre esprit peut tourner le pire à la dérision, car la première chose qui lui vint en tête fut ''non, pas ça, c'est Aeron qui me l'a offerte''. Et elle comprit soudainement ce qui était en train de se passer, mais son esprit, oui, son conscient refusa catégoriquement de la laisser assimiler cette information, si bien qu'elle ne s'inquiétait que pour sa robe. Comment allait-elle réparer ça ? Pourrait-elle demander de l'aide à Mavis ? Elle savait coudre mais elle n'avait pas le matériel qu'il fallait.
  Elle tenta de crier, d'appeler Aeron. Elle voulait briser ses chaînes et se battre, comme la dure à cuir qu'elle était ! Non, comme la dure à cuire qu'elle voulait juste être … Elle n'était qu'un oisillon blessé et perdu, à la merci du plus féroce des requins. Aucun son ne put sortir de sa gorge, si ce n'est un cri étouffé de douleur. Elle ne comprenait pas. Pourquoi tant de cruauté, qu'avait-elle fait de mal ? Qu'on lui dise, quelle que soit son erreur, elle était prête à s'excuser, mais pourquoi, pourquoi être si violent avec elle ? Elle ne le connaissait même pas … Et ce coup fut si violent qu'un goût de sang se propagea dans sa bouche. Cependant, elle sentit à même sa peau si fine et délicate s'écorcher, tant ce fut brutal, cela engloba totalement son visage.
  Puis alors qu'elle hurlait intérieurement une foule de 'pourquoi', il se mit à parler. Il dit alors des choses horribles, le parfait contraire de tout ce qu'il avait pu assurer jusque-là. Et alors qu'il parlait, elle comprit. Il l'avoua lui même. Jirall Valerius, héritier de la famille, le grand frère si terrible d'Aeron. Non. Pourquoi, pourquoi était-il là ? Mais pourquoi se donnait-il tant de mal pour nuire autour de lui, bon ! Qu'y avait-il de si mal à naître demi-elfe ? Et Aeron ? Il était né humain, il était son cadet, il n'aurait rien, alors c'était quoi son problème ? Pourquoi, pourquoi ? Pourquoi Martel laissait-elle ça se produire ?! Était-ce ça, la justice, était-ce ça ''l'ordre des choses'' ?
  Des larmes lui montèrent aux yeux. Des larmes de terreur, des larmes de haine, des larmes de honte. Mais aucune d'elle ne dévala ses joues, non. Ses pourquoi furent bientôt rongés par la haine, et elle ne se posa plus de question. Elle voulait le tuer, le détruire, l'écorcher vif et le regarder se vider doucement de son sang. Tout doucement, il rendrait son dernier souffle, et seulement là, justice sera faite. Non, il devait souffrir bien plus que cela, mais tout ce qu'elle pouvait imaginer ne serait jamais à la hauteur de sa cruauté à lui.
  La jeune femme qui l'accompagnait, cette Cécilia, s'approcha de Sélès pour la défaire de son soutien-gorge. Elle évita soigneusement son regard, mais comme Sélès tenta de se débattre, cette ''camarade'' demi-elfe dont elle aurait légitimement espéré de l'aide posa sa main contre son épaule pour la calmer. Il n'y avait cependant pas de violence, mais une certaine fermeté. Elle la regarda droit dans les yeux et se pencha doucement vers elle pour atteindre son oreille.
  -Je t'en prie, ne crie pas, ne résiste pas … ce sera pire. Fais ce qu'il faut pour survivre.
  Sélès tombait de haut. C'était ça, son conseil ? Elle, une demi-elfe, c'était ainsi qu'elle avait choisi de la soutenir ? Pourquoi ne l'aidait-elle pas ?! Et voilà que les interrogations et le sentiment d'injustice empiétèrent de nouveau sur son véritable sentiment de colère. Elle avait toujours la haine cependant, oui, autant contre cet être abjecte d'humain qu'envers cette demi-elfe qui ne faisait montre d'aucune solidarité. Cette solidarité qu'elle pensait pourtant universelle entre tous les demi-elfes. Voilà encore une illusion bien naïve.
  Tout en la déshabillant, cette fille lui murmura de rester calme. Ce qui avait bien l'effet contraire sur Sélès qui tentait de se débattre, et garda fermement les cuisses fermées, d'autant plus lorsque son prédateur, dans son plus appareil, se hissa au dessus d'elle. Tout ses muscles se crispèrent et elle eut même un geste de recul, sans pouvoir pour autant fuir plein loin. Elle se mordit les lèvres à sang et ferma les yeux lorsqu'il plaqua ses mains contre sa poitrine. Elle qui était déjà sensible de nature, d'autant plus sans son exsphère, ce qu'il lui fit lui provoqua une douleur lancinante. Il la pinçait sans ménagement, et elle avait envie de hurler, mais les conseils de la demi-elfe revenait toujours dans son esprit, encore et encore, si bien qu'elle n'osa pas hurler. Pourquoi ? Car elle voulait vivre ? Vivre ça, le subir et continuer de respirer après, avec ce souvenir immonde qui la hanterait toute sa vie ? Comment le pourrait-elle ?
  Et il ne cessait pas de parler. Comme si les gestes n'étaient pas assez avilissants, il l'insultait la dénigrait. Elle en vint à vouloir mourir. Qu'importe le mal que ça ferait, qu'importe tout ce qu'elle manquerait, elle voulait que cela s'arrête. C'était la première fois, dans toute sa vie, qu'elle ressentait une telle détresse. La première fois qu'elle avait si peur, qu'elle avait si mal. La première fois qu'elle souhaitait mourir. Ce n'était pas un vœu en l'air, elle le voulait dur comme fer. Elle voulait cesser de respirer afin de ne plus avoir à voir ce qu'elle ne devrait pas voir, alors qu'il s'exhibait dans ses ébats obscène avec cette fille. Cette fille qui avait peur, alors qui obéissait. Cette fille … Deviendrait-elle comme ça un jour ? Allait-elle en venir à être l'esclave sexuel d'un être pareil ? Peu de chance, étant donné son physique ingrats, comme il l'avait souligné. Mais si c'était possible, l’accepterait-elle ? Non. Hors de question, elle ne voulait pas lui ressembler.
  Après avoir longuement souhaité la mort, pour ne plus voir, pour ne plus entendre, elle eut la force de fermer les yeux. Si Martel était là, quelque part, qu'elle ouvre les yeux, elle. Qu'elle voit le malheur de ce monde ! Qu'elle l'aide … Mais rien ne vint. Pas d'aide. Et elle ne voulait pas, pas ça. Non, pas elle. Jamais. Il la menaça plusieurs fois de la tuer, et à chaque fois, ces menaces sonnaient comme sa seule chance d'intégrité, bien qu'il ne lui en reste plus que peu à présent.
  Elle détourna la tête et ferma les yeux, se maudissant de ne pouvoir se boucher les oreilles. Elle ne put s’empêcher d'ouvrir les paupières lorsqu'il poussa un cri étrange, alors elle vit qu'il avait les yeux fermés. Elle piétina le lit pour tenter de se dérober, tombant maladroitement sur le côté. Son cœur battait plus vite que de coutume et elle avait déjà le souffle court. Dans un tel état de stress et sans son exsphère, elle ne tarderait pas à faire une crise.
  Avec ses pieds, elle récupéra le couteau qui avait servit à ouvrir sa robe. Elle put le guider jusqu'à ses mains et tenta alors de scier ses liens. Mais elle eut tout juste le temps d'entreprendre son plan qu'il la repéra, poussant d'un coup sa partenaire à terre pour se jeter sur elle et lui prendre le couteau en l'insultant de garce. D'un grand geste brutal, il lui donna un coup de couteau qui ouvrit sa peau délicate sur toute la longueur de son torse, des hanches aux côtes. Elle hurla de douleur, un cris aussitôt étouffé par un grand coup de poing qui lui fendit la lèvre. Elle sentit l'intérieur de sa joue s'éclater contre ses dents, mais elle préférait encore être battue plutôt qu'autre chose. Et pourtant, pauvre fille, il comptait bien faire les deux.
  -Je t'avais prévenue sale garce, si tu veux jouer à ça, ça me va parfaitement.
  Elle se colla sur le côté du lit, étant parvenu à rester par terre jusque là, bien que retenue par les menottes. Mais il saisit ses jambes, et le sang de ses plaies macula le lit de rouge. Mais elle sentait à peine la douleur piquante qui tiraillait sa peau, alors que l'ouverture de son torse était pourtant profonde.
  -Je vous en prie, arrêtez !!!
  Et elle reçut un nouveau coup de poing. Et comme elle le répétait, à chaque fois, il la faisait taire d'un nouveau coup, frappant dans les côtes pour lui couper le souffle et la faire taire plus longtemps. Lui agrippant fermement les cuisses en la pinçant sans ménagement. Il tenta ainsi de s'ouvrir un chemin vers la virginité de la pauvre jeune femme en détresse, mais elle gigotait malgré les coups. Et elle ne pouvait plus retenir ses larmes. Elle voulait voir Aeron, elle voulait voir son frère, elle voulait juste … Se réveiller de ce maudit cauchemar.
  -Aeron !! Grand frère !!! Zelos, grand frère !!!
  Il leva la main pour la frapper mais se stoppa net, la fixant avec insistance. Comme elle allait appeler de nouveau, il lui saisit la gorge et serra assez pour lui couper le souffle et ainsi, le moindre mot. Il approcha son visage tout près du sien et elle ne pouvait pas bouger. Elle sentait le contact de sa peau nue contre la sienne, et ça lui donnait envie de vomir. Bien qu'elle protégeait toujours la voie de sa pudeur, elle sentit son intimité à lui glisser sur sa peau. Il la serra plus fort à la gorge en murmura.
  -Tu es la sœur … De Zelos Wilder ?
  Elle hocha doucement la tête, se calma d'un coup. Elle attendit que la pression sur sa gorge s'amenuise, alors qu'il se mettait à rire. Ça semblait le satisfaire encore plus, qu'elle soit la sœur de l'élu déchu … Mais avait-il seulement conscience qu'il mourrait pour ça ? Il n'était rien d'autre qu'un insecte et il se prenait pour dieu. Et comme il semblait baisser sa vigilance, elle se redressa d'un coup et le mordit sauvagement à l'épaule. Elle referma sa mâchoire si fermement qu'elle en hérita même d'un bout de chair sanguinolente qu'elle recracha lorsqu'il la frappa avec plus de violence encore. Comment tenait-elle le coup ? Zelos. C'était ça, sa force. Elle voulait le revoir, elle voulait s'assurer qu'il aille bien. Et elle voulait que cette pourriture sente sa douleur. Il l'étrangla à nouveau, ne risquant pas sa main à la bâillonner, il parvint cependant à lui faire écarter les jambes cette fois, et tous les efforts qu'elle mit à battre des pieds n'y firent rien. Elle se débattit plus encore, mais il serrait si fort qu'elle ne pouvait plus du tout respirer et elle commençait à défaillir.
    *Par Martel, je vous en prie … Un miracle … *
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Arrivée du déserteur et sa rouquine [PV Seles] Mer 20 Nov - 2:51
/!\ Contenu choquant. Violence /!\
La panique d'Aeron baissait. Il devait agir, avait une idée de ce qu'il allait faire et cela l'aidait à rester maître de lui-même. Il avança d'un pas assuré, et ce fut le plus aimablement du monde qu'il demanda à l'accueil :
-Bonjour. J'ai entendu dire que mon frère Jirall Valerius était arrivé. Pourrais-je avoir son numéro de chambre s'il vous plait ?
On lui indiqua. Parfait. Il prit son mal en patience, se dirigea vers l'ascenseur et appuya sur le bouton. Son cerveau se remit en marche et il réalisa : la chambre de Jirall était voisine à la sienne. A mesure que l'ascenseur approchait, l'adrénaline montait en lui. Il allait devoir se maîtriser, rester calme. Ce sera difficile, vu la situation. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Aeron sortit et hésita. Devait-il frapper à la porte ? Si Seles n'était pas avec Jirall ou s'il la gardait prisonnière, il ne voudra pas ouvrir, ce serait s'exposer. Le blondinet s'approchait malgré tout de la porte. Il sentait au fond de lui que Seles n'était pas loin, probablement de l'autre côté du mur. Il l'imaginait sur une chaise, intimidée par Jirall. Son pied heurta quelque chose. Il baissa les yeux, vit le sac, eut un moment pendant lequel il réalisa que si ce sac était là, alors Jirall avait emmené Seles de force, donc qu'il n'hésiterait pas à lui faire subir n'importe quels sévices. Toute couleur quitta le visage d'Aeron, puis revinrent avec une majorité de rouge. La colère l'envahissait. Il ramassa le sac et se dirigea vers sa propre chambre. Non, Jirall n'ouvrirait pas. Il restait une autre solution. Une fois dans la chambre, Aeron ne prit pas le temps de chercher quoi que ce soit d'autre que son épée et lança le sac de Seles dans un coin. Ouvrant la baie vitrée, il se mit sur le balcon. Tournant la tête à droite, il constata que la chambre de Jirall était au coin du bâtiment. La moitié du balcon était donc sur le même mur que le sien. Il hésitait à sauter quand il entendit une voix, étouffée par l'isolation phonique de la chambre d'où elle venait.
  -Aeron !! Grand frère !!! Zelos, grand frère !!!
Il n'y avait aucun doute sur la personne qui venait de parler, et vu ce qu'elle disait et le ton, il était évident qu'elle était en danger, en grand danger. Aeron n'hésita plus, il prit appui sur la rambarde du balcon et sauta vers l'autre, s'accrochant tant bien que mal à l'autre rambarde, puis se hissant avec difficulté, se laissa tomber sur le balcon. Le reste du balcon n'avait pas une belle vue, donnant sur le mur d'un autre bâtiment et d'une ruelle. De là, Aeron tourna la tête. Avec le soleil qui tapait sur les vitres, il ne voyait pas l'intérieur. Il entendait un rire qu'il exécrait. Il ouvrit la baie vitrée et à ce moment, ses yeux exorbités témoignaient de son ahurissement. La première chose qu'il remarqua fut Seles, nue. Ses yeux passèrent sur les menottes qui la maintenait attachée à la tête de lit. Sa colère s'amplifiait et son regard passa sur sa blessure au flanc. Ce n'était plus de la colère, mais une fureur qui s'emparait lentement de lui. Ses yeux continuèrent à parcourir la salle. Étrangement il ne vit pas Jirall tout de suite et remarqua d'abord Cécilia. Il comprit qu'elle l'avait embobiné pour aider Jirall. Probablement avait-il manipulé Seles grâce à cela. Et alors, enfin, son regard s'arrêta sur son frère, nu, écartant les cuisses de Seles de force, son autre membre dressé. Jirall avait senti le courant d'air et avait tourné la tête. Il avait les yeux exorbités et fixait Aeron avec un air dément. La fureur ne suffisait plus à qualifier ce qui s'emparait d'Aeron à ce moment. Il ferma la baie vitrée lentement et parla d'une voix froide.
-Sors ton arme et bats-toi, lâche.
Il ne pouvait rien dire d'autre. Il n'avait pas d'explication à demander. Aucune n'aurait pu le satisfaire. Il avait levé la main sur Seles plusieurs fois, cela se voyait sur son visage. Il l'avait violentée, maltraitée, et peut-être souillée. Qu'il l'ait fait ou non, son sort sera le même. Aeron se fit la promesse que personne, absolument personne, ne lèverait la main sur la femme qu'il a aimait. Il serait prêt à combattre les anges, démons et Martel elle-même s'il le fallait pour faire payer ceux qui osaient. Jirall, sous la surprise et la peur, tomba en arrière et se réceptionna maladroitement. Il sauta sur ses affaires et sortit une épée large. Aeron marcha à pas réguliers. Il ne savait pas ce qu'il allait faire après avoir tué Jirall et il s'en fichait. Plus rien n'importait. Il voulait juste tuer cette aberration puis protéger Seles. Il voulait lui rendre son sourire, même si au fond de lui, il avait peur que ce soit mission impossible.
-Voilà que le déchet arrive. Tu la vois, ta catin demi-elfe ? Elle est à moi ! Approche encore et je t'embroche. Maintenant, laisse-moi prendre mon pied et dégage de là. Rien ne t'appartient, tu n'auras rien ! Je te prendrai tout jusqu'à ta mort. Tu n'aurais jamais du naître ! Tu ne mérites pas de vi...
La phrase fut interrompue par un grand coup circulaire d'Aeron. Jirall bloqua comme il put, mais dut reculer. Aeron frappa encore et encore. Il n'y avait aucune botte d'escrime, aucune stratégie, aucune technique secrète. Il était dans un état qui s'approchait de celui des berserkers, ces guerriers qui ne connaissaient pas la douleur et combattaient sans chercher à se protéger, quitte à mourir au combat après avoir fait de nombreuses victime. Jirall soutenait difficilement les assauts. A force de reculer, il heurta Cécilia qui n'osait pas bouger. Alors qu'Aeron écarta l'épée de son adversaire d'un grand coup et se prépara à l'empaler. Jirall saisit Cécilia par les cheveux et s'en servit comme bouclier humain. Aeron ne put arrêter son coup et la servante se fit transpercer le cœur. Retirant l'épée du corps en poussant ce dernier sur le côté, Aeron offrit à Jirall le temps de le frapper. Le frère aîné donna un coup vertical à l'épaule droite de son adversaire et appuya de toutes ses forces en poussant vers l'avant, faisant reculer un Aeron qui restait de marbre. D'un grand geste du bras gauche il décapita tout net Jirall. La tête tomba sur le ventre de Seles. La rouquine qui avait laissé sa tête retomber en arrière la redressa et regarda la tête morte qui la regardait de son regard vide. Elle ne semblait pas saisir ce que c'était, ce que ça faisait là. D'un mouvement lent, comme au ralenti, elle se pencha sur le côté et fit tomber la tête qui roula, laissant une traînée de sang sur elle, puis elle laissa sa tête retomber.
Aeron revint à l'instant présent. Il réalisa ce qu'il avait fait. Il avait tué son propre frère et la servante qui l'accompagnait, et tout cela de sang froid. La douleur à son épaule se montra soudainement, lui arrachant un hoquet. Il avait été entaillé très profondément et avait même peut-être une fracture à l'os. S'il n'endiguait pas la plaie, il se viderait de son sang. Il regarda la blessure de Seles, puis la sienne. Il ne pourrait pas s'occuper de Seles s'il se vidait de son sang et la jeune fille ne semblait pas être en état de s'occuper d'elle-même. Il sortit des vêtements de Jirall de ses sacs et en déhira plusieurs en longues bandes de tissu. Il parvint à se faire un bandage qui tenait contre la plaie. Ce serait suffisant pour qu'il ne se vide pas de son sang, à priori. Il s'occuperait de laver tout ça quand ça s'arrêterait de saigner, donc quand il pourra arrêter de bouger. L'urgence était Seles. Il s'agenouilla auprès d'elle, détacha ses mains avec la clé posé sur la table, passa la main derrière la tête et la lui releva. Elle semblait absente. Il passa sa main devant les yeux. Les yeux suivirent un peu les doigts puis s'arrêtèrent. L'esprit de Seles semblait là mais pas en état de réagir, comme si elle percevait mais ne pouvait pas réagir. Avait-elle des pensées, derrière ? Réalisait-elle ce qui se passait ? S'il était arrivé plus tôt, elle n'aurait pas été dans cet état, s'il avait prévu tout cela, s'il n'avait pas laissé Jirall l'emmener. Il avait été stupide, il n'aurait pas du la laisser seule, il aurait du se méfier de cette blonde dans l'eau. Il aurait du faire tellement de choses différemment. Les nerfs lâchant, il laissa couler les larmes et serra la tête de Seles contre lui, pleurant comme un gros bébé. Il ne le fit que quelques secondes, mais réalisa alors qu'il n'y avait pas une seconde à perdre.
-Oh l'idiot ! Pardon, Seles, je suis stupide, je devrais m'occuper de toi.
La plaie était couverte de sang, il devait d'abord la laver. Seles ne bougerait pas, il y avait peu de risques que la plaie se rouvre ensuite. Il souleva Seles de son bras valide, s'aidant comme il pouvait de l'autre mais son épaule droite le lançait. Il atteint la salle de bain et parvint à poser Seles dans la baignoire. Elle était toujours nue et il était embarrassé, mais ce n'était pas le moment de s'occuper de ça. Il actionna la douche et rinça la blessure. Seles sembla se crisper au début. Cela devait faire mal et même si son état de choc l'empêchait de réagir, les réflexes étaient toujours là. Il arrêta la douche et examina la plaie. Il se saisit des bandes de tissus qu'il avait encore et les enroula autour du corps de la jeune fille, les fixant comme il le pouvait avec des nœuds. Les larmes qui continuaient de couler troublaient sa vue mais il parvint malgré tout à bander la plaie comme il le fallait. Il la sortit de la baignoire et l'enveloppa dans une serviette. Cette serviette lui arrivait aux mollets, donc elle cachait la quasi-intégralité de son corps. Pour plus de sûreté, il enveloppa une deuxième serviette autour d'elle. Ses plaies ne devraient pas se rouvrir, normalement. Il se prépara à la soulever, mais les larmes revenant il s'arrêta pour s'appuyer contre un mur.
-Je suis désolé, Seles. Je suis vraiment désolé, c'est de ma faute. Je n'aurais pas du te fâcher, je n'aurais pas du te laisser à la merci de ce malade. Je ne sais pas quoi te dire.
Bon, Aeron, ce n'était pas le moment de s'apitoyer. Il continua à soulever Seles et se dirigea vers la porte. Il enleva ses chaussures juste avant d'ouvrir la porte. Personne n'était dans le couloir, Martel soit louée ! Il passa dans le couloir et entra dans sa chambre. Il déposa Seles, toujours enrôlée dans les serviettes comme dans un cocon, et rabattit la couverture sur elle. Il la regarda, avec ses yeux mi-clos, son air apathique. Percevait-elle son environnement ? Il n'en savait rien. Il ne put s'empêcher de lui parler.
-J'ignore si tu m'entends, Seles. Je m'occuperai de tout, tu verras. On pourra rester et tu découvriras les joies d'Altamira. Tu voulais voir le parc d'attraction, tu te souviens ? Je t'y emmènerai. Je t'achèterai toutes les glaces que tu veux, je ferai tout ce que tu voudras pour que tu ailles mieux. Je te protégerai mieux que je ne l'ai fait jusqu'à maintenant. Excuse-moi.
Les larmes ne voulaient pas s'arrêter. Il avait mal aux yeux. Décidément, il n'arrêtait pas de pleurer, récemment. La voir ainsi le faisait bien plus souffrir que sa blessure à l'épaule. Bon, ce n'est pas tout ça, mais il devait s'occuper d'effacer les preuves du meurtre. Après avoir achevé la réflexion qu'il avait entamée en portant Seles, il prit une corde dans son sac et se dirigea vers la porte, et avant de sortir, il jeta un dernier regard à Seles. Vu d'ici, on pourrait croire qu'elle dormait paisiblement. Si seulement ça pouvait être le cas... En entrant sur la scène du crime, Aeron dut se retenir de vomir. Il avait vraiment tué son frère. Aussi immonde que celui-ci pouvait être, ils partageaient malgré tout des liens de sang. Tuer quelqu'un de sa propre famille était parmi les choses les plus horribles qu'on pouvait imaginer. En plus de cela, il avait tué cette fille blonde. Elle était une demi-elfe, cela rendait donc le crime mineur aux yeux de la société, mais dans le cœur d'Aeron, cela lui pesait tout autant que le meurtre de son frère. Il avait malgré tout fait le bon choix et s'il devait le refaire, il ferait le même. Il avait sauvé la femme qu'il aimait. C'est ce qui importait le plus à ses yeux, mais la culpabilité continuait malgré tout à le ronger. Le temps n'était pas aux remords. Il prit l'épée large de Jirall et la planta dans la blessure de la demi-elfe. Voilà qu'il s'acharnait sur un cadavre, maintenant ! Il fallait cependant le faire pour ce qu'il avait prévu.
Après qu'il ait terminé ses préparatifs, la corde qu'il avait pris était attachée au balcon, pendant du côté de la ruelle, un énorme "V" avait été tracé au mur, l'épée de Jirall était plantée dans le cadavre de sa servante, et une lettre était posée sur la tête de Jirall. Aeron rechangeait ses bandages. Sa blessure ne voulait pas arrêter de saigner. Il fallait qu'il arrête de bouger son bras. Il relut la lettre avant de se diriger vers la sortie :
"Noblesse de Tesse'halla.
Depuis trop longtemps, vous vous poussez au portillon pour gagner les faveurs de l'Eglise. Vous pensez que vous avez tous les pouvoirs par votre position et l'appui du Pontife. Aujourd'hui, alors que nous avons voulu confronter Jirall Valerius, celui-ci a massacré sa servante innocente dans un accès de folie. Il voulait prouver qu'il avait tous les droits, voici la preuve qu'il peut être puni.
Tous les nobles qui se servent de l'Eglise comme bouclier connaîtront le même sort à nos yeux que l'Eglise elle-même. Nous sommes le Vanguard.
Craignez notre jugement !"
La lettre ressemblait à certaines qui avaient parfois été laissées sur le lieu de certaines de leurs actions organisées. Aeron avait récupéré et essuyé son épée, récupéré les vêtements de Seles. La robe était irrécupérable, et il s'en était donc servi pour ses derniers bandages improvisés. Il restait donc les deux pièces du maillot de bain et le paréo. Il avait fait attention à rincer ses sandales pour enlever le sang et sortir sans laisser de trace. Plus rien ne l'accusait dans cette salle. Il devra donc faire le frère éploré puis partir avant que la nouvelle de sa présence n'atteigne le Pontife. Cela devrait passer, normalement. Après une dernière vérification de la salle, il sortit dans le couloir vide et ferma la porte. Il retourna dans sa chambre. Seles était toujours là, immobile. Elle le resterait encore longtemps. Aeron se dirigea vers la salle de bain et alla se laver, nettoyer la plaie pour de bon et se faire un bande comme il pouvait. En faisant attention à ne pas bouger son bras droit, il retourna au lit, s'agenouilla à côté et regarda Seles. Elle avait fermé les yeux. Aeron voulait la serrer contre lui, mais il n'osait pas. Il n'oserait peut-être plus jamais. A ses yeux, il en était indigne. Cependant, il voulait la toucher, sentir sa chaleur. Il parvint à faire sortir un bras de la jeune fille de son cocon. Il prit la main libérée dans la sienne et la serra. Il posa son front dessus, soulagée qu'elle soit au moins en vie. Il aimait cette femme, il l'aimait plus qu'il n'aurait cru ça possible. Relevant la tête, il crut voir les yeux de Seles ouverts, mais quand il tourna la tête, ceux-ci étaient fermés. Il resta là, à la veiller pendant des heures. Il guettait le moment où on découvrirait le cadavre, mais la corde pendant dans une ruelle et les gens n'étant pas forcément assez intrigués par une simple corde, la découverte du corps pourrait attendre le lendemain, qui sait ? En attendant, il tendait l'oreille. L'heure du dîner vint, mais il n'avait pas faim. L'heure de se coucher vint, mais il ne voulait pas dormir, malgré le fait que tout le sang qu'il avait perdu le fatiguait particulièrement. Il voulait veiller Seles le temps qu'il faudrait. Aeron avait peur que Seles ne se réveille jamais. Il était certain qu'elle resterait ainsi toute la nuit. Le début de son sommeil, dans son état de choc, n'était pas assez réparateur au sens strict du terme, mais au matin, quand elle se réveillera, qui pourra prédire son état ? Après une autre heure passée à attendre et à sentir la chaleur de la main de la rouquine, Aeron s'effondra et s'endormit à cause de l'épuisement.
  Qui était-elle, et qu'était-il en train de lui arriver ? Cette fille, ce n'était pas Sélès Wilder, non, c'était impossible. Pour elle, il était évident qu'elle n'était pas là. Ce n'était pas un cauchemar, ni une illusion, ce n'était pas une hallucination, ni quelque chose d'un tant soit peu probable. Ce n'était pas cette enfant qui avait grandi dans l'ignorance, enfermée dans cette abbaye, ce havre de paix voué à la foi d'une déesse qui laissait tant d'horreurs se produire. Car même elle, la grande déesse Martel, gorgée de bonté et d'amour pour ce monde, non, même elle ne pouvait rien contre la démence des hommes qui empoisonnaient cette terre. Tels des serpents vaniteux, crachant leur venin et semant le chaos pour que tout périsse et que jamais rien ne repousse. Jamais. Plus de joie, plus d’espoir ni d'estime, ne restait que la haine et la honte. La honte d'être en vie, la honte d'être faible et de ne pouvoir rien y changer. Et le serpent était là, rampant entre ses cuisses pour atteindre la pureté d'un ange sur le point de perdre ses ailes. Allait-elle avoir mal ? À quel point allait-elle saigner ? Pourrait-elle seulement cicatriser ?
  Non. Elle ne voulait pas, et qu'importe si elle ne pouvait rien faire pour l'empêcher, elle ne voulait pas ressentir cette douleur avilissante, elle ne voulait pas perdre ses ailes. Non. Cette fille, entre les griffes de ce monstre, ce n'était pas Sélès Wilder. Elle en avait décidé ainsi. Ce n'était plus son corps, et elle ne voulait pas voir ce qui allait arriver à cette marionnette de chair sans défense. Son esprit quitta son corps, et ce n'était pas par le bais de la grande faucheuse, mais par la morsure d'une vipère redoutable. Alors ainsi, qui était cette fille, qui était cette poupée de sang et d'os, à l'épiderme si doux et imberbe ? Et si … Et si cette poupée, c'était Vous ? Vous êtes là, allongée sur le lit. Vous êtes sans défense, si nue que même votre peau ne semble plus vous couvrir. Votre intimité, vos ailes, votre espoir, toute votre dignité est sur le point de vous être arrachée par le diable en personne. Et lentement, le reptile perfide remonte vers vous. Le temps s'arrête lorsque vous fermez les yeux, car vous voulez cesser d'exister, mais cela va se produire, vous le savez, car sur vos cuisses, glissant doucement contre votre peau, il glisse, rampe et se faufile, prêt à inoculer son poison. Il ne vous à pas encore atteint, mais vous avez déjà mal, si mal, car tout vos muscles sont en alerte, et votre pureté, ainsi à découvert, semble se déchirer bien avant d'être réellement brisée. Et une seule question persiste dans votre esprit pur et naïf : ''Vais-je avoir mal ?''. Ô combien cette morsure venimeuse sera-t-elle douloureuse ? Ô combien se propagera-t-elle en vous, et à nouveau, vous priez l'ange de la mort pour qu'il mette un terme à ces questions et qu'il vous emporte dans son havre de silence et de paix. Les étoiles d'espoir s'éteignent une à une, et l'univers devient sombre et plein de terreur. Seule une lueur reste, là bas, au delà de la ceinture d’Orion, un éclat discret et vacillant, serait-ce l'ange tant attendu ? Celui qui apportera le silence, qui descendra de son havre de vide éternel pour soulager vos maux ? Mais l'incube arrive déjà aux portes de votre félicité, ce jardin d'Eden encore jamais exploré …
  Le temps semble reprendre son cours, et la douleur tant appréhendée ne vint jamais. Les écailles du serpent glisse à nouveau sur votre peau, mais il n'approche plus, il recule et se retire, laissant vos ailes presque intactes après les avoir frôlées de près. Vous en aurez peut-être perdu quelques plumes, mais votre candeur n'en est pas encore brisée, juste un peu ébranlée de par le dégoût de ce que votre esprit à du subir. Un instant, vous vous demandez si, par hasard, vous vous ne seriez pas évanoui, et que la besogne ne se serait pas déroulée pendant votre inconscience. Car vous ressentez vous cette douleur lancinante en vous, comme écorchée vive, et ce n'est pas la plaie ouverte sur votre flanc. C'est une douleur somatique, créée du fruit de votre terreur assommante. Une voix familière et salvatrice, celle d'un ange, résonne alors en écho dans votre tête. Vous ne savez pas tout de suite si elle est réelle ou non, mais bientôt, vous comprenez que cet ange n'est pas venu pour vous emporter dans les limbes, non, c'est un ange soldat, tel Saint Michel terrassant la bête, qui arrive à votre secours. Mais cet ange, vous ne pouvez pas le voir, même en le regardant, vos yeux sont voilés par les ténèbres pétrifiantes de cette nuit sans étoile.
  Le lourd voile de vos paupières se referme sur vos yeux vides, et le temps semble ne plus avoir aucun sens. Une soupe de bruit résonne au loin, mais vous n'entendez rien d'autre que l'écho d'un bourdonnement sourd. Et alors que votre corps semble se refermer tel une coquille, sans que vous n'ayez commandé quoi que ce soit quelque chose tombe lourdement sur vous. Quelque chose de chaud qui renverse un liquide poisseux et tiède, vous maculant de rouge. Du rouge, il y en avait à présent partout. Votre peau blanche est rouge, les draps blancs sont rouges, votre ingénuité immaculée est à présent tachetée, cramoisie, pourrissant sous les affres des vices fourbes en perdition. Et vous regardez cette chose sur vous, cette chose avec de grands yeux ouverts qui vous fixent avec insistance, cette chose avec une bouche béante et putride, cette chose sans corps. Vous la regardez, le visage figé dans une expression de torpeur si intense que cela en ressemblerait presque à de l’indifférence, et d'un geste que vous ne sentez même pas, vous vous tournez légèrement pour la faire tomber. Et vous la regardez rouler sur le lit et tomber sur la moquette, comme intrigué. Vous ne pouvez pas décrocher votre regard de ce visage sans corps, et vous avez beau regarder, regarder encore … Vous ne voyez pas. Vous vous dites même un instant, que finalement, c'est plutôt joli. Oui, plus joli comme ça.
  A nouveau, le temps se dérobe à votre conscience et votre esprit se mure dans les ténèbres. Vous avez toujours mal, mais au moins, vous pouvez à présent protéger votre intimité du froid. Sans pouvoir bouger, vous ne savez pas à partir de quand vos liens furent brisés. Impossible de savoir, vous avez à la fois l'impression ne n'avoir jamais était attachée, et de l'être toujours, même lorsque votre corps, cette marionnette de chair vide, fut transportée bien loin de tout ce rouge. Une voix douce et rassurante murmure à votre oreille, mais vous ne bougez pas, vous ne cillez pas, vous écoutez sans entendre. Il se passe alors tant de chose en vous, que même une bombe n'aurez su vous éveiller. Vous ne savez pas ce que l'on est en train de faire de votre corps vide, mais, ce que vous savez, c'est que vous avez mal. Ce n'est alors plus une douleur lancinante, c'est une douleur éparse, lourde et légère à la fois. C'est un mal qui n'en était pas un, comme si quelque chose vous rongeait doucement de l'intérieur, comme si, cette poupée inerte que vous êtes devenue grouillait de vers pullulants, grignotant peu à peu tout ce qui faisait de vous ce que vous étiez. Des picotements envahirent vos muscles et votre estomac ainsi que votre cœur semblaient si lourds qu'ils étaient à même de n'être que de plomb. C'était une sensation morbide de putréfaction, comme si vous n'étiez plus là, mais que vous sentiez votre chair pourrir doucement. C'était la pourriture de la honte et l'impureté, de la laideur et du vice. Car plus rien de beau n'existait à présent, tout n'était que charogne putréfiée et pestilentielle. La beauté de toute chose s'était à jamais fanée, et ne restait que du bouton de rose, qu'une vague loque de moisissure.
  Et vous vous demandez alors, ''reverrai-je un jour la beauté d'une paire d'ailes plus blanches la lumière divine ? Ne pourrais-je jamais effleurer les portes du paradis du bout des doigts ?'' Les éclats tranchants de vos rêves brisés vous aveuglent, et seul un goût fade et amer persiste au fond de votre gorge, tel serait le goût de la mort, s'il existait. Mais vous vivez. Votre petit cœur bat lourdement, douloureusement, mais il bat. Cependant, il bat sans raison, car vous avez oublié ce pour quoi il fonctionnait. Vous avez oublié, tout oublié … Sauf les maux de la honte qui vous accablent. Et ces maux engourdissent peu à peu votre corps, se propageant depuis votre cœur jusqu'à votre estomac, bientôt, vous ne sentez plus rien. Et cette sensation de ne plus rien sentir, vous semble si douloureuse que votre esprit s'éteint tout à coup, sans savoir où vous étiez, sans savoir comment … Mais vous sentiez cet ange à vos côtés …
  A son réveil, Sélès Wilder était de nouveau Sélès Wilder. Ou presque. Elle n'était pas la même Sélès qu'autrefois, ça, elle ne pourrait plus jamais l'être. C'est le cœur lourd, et les tripes au bord des lèvres qu'elle s'extirpa des limbes d'un sommeil trop profond. Elle craint un instant de ne pouvoir jamais en sortir, elle se sentait perdue et accablée d'un terrible sentiment de solitude. Car il n'y avait personne avec elle, dans ce sommeil sans rêve, sans lueur, sans autre sensation que cette impression sordide d'insalubrité intérieure, qui lui donnait envie de vomir. Le lourd voile de ses paupières se releva alors, doucement, avec précaution. Comme si le moindre geste brusque pouvait déclencher la déferlante de bile que son estomac contenait. Elle reconnecta doucement son esprit à son corps, et son corps aux stimuli extérieur. La première chose qu'elle distingua, fut une touffe de cheveux d'or, la première chose qu'elle sentit, fut le picotement de son flanc, puis la douleur qui engourdissait son visage, la première chose qu'elle ressentit fut la détresse. Elle, elle sentit sa main, qui était enrobée d'un agréable cocon chaud et protecteur. Ce cocon, c'était les mains de son ange gardien. Elle cilla doucement, comme pour reprendre pleinement pied avec la réalité. Elle le reconnut tout de suite, puis, un instant plus tard, une foule de souvenir l'envahirent. Elle leva doucement sa main libre, se tournant légèrement sur le côté pour toucher ces cheveux blonds si doux du bout des doigts. Ce contact était léger, elle n'avait dérangé qu'une petite mèche, et pourtant, le jeune homme réagit aussitôt, relevant la tête brusquement comme dans un élan de torpeur, braquant son regard sur elle. Aussitôt, la voix du monstre qui l'avait faite tant souffrir résonna dans sa tête, alors qu'il lui disait qu'elle était laide. Elle baissa les yeux avec honte alors que sa vue se brouillait. Elle ne voulait pas qu'il la voie, elle ne voulait pas qu'il regarde son visage disgracieux. Mais sa main se resserra sur la sienne, et vis-versa, agrippant fermement. Elle entrouvrit légèrement la bouche.
  – Ae....n
  Sa petite voix aigue et plus faible que jamais s'étouffa au fond de sa gorge, où figurait d'ailleurs encore les empreintes de la main qui l'avait étranglée. Puis, dans sa panique soudaine, elle saisit fermement le bras de son compagnon pour l'amener vers elle, venant aussitôt blottir sa tête contre son épaule. Elle avait besoin de sentir sa présence, de se sentir en sécurité à nouveau, avec lui. Elle ne se sentirait certainement plus jamais la force de le lâcher, ni de se décoller de lui. Car ainsi, elle sentait sa présence rassurante, ses bras forts prêts à la protéger, mais aussi et surtout, elle lui cachait son visage disgracieux. Sans pouvoir rien y faire, elle éclata en sanglot. Elle tenta à plusieurs reprises de parler, pour le supplier de ne pas l'abandonner, de ne plus jamais la laisser seule, mais à chaque fois, ses larmes avalaient ses mots.
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Arrivée du déserteur et sa rouquine [PV Seles] Mer 20 Nov - 14:21
Il avait fini par s'assoupir. Il savait qu'il rêvait mais ses rêves n'en étaient que plus terribles. Il se voyait courir alors que Seles tombait. Elle était nue, tombant au milieu de rien. Il n'y avait que les ténèbres et le corps immaculé de la jeune fille était la seule source de lumière apparente. Aeron parvint à arriver sous elle avant qu'elle achève sa chute. Il tendait les bras et la réceptionna, mais au moment ou ses bras entrèrent en contact avec le corps en chute, celui-ci explosa. Il éclata en une multitude de morceau comme une tasse en porcelaine tombant au sol. L'instant d'après, Aeron sentait le sang couler sur lui. Levant la tête, il vit cette demi-elfe blonde au-dessus de lui. Il se retourna et elle descendit les marches. Elle était nue également et un trou béant se trouvait au niveau de son cœur. Ses lèvres bougeaient en silence et Aeron lui demanda de s'exprimer. Que voulait-elle ? Soudainement la voix se fit entendre en un murmure qu'on aurait dit venant de quelques centimètres à peine de son oreille.
-Non, je ne voulais pas ! Je ne voulais pas vous faire de mal !
-Ha, la belle affaire ! Tu n'es qu'un déchet !
Aeron se retourne. Jirall était là, sa tête reposant dans les mains d'un corps décapité. La tête parlait malgré tout.
-Tu n'as rien réussi, Aeron. Tu es arrivé trop tard. J'ai souillé ta Seles. Tu n'es pas un héros, tu es un raté. Tu ne mérites même pas de vivre en sa compagnie !
Le blondinet se bouchait les oreilles mais cela ne changeait rien, il entendait toujours la voix avec autant d'insistance.
-Après tout, tu es celui qui s'excite à la vue du corps d'autres femmes !
Quelqu'un toucha la tête d'Aeron. Il se retourna et ses lèvres entrèrent en contact avec celles de la demi-elfe blonde. Elle était là, se collant à lui. Il ne pouvait pas bouger, il était entravé par une force invisible. Il sentait ce corps chaud contre le sien, mais également le sang qui coulait de manière interminable de la blessure qu'il lui avait lui-même infligée.
-Tu te prétends un Valerius ? Tu as tué ton propre frère ! C'est l'un des plus grands crimes que l'on puisse commettre et il restera sur ta conscience jusqu'à la fin de tes jours ! Et comme si cela ne suffisait pas, regarde-toi, tu t'excites sur cette femme que tu n'as presque jamais vue et que tu as tuée !
Il réalisa que c'était vrai, il était excité. Cette femme morte était en train de le dresser, de le manipuler. Telle une succube, elle le tenait et faisait de lui ce qu'elle voulait. Non, il ne voulait pas. Il voulait prendre Seles dans ses bras, et pas pour ça, juste pour sentir la douceur de son étreinte, ses cheveux soyeux.
-Ça ne te plait pas ? Je sais qu'au fond tu as envie de moi !
-Non, j'aime Seles.
-Regarde-toi, si tu le pouvais, je sais que tu me prendrais. Tu es plus dur que tu ne l'as jamais été.
Elle continua à se frotter contre lui pendant que le rire de Jirall retentissait. Aeron entendait les cris de sa famille qui le conspuait, Seles se mêlant à eux. Il l'entendait dire que son frère le maudirait jusqu'à la fin des temps pour ne pas l'avoir protégée. Il chercha Seles des yeux mais la succube l'obligea à l'embrasser à nouveau, et, prenant les choses en main, elle se tint au-dessus de sa virilité, prêt à le faire entrer en elle. Il ne voulait pas, non. Il voulait se réveiller, il voulait retrouver Seles, la protéger. Il ne le méritait peut-être pas mais il voulait la rendre heureuse. Il n'avait pas besoin et encore moins envie de faire des choses avec cette femme morte. Non ! Elle allait lui faire toucher son intimité.
-Non ! SELEEES !
Quelque chose lui toucha les cheveux. C'était comme une lumière chaleureuse, un ange rayonnant. La lumière fit disparaître la succube et devant Aeron ne se trouvait alors... que sa main. Sa main avec celle de Seles dedans. Il réalisa alors qu'il était réveillé.
On lui touchait vraiment les cheveux. Il redressa la tête et vit Seles. Elle était réveillée. Il fut débarrassé d'un poids. Il s'assit sur le bord du lit. Elle était toujours belle, malgré les marques laissées par les coups de Jirall. Une esquisse de sourire qui se voulait rassurant se dessina sur le visage d'Aeron, mais il ne parvenait pas à faire mieux. La jeune fille tenta apparemment de prononcer son nom et le fait que sa voix se casse, qu'elle soit dans cet état brisa le cœur d'Aeron, faisant resurgir toute sa culpabilité. Elle tira sur son bras et s'accrocha à lui pour se blottir contre son épaule. Les serviettes tenaient et permettaient que les formes de la rouquine ne soient pas révélées, mais même ses épaules étaient belles pour Aeron. Il ne put rien voir d'autre que les cheveux et épaules de toute manière. Les bras de Seles étaient autour des siens et elle s'y agrippait avec de plus en plus de force. Elle lui rouvrit la profonde blessure que Jirall lui avait infligé avec son épée, mais il n'en avait cure. Le bandage absorbera bien un peu plus de sang. La seule chose qui lui importait était la détresse de la femme qu'il aimait. Que pouvait-il dire ? Que pouvait-il faire ? Il resta là à la serrer dans les bras avec ses deux bras, malgré la douleur qui le lançait du côté droit. Il essaya de faire redresser la tête de Seles pour la regarder dans les yeux, mais celle-ci garda obstinément la tête baissée. Il lui accorda donc un bisous sur le haut du front, à la racine des premiers cheveux.
-Je suis désolé. Je n'ai pas su te protéger.
Que pouvait-il dire d'autre ? Il ne savait pas quoi faire. Il y eut un long moment où le seul son qu'on pouvait entendre était les sanglots de Seles. Les larmes d'Aeron coulaient à flots également. Il avait l'impression qu'il allait se dessécher et tremper la chevelure de Seles tellement les larmes coulaient en flot ininterrompu. Il tenta de se ressaisir. Il fallait penser à l'immédiat. Il avait posé l'exsphère de Seles sur elle pendant son sommeil et elle était maintenant juste à côté de lui. Il tenta de bouger le bras gauche mais Seles y était trop bien accrochée. Il utilisa donc son bras droit, souffrant pour chaque centimètre qui séparait sa main de la gemme. Une fois dans sa main, il demanda gentiment à Seles, d'une voix pas plus forte qu'un murmure :
-Il faut que tu remettes ton exsphère pour récupérer tes forces. Je me retournerai pendant que tu la mettras si tu veux. Je peux en profiter pour demander qu'on nous apporte un petit déjeuner. Promis, je ne sortirai pas de la chambre, je reste là.
Il ignorait si elle tenait à ce qu'il reste vraiment sans interruption avec elle, mais lui ne voulait plus la laisser seule. Plus jamais il ne l'abandonnerait ! Il attendit la réponse de la jeune fille dont les sanglots commençaient à se calmer. Il était évident qu'elle faisait un effort sur elle-même pour tenter d'aligner des mots, pour lui répondre.
Dernière édition par Aeron Valerius le Mer 20 Nov - 20:57, édité 2 fois
  Elle dodelina légèrement de la tête lorsque le blond tenta à plusieurs reprises de voir son visage, enfouissant toujours plus son visage contre lui. Elle ne voulait plus qu'on la regarde, surtout pas Aeron. Elle ne voulait pas qu'il constate sa laideur, même si depuis le temps, il aurait eu tout le temps de la remarquer si c'était le cas. Mais elle était à présent obsédée par ça. Elle avait peur qu'il la déteste à cause de son physique disgracieux, c'était bien stupide, surtout si elle s'était donnée la peine de réfléchir cinq minutes aux effets que son physique avait déjà eu sur lui. Mais justement, elle n'était pas en état de réfléchir. Non. Tout ce dont elle était en état de faire pour le moment, c'est pleurer et rester cachée. Après être longuement restée prisonnière de sa propre prison de chair, elle avait besoin d'exploser un bon coup, pour se décharger de tout ce qu'elle avait enduré. Ce serait bien loin d'être suffisant, ça, c'était peu de le dire ! Mais c'était tout de même nécessaire.
  Et alors qu'elle avait l'impression de ne jamais pouvoir s'arrêter, elle sentait la fatiguer l'immerger à nouveau. Combien de temps avait-elle dormi ? Pas assez apparemment. De toute façon, même sans avoir sommeil, elle serait bien incapable de sortir de ce lit. Elle voulait rester cachée, et elle se serait sans doute creusée un terrier si elle avait un terrain de terre à disposition. Aeron proféra des excuses d'une voix éteinte, auxquelles Sélès secoua doucement le chef. Elle ne voulait pas qu'il s'excuse, elle avait été si stupide ! Elle n'avait aucune haine envers lui, bien qu'elle se soit sentie terriblement abandonnée sur le coup, bien que cela aurait été tellement plus facile de lui en vouloir à lui. Mais c'était elle l'idiote, et lui, il l'avait sauvée du pire, oui, car cela aurait pu être bien pire. Et quand elle voyait à quel point elle était anéantie, elle se demandait sérieusement si elle aurait supporté le choc, s'il était parvenu à aller jusqu'au bout …
  Obstinée, elle restait fermement accrocher à lui, comme un bébé koala au dos de sa mère. Ses petits doigts délicats serraient fermement sa prise, et ses muscles fébriles étaient si contractés qu'elle en avait mal aux bras. Mais peu importe, elle ne comptait pas se décoller de là. Il allait devoir vivre à faire et s'adapter … Car tout n'est question que d'adaptation, pas vrai ? De toute façon, ce n'était pas négociable, bébé koala ne lâcherait plus jamais maman koala – même si, pour une 'maman koala', Aeron était drôlement bâti.
  Son ange gardien tenta à nouveau de bouger, puis, voyant que la petite demoiselle bronchait toujours, il tenta de lui expliquer calmement. Le flot de ses larmes s'était tari progressivement, mais elle était encore là, toute tremblante, poussant un petit reniflement de dénégation – oui c'est possible. Elle secoua à nouveau la tête, plus vivement cette fois, sans décrocher. Elle ne voulait pas qu'il parte, et bien qu'il lui assura le contraire, elle refusait tout bonnement qu'il ne s'éloigne d'elle de plus d'un pas. Il devait rester là, comme ça, c'était très bien. C'était absurde, même elle en avait conscience, du moins, une petite partie d'elle. L'autre partie ne réfléchissait pas et refusait juste catégoriquement de lâcher du leste. Cependant, elle devait bien la remettre, son exphère, sinon elle ne ferait pas long feu. Pour ça d'accord, elle ferait un effort, mais il n'avait pas intérêt à filer, elle n'avait pas fini de le broyer.
  Sans le lâcher, elle décolla doucement la tête, baissant le nez bien bas pour ne pas laisser Aeron voir son visage. Là était tout l'avantage d'une frange comme la sienne. Sans regarder Aeron, et le tenant toujours d'une main, elle se servit de l'autre pour prendre l'exsphère du bout des doigts, reniflant encore un petit coup. Puis, comme elle venait de passer son bras autour de celui d'Aeron – comme s'il était gonflé d’hélium et qu'il risquait de s'envoler à tout moment – elle put se servir de sa main pour maintenir la couverture contre sa poitrine, ne dévoilant que son sternum où était fixé son serti-clef. D'un geste, elle remit s'exsphère en place et se recolla aussitôt au blondinet, sans lui adresser un regard.
  -Je n'ai pas faim. Parvint-t-elle à dire doucement, comme exténuée. Ne me laisse pas …
  Sa petite voix douce et fragile était suppliante. Elle avait l'estomac noué, complètement sans dessus-dessous, aucune nourriture solide ne pourrait passer. Elle ressentait un fort sentiment de dégoût constant, comme si elle était à deux doigts de rendre ses tripes. Elle resta en mode koala un instant, avant de remarquer quelque chose tacher l'épaule du chevalier qui lui faisait office de ''branche''. Elle cilla plusieurs fois, avant de se rendre compte que c'était du sang. Elle se redressa légèrement et porta doucement sa main où la tâche commençait à prendre de l’ampleur, et de sa voix toujours aussi faible, mais plus inquiète cette fois, elle parvint à aligner quelques nouveaux mots.
  -Tu es blessé …
  Cette constatation manqua de lui provoquer une nouvelle crise de sanglots, mais seules quelques larmes ingérables dévalèrent ses joues discrètement, alors qu'elle gardait toujours son visage hors de la vue du blondinet. Elle se concentra un instant et força un peu dans ses réserves pour sortir un petit sort de soin, bien médiocre, même pour elle. Cela aura eut le mérite de réparer l'os touché, et de combler légèrement la plaie qui serait moins profonde, et cesserait donc plus facilement de saigner. Elle ne pouvait pas en faire plus, et de toute façon, Aeron l'arrêta presque aussitôt, souhaitant sûrement qu'elle garde son mana pour elle.
  Elle évitait toujours soigneusement le regard du jeune homme pour lui cacher sa 'laideur', mais sa panique était à présent un peu calmée, si bien qu'elle accepterait peut-être de le lâcher un peu – surtout pour ménager son épaule – à condition qu'il ne s'éloigne pas trop et qu'il reste dans son champs de vision.
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Arrivée du déserteur et sa rouquine [PV Seles] Mer 20 Nov - 18:30
Elle ne voulait pas le regarder, mais pourtant elle restait accrochée à lui. Est-ce qu'elle le détestait mais avait besoin de soutien et n'avait que lui ? Aeron avait déjà du mal à comprendre les filles quand elles allaient bien, mais avec Seles dans cet état, il ne savait pas quoi penser. Tout ce qu'il s'avait, c'est qu'il resterait là pour elle. On pourrait lui dire qu'il devait passer sa vie entière à la protéger, cela lui conviendrait. Après un instant qui sembla durer une éternité, elle accepta de prendre son exsphère et de la remettre à son sternum. Même si elle faisait attention à ne pas trop en dévoiler, le jeune homme avait détourné les yeux le temps qu'elle la remette. Elle se recolla aussitôt à lui. Il repassa ses bras autour d'elle mais elle arrêta son bras droit en remarquant la blessure. Elle lui fit la remarque, mais il s'en fichait. Il s'inquiétait beaucoup plus pour elle que pour lui car les blessures n'étaient pas que physiques. Quand il remarqua qu'elle lui appliquait un sort de soin, il voulut lui crier d'arrêter mais il savait que cela lui aurait fait du mal. Il fallait rester doux. Avec douceur, il prit la main de la rouquine et l'écarta de la blessure. Elle restait accrochée à lui mais avec moins de force. Aeron eut une idée qui pourrait peut-être rassurer un peu Seles.
Avec douceur, il entoura Seles avec la couverture. Elle semblait intriguée par ce comportement bizarre. Un bisou sur le sommet du crâne l'intrigua apparemment encore plus. Le blondinet avait du mal à se retenir de lui exprimer son affection. Après quelques secondes à bien enrouler la couverture autour de Seles, il souleva celle-ci en prenant bien garde à ce que la tête de cette dernière reste sur son épaule. Si la jeune fille ne voulait pas montrer son visage pendant qu'elle pleurait, il n'allait pas la forcer. Là, elle était dans ses bras, les bras autours du cou et Aeron pouvait bouger un peu dans la chambre. Il marcha un peu, traçant des ronds, berçant la demoiselle. Elle n'allait probablement pas se rendormir. Elle pouvait être fatiguée moralement mais son corps ne suivrait pas. Cela sembla malgré tout l'apaiser après un moment de nervosité sans doute dû à l'incompréhension. Il sourit et expliqua la pensée qui lui était passée par la tête.
-Vu comme ça, tu es ma princesse, tu ne crois pas ? Allez, je vais prendre un peu à manger pour moi, vu que tu n'as pas faim. Je vais aller à la porte, je te promets qu'on ne te verra pas et qu'on restera dans la chambre. D'accord ?
Il ne voulait pas donner l'impression de parler à une enfant. Il voulait juste la rassurer et espérer qu'elle comprenne. Il ouvrit la porte de quelques millimètres et appela une servante. Il dut s'y reprendre à plusieurs fois. Il remercia le ciel que cette servante ne soit pas restée toute la journée dans le couloir la veille et quand celle-ci demanda ce qu'il voulait, il commanda deux bols de chocolat chaud et quatre beignets au chocolat. Une fois la porte refermée, il sentit Seles bouger un peu. Elle voulait parler mais il l'interrompit :
-Tu as besoin de te nourrir. Je ne t'obligerai pas à manger mais tu boiras ton chocolat chaud ! Il est hors de question que tu te laisses mourir de faim. Non, hors de question.
A la pensée que Seles puisse mourir, il la serra un peu plus fort. Il ne voulait pas la perdre, non. Il l'aimait trop pour ça mais il ne pouvait pas lui expliquer, surtout pas maintenant. Il se dirigea vers le lit pour se poser avec sa princesse. Alors qu'il approchait, il se prit dans la couverture et commença à tomber en avant. Le temps sembla s'arrêter alors qu'il se faisait deux réflexions simultanément. S'il tombait sur Seles, il risquait de lui faire mal, et surtout, cela allait lui rappeler son traumatisme. Il fallait qu'il évite cela à tout prix. Il parvint à se retourner pendant la chute et ce fut Seles qui fut sur lui. Il espéra que la secousse ne ferait pas bouger les bandages et ne rouvrirait pas sa plaie. Elle tremblait à nouveau. Elle avait du avoir peur de la chute. Aeron priait pour que ce ne soit que ça. Il roula doucement pour que les deux soient sur le lit, que personne ne soit sur l'autre, tout en restant dans la même position l'un par rapport à l'autre. Parlant d'une voix calme et qu'il voulait rassurante, il lui dit.
-J'aimerais que dès que tu le pourras, tu te soignes ta blessure au flanc. Elle est grave et je ne veux pas risquer qu'elle se rouvre ou qu'elle s'infecte. J'aimerais prendre soin de toi mais je ne peux rien faire pour cela. Je ne suis pas un très bon protecteur. Tout ce que je sais faire, c'est tuer un membre de ma famille et une innocente. Je veux rester avec toi et continuer à te protéger, mais si tu trouves mieux que moi, il ne faudra pas hésiter.
Voilà qu'il ressassait ses idées noires. Ce n'était pas le moment. Il devait être un pilier pour Seles. Il devait être inébranlable, immuable. Tout ce qu'il lui montrait pour le moment, c'étaient un mur craquelé. Comment pouvait-il espérer faire quoi que ce soit dans cet état ?
  Une petite princesse. Princesse sushi, confortablement blottie au milieu de son algue-couverture qui la protégeait du monde extérieur et des redoutables baguettes avides de l’engloutir. Princesse sushi qui eut le droit à un bisou. Un bisou tout doux, simple, rassurant. Un bisou juste pour elle. Un bisou, elle en voulait d'autres, juste là, sur sa tête. Princesse sushi aime les bisous sur sa petite tête. Elle ne comprit pas tout de suite ce qu'il était en train de faire, mais ne vit aucune raison de protester, bien que cela du bien la séparer de lui quelques instants. Elle le regarda faire sans mot dire, son visage semblait plutôt inexpressif, mais elle avait cet air intrigué qui la rendait adorable, lui donnant une véritable tête de petit chaton roux aux grands yeux bleus tout rond. Très attentionné, le brave ange gardien prit sa princesse sushi dans les bras, lui expliquant ce qui allait suivre pour ne pas la laisser dans l'angoisse de trop de questions. Rien que son intention de vouloir se montrer rassurant la rassurait effectivement grandement. Elle se laissa donc faire sagement, venant de nouveau nicher sa tête contre l'épaule de son chevalier, faute de pouvoir sourire pour le moment. Elle aurait bien voulu pourtant, car elle se sentait beaucoup mieux grâce à lui, et il méritait bien qu'elle lui sourie, vu le fardeau qu'elle lui imposait. Cependant, son esprit était encore bien trop embrouillé pour qu'elle puisse se le perdre, et ce sentiment de dégoût permanent ne la quittait pas.
  Elle se fit donc balader et bercer un moment dans la pièce avant qu'il n'aille effectivement réclamer à manger. Il prit assez de nourriture pour deux, si bien que miss petit-sushi-chat réagit en gigotant légèrement comme le petit asticot qu'elle était devenu. Ce dernier allait avoir bien du mal à sortir de sa chrysalide pour devenir un joli papillon. On se serait presque attendu à celle qu'elle pousse un petit grondement sourd et contrarié, ou un de ses miaulements agacés, mais elle resta silencieuse, et son prince bienveillant tenta de faire un peu de discipline, restant cependant calme, lui expliquant son intention en douceur. Elle eut un petit air bougon qu'Aeron ne put voir, étant donné qu'elle œuvrait toujours à ce qu'il ne voit pas son visage. Il se dirigea alors de nouveau vers le lit, quand elle sentit qu'elle prenait son envole. Avant même qu'elle n'ait le temps de comprendre qu'ils chutaient, elle se retrouva sur le lit, écrasant son porteur de son faible poids. C'était tout mou, pas de casse, juste un peu peur quand même, elle avait bien cru qu'elle allait manger la moquette. Puis, tout en douceur, elle glissa jusqu'à atterrir sur le lit, elle avait l'impression de n'être qu'une petite poupée de chiffon molle et incassable. Confortablement encrée dans son rôle, elle ne bougea pas d'un pouce, si ce n'est un léger tremblement dû à elle ne savait trop quoi.
  Elle leva enfin les yeux vers lui comme il se trouvait en face, le fixant de ses grands yeux bleus de chaton alors qu'il lui parlait à nouveau de sa voix rassurante. Elle baissa assez vite les yeux, puis cachant son visage derrière sa frange avec un petit air contrarié. Se soigner ? A quoi bon, elle allait bien de ce côté-là. Ça la piquait tout juste. La blessure d'Aeron était bien plus grave, et avec ses compétences médiocres en soin, elle n'avait pas pu le soigner complètement, elle avait seulement pu arranger un peu la chose pour qu'il puisse bouger sans trop souffrir. De toute façon, elle n'avait plus assez force pour le moment, elle devrait attendre de reprendre un peu de mana.
  Puis elle leva à nouveau les yeux sur lui lorsqu'il se mit à se blâmer de ses piètres performances en tant que protecteur. Elle fronça très légèrement les sourcils, si bien que ce fut à peine visible. Puis se sortit son petit point de son cocon et donna un petit coup très doux sur le front du blond, juste pour le rappeler à l'ordre.
  -Je veux rester avec toi. Souffla-t-elle doucement mais avec une certaine fermeté.
  Puis elle se blottit chaudement au fond de son cocon de couverture, cachant à nouveau son visage. Elle n'aimait pas évoquer cet homme. Son souvenir restait gravé dans son esprit, elle le voyait constamment, même en gardant les yeux ouverts, et sa simple évocation lui donnait envie de vomir et de fuir loin, très loin et très vite. Elle parvenait cependant à être profondément désolée qu'Aeron ait du commettre un fratricide par sa faute, mais elle ne se cachait pas que, s'il ne l'avait pas fait, elle l'aurait tué elle-même de ses mains. L'image de sa tête roulant sur elle lui revint soudain à l'esprit, et elle dut réprimer un haut-le-cœur en se crispant légèrement.
  Elle se dandina pour ramper jusqu'à s’asseoir contre la tête du lit, sans dégager un seul petit bout de son minois. Elle ressemblait vraiment à une petite chenille comme ça. Puis, elle se dandina encore, comme si quelque chose la gênait. Elle observa alors la pièce et repéra son petit sac à main. Elle tendit la main vers lui, et Aeron s'empressa de lui apporter. La première chose qu'elle fit fut de chercher le cristal de l'élu, le porte bonheur de son frère. Il était bien ficelé à un cordon qu'elle glissa autour de son cou pour le porter en collier, cherchant un peu de réconfort ainsi. Elle faisait des effort, elle s'était décrochée d'Aeron depuis presque une minute. Fouillant à nouveau de son sac bien plus grand à l'intérieur, elle sortit une chemise de nuit qu'elle enfila avant de se glisser de nouveau dans les couvertures. Comme ça, c'était mieux. Sans qu'elle n'ait eu quoi que ce soit à dire, Aeron s'était toujours détourné au bon moment. Elle ne s'inquiétait pas pour lui, étrangement, cette expérience lui avait retiré un peu de sa pudeur, à l'égard d'Aeron en tout cas. Ce n'est pas qu'elle irait s'exhiber nue devant lui, c'est juste qu'elle lui faisait pleinement confiance.
  Quelques petites minutes plus tard, on frappa à la porte. Sélès sursauta nerveusement en agrippant la main du blond qui se montra calme et rassurant. Elle hocha alors doucement la tête, pour l'autoriser à s'éloigner le temps d'aller chercher le plateau. Il revint très vite, mais cela lui sembla vraiment long. Il s'installa de nouveau à côté d'elle, mais lorsqu'il lui présenta son bol de chocolat chaud, elle eut une petite moue de dégoût. Comme il insistait, elle accepta de prendre le bol dans ses mains, si le contact de la chaleur lui fit un certain bien, l'odeur du cacao ne lui donna aucun appétit. Elle trempa simplement ses lèvres dans la boisson chaude, trouvant à peine le courage d'avaler une gorgée.
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Sujet: Re: Arrivée du déserteur et sa rouquine [PV Seles] Mer 20 Nov - 22:41
Aeron avait à peine fini de parler sur le fait qu'il faisait un piètre protecteur qu'il se prit un coup sur le front. Il n'avait pas eu mal, non, on aurait du un chat qui donne un coup de coussinets. Baissant les yeux, il eut le temps d'apercevoir les beaux yeux azurs de Seles. Il eut malgré tout le temps de constater qu'ils n'avaient pas l'éclat d'autrefois. Cela reviendrait mais elle devait se rétablir, pour cela. Le blondinet avait conscience qu'il devra s'armer de patience et cela ne le dérangeait pas. C'était pour Seles, après tout. Seles prononça alors quelques mots. Ces mots allèrent droit au cœur d'Aeron. Là tout de suite, pendant environs 3,23 secondes, il a été heureux. Seles s'écarta de lui et même si Aeron était content qu'elle y arrive, il était en même temps triste. Il était content de l'avoir eue contre lui. C'était une sensation agréable. Il était également triste qu'elle veuille apparemment se cacher le plus possible. Elle parvint à s'asseoir contre la tête du lit, puis regarda autour d'elle. Que pouvait-elle chercher ? Elle tendit la main et Aeron suivit la direction du regard pour voir le sac à main. Il se précipita dessus pour lui apporter. Il était content de lui rendre ce simple service. Il la regarda fouiller son sac. Elle ne réalisait pas que ce faisant, son visage était visible. La tristesse envahit le jeune homme en voyant les ecchymoses et la plaie sur le visage. La beauté de Seles qui le faisait fondre n'était plus la même. Il suffirait d'attendre qu'elle guérisse ou se soigne, bien sûr. Mais une chose rassurait Aeron. Depuis qu'il avait réalisé ses sentiments, il avait un peu peur au fond de lui que ce soit plus du désir que de l'amour. Sa réaction à la plage devant elle n'était qu'un exemple parmi d'autres. Mais en regardant le visage de Seles avec les marques laissées par Jirall, il continuait de l'aimer, la trouvait toujours belle. Non, vraiment, il était amoureux, ce n'avait rien à voir avec la beauté même si elle avait peut-être un des facteurs déclenchant. Il était fou amoureux de la rouquine et rien ne pourrait plus le faire douter de ce fait.
Seles sortit un joyau du sac. Aeron fut intrigué mais il ne regarda pas plus longtemps quand il vit que Seles attachait le collier lié à la pierre, et ce faisant, elle avait lâché prise sur la couverture qui avait tendance à descendre. Après une dizaine de secondes, il se tourna à nouveau vers elle. Elle avait remonté la couverture et cherchait autre chose. Il n'osait pas l'interrompre. Elle s'occupait l'esprit, il valait mieux qu'il attendre et réponde présent après, quand elle en aurait vraiment besoin. Une chemise de nuit en sortit. Aeron rougit légèrement en tournant à nouveau le dos à Seles. Il hésitait à aller dans la salle de bain le temps qu'elle se change, mais vu les froissements de tissu qu'il entendait, elle n'avait pas attendu. Lui attendait tranquillement qu'il n'y ait plus de bruit. Il attendit encore quelques secondes au cas où avant de regarder à nouveau Seles. Elle était à nouveau dans les couvertures mais Aeron savait qu'en-dessous, elle n'était plus nue et tant mieux. Il avait évité d'y penser parce que ça allait trop l'embarrasser. Maintenant qu'il y pensait, d'ailleurs, elle était nue sous les couvertures quand il l'a portée et qu'elle lui est tombée dessus. Non ce n'est pas le moment de repenser à ça. S'il commence à avoir des réactions physiques à cause de cela, cela risquerait de l'achever. Il ne voulait pas. Il voulait la réconforter, pas l'enfoncer dans sa détresse. Apparemment, le cadavre de Jirall et sa servante n'ont pas été découverts. Les gens risquaient de s'inquiéter aujourd'hui ou demain. Si la chance était avec eux, il ne serait pas découvert avant leur départ mais il n'y croyait pas trop. Tendant la main, il prit celle de Seles et la serra. Il avait envie de la porter à ses lèvres mais il avait peur d'effrayer la rouquine. Il se contenta donc de la serrer.
Quelqu'un toqua à la porte. Seles sursauta et broya la main d'Aeron. Bon il n'avait rien de cassé, mais fut surpris malgré tout. Il tapota la main de Seles et lui jeta un regard interrogateur. Un hochement de tête l'autorisa à se lever. Il pressa le pas jusqu'à la porte après avoir rapidement enfilé un gilet et un pantalon propre par-dessus ses autres vêtement pour cacher le sang qu'il avait encore sur lui. Il l'ouvrit mais se tint dans le pas de la porte pour prendre le plateau. En cela, on pouvait voir un geste anodin, mais en réalité, Aeron ne voulait surtout pas que quelqu'un entre et voit Seles si elle ne le voulait pas. Il fit entrer le chariot et donna le bol de chocolat chaud à Seles après avoir vérifié que ce n'était pas assez chaud pour la brûler. Il prit son propre bol et un beignet. Seles ne semblait pas vouloir toucher au chocolat chaud. Il lui fit signe et but à son tour. Il but quelques gorgées et deux bouchées du beignet qui perdit la moitié de sa masse, mais ne put rien avaler de plus. Au fond, son estomac ne se portait pas mieux que celui de Seles. Il posa le beignet et reprit une gorgée dans son bol. Au moins le chocolat chaud passait bien. Seles, cependant, y trempa à peine les lèvres. Aeron lui prit le bol et le posa sur le côté. Il montra son bol, devant le regard intrigué de la rouquine. Elle devait se demander où il voulait en venir.
-Nous devons reprendre des forces, même si on n'en a pas très envie. Donc on fait un marché. Je prends la moitié de mon bol, tu en prends l'autre moitié.
Seles ne bougea pas. Aeron se demandait si elle allait vraiment accepter. Il but cependant au total peut-être les deux tiers du bol avant de lui tendre. Il s'essuya les lèvres, puis en se levant il se pencha vers celle qu'il aimait et lui déposa cette fois un bisou sur le front.
-Courage Seles. Je suis avec toi, je ne te laisserai pas tomber. C'est une promesse !
Il posa le bol encore plein sur le chariot et le beignet avec. Il espérait que le personnel de l'hôtel ne verrait pas là un affront. Aeron hésita. Il voulait se laver de tout ce sang qui maculait sa peau, mais il ne voulait pas la laisser seule. Il prit donc le temps malgré tout de verrouiller la porte et la baie vitrée.
-Si ça peut te rassurer, je laisserai la porte de la salle de bain très légèrement entrouverte. D'ici, tu ne peux pas voir à l'intérieur. Si jamais tu as un soucis, tu n'as qu'à appeler, j'attraperai une serviette et j’accourrai.
Il parvint à faire un sourire assuré. Oui, il était certain qu'il arriverai à lui rendre son sourire un jour. Il y arriverai, il se le jura.
  Son petit air bougon était de nouveau là pour décorer sa petite frimousse de poupée abîmée alors qu'elle regardait sa boisson chocolatée avec une certaine sévérité. Toi, tu ne lui faisais pas du tout envie, ton parfum habituellement si délicieux ne l'enchantait pas, et son estomac refuse de t'accepter, alors n'insiste pas. Elle resta donc un instant comme ça, à simplement bénéficier de la chaleur dans ses mains quand son chevalier finit par lui reprendre son bol pour lui en désigner un autre. Ne comprenant pas vraiment le but de la manœuvre, comme si ce cacao-là allait être plus alléchant que l'autre, elle l'observa de ses grand yeux interrogateurs, gardant toujours le visage assez bas pour ne pas trop se dévoiler. Son ange bienveillant lui expliqua alors la manœuvre qu'il allait faire, et tenta de passer un petit marché avec elle pour essayer de lui faire avaler quelque chose. La petite rouquine ne sembla pas réagir. En réalité, elle ne se sentait vraiment pas capable d'avaler quoi que ce soit, et même liquide au final, non, ça ne passerait pas. Mais Aeron faisait tellement d'efforts pour elle et il semblait si inquiet qu'elle ne voulait pas en rajouter. Alors elle attendit sagement qu'il ait bu sa part avant de recevoir un nouveau bisou réconfortant sur le haut du front. Ce petit contact simplement, ne traduisant que tendresse et instinct de protection lui arracha sans le vouloir un micro sourire, à peine visible, mais sincère. Il lui laissa donc le bol vidé au tiers qu'elle regarda un instant comme une chose curieuse, pendant que l'ange bien veillant se chargeait de verrouiller toutes les issues de sa grotte protectrice. Elle le suivit du regard lorsqu'il revint vers elle, elle n'avait pas encore touché à sa boisson.
  Il voulait prendre une douche, ce qui était fort louable. Par un élan de panique et d'égoïsme, elle le lui aurait bien interdit pourtant, mais après avoir jeté un œil à la porte de la salle de bain – justement évoquée – elle reposa les yeux sur lui et hocha la tête doucement. Oui, s'il laissait la porte ouverte, ça lui convenait, ainsi, au moindre son suspect et il accourrait, comme il l'assurait justement. Le fait de savoir toutes les issues bien fermées à clef était déjà en soit un grand soulagement, personne ne viendrait la déranger, personne ne l'obligerait à faire quoi que ce soit.
  Comme elle venait de donner son accord, le jeune homme entra dans la salle de bain, qui était orienté de façon à ce que, même dans l'entrebâillement de la porte, elle ne voyait que le mur. Elle reposa alors les yeux sur le bol presque vide dans lequel elle n'avait pas encore trempé ses lèvres, et eut une petit moue de dégoût à nouveau. Elle approcha doucement son nez du nectar et se recula, tel un chaton confronté à du vinaigre. Non, rien à faire, ça ne passerait pas. Elle jeta alors un œil à la salle de bain et se leva discrètement pour vider son bol dans le un pot de fleurs, puis retourna dans le lit l'air de rien, déposant le récipient vide sur le plateau. Là. Il serait content comme ça, elle ne voulait pas l'inquiéter.
  Elle se rallongea et tenta de fermer les yeux un instant. Elle se sentait toujours fatiguée, comme avant, lorsqu'elle n'avait pas son exsphère et qu'elle oubliait son traitement. Cependant, c'était une fatigue lourde et sans sommeil. Un sommeil d'autant plus chassé part ses idées noires et ses souvenirs écœurants. Ses paupières ne restèrent closes que l'espace de deux secondes, avant qu'elle ne redresse aussitôt. Pas moyen de ferme l’œil, alors que cette image lui restait en tête. L'image de ce monstre qui s'exhibait juste sous ses yeux, de ce serpent qui se dressait sous les caresses d'une Lilith aux cheveux d'or. Posant son menton contre ses genoux, elle fixa droit devant elle, plaquant ses paumes contre ses tempes, avant que ses doigts ne se crispent pour agripper ses cheveux. Elle tira fort dessus et se donna des petites coup de poing sur le crâne pour tenter de faire partir cette image qu'elle voyait et voyait encore, même en gardant les yeux ouverts. Elle lâcha quelques larmes silencieuses afin qu'Aeron n'entende pas sa détresse puis elle tenta de se calmer. Le cœur péniblement lourd, elle se leva pour chercher quelque chose à faire pour s'occuper. Elle dégota un crayon et un magazine et s'activa à faire les mots croisés. Puis, ayant fini, elle feuilleta les pages en coloriant l'intérieur des 'o' et de toutes les lettre composées de boucles.
  Sa main se crispa sur son crayon, et dans un spasme nerveux, son bras s'agita et elle gribouilla la page si fort qu'elle la déchira. Elle repensait à ce qu'il l'avait obligée à regarder, ce lui qu'il lui avait dit et fait. Ce qu'il avait faillit faire. A cette pensée, elle serra fermement ses jambes lune contre l'autre, ressentant de nouveau cette douleur purement somatique, mais tellement lancinante. Elle se sentait tellement sale et déshonorée … Elle jeta furieusement le magazine dans un coin de la pièce, alors qu'une foule de jurons qu'elle ne pensait même pas connaître résonnaient dans son crâne. Elle croisa les bras sur sa poitrine qui lui semblait elle aussi douloureuse, et elle n'aurait alors pas eu assez de se faire recouvrir de ciment pour se sentir assez habillée et protégée.
  Lorsqu'elle vit la porte de la salle de bain s'ouvrir, elle tenta de reprendre une pause plus naturelle, moins crispée. Voir le visage d'Aeron suffit à chasser ces mauvaises pensées qui l'envahissaient dans sa solitude. Mais elle eut bien du mal à se débarrasser de ses douleurs imaginaires, et ce sentiment de saleté était de plus en plus présent. Elle se leva et prit quelques vêtements qu'elle serra contre elle.
  -Tu n'ouvres pas la chambre, hein …
  Ce qu'elle avait envie, c'était de se trouver une petit boîte blindée qu'elle verrouillerait solidement, l'idée serait de vivre dans un véritable coffre fort qu'il se ferme de l'intérieur. S'enfermer dans la salle de bain était donc tentant, mais cela la couperait bien trop de la présence protectrice d'Aeron. Une fois dedans, elle poussa donc juste la porte sans la clancher, elle faisait toute confiance à Aeron, donc, s'il n'y avait que lui dans la chambre qui elle-même était fermée de partout, elle était à peu près à l'aise.
  Elle se déshabilla d'un geste assez lent, comme si chaque mouvement lui était pénible. Elle se regarda un instant dans le miroir, un très court instant, avant que le voix ne resurgisse dans sa tête. ''Tu es tellement laide'' lui répétait-elle, encore et encore. Elle détourna les yeux d'un air répugné et effleura sa plaie des doigts. Elle avait été pansée et nettoyée, mais le tissu qui servait de bandage était imprégné d'un peu de sang. Elle n'avait pas la force de se soigner de toute façon, et sans savoir pourquoi, elle n'avait pas envie de se soigner. Comme si elle voulait se punir d'avoir été victime de telles atrocités. Se punir pour ce qu'on l'avait obligée à voir, se punir de ne plus être pure …
  Elle passa sous la douche et y resta longuement à se frotter très fort chaque parcelle de son corps, évitant cependant sa plaie. Sa peau si délicate en était toute rougie, mais elle avait l'impression de ne pas avoir frotté assez fort pour se débarrasser de cette crasse incrustée dans sa chair. Elle se lava les cheveux également, se savonnant plusieurs fois, frottant toujours plus fort. Mais les images qui souillaient son esprit ne disparaissaient pas, et c'était toujours les mêmes, les plus répugnantes. En plus de ces images, il y avait toujours ces douleurs qui la lançaient au cœur de son intimité, elle pouvait presque le sentir l'effleurer à nouveau. Alors elle frottait, frottait encore, tant elle se dégoûtait.
  Lorsqu'elle sortit enfin, elle s'enveloppa dans une serviette et reprit immédiatement le cristal si précieux de son frère pour tenter de se rassurer. Puis elle enfila des sous vêtements et son chemisier qu'elle boutonna avec lenteur, peinant à remuer ses doigts avec dextérité. Mais les images étaient toujours là. N'en pouvant plus, elle sentit un haut-le-cœur qu'elle ne put réprimer, si bien qu'elle se précipita au dessus de la cuvette des toilettes pour s'y agripper fermement, ne recrachant que de la bile acide qui lui brûlait la gorge. Elle fut prise de plusieurs remontées, et à chaque fois, elle avait l'impression qu'on essayait de lui arracher le cœur, tant elle était crispée. Elle entendit Aeron s'inquiéter sans oser entrer, et en s’essuyant la bouche, elle fut prise d'une quinte de toux. Sa vue se voila de paillettes noirs et elle ressentit un grand froid avant de défaillir, chutant lourdement sur le carrelage.
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Sujet: Re: Arrivée du déserteur et sa rouquine [PV Seles] Jeu 21 Nov - 15:21
Aeron s'en voulait. Il voyait à quel point Seles souffrait. Elle avait beau essayer de se cacher le plus possible, rien que le fait qu'elle le fasse était une preuve qu'elle souffrait. Il voulait alléger le poids qu'elle avait sur le cœur mais ne pouvait rien faire. Pourquoi avait-il fallu qu'il échoue dans sa tâche ? Juste quand il se rendait compte à quel point il l'aimait... Sans compter son rêve tordu. Oui, peut-être ne valait-il pas mieux que des gens comme Jirall ou Orzhov. Oui cette fille lui avait donné envie par ses méthodes de séductrice pendant qu'ils étaient dans l'eau. Et maintenant il faisait ce genre de rêves atroces. Qu'avait-il dans la tête ? Il se sentait sale dans son cœur. Juste un noble, un noble comme les autres, pourri jusqu'à la moelle. Combien de temps s'écoulerait avant qu'il ne commence à avoir envie de déshabiller Seles ? NON ! Cela n'arrivera jamais. Le blondinet avait beau se laver, il ressentait toujours cette impression de noirceur dans son cœur. Aujourd'hui plus que jamais, il avait honte d'être humain. Il avait honte de faire partie de tout ce clan de pourritures ! Jamais il ne se pardonnerait de l'état dans lequel était Seles. S'il ne l'avait pas abandonnée sur la plage, s'il avait réagi aussitôt quand cette blonde l'avait abordé, si... S'il était quelqu'un de mieux, Seles n'aurait pas subi cela.
Enfin son corps était propre, à défaut de sa conscience. Il s'essuya et enfila ses habits de vacancier. Ils avaient l'avantage d'être confortables. Il entendit un bruit dans la chambre. Se retenant de surgir en hurlant, il ouvrit la porte et vit que ce n'était qu'un magazine déchiré jeté contre le mur. Il imaginait très bien que Seles n'aille pas bien moralement, qu'elle soit fâchée. Fâchée contre le destin, contre des gens maintenant mort, contre lui, et peut-être contre elle-même, bien qu'elle n'ait pas grand chose à se reprocher. Il entra dans la chambre et la découvrit toujours sur le lit. Elle lui demanda de ne pas ouvrir la chambre et alla dans la salle de bain avec quelques vêtements. Devant elle, Aeron resta souriant et rassurant, mais à peine fut-elle hors de vue que son expression s'assombrit. Oui, Seles était décidément trop bien pour lui et elle ne méritait pas un seul instant ce qui lui était arrivée. Comment arrivera-t-il un jour à se pardonner à lui-même ? L'auto-apitoiement était inutile, il le savait, mais pourtant, cela continuait de le ronger, inlassablement. Il attendit et tout ce qu'il pouvait faire, c'est attendre qu'elle sorte de la salle de bain. Il s'adossa au mur à côté de la porte et écouta, c'est tout ce qu'il pouvait faire. Il s'inquiétait pour elle. Le magazine déchiré et jeté était la preuve, s'il en avait encore besoin, qu'elle n'allait pas bien du tout. Le temps s'écoula alors que l'eau, elle, ne coulait plus.
Cela faisait quelques minutes que l'eau s'était arrêtée quand il entendit un bruit sourd, comme quelque chose qui tombe, puis Seles qui régurgitait le peu qu'elle avait dans l'estomac. Le blondinet, inquiet se positionna devant la porte et lui demanda si tout allait bien. Quelle question stupide ! Rien n'allait bien, c'était évident. Il se mordit la lèvre, se retenant de faire irruption dans la salle. Il était déjà entré une fois de trop dans cette salle le soir de leur arrivée, même si elle ne lui en avait pas voulu. Elle avait fini depuis quelques secondes quand il entendit un autre bruit sourd. Il était certain qu'elle était tombée. Il n'en pouvait plus, il ouvrit la porte de la salle et passa la tête. Son cœur manqua un battement quand il la découvrit par terre, inconsciente. Sa première pensée fut qu'elle pouvait être morte. Il s'agenouilla près d'elle, l'appelant doucement. Il souleva la tête, mais n'osa pas la gifler pour la réveiller. Elle avait déjà le visage assez amoché comme ça. Au moins, son cœur battait toujours. Les larmes coulèrent sur les joues d'Aeron mais il n'en avait cure. Il la redressa, prit un gant de toilette qu'il trempa et nettoya le vomi autour de la bouche de la rouquine. Il la porta dans ses bras, tel le chevalier charmant sauvant sa princesse, et la porta jusqu'au lit. Avec autant de précautions qu'il put prendre, il la posa. Il remarqua la gemme qu'elle avait attaché autour de son cou. Cette fameuse gemme qu'elle gardait avec elle autant que possible. Cela ressemblait à une exsphère, mais cela n'était pas la sienne, vu que la sienne était directement sur sa peau un peu plus bas. En attendant, il détacha le collier. Il savait à quel point cette gemme lui semblait précieuse. Cela devait être le fameux porte-bonheur de son frère. Il la posa donc dans la main de sa bien-aimée, puis prit l'autre main dans les siennes. Ainsi, d'une certaine manière, elle avait lui d'un côté et son frère de l'autre. Il trouva cela très présomptueux de sa part, mais il voulait avant tout faire tout son possible pour elle.
Il lui parla. Il ne savait pas si elle l'entendait, mais dans le doute, il voulait lui parler.
-Tu sais, Seles, la première fois que je t'avais vue, à l'abbaye, j'avais eu l'impression que tu es étais une jeune fille gâtée. C'est après que j'ai appris tous les détails de ta raison là-bas. J'étais un peu intimidé. Tu avais déjà ton caractère fort, mais également une telle gentillesse. Je me souviens encore quand je suis allé t'adresser mes salutations en tant que nouveau garde. J'ai eu l'impression de voir un ange et j'ai eu du mal à détacher mes yeux des tiens. Tu avais l'air de trouver ça drôle, ou alors tu souriais simplement parce que tu étais gênée. Beaucoup de temps s'est écoulé. Chaque jour ensuite, tu t'es embellie et tu continuais à dégager cette aura presque angélique. Je n'ai jamais trop osé t'adresser la parole très longtemps à cause de cela. C'est drôle, non ? Le grand gaillard intimidé par une petite poupée adorable. Aujourd'hui nous sommes amis, en fuite au milieu de la ville la plus branchée de Tesse'halla. Cela a quelque chose d'ironique, dans le fond... Pardon. Je repense à tout cela pour noyer le fait que je n'assure vraiment pas. J'aurais aimé être plus fort et surtout mieux te comprendre. Je n'aurais pas du te forcer à boire, voilà que ce que ça a donné, tu as vomi. Je suis désolé. Je ne t'obligerai plus à manger si tu ne penses pas pouvoir avaler quoi que ce soit. Au fait, cette gemme, c'est le porte-bonheur de ton frère dont tu avais parlé devant Elena, non ? C'est une belle pierre. Dans quelles circonstances te l'a-t-il donnée ? Tu me raconteras un jour ?
Les mots venaient tout seul. Il ne réfléchissait pas. Il n'avait pas besoin. Il voulait être capable de tout lui dire. La seule chose qu'il lui cacherait serait ce qui lui ferait du mal. Ce rêve, ses pensées négatives, sa culpabilité. Ils étaient les sujets qu'il lui épargnerait. Elle n'était de toute manière pas en état de supporter cela. La jeune fille finit par ouvrir les yeux. Cela lui semblait difficile. L'avait-elle entendu ? Il ne le savait pas. Il l'espérait. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais quelqu'un toqua à la porte. Après un regard interrogateur à Seles, il sentit la main de celle-ci le serrer plus fort, puis le relâcher tout en prenant un air un peu bougon. Elle le laissait aller à la porte, mais c'était bien à contre-cœur.
-Personne n'entrera et je resterai dans cette chambre, ne t'en fais pas.
Il ouvrit la porte pour voir une employée de l'hôtel qui lui tendit une lettre. Elle resta là, disant qu'elle avait pour mission de transmettre la réponse. Aeron lui demanda cinq minutes, ouvrit la lettre, la parcourut rapidement.
-C'est une lettre de George, il voudrait nous voir. Ce serait pour parler de Sébastien. C'est bien le majordome de ton frère, non ? Bon. Nous irons le voir en fin d'après-midi, d'accord ?
Seles fit d'abord non de la tête, mais après un moment pendant lequel Aeron la fixait d'un air sévère, elle finit par acquiescer. Aeron écrivit la réponse. Avec un sourire il ajouta quelque chose en plus de la réponse au rendez-vous sur une autre feuille. Il alla à la porte et tendit la réponse. il donna l'autre feuille en demandant à ce qu'elle soit transmise à Mavis. Il remercia l'employée qui accepta, puis referma la porte et la verrouilla. Il marcha d'un pas rapide pour se reposer sur le lit à côté de Seles qui serrait la gemme de ses deux mains.
-Désolé, je l'ai enlevée de ton cou. Ma mère disait toujours à ma sœur d'enlever tous ses bijoux avant de dormir et je ne savais pas combien de temps tu mettrais à te réveiller. J'espère que l'avoir dans ta main à la place ne t'a pas dérangée.
  Être prisonnière de son propre corps. Entendre mais ne rien sentir, ne rien voir. Avoir envie hurler, de fuir sans que cela vous soit possible. Voici une sensation que Sélès ne connaissait que trop bien, car si cela faisait bien longtemps que ça ne lui était plus arrivé, elle n'en était pas à son premier malaise et ce ne serait certainement pas le dernier. A chaque fois, il y avait ce moment où elle le sentait venir et qu'elle luttait de toutes ses forces, puis, tout devient noir et elle sombre dans les limbes l'espace d'un instant, oubliant absolument tout, comme si elle n'avait jamais existé. Puis, elle revient doucement à elle, sans pouvoir bouger, sans se souvenir de ce qu'il s'est passé. Peu à peu, elle se souvient de qui elle est, mais pas d'où ni comment. Puis elle se croit dans son lit, et c'est en entendant des voix autour d'elle qu'elle comprend que ce n'est pas le cas. Pendant quelques secondes, elle cherche au fond de son esprit ce qu'il s'est passé, puis ça lui revient, mais elle ne peut toujours pas bouger, malgré tout sa volonté à se relever. C'est ainsi, dans l'état d'une poupée de chiffon ramollie, qu'elle se sentit transportée jusqu'au lit. Là, tout en écoutant la voix d'Aeron qui la guidait, elle prit le temps de reconnecter doucement avec son corps et chacun de ses membres. Ce qu'elle avait toujours apprécié dans les malaises, et qu'elle appréciait d'autant plus aujourd'hui, c'est cette sensation de vide qui vous envahit, l'espace de quelques instants. Suite à une grand douleur qui provoqua cette petite remise en route du système, il n'y avait rien de plus reposant. Et là, en plus de s'être évadée de sa douleur physique et somatique, elle avait tout oublié, l'espace de quelques minutes. Ses souvenirs douloureux ne la hantaient plus, comme si rien de c'était passé.
  Mais elle finit pas ouvrir les yeux, et ses souvenirs ainsi que la douleur ne tardèrent pas à suivre, lui laissant tout de même un petit répit qu'elle savoura. Elle posa alors les yeux sur son chevalier, se sentant aussitôt coupable de l'avoir inquiété de la sorte. Elle l'avait entendu, mais elle avait un peu de mal à remettre assez d'ordre dans son esprit pour dissocier ce qu'elle avait pu entendre de ce qu'elle avait pu imaginé. L'avait-il qualifiée d'ange ? Avait-il dit qu'elle était belle ? Non, ça, elle avait du l'imaginer. Par contre, il avait parlé du cristal de son frère, ça elle en était sûre. Elle voulut dire quelque chose mais un bruit résonna quatre fois, et elle se crispa en serrant la main du blondin. Elle sursautait toujours au moindre bruit un peu sonore ainsi, ce n'était pas voulu et ça la gênait un peu d'ailleurs.
  Après avoir échangé un regard avec son protecteur, elle finit par le lâcher, et une fois de plus, il se montra très rassurant. Elle se redressa, comme prête à fuir malgré tout, et le regarda se diriger vers la porte pour ouvrir. En se crispant légèrement, elle sentit quelque chose dans sa paume. En ouvrant la cage que formait ses doigts, elle découvrit alors le fameux joyaux de l'élu, le porte-bonheur que son frère lui avait confié. Comme quoi, cela devait vraiment marcher, elle ne l'avait pas sur elle lorsque 'cela' c'était produit. Et comme du coup, elle y repensait, elle referma ses deux mains dessus, comme s'il pouvait tout annuler en le demandant assez fort.
  Aeron venait de récupérer une lettre de la part de ce George, qui, apparemment, connaissait Sébastien. C'était plutôt une bonne nouvelle, mais lorsqu'elle comprit qu'elle devrait sortir, ses grands yeux bleus s'écarquillèrent de crainte et elle secoua vivement le chef de gauche à droite en signe de négation. Nonnonononononononononononononononono. Sortir, elle ? Dehors ? Avec des gens partout ? Elle ne voulait pas. Elle ne voulait plus voir personne, ni que qui que ce soit ne l’approche si ce n'est Aeron et Zelos. Mais c'était important, et ce qu'elle voulait encore moins, c'était de rester toute seule ici. Non. Jamais toute seule, plus jamais toute seule. Elle prit conscience que ce rendez-vous pourrait être déterminant afin qu'elle retrouve son frère, et c'est cette pensée qui lui fit finalement hocher la tête pour approuver, non sans crainte.
  Pendant que le chevalier déchu allait apporter sa réponse, Sélès porta la pierre de son frère jusqu'à ses lèvres la tenant fermement à deux mains, presque que comme si elle pouvait lui adresser une prière ainsi. Aeron revint s'installer à ses côtés en s'excusant à nouveau, trouvant toujours une bonne raison de le faire. Elle le remit autour de son cou en secouant doucement la tête.
  -C'est le porte-bonheur de mon frère, il me l'a confié le jour où je suis arrivée à l'abbaye … Enfin, c'est censé appartenir à l'élu, mais je pense qu'il voudra le récupérer.
  Ainsi, elle n'avait pas dit directement de quoi il s'agissait, mais il lui serait facile de comprendre. Sélès se hissa alors jusqu'au bord du lit, sentant un désagréable goût amer dans la bouche. Elle commença à reconstituer tout ce que Aeron avait pu lui dire lorsqu'elle tentait d'émerger.
  -Ce n'est pas ta faute. Dit-elle doucement, sans le regarder, le visage bas. Je n'ai rien avalé … c'est juste que …
  Elle posa alors la main sur son ventre qu'elle sentait encore tout retourner, mais ça devrait aller mieux pour le moment. Elle allait juste devoir supporter le contre-coup de sa santé si fragile qui se mêlait au traumatisme qui la rendait plus malade encore. Timidement, elle releva les yeux vers Aeron et montra le pot de fleur du doigt.
  -J'ai vidé le bol dans le pot, là-bas …
  Elle avait un petit air embarrassé, comme une enfance qui venait d'avouer une bêtise. Le goût de la bile persistait dans sa bouche, elle allait vite entreprendre de se brosser les dents.
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Sujet: Re: Arrivée du déserteur et sa rouquine [PV Seles] Jeu 21 Nov - 20:39
C'était donc bien le porte-bonheur de son frère. Une gemme qui appartenait à l'Elu ? Ce devait donc être le fameux cristal. Quelle ironie ! Le Pontife devait vouloir cette pierre à tout prix. Vu les réticences de Seles à dire exactement ce que c'est, les gens ne savaient pas qu'elle l'avait. Cela voulait dire que le Pontife n'est pas au courant. Il ne poursuivrait pas Seles et Aeron avec plus d'efforts que si cette pierre n'avait pas existé. Un instant, il avait eu peur de devoir revoir ses plans. Que disait-elle maintenant ? Oui bien sûr qu'elle n'a presque rien avalé, un tiers de bol de chocolat chaud... vidé dans le pot d'une plante ? Elle disait ça avec un air tellement mignon, comme une petite fille avouant une faute. C'était vraiment adorable ! Se levant et rejoignant la rouquine, il la prit dans ses bras et la serra contre lui. Il la sentit qui, après la surprise, enfoui son visage dans son torse.
-Excuse-moi, je n'aurais pas du essayer de te faire absolument boire. Ce n'est pas grave si tu as versé le chocolat ailleurs. Par contre si je peux me permettre une remarque, les plantes préfèrent généralement de l'eau, simplement de l'eau.
Tout en disant ces derniers mots, il écarte un peu Seles et se baissa pour mettre leurs visages au même niveau. Elle détourna le regard en baissant encore plus la tête. Aeron se baissa encore plus et tendit le doigt pour effleurer son visage mais il ne l'atteint jamais car elle se retourna, boudeuse. Le blondinet sentit son cœur se briser. Il passa ses bras autour d'elle et enfoui son visage dans la chevelure rousse tout en déposant un bisou sur le sommet du crâne, puis encore un. Il se faisait peur, cela pourrait passer pour du harcèlement dans un autre contexte, mais il avait du mal à se retenir de lui montrer son affection.
-Pardon, je ne voulais pas t'embêter. J'ai fait quelque chose de mal ? Je n'ai pas le droit de te voir ? Tu sais, je me fiche que tu aies des marques, à mes yeux, tu resteras toujours la Seles que je connais, l'ange de l'abbaye que j'ai emmené dans mon plan un peu bancal.
Un silence accueillit sa remarque. Il ne savait pas comment le prendre, mais il s'excusa encore, décidément, il était doué pour s'excuser !
-Et pardon pour ces bisous. C'est juste que... je ne sais pas comment te montrer que je tiens à toi, tu es celle en qui j'ai le plus confiance, celle que j'ai juré de protéger. Tu comptes pour moi et j'aimerais pouvoir t'aider.
Elle sembla trembler un peu. Allait-elle pleurer ? Il s'en voudrait s'il la faisait pleurer. Que pouvait-il faire maintenant, devait-il la lâcher ? C'est vrai qu'il s'était trop permis de la toucher, probablement. Elle avait vécu un épisode traumatisant et ne voudrait peut-être pas entrer en contact avec un homme comme cela. Doucement, il relâcha son étreinte et voulut s'écarter d'elle.
  Un câlin ! Encore des câlins ! Vive les câlins ! Elle ne se sentait jamais plus en sécurité que lorsqu'elle était dans ses bras, et c'était bien exceptionnel car, après ce qu'il s'était passé, elle n'accepterait certainement pas de se laisser toucher par qui que ce soit, où que ce soit. Mais Aeron, ce n'était pas n'importe qui, Aeron c'était son chevalier servant, son ange gardien. Il était ce héros qu'elle n'avait pourtant jamais souhaité. Non, ce qu'elle avait toujours voulu elle, c'est être un héros. Grande et forte, terrassant ses adversaires d'un revers de main. Et qu'était-elle au final ? Juste une petite poupée, faible et brisée. Quelqu'un allait bien devoir la réparer, avant qu'elle ne puisse à nouveau marcher et reprendre sa quête pour faire ses preuves. Elle n'avait pas perdu l'espoir de devenir un grand chevalier-mage, mais là, elle n'avait pas vraiment l'esprit à combattre et à jouer les dures. De toute façon, il n'y avait qu'Aeron ici, et elle n'avait plus honte d'être faible devant lui, et il devait bien être le seul devant qui elle acceptait de se montrer ainsi. C'est qu'elle se sentait vraiment faible pour le coup, et elle allait très vite devoir faire un grand travail sur elle-même si elle voulait de nouveau pouvoir paraître forte à l'extérieur, devant les autres.
  Mais pour le moment, elle profita de n'être qu'une toute petite poupée perdue et cassée en se laissant fondre dans ce câlin protecteur et rassurant. Elle aurait presque souri à la dernière remarque du blond et même ri si elle en avait eut la force, mais ce n'était pas tout à fait le cas. Elle était touchée et rassurée qu'il ne lui en veuille pas, et qu'il se montre toujours aussi doux et compréhensif. Cependant, il ne cessait de s'excuser, et si elle lui avait avoué qu'il était doué pour cela quelques jours plus tôt, maintenant, ça l'agaçait un peu. Toutes ces phrases commençaient par une excuse, comment pouvait-elle lui enlever ces mots de la bouche ?
  -Je me suis dit que ça les changerait un peu, que ça leur ferait quelques vitamines. Dit-elle d'une toute petite voix douce, étouffée parce que son visage était blotti contre le torse du jeune homme.
  Elle était très bien comme ça. Parce qu'ainsi lové dans ses bras, elle savait que personne ne viendrait l'enlever pour lui faire du mal, personne ne pourrait l'atteindre. Elle ne pourrait pas non plus se perdre et aucune pimbêche ne lui dérobera son précieux chevalier. Et puis, surtout, il ne pouvait pas voir son visage. Son visage si laid, si disgracieux dont elle ne pourrait sans doute plus jamais supporter le reflet. Mais ce visage qu'elle voulait justement cacher à tout prix, Aeron tenta de le voir. Avec une petite moue contrariée, elle se déroba à son regard en baissant un peu plus le nez et détourna la tête à son opposé. Il la cherchait toujours, alors elle décida de lui tourner le dos. Là. Il ne pouvait plus la regarder comme ça. Non mais.
  Elle sentit alors les bras du jeune homme l'enrober à nouveau et elle ferma brièvement les paupières en sentant ses lèvres se poser à nouveau sur sa tête, puis une seconde fois à la suite. Elle avait l'impression que ces petits baisers chassaient ses mauvais songes, au moins l'espace de quelques instants. Puis il s'excusa à nouveau et elle se mura dans un profond mutisme lorsqu'il lui demandait pourquoi il n'avait pas le droit de la voir. Comment lui expliquer qu'elle avait honte, tellement honte de ce qu'elle avait subi, honte de ce corps, de ce visage, honte d'exister ? Jamais elle n'avait ressentit cela, si les humains avaient toujours blâmé les demi-elfes et qu'elle-même avait souvent reçu des réflexions comme quoi elle était une erreur de la nature, autrefois, cela faisait sa force en quelque sorte. C'était ce qui la motivait à devenir toujours plus forte, à vouloir reprendre le fardeau de son frère pour le libérer de ce poids et sauver le monde. Elle voulait voir la tête de tous ces gens qui méprisaient ceux de son espèce lorsqu'elle leur sauverait la vie, lorsqu'elle serait leur héros. Mais aujourd'hui, tout cela n'était plus. C'en fut trop, et pour la première fois, elle avait honte d'être ce qu'elle était. Pas seulement honte d'être demi-elfe, ni d'être une bâtarde. Honte, tout simplement … d'exister. D'exister et d'avoir vécu cela, de ne pas avoir été cette fille forte qu'elle avait toujours prétendu être. Oui, comment expliquer à son chevalier que son frère, celui qu'il avait tué, l'avait convaincue qu'elle était laide, et qu'elle devait avoir honte ? Comment lui expliquer alors, qu'elle ne voulait pas qu'il voie sa laideur sans le mettre dans une situation embarrassante ? Elle ne pouvait tout simplement pas.
  Elle secoua doucement la tête lorsqu'il s'excusa pour les bisous. Non, non, non. Ce n'était pas le moment d'arrêter. Cependant, ses questions précédentes ravivèrent les pires de ses souvenirs, autant en image qu'en parole. Elle revoyait cela, ce qu'elle n'avait pas voulu voir, ce qu'elle avait regardé quand même. Et sa voix, la voix de ce monstre raisonnait en boucle dans sa tête, toutes ces horreurs qu'il avait pu dire … Jamais elle ne pourrait expliquer tout cela. Alors, elle se retourna légèrement pour se retrouver de profil par rapport au gentil blondinet, et elle se laissa retomber contre lui. Avec son index, elle désigna sa propre tête, tapotant légèrement le dessus de son crâne.
  -Ça ne me dérange pas … Avoua-t-elle simplement.
  Et le petit geste signifiait tout simplement ''encore un s'il-te-plaît'' dans l'espoir que cela chasse à nouveau ce qu'elle désirait tant oublier. Lorsqu'elle reçut son dû, elle réfléchit aux mots d'Aeron. Elle comptait vraiment pour lui, à ce point ? Elle rougit légèrement et chercha quelque chose à répondre, mais elle ne trouva rien. Lui aussi comptait beaucoup pour elle, ce n'était pas pour rien qu'elle restait tant accrochée à lui comme ça. Elle lui faisait tout aussi confiance qu'à son frère et avec tout ce qu'ils avaient vécu en si peu de temps, on pouvait dire qu'elle tenait à lui tout autant. Elle tourna finalement la tête vers lui pour le regarder un instant, le laissant faire de même malgré elle.
  -Merci Aeron. Dit-elle, de sa voix toujours aussi douce.
  Puis elle se leva et, n'en pouvant plus, alla à la salle de bain pour se brosser les dents, afin de s'enlever ce goût aigre de la bouche.
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Arrivée du déserteur et sa rouquine [PV Seles] Jeu 21 Nov - 23:52
A la grande surprise d'Aeron, la jeune fille se tourna de profil et tapota sa tête en lui disant que ça ne la dérangeait pas. Ce fut avec un grand sourire qu'il lui fit un autre bisou sur le sommet du crâne. Elle semblait satisfaite. Elle leva les yeux vers lui et il se perdit dans ses yeux azurs. Ils étaient tellement beaux. Le blondinet savait déjà qu'il ne pourrait jamais lui dire non quand elle le regarderait, mais il s'en fichait. Lorsqu'elle le remercia, le cœur d'Aeron fit un bond dans sa poitrine. Ce fut avec réticence qu'il la laissa partir à la salle de bain. Il l'aurait bien gardée contre lui pendant des heures. Il leur restait beaucoup de temps avant d'aller voir George. Ils pouvaient y aller quand ils le voulaient en fait mais le blondinet voulait attendre le plus longtemps possible en espérant que l'état de Seles s'améliore ne serait-ce qu'un peu. Il voulait également recevoir ce qu'il avait fait demander à Mavis. Cela aiderait probablement la jeune fille à sortir.
Fatigué de réfléchir, il s'allongea sur le lit et resta là. Il ne voulait pas penser à autre chose que Seles, sinon il en venait invariablement à repenser à son cauchemar, son fratricide et tout ce qui le rongeait avec un mélange de honte et de culpabilité. Voilà qu'il y repensait, à cette plaie béante qui s'écoulait sur lui pendant qu'il était à la merci de cette... chose. Quelle horreur ! Il ne voulait pas y repenser, non. Il voulait effacer ces choses qui venaient de son propre esprit. Il avait l'impression d'avoir un esprit malade quand il y pensais. Il en était encore à chercher un autre sujet de préoccupation quand Seles se blottit contre lui. Elle voulait apparemment se reposer même si elle n'arriverait pas à dormir. Aeron la prit dans ses bras. La jeune fille ne réalisait pas qu'aux yeux d'Aeron, elle lui sauvait son âme. Il l'aimait encore plus si c'était possible. Il fit un autre bisou, long cette fois, sur le front avant de frotter sa joue contre le cuir chevelu de sa bien-aimée comme un chat l'aurait fait. Il se décontracta totalement ensuite, se sentant enfin bien. Oui, Seles, le soulageait par sa simple présence. C'était le pire moment pour déclarer ses sentiments, mais il aurait peut-être trouvé le courage pour le faire si celui-ci s'était montré plus propice. Il se sentait tellement bien d'un coup qu'il aurait pu soulever des montagnes. Cela dit, il les soulèverait de toute manière tant que c'est pour Seles. Il sentait la respiration de la jeune fille contre le haut de son torse. Il n'avait pas fait attention au fait qu'il n'avait attaché sa chemise qu'avec deux boutons quand il était parti ouvrir. Maintenant, seul un bouton vers le bas tenait. Seles pouvait donc voir une grande partie du torse du jeune homme. Pourvu que ça ne l'ennuie pas. Il se retint de s'excuser, il ne voulait pas la déranger et elle semblait bien, là.
Ils restèrent ainsi quelques heures, sans parler, sans bouger, juste à sentir la chaleur de l'autre et à se reposer, jusqu'à ce que quelques coups à la porte se firent entendre. Seles se colla à Aeron avant de finalement le laisser partir. Aeron lui fit un autre bisou sur le front tout en caressant l'arrière de la tête.
-Je pense que c'est pour ce que j'ai demandé pour toi. J'espère que tu aimeras.
Il se leva et sourit devant l'air interrogateur de Seles. Il ouvrit la porte, récupéra les vêtements et referma la porte. Il posa le tout sur une chaise. Seles s'était levée, toujours interrogatrice. Aeron lui planta un chapeau de paille sur la tête par surprise, et lui tendit des lunettes de soleil. Elle accepta docilement de les mettre, sûrement grâce à la surprise.
-Comme tu semblais avoir envie de te cacher le plus possible. Vu qu'on allait devoir sortir, j'ai pensé à ça. Si tu veux, il y a même ceci.
Il sortit de la pile un T-shirt. Non ce n'était pas un T-shirt, ça continuait en bas en jupe. Il la tint devant Seles.
-C'est relativement ample et ça t'arrive un peu en-dessous des genoux. Et si tout cela ne suffit pas, voilà un parasol. Si les gens posent des questions, on n'a qu'à dire que tu supportes mal le soleil. Je pense qu'avec tout ça, on est parés pour aller voir George, non ?
La joie d'Aeron fut à son comble quand il vit une ébauche de sourire sur les lèvres de Seles qui rebaissa la tête presque aussitôt. C'était tout de même un bon début. Cependant, Aeron n'avait pas terminé.
-J'ai même réussi à avoir droit au carrosse. Il nous suffit de l'appeler et il arrivera dix minutes plus tard. Le chemin qu'il doit parcourir pour aller voir George est long, on va plus vite avec leur véhicule sur rail, mais dans le carrosse, nous serons vraiment tranquille. Quand tu n'es pas un ange, tu es une princesse. La princesse au chapeau de paille, c'est pas mal non ?
Il eut un petit rire avec sa trouvaille. Il ne put s'empêcher de reprendre Seles dans ses bras, lui enlevant momentanément le chapeau de paille qui gênait et lui décrochant un autre bisou sur la tête. Décidément, il n'arrêtait plus ! Il espérait que Seles n'en aurait pas marre. En s'écartant à nouveau de la jeune fille, il allait remettre le chapeau, mais s'arrêta. Il leva une main vers le visage de Seles qui recula en réponse. Voir ces blessures le rendaient triste au-delà de tout ce qu'il pouvait exprimer, et il ne put s'empêcher d'avoir des larmes lui venant aux yeux. Il enleva les larmes avec son bras et s'exprima :
-Même si on te cache le plus possible comme tu le souhaites, les gens peuvent encore t'apercevoir. Ils se poseraient des questions s'ils voyaient tes blessures au visage, et celle à ton flanc est plutôt grave. Tu as récupéré du mana ?
La rouquine, en réponse, leva la main vers l'épaule de son ange gardien, mais celui-ci l'intercepta par le poignet. Son expression se fit sévère.
-Tu as interdiction de toucher ma blessure tant que tu auras les tiennes. Tu sembles inquiète pour moi mais je le suis encore plus pour toi. Et puis, c'est vraiment dommage de laisser ces marques. Celui qui les as faites ne mérite pas de laisser une seule trace en ce monde, encore moins sur un être aussi bon que toi. Tu n'es pas d'accord ?
Il scruta les yeux qui cherchaient à le fuir. Elle semblait hésiter. Il y avait des choses qu'elle ne voulaient pas lui dire, des tortures intérieures comme celles qu'il vivait. Il ne pouvait que la comprendre sur ce point. Jirall avait fait une chose infâme. Il avait souillé la pureté d'un ange, de l'ange qu'il aimait. Si cet homme pouvait revivre, Aeron le tuerait à nouveau, qu'importe le fait qu'il soit son frère. Aujourd'hui, seule Seles comptait à ses yeux.
  Ce petit moment de repos ainsi posée contre lui lui fit le plus grand bien. Pour sûr, elle refuserait catégoriquement que quiconque la touche, mais Aeron, c'était différent. Lui, c'était son cocon, son protecteur, plus près il serait, mieux elle se sentira, et il ne pouvait pas être plus près que maintenant. C'est tout de même dans ces cas-là que son frère lui manquait le plus, et elle maudira plus encore cette peste de ninja qui avait tout provoqué, car, bien sûr, elle ne pouvait pas en vouloir à son frère, pas complètement ni très longtemps. Toujours est-il qu'elle était bien, là avec son chevalier protecteur. Les images terribles qui la hantaient n'étaient plus qu'un écho lointain, et il lui suffisait de se concentrer sur la présence du blondinet pour se sentir mieux. Au terme de ce long repos sans sommeil, elle se sentit plus reposée qu'après sa nuit de quinze heure. Mais un heurt vint perturber ce silence réparateur, la faisant sursauter craintivement, telle une petite créature fragile.
  Aeron, une fois de plus, se montra très rassurant, et après une hésitation, elle le laissa se lever, sans le lâcher des yeux. Elle se demandait bien ce qu'il avait pu demander pour elle ! Pas de la nourriture, elle l'espérait, elle serait très gênée de la refuser et ne se sentait toujours pas capable d'avaler autre chose qu'un peu d'eau. Elle se leva, intriguée par la pile de vêtement en tout genre qu'il venait de récupérer. Elle reçut alors un grand chapeau de paille sur la tête, comme ceux qu'elle aimait tant, puis des lunettes de soleil qu'elle enfila sans se poser de question. Ce n'était pas de simples lunettes, non, c'était des giga-lunettes ! Très larges et carrées, si bien qu'elles cachaient le haut de son visage, et avant son château, et sa frange, cela camouflait la moitié de sa frimousse, lui faisant alors un visage plus rond encore. Aeron lui expliqua alors les raisons de tout cela, et lorsqu'il parla du carrosse, un sourire se dessina sur ses lèvres, enfin. Oui, un carrosse ! Elle allait l’apprécier plus encore que la veille.
  Elle reçut un nouveau bisou sur sa jolie petite tête chevelue, puis Aeron s'arrêta dans son geste pour la regarder. D'abord intriguée, elle ne pensa pas à se dérober tout de suite à son regard, mais très vite, il tenta de toucher sa joue. Elle détourna le visage, un peu gênée et très réticente, jusqu'à ce qu'il lui parle de ses marques. Elle baissa plus encore le nez d'un air bougon. Elle se moquait bien de ses marques, plaies ou pas plaie, bleus ou pas bleu, c'est simplement son visage qu'elle voulait cacher, pas les traces. De toute façon, elle était superficielle, la douleur étant bien moindre comparé à ce qu'elle ressentait en elle, et ça, elle ne pouvait pas le soigner, pas comme ça.
  Il voulait qu'elle se soigne, mais lorsqu'il lui demanda si elle avait récupéré un peu de mana, elle réfléchit un instant avant de porter sa main à l'épaule du jeune homme. Son épaule était bien plus urgente à soigner que tout ce qu'elle pouvait faire sur elle-même, même si elle avait déjà réparé le plus gros et le plus important. Elle ne savait pas si elle aurait assez de mana pour le soigner, mais elle voulait essayer. Il l'arrêta aussitôt, saisissant son poignet avec une certaine fermeté, mais sans risque de lui faire mal. Surprise, elle leva les yeux vers lui et c'est alors que ses mots firent mouche. Oui, il avait raison. Un monstre tel que Jirall Valerius ne méritait pas de laisser une quelconque trace de lui en ce monde … mais ces traces, elles étaient également le symbole de sa faiblesse. Car elle aurait du être plus forte, elle aurait du pouvoir l'arrêter, le tuer elle-même. Non, ces traces étaient là pour la rappeler à l'ordre, et elle prit tout à coup conscience qu'elle voulait de nouveau se battre. Non, elle ne les soignerait pas, de toute façon, elle gérait trop mal son mana pour utiliser un sort de soin sur elle-même pour le moment. Après un instant de réflexion, elle décida cependant de ne rien dire. Elle prit quelques vêtements et alla se changer. Elle fit vite cette fois, comme si elle faisait la course avec ses songes glauques qui la poursuivaient.
  Elle rejoignit rapidement Aeron, lunettes et chapeau en place et en plus de ses cheveux, cela cachait bien ses marques, mais son chevalier put parfaitement voir qu'elles étaient toujours là. Sélès évita son regard un instant, et fit semblant de faire quelque chose dans son sac en lui tournant le dos.
  -Je ne suis pas très douée en soin, on m'a appris la base, mais je n'ai jamais rien voulu travailler d'autre que l'offensif. Je ne gère pas assez bien mon mana pour me soigner pour le moment.
  Sa voix n'était ni triste, ni accablée, ni dure, ni spécialement rassurante. Elle était remarquablement neutre, presque comme si elle récitait une leçon. Elle referma son petit sac et se tourna vers son chevalier en réajustant ses cheveux sur ses joues, elle ne chercha pas son regard.
  -Je veux bien aller voir George maintenant.
  Puis, plutôt que de se diriger la vers la porte, elle s'approcha d'Aeron pour lui agripper le bras. C'était sa condition pour sortir de là, elle n'allait pas le lâcher.
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Sujet: Re: Arrivée du déserteur et sa rouquine [PV Seles] Ven 22 Nov - 14:58
Seles refusait de se soigner. Ce simple constat brisa le cœur d'Aeron. Pourquoi voulait-elle garder ces traces ? Tant qu'elles seraient là, Aeron reverrait son fratricide à chaque fois qu'il poserait les yeux dessus. Comment pouvait-il la convaincre ? Il cherchait encore la réponse à cette question quand elle lui expliqua qu'elle ne pouvait pas se soigner elle-même. Le blondinet allait devoir faire avec. Il fallait qu'il arrive à aller au-delà de ces blessures. Il s'agissait avant tout de Seles. Quoi qu'ait pu faire Jirall, Aeron aimait toujours Seles, c'était une évidence. C'est cela qu'il devait garder à l'esprit. Il écrivit rapidement sur un papier et eut à peine le temps de replier le papier lorsque Seles agrippa son bras pour aller voir George. Le jeune homme était heureux de cela. Il ouvrit la porte de la chambre, appela une employée et lui demanda d'appeler leur carrosse. Il donna également le papier en demandant à ce qu'il soit transmis à Mavis. Mavis était l'employée en qui il avait le plus confiance. Elle avait été exemplaire avec eux depuis le début et ce n'était pas qu 'une histoire de professionnalisme. Elle était gentille, l'avait guidé quand il avait voulu faire une surprise à Seles avec la robe, avait magnifiquement choisi les vêtements. Il dépendait peut-être un peu trop d'elle sur le moment, mais il était content d'avoir la chance d'être tombé sur elle. Il referma la porte. Ils devraient attendre quelques minutes, autant vérifier que tout allait bien. Il regarda Seles et remarqua le cou visible avec les traces laissées ici aussi par Jirall. Ce démon avait décidément laissé bien trop de traces en ce monde, les plus importantes étant dans le cœur de Seles, cela il s'en doutait même s'il ne savait pas exactement ce qu'il se passait dans le cœur de la rouquine.
Il s'avança vers la pile de vêtements et en sorti un petit foulard très léger. Passant derrière Seles tout en mettant se foulard, il le noua en laissant beaucoup de marge. Ainsi, il ne touchait pas la gorge mais la cachait quand même. Seles se laissa faire, devinant probablement les intentions de son chevalier. Elle lui reprit la main dès qu'il eut terminé. Content de pouvoir l'aider d'une quelconque manière, Aeron se sentait un peu plus heureux. Il s'agenouilla et baisa la main de la jeune fille.
-Je suis à ton service, Seles. Si tu as besoin de quoi que ce soit, dis-le moi, d'accord ?
Elle répondit. Aeron ne voyait pas grand chose de son visage mais elle semblait gênée. Qu'est-ce qu'elle était mignonne dans ces moments-là ! Il savait que Seles n'oserait pas demander tant que ce n'était pas nécessaire, mais il espérait malgré tout que petit à petit, elle ose un peu plus. Sortant de la chambre avec elle, il se dirigea vers l'ascenseur, sentant toujours la chaleur de la main sur laquelle il avait posé ses lèvres. Quelle mouche l'avait piquée pour qu'il fasse cela ? C'était tellement cliché et ridicule ! Mais pourtant, sur le moment, il avait eu envie de le faire. Oui, il était au service de Seles car il voulait son bonheur. Il la protégerait aussi longtemps qu'il le faudra. L'ascenseur s'ouvrit mais était bondé. D'un signe de tête, Aeron fit comprendre qu'ils prendraient le suivant. Hors de question de se retrouver dans un ascenseur bondé et pendant que la porte se refermait, il réalisa lorsque cela s'arrêta que Seles s'était mise à trembler. D'une main sur son dos, il l'attira contre lui. Elle sembla apprécier ce message implicite. "Je te protégerai". C'est tout ce que cette simple poussée contre lui voulait dire et elle l'avait compris, apparemment. L'ascenseur se rouvrit une minute plus tard. Il y avait deux autres personnes dedans. Aeron s'y engouffra en emmenant une rouquine pas rassurée du tout. Il se positionna entre elle et les autres passagers. Elle pouvait à peine les voir avec la silhouette d'Aeron faisant bouclier. Il n'avait même pas réfléchi en s'interposant ainsi. Cela lui semblait juste normal. Ils arrivèrent dans un hall encombré. Le blondinet posa sa main sur le bras de sa protégée et la maintint contre lui avec douceur. Il sentit un bras l'entourer. Ce contact lui plaisait d'une manière un peu dérangeant mais il parvint à mettre cela de côté. Ce n'était vraiment, mais vraiment pas le moment !
Ils atteignirent le carrosse sans encombre. Cette fois, Aeron s'assit à côté de Seles et non en face. Il rabattit les rideaux et ils se retrouvèrent dans une pénombre, coupés du monde extérieur. Il enleva le chapeau de Seles qui fut surpris de ce geste, mais elle comprit rapidement pourquoi il avait fait ça quand il déposa un autre bisou sur le front, puis reposa doucement sa joue sur la crinière rousse. Il ne mettait pas le poids de sa tête, ce n'était pas pour se reposer sur elle, juste pour le contact. Ils restèrent ainsi lorsque le carrosse se mit en branle. Ils allaient à une allure tranquille, sans cahot. Le trajet prit effectivement beaucoup de temps. Il était possible d'aller jusqu'au siège de la société par là, mais il fallait faire des détours. Le véhicule à rail était décidément beaucoup plus rapide. Cependant, de tout le trajet, il n'osa pas parler. Dans une situation aussi agréable, il avait peur qu'en ouvrant la bouche, ses sentiments sortent sans qu'il ne se contrôle. Lorsque le carrosse s'arrêta, Seles n'eut pas à demander pour qu'Aeron lui tende le chapeau de paille qu'il avait posé sur l'autre banquette. Il ouvrit la porte du carrosse et à peine eut-il posé le pied au sol qu'il tendit la main à Seles pour la faire descendre. Bien sûr, une fois celle-ci descendue, les mains restèrent jointe et c'est avec l'autre que le blondinet ferma le carrosse. Il demanda au conducteur d'être au même endroit dix minutes plus tard. Celui-ci acquiesça et partit se garer un peu plus loin.
On ne les fit pas attendre. A peine eurent-ils demandé à voir George qu'on leur indiqua l'ascenseur. Ils montèrent dedans et une seule autre personne y entra. Aeron n'y fit pas attention mais sentit une tension chez Seles. Se tournant, il la vit. Apparemment, elle n'était pas à la vente de glaces, aujourd'hui. Elle était là, toujours aussi en forme mais cette fois, Aeron n'avait aucun mal à garder les yeux sur son visage, préoccupé comme il l'était. Elle était la seule qui pouvait savoir qu'Aeron avait un mobile pour le meurtre de Jirall. Qu'allait-elle faire quand ils découvriraient le cadavre ?
-Oh, c'est toi le blondinet. J'espère t'avoir prévenu assez tôt hier pour celui qui importunait la miss. De toute manière, il n'ennuiera plus personne, son cadavre a été découvert il y a dix minutes à l'hôtel. Je venais informer George. Vous avez de la chance, d'une certaine manière.
Elle sourit à Aeron, puis son regard se posa sur Seles. Aeron y vit de la tristesse et de la compassion. Elle avait deviné ce qui s'était passé. "Elle savait ! " Et pourtant elle les couvrait ? Pourquoi ?
-Le Vanguard a fait ça bien, avec une lettre bien écrite avec leur symbole. Je vois mal ce qu'on pourra faire d'autre que couvrir ça pour éviter d'effrayer les vacanciers et transmettre la nouvelle dans deux ou trois jours à la capitale avec les cadavres. Ne tardez pas trop.
Elle fit un clin d’œil à Aeron et posa une main compatissante sur l'épaule de Seles. Celle-ci s'écarta par réflexe mais elle ne semblait pas être fâchée outre-mesure. Elle semblait surtout déstabilisée. Aeron ne pouvait pas deviner toutes les questions qui se bousculaient dans sa tête, mais quelques unes tout de même.
-Merci de nous avoir tenu au courant.
Elle ne leur répondit pas et Aeron eut une vue appréciable sur les jambes et muscles fessiers de la demoiselle mais il détourna le regard aussitôt pour aller déposer un bisou sur la tête de Seles. Elle ne devait pas sentir grand chose avec le chapeau, mais c'était pour l'intention. Voilà qui était beaucoup plus constructif que de regarder des jambes qui étaient de toute manière moins parfaites que celles de Seles. Les regarder ne pouvait que décevoir la rouquine qui aurait à nouveau le réflexe de le prendre pour un homme lubrique. Ils sortirent de l'ascenseur derrière leur bienfaitrice. Oui, elle les couvrait. Elle avait parlé du symbole du Vanguard sur la lettre. Aeron avait oublié de le mettre. Cela voulait dire que cette fille avait rajouté ce symbole ? Elle tendit la lettre en question à George qui demanda à ce qu'on attende le soir où il y aurait moins de monde pour faire le ménage. La nouvelle et les corps partiraient quarante-huit heures plus tard. Cela correspondait au moment auquel Aeron avait prévu de partir. Parfait, ils n'auraient donc pas d'autres soucis. Ils en avaient déjà assez avec le traumatisme laissé par cette aventure. La belle inconnue parla rapidement avec George et dans les propos répondus, l'ange gardien de Seles eut confirmation qu'ils auraient le temps. Se précipiter ne ferait donc qu'attirer les soupçons. Une fois la messagère repartie, non sans un clin d’œil à Aeron qui devait signifier "Bon courage !", ils purent entamer leur discussion avec George.
-Bien le bonjour, Aeron... et Seles.
-Ainsi, vous savez.
-Oui, j'ai appris quelques choses par Sébastien, le majordome des Wilder. Nous étions amis dans notre jeunesse et nous restons en contact. La lettre que j'ai reçue aujourd'hui est arrivée rapidement, heureusement. Aeron, je vous adresse mes condoléances pour votre frère. Il a été retrouvé mort à l'instant dans sa chambre. Je ne ferai pas ses éloges, il n'en mérite pas. Ensuite, passons à un sujet plus urgent : que comptez-vous faire ? Vous êtes des fugitifs, je vous le rappelle.
Aeron sentit Seles réagir mais il n'aurait pas su dire ce qu'il se passait dans sa tête. Il espérait juste qu'elle arriverait à rester calme. Il passa un bras autour de ses épaules tout en parlant.
-Nous ne le savons que trop bien, George. Nous allons repartir d'Altamira dans quelques jours. Nous attendons encore un peu plus de quarante-huit heures au cas où le frère de Seles viendrait à temps. Il sait que nous passons par cette ville. Je ne peux pas vous révéler notre destination finale, mais j'aimerais vous laisser un message pour Zelos, le même qu'on a laissé à Sébastien.
-En ce cas, je le connais déjà. Il m'a chargé de le transmettre si je pouvais le voir. Je comptais faire une annonce... destinée à Sélos. Si quelqu'un me pose une question dessus, je peux dire qu'il s'agit réellement de quelqu'un d'autre, mais je pense que l'ex-Élu comprendra le message et viendra me voir.
-Parfait. Si vous le voyez en personne, dites-lui que je ferai tout pour protéger sa sœur. A présent, si je peux vous demander autre chose...
Il s'avança et chuchotta à l'oreille du vieil homme. Avec un regard vers Seles et un sourire entendu, il acquiesça.
-Très bien, ce sera fait. Au plaisir de vous revoir un jour, et j'espère que votre prochain passage sera un peu moins mouvementé.
Aeron n'avait plus rien à dire, ils n'avaient plus qu'à partir et rentrer à l'hôtel pour le reste de la journée.
  Si les marques de la petite rouquine étaient un poids qui lui servirait à alimenter sa rage de vaincre, elle était également un poids pour Aeron. Elle en était bien consciente, à chaque fois qu'il posait les yeux sur elle et qu'elle faisait l'effort de le regarder, elle voyait ses jolis yeux d'ambres luisant de tristesse et de remords. Pourtant, il l'avait sauvée et elle lui en était profondément reconnaissante. Elle avait bien conscience que ça le faisait souffrir de la voir ainsi, alors elle essayait de faire bonne figure. Cependant, elle n'avait pas menti, elle ne gérait effectivement pas assez bien son mana pour utiliser un tel sort sur elle-même. Peut-être y serait-elle parvenu il y a deux jours, mais là, elle ne pouvait pas. Elle était encore trop faible, son organisme se remettait lentement de toutes ses commotions et de la peine qu'il avait subi sans son exsphère. Elle avait déjà pas mal de difficultés encore à bien doser son mana en temps normal, dans ses sorts offensifs mais surtout pour le soin, qu'elle n'avait jamais plus travaillé que cela et qui lui demandait donc beaucoup de concentration.
  Toujours bienveillant et bourré de petite intentions toutes aussi adorables les unes que les autres, Aeron sortit un joli petit foulard orange dont il se servit pour orner délicatement le cou bien abîmé de la petite fleur délicate. Elle l'effleura doucement des doigts pour juger de sa qualité, il était très doux et joli, et il s'ornait parfaitement avec sa tenue et son grand chapeau. Comme un réflexe dont elle n'avait presque pas conscience, elle lui attrapa doucement la main, le contact chaud de sa paume contre la sienne lui étant toujours aussi rassurant. C'est alors qu'il s'agenouilla devant elle pour un petit baise-main adorable et délicat. Elle ne put que le fixer d'un air à la fois surpris et gêné, c'était bien la première fois qu'on lui faisait ce coup-là, en dehors de son frère qui avait toujours aimé la faire se sentir comme une véritable petite princesse dès qu'il en avait l'occasion. Ses petites joues se teintèrent d'un rouge diffus et délicat lorsqu'il lui rappela qu'il restait fidèlement à son service et elle hocha doucement la tête pour acquiescer avec beaucoup d’embarras. C'était tellement rassurant de se sentir ainsi secondé par quelqu'un de confiance ! Cependant, elle n'oserait jamais tenter d'en profiter. Peut-être allait-elle abuser sur certaines choses ces prochains jours, en vu de sa réticence sur beaucoup de choses, mais elle ferait de son mieux pour prendre sur elle afin de ne pas en faire trop. Elle se promit qu'elle deviendrait plus forte qu'un roc d'ici que les traces de cette mésaventure disparaissent. C'était un challenge, mais c'est ce qu'il lui fallait pour reprendre du poil de la bête : un objectif concret à atteindre, une course contre son propre organisme.
  Ils sortirent de la chambres quelques minutes plus tard, quand le carrosse fut prêt à les accueillir. Elle avait beaucoup appréhendé l'extérieur, et effectivement, elle réagit très mal au peu de foule qu'ils purent croiser. Elle se sentait bien stupide d'être aussi crispée et craintive, pour devenir ''forte'' c'était assez mal parti. Bon, elle se donnait encore aujourd'hui pour laisser sa panique dicter son comportement, histoire de s'isoler bien comme il faut avant de se ressaisir. Pour le moment, Aeron serait son pilier et son bouclier, elle comptait bien s'en servir en jouant les koalas.
  Il arrivèrent finalement au carrosse après quelques petites sueurs froides à l'ascenseur et dans le hall bien plus peuplé que la veille. Le trajet fut long mais agréable, parce qu'elle put pleinement recharger ses batteries de ''courage'' en restant blottie contre lui en profitant de ses bisous sur sa jolie petite tête. Ce processus en devenait presque automatique, mais ce n'était pas pour lui déplaire, elle aimait bien les bisous sur la tête, sans vraiment savoir pourquoi … Peut-être parce que ça lui rappelait son frère, qui fut l'instigateur de cette pratique il y a bien longtemps. Depuis, ça a toujours été un geste très agréable et réconfortant pour elle. Un contacte simple, doux, innocent, pas spécialement sensible mais suffisant pour être apprécié. Il restait également assez intime, mine de rien, elle n'en accepterait pas de tout le monde ! Surtout pas en ce moment.
  Le temps du trajet ne la dérangea donc pas le moins du monde, cela lui sembla même un peu trop court, étant donné qu'elle n'était pas très impatiente de sortir de son trou. L’agrippant de nouveau, ils sortirent de là et rejoignirent vite le bâtiment, dans lequel il croisèrent cette fille, encore elle. Sélès la regarda avec une certaine méfiance, mais pas une once d'hostilité cela dit. Puis, la vendeuse de glace évoqua les événements de la veille, ainsi que Jirall. Sélès était un peu surprise, mais elle comprit très vite ce qu'il s'était passé. C'était une fille bien, sans toute quelqu'un de bien meilleur que cette fille qui avait aidé Jirall à lui faire ces atrocités. Elle n'aurait jamais pensé pouvoir estimer un jour une humaine mieux qu'une demi-elfe, voilà qui briserait à jamais ses préjugés racistes. Non, décidément, elle ne pouvait pas pardonner à cette fille, à Cécilia. Elle était demi-elfe, comme elle, elle voyait comme elle souffrait, la souffrance d'un peuple n'est-il pas censé les solidariser ? Peu importe si elle était victime, peu importe si elle faisait ça pour survivre ou protéger quelqu'un, si elle l'avait aidée, elles auraient pu venir à bout de ce monstre, elle en était certaine. Alors elle était bien heureuse qu'elle soit morte, elle aurait été embarrassée de devoir lui faire payer elle-même.
  Non, cette femme en face d'elle, juste là, était quelqu'un de bien en qui on pouvait faire confiance. Elle était gentille, naturelle et sincère. Sélès eut un léger mouvement de recul lorsqu'elle voulut toucher son épaule, mais c'était plus un sursaut qu'un réel geste défensif.
  Ils arrivèrent ensuite au bureau de George qui leur parla rapidement de la situation. Sélès craint un instant qu'il n'accepte pas de les couvrir, et pourtant, il était bien disposé à les aider. Sélès n'avait pas vraiment envie de rester ici aussi longtemps qu'Aeron l'annonça, car elle cette ville ne lui évoquait plus rien de bon, et elle n'avait plus envie d'y faire quoi que ce soit. Cependant, si c'était dans l'espoir de pouvoir retrouver son frère plus vite, alors elle voudrait bien attendre sagement le temps qu'il faudra. Elle avait un peu peur, cela dit, que la garde pontificale ne leur tombe dessus plus tôt que prévu.
  Pour conclure, Aeron recommença ses petites cachotterie avec George. Elle ne broncha pas, mais elle n'était pas très emballée, cette fois, à l'idée d'une surprise. Enfin, elle avait assez confiance en Aeron pour se dire que ce serait quelque chose de discret, qui ne la mettrait pas en situation de panique.
  Ils s'en retournèrent alors ainsi, Sélès toujours agrippée au blondinet. Ils retrouvèrent vite leur carrosse qui se mit en route. Sélès était restée silencieuse.
  -Aeron … je voudrais m’entraîner à nouveau. Est-ce que tu pourras m'aider ? Je veux vraiment devenir plus forte.
  Dit-elle enfin. Elle n'avait vraiment rien envie de faire d'autre que cela. Se battre, s’entraîner pour se donner l'impression de reprendre du poil de la bête, pour avoir l'illusion d'une vengeance. Elle avait l'impression que la seule chose qui aurait vraiment pu la soulager aurait été de tuer elle-même Jirall, mais dans la réalité des choses, sans doute que cela n'aurait rien changé. Mais elle ne pouvait pas se laisser aller, se lamenter. Elle devait décharger toute sa rancœur et sa colère dans un combat bien épuisant, elle voulait devenir plus forte, se défouler … Aujourd'hui serait sa seule journée de répit, son seul caprice.
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Arrivée du déserteur et sa rouquine [PV Seles] Sam 23 Nov - 4:16
Le retour à l'hôtel se fit sans encombre. Seles resta accroché à son protecteur et ce n'était pas pour le déplaire, dans le fond. Ils étaient encore dans le carrosse lorsqu'elle fit cette demande un peu particulière. Elle voulait devenir plus forte. Soit, c'était une bonne idée.
-Je veux t'aider. Savoir si je pourrai dépendra surtout de toi, petite princesse, mais je ferai tout ce que je pourrai.
Il lui fit un autre bisou sur le front après avoir relevé le chapeau. Il resta là à la regarder un instant. il sentit sa gêne, donc il fit un autre bisou, puis tapota le creux de son épaule du doigt tout en se penchant légèrement pour la laisser se blottir là. Il avait compris qu'elle appréciait ça. Elle devait apprécier sa présence en tant que protecteur. Cela devait la rassurer. En réalité, elle le rassurait aussi. Il se sentait utile et était heureux de pouvoir l'aider. Ils arrivèrent presque trop vite au goût d'Aeron. Il descendit et tendit la main pour faire descendre sa princesse. Il lui tint ensuite le bras comme la veille quand ils avaient ri. Cette fois, ils ne rirent mais il avait l'impression que cela faisait plaisir à Seles. Ils approchaient de l'ascenseur quand une jeune femme s'appuya sur l'épaule d'Aeron. Elle était apparemment ivre et cherchait à le séduire pour lui voler un baiser magique, selon elle. Décidément, le blondinet allait bientôt chercher à se cacher à son tour ! Il refusa poliment la demande et l'ivrogne, en colère, lui jeta son verre au visage. Le jeune homme resta de marbre et reprit sa route vers l'ascenseur. Seles ne redémarra pas tout de suite, probablement surprise par la situation, mais quand son bras partit vers l'avant, elle suivit le rythme. Pour rien au monde elle n'aurait lâché la main d'Aeron, apparemment. Une fois les portes de l'ascenseur refermées, qu'ils furent seuls, il répondit à la question muette de la rouquine.
-S'énerver n'aurait servi à rien. Elle est inoffensive, de toute manière. Je passerai ma tête sous la douche et j'enlèverai cette chemise trempée, voilà tout.
Oui, il avait été plus surpris qu'énervé devant l'attitude de cette ivrogne. Après tout, ce n'était qu'un peu de liquide, et s'énerver aurait surtout attiré l'attention, Seles aurait été la première mal à l'aise. L'ascenseur s'ouvrit et ils atteignirent sans croiser personne. Quand Aeron verrouilla la porte derrière eux, il vit les épaules de Seles s'affaisser et entendit un soupir de soulagement. Sortir avait vraiment été une épreuve pour elle. Enlevant sa chemise trempée, le jeune homme se dirigea vers la salle de bain non sans un bisou sur le sommet de la tête de Seles qu'il avait dépouillée de son chapeau protecteur. Il posa le chapeau sur un porte-manteau, fit une courte étreinte avec un autre bisou et partit vers la salle de bain. Seles semblait un peu rouge, même si c'était difficile à dire, vu comme elle se cachait. Il espérait qu'elle n'allait pas avoir un autre malaise. S'agenouillant devant la baignoire, il se rinça la tête et les épaules avec la douche. S'essuyant rapidement, il sortit de la salle de bain et découvrit Seles intriguée devant la table qui avait une boîte posée dessus. Apparemment Mavis avait apporté ce qu'il avait demandé, encore une fois. Maintenant, le moment difficile. Il allait devoir ordonner des choses à Seles. Elle serait probablement réticente.
-Seles. Je vais te demander des choses, c'est pour ton bien. Tu n'as pas le droit de refuser. Si tu refuses que je m'occupe de ça, je m'enferme dans la salle de bain jusqu'à ce que tu acceptes.
Il disait ça, mais il ne s'en serait jamais senti le courage. Il l'aimait trop et n'arriverait jamais à la bouder. Rah quel faible il faisait ! Il ouvrit la boîte, sortit un flacon et du coton pour les poser à côté de la boîte.
-Maintenant tu vas me faire le plaisir d'enlever tes lunettes et repousser tes cheveux sur les côtés. Ce produit devrait aider ta peau à mieux récupérer.
Elle semblait rechigner à enlever ses lunettes et préférait tourner la tête et bouder. Rah cette tête de mule ! C'était pour son bien tout ça !
-S'il te plait Seles. J'aimerais m'occuper de toi mais j'ai besoin que tu te laisses faire. Je ne peux pas te soigner contre ton gré, mais te voir comme ça m'attriste. Je... je ne sais plus quoi faire.
Des larmes perlèrent aux coins de ses yeux mais il essuya d'un revers de main en espérant que Seles n'ait pas vu ça. Il devait être fort, il devait tenir pour elle, être son pilier, son bouclier. Comment pouvait-il la convaincre ? Il envisagea de réellement aller à la salle de bain mais c'était trop dur pour lui. Il se tourna dans la bonne direction mais fut incapable de s'éloigner de la rouquine et il ferma les yeux. Il y eut un long silence gênant puis il sentit que Seles prenait à nouveau sa main. Il releva ses paupières et vit que Seles avait enlevé ses lunettes. Elle ne semblait pas ravie, qu'elle faisait un effort.
-Merci. Désolé de t'imposer ça. Ça peut paraître égoïste de ma part, mais je ne supporte pas de te voir comme ça et de ne rien pouvoir faire pour arranger tout ça. J'espère que tu ne m'en voudras pas.
Elle s'assit sur le lit, lui sur une chaise en face d'elle et doucement, il mit du produit sur le coton et l'appliqua doucement, frottant avec la plus extrême douceur. Jirall n'avait pas loupé son coup, cette sale brute. Aeron avait une main sous le menton pour empêcher Seles de baisser la tête pendant que l'autre appliquait le produit. Seles se laissait faire, de bonne grâce. Le jeune homme fit aussi vite qu'il put sans la brusquer. Alors qu'il finissait d'appliquer, sa main qui était sous le menton glissa le long d'une jour et la caressa. Même avec ces bleus, elle était belle. Seles commença à baisser la tête, mais Aeron parvint à lui donner un autre bisou sur le front.
-Maintenant, plus difficile pour toi, mais aussi plus important, c'est pour ta plaie sur le côté. Tu te mettras en soutien-gorge. Enfin... tu peux te mettre une serviette pour cacher ce que tu veux, mais il faut que je puisse avoir accès à ta blessure. Je compte la nettoyer et vérifier qu'elle n'est pas infectée. Ensuite je te mettrai de vrais bandages bien serrés. Je vais devoir les faire entourer tout ton corps sur la hauteur de la blessure. C'est le meilleur moyen pour que ça cicatrise et surtout que ça ne se rouvre pas. Tant qu'elle n'aura pas bien commencé à cicatriser, nous ne pourrons pas commencer l'entraînement.
Il s'en voulait un peu d'obliger Seles à se montrer comme cela, mais il le fallait. Quand ils partiront, s'ils doivent courir et combattre, il ne faudrait pas qu'ils soient gênés par une plaie qui se rouvre. Et chaque fois qu'ils bougeaient, il ne pouvait pas s'empêcher de penser à la blessure, craignant qu'elle n'empire pour une raison ou une autre. Il sortit les bandages et le désinfectant, au cas où, puis resta sur sa chaise, les yeux vers le sol. Il n'osait pas affronter le regard de Seles après une demande aussi osée.
  Elle crut bien ne plus pouvoir retenir la colère qui menaçait d'exploser en elle lorsqu'une pauvre ivrogne vint aborder Aeron. Franchement, elle n'avait pas honte d'être comme ça ? Au cas où elle n'avait pas remarqué, Aeron était avec Elle et il n'y avait plus de place à ses côtés pour une autre fille, surtout pour une fille de son espèce, vulgaire, puante et si peu soignée. Oui, Sélès avait beaucoup de mépris à revendre pour ce genre de personne, et elle aurait bien été capable de lui faire remarquer sa présence à grand coup de poings dans sa face, si Aeron n'était pas resté si posé, même une fois trempé. Finalement, ce dernier détail en fut presque drôle. Il était resté là, impassible et raide, tout trempé. Sélès le regardait avec de grand yeux ronds, parfaitement surprise – et admirative – de sa réaction. Ils disposèrent tranquillement en prenant l'ascenseur, et alors que Sélès allait lui dire qu'il aurait dit lui en mettre une, il lui expliqua sa réaction. Oui, il avait peut-être raison, n'empêche qu'elle, elle lui en aurait bien collé un revers. C'est tout.
  Ils rentrèrent vite à leur chambre où Aeron partit un instant se rincer. Sélès se sentait un peu plus à l'aise, surtout dans la chambre en fait. Après avoir affronté l'extérieur, elle parvenait enfin à rester seule ici, bien à l’abri, enfermée à double tour. Son attention fut bien vite attirée par une petite boite posée sur la table, et Aeron arriva bientôt pour éclairer sa lanterne. Il ne lâcherait jamais l'affaire. Bien sûr, elle comprenait que ça le peine de voir ceci sur son visage, mais pour elle c'était nécessaire de les voir, et puis, la douleur constante de sa plaie sur le flanc l'aidait à penser à autre chose qu'à ses douleurs psychiques et inventées, qui elles, étaient beaucoup plus gênantes. De plus, elle n'aimait pas du tout sa première approche. Elle détestait qu'on l'oblige à faire quoi que ce soit, et plus encore après ce qu'il s'était passé la veille ! Elle se referma comme une huître, et rejeta l'invitation de son chevalier en détourna la tête d'un air renfrogné. Il n'avait qu'à le demander gentiment. Puis, comme s'il devinait ses pensées, il s'adoucit et sa voix triste se fit presque suppliante. En reposant les yeux sur lui, elle remarqua qu'il avait les larmes aux yeux. Il pleurait à cause d'elle.
  Se rendant compte de son égoïsme, et ne supportant pas de le voir ainsi, elle décida de prendre sur elle. Cela ne changerait en rien sa décision de devenir beaucoup plus forte d'ici à ce que ses plaies disparaissent. Elle devra juste s’entraîner deux fois plus dur, ce qui lui permettra de penser à autre chose, ce n'était pas plus mal. Comme il se retournait, sans doute pour aller bouder dans la salle de bain, elle retira doucement ses lunettes, peu fière de dévoiler son visage 'disgracieux', et prit doucement la main du blond pour le retenir. Il la remercia et s'excusa, puis, non sans réticence, elle alla s'installer sur le lit et attendit là sagement. Ce qui la gênait le plus, c'est qu'il puisse la voir complètement à découvert, la douleur piquante du désinfectant était en réalité plutôt agréable, d'un sens. Car en fermant les yeux, elle sentait juste cette douleur. Pas d'image obscène, ni de maux internes quelconques. C'est en appréciant cela qu'elle ne broncha pas donc pas une seule fois, la seule chose vraiment dérangeante étant le regard de son chevalier.
  Lorsqu'elle ouvrait les yeux sur lui, elle voyait son visage délicat et ses joues rondes, ainsi que ses jolis yeux ambrés. Alors, le regardant ainsi, elle se sentait plus laide encore. Lorsqu'il eut enfin fini et que sa main lâcha son menton en faveur de sa joue, la petite rouquine baissa la tête, afin de cacher à nouveau son minois. Elle reçut alors un nouveau baiser sur le front, avant qu'Aeron n'aborde une question un peu plus délicate. Elle devint écarlate mais resta silencieuse, évitant le regard du blond en cherchant quelque chose autour d'elle. Comme elle ne trouva rien de spécial, elle hésita longuement quant à retirer son T-shirt, qu'elle plaqua aussitôt contre elle de son bras droit, posa la main gauche derrière elle afin de juste laisser la plaie à découvert. Ainsi, elle était tout de même assez couverte le temps qu'il désinfecte la plaie.
  Il semblait gêné lui aussi et se concentra aussitôt sur sa tâche. A nouveau, elle resta parfaitement silencieuse, ne bronchant pas le moins du monde, se concentra sur les picotements pour se défaire de ses songes si douloureux. Son sentiment de dégoût l'avait quittée pendant ce temps-là. Puis vint le moment où Aeron dut lui remettre un bandage, alors elle dut lâcher complètement son T-shirt pour dévoiler son corps. Elle évitait soigneusement son regard, et sans s'en rendre compte, elle se mit à trembler légèrement alors qu'il se collait à elle pour enrouler le bandage autour de son buste. Elle avait posé ses mains sur ses épaules afin que ses bras ne l'entrave pas, et prit son mal en patience. Elle aimait bien Aeron, son contact était rassurant … Mais un peu plus habillée c'était mieux quand même.
  Elle enfila vite son ti-shirt à nouveau lorsque ce fut enfin terminé, et elle laissa Aeron débarrasser les papiers et les cotons souillés, chacun évitant soigneusement le regard de l'autre. Les tremblements de Sélès cessèrent enfin et elle se leva pour aller fouiller dans un placard. Elle y trouva un jeu de cartes et se dit que ce serait un bon moyen de passer le temps. Elle retourna sur le lit et posa le jeu ici, lorsqu'Aeron revint, elle ne prit pas soin de lui adresser un regard, préférant distribuer ses cartes.
  -Comme on ne pourra pas aller au casino, ça te dit de jouer aux cartes ?
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Sujet: Re: Arrivée du déserteur et sa rouquine [PV Seles]