Il ne réagissait pas. Pourquoi ne réagissait-il pas ? Il fouillait dans son sac maintenant, pourquoi fouillait-il dans son sac ? Ah mais oui, il sortait juste sa hallebarde. Attendez, pourquoi sortait-il sa hallebarde ? Qu'est-ce qu'il allait lui faire ? Pourquoi restait-il silencieux comme ça ? C'était franchement inquiétant. Et pourquoi diable ne disait-il rien ?! Il n'avait pas crié, pas bronché, presque pas grimacé même, bien que la douleur puisse se lire dans ses yeux. Et soudain, ah, une réaction ! Mais … Non, pourquoi souriait-il maintenant franchement ? N'importe qui aurait été pris d'une rage folle après ça, et pour être honnête, Sélès s'attendait plutôt à se faire rosser, mais non, rien de tel ne survint. Et pourtant, ce sourire ne fut pas très long, puisqu'il laissa bientôt place à une sorte de marmonnement incompréhensible. Dans cette bouille de mot, elle crut simplement entendre les mots ''demi-elfe'' ce qui donna l'occasion à son imagination de spéculer les théories les plus folles sur ce qu'avait pu dire Aeron. Venait-il, par hasard, de la traiter de ''saloperie de demi-elfe'', ou quelque chose de ce goût là ? Voilà qui l'aurait beaucoup étonnée de la part du blondinet, mais d'un autre côté, elle lui avait tout de même ruiné le pied. Beaucoup de demi-elfes étaient morts pour moins que ça, et lui, il ne bronchait même pas. Il ne devait pas être vraiment humain en fait, non … C'était un véritable ange gardien bienveillant qu'on lui avait envoyé. Cela ne fit qu'engendrer que plus de culpabilité dans le petit cœur mou de notre adorable petite poupée, qui ne put même pas se soulager de ses remords en une quelconque explication puisque son chevalier s'éclipsait déjà en lui demandant de le rejoindre lorsqu'elle serait prête.
  Cela lui laisser le temps de faire tout ce qu'elle avait à faire, et elle en avait des choses à faire ! Déjà, dans un premier temps : ranger tout ce bazar qu'elle avait éparpillé. S'emparant à nouveau de son sac à main, elle prit le temps de l'épousseter, sans parvenir à le défaire de la totalité des taches, certaines auraient bien besoin d'être lessivées pour disparaître. Après avoir fait de son mieux pour lui redonner une allure correcte, elle commença à récupérer tout ce qui était récupérable et jugea bon d'enterrer le reste, histoire de ne pas laisser trop de traces de son passage furibond. Une fois tout ramassé, elle se tortillait nerveusement. Et oui, l'envie devenait de plus en plus pressante là. Elle se chercha alors un coin tranquille, en espérant qu'Aeron ne jugerait pas bon de revenir la chercher. C'est cette crainte qui la poussa à aller se cacher un peu plus loin dans la mine. Elle se fit un petit trou derrière un tas de chariot et de caisse qui formait un petit cabinet de toilette parfait. Ce n'était vraiment pas pratique d'être une fille dans ce genre de situation, surtout avec une jupe bouffante pareille, bien galère à relever correctement ! Bref. Elle déchargea sa vessie vite fait bien fait. Et oui, même les petites demoiselles aussi délicates qu'une poupée telle que Sélès gardait des besoins naturelles, il ne fallait pas se voiler la face là-dessus messieurs !
  Elle reboucha son pipi-room avec de la terre, se montrant aussi avant-gardiste qu'un chat, puis escalada quelques caisses poussiéreuses pour sortir de son pseudo-cabinet. Voilà, comme ça, elle était prête à reprendre la route, bien qu'elle n'aurait pas été contre une petite douche, car dormir dans la terre et la poussière l'avait tout de même bien encrassée. Et en passant distraitement sa main dans sa crinière rousse, elle remarqua l'étendu des dégâts. Elle devait être affreuse ! Décidément, Aeron ne devait plus avoir une image très glorieuse d'elle. Bon, sa brosse à cheveux. Elle la trouva au fond de son petit sac et entreprit de se brosser la tignasse jusqu'à retrouver une toison correcte. Elle se coiffa ensuite de son gros chapeau rembourré avant s'épousseter une dernière fois pour défroisser ses vêtements au mieux. Puis elle se décida enfin à sortir de cette mine peu accueillante.
  Lorsqu'elle réapparut, elle était redevenue la petite dame délicate et calme, presque impeccable si l'on oubliait les nombreuses taches de terre sur ses vêtements. Elle avait hâte, vraiment hâte, qu'ils arrivent à cette rivière. Voilà quelque chose de très motivant qui allait lui donner des ailes tiens ! La promesse d'une toilette dans les règles. D'autant plus que le temps semblait très clément aujourd'hui, il faisait beau et très doux, alors une baignade n'allait pas être désagréable. Bon le seul soucis qui la tracassait maintenant, c'est qu'elle n'avait pas emmené de maillot de bain. Elle aurait dû y penser pourtant, avec tout ce dont elle s'était déjà chargé, quand même ! Bon, elle aviserait. Elle avait bien un maillot de corps et une sortie de bain qui pourraient faire l'affaire.
  Sélès tomba directement sur Aeron à la sortie de la mine, et elle n'osa pas croiser son regard. Le visage bas, elle observa un instant le pied du jeune homme en se mâchouillant la lèvre inférieure, confuse. Elle tripotait l'anse de son sac à deux mains et elle poussa un petit caillou du bout de la chaussure avant de relever timidement les yeux vers lui.
  -Je suis vraiment désolée pour vous avoir écrasé le pied, en fait, ce n'était pas du tout contre vous, vraiment … Je n'aurais aucune raison de faire cela. Assura-t-elle. Je … En fait … Je voulais écraser une … araignée … Je suis désolée … J'espère ne pas vous avoir fait trop mal ?
  Et l'araignée, elle lui demandait pardon, peut-être ? Non parce que elle, elle avait bien morflé par contre ! La preuve, elle n'était plus là pour le dire. Où si, il restait bien un bout de patte quelque part, et un peu de bouillie. Mais Sélès s'en moquait bien, elle était d'ailleurs bien contente que cette saloperie soit pulvérisée ! C'était bien le but de la manœuvre après tout.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Sam 2 Nov - 14:20
La petite poupée sortit de la mine dans un bien meilleur état qu'à son réveil. Aux yeux d'Aeron, c'était plutôt bon signe. Elle avançait tête baissée, comme honteuse. Voilà qu'elle s'en voulait, apparemment. Il ne fallait surtout pas qu'elle réalise la force qu'elle avait mis dans son coup. Garder une démarche fluide et normale tout le long du trajet allait s'avérer difficile, mais pas impossible.
  -Je suis vraiment désolée pour vous avoir écrasé le pied, en fait, ce n'était pas du tout contre vous, vraiment … Je n'aurais aucune raison de faire cela.Je … En fait … Je voulais écraser une … araignée … Je suis désolée … J'espère ne pas vous avoir fait trop mal ?
Ses excuses étaient touchantes. Comment lui avouer à ce moment qu'il souffrait le martyr dans sa chaussure ? Elle s'en voudrait tellement ! Il ne fallait pas qu'elle sache. Seles était adorable, un peu maladroite, mais tellement gentille, pure, naïve. Ces bons côtés d'elle donnait à Aeron l'envie de l'aider, de la protéger. Il fallait qu'il continue en ce sens.
-Ne vous en faites pas, je survivrai, promis. A présent, il est temps de nous remettre en route ! Je suis certain que vous avez hâte de vous laver.
Sur ces mots, il commença a marcher avec la rouquine sur les talons. Levant les yeux et observant la position du soleil, le jeune homme estima qu'il était pas loin de midi. Ils avait encore le temps. Son contact l'attendrait au coucher du soleil... et connaissant ce contact, même s'ils arrivaient à minuit, il serait encore là à les attendre. Il fallait cependant être le plus rapide possible afin d'éviter toute attente. La halte à la rivière devra se résumer à une toilette rapide et ainsi ils seraient dans les temps. Si son plan fonctionnait comme il le fallait, ils pourraient se laver plus correctement le lendemain soir.
Son pied le faisait souffrir, mais moins qu'il ne l'avait craint. Il arrivait à garder une démarche normale et s'efforçait de ne pas montrer sa douleur. Au fond de lui, il se rendait compte qu'il n'y avait pas que le fait qu'il ne voulait pas inquiéter Seles. Il y avait la fierté masculine, cette fameuse fierté qui fait qu'il préférerait défier le monde entier plutôt que d'admettre ses faiblesses. Cela avait beau être stupide, il restait ainsi. C'est à cause de ça qu'il cherchait toujours un moyen de contacter le frère de Seles. Il fallait que son plan soit au point, qu'il n'y ait aucune faille et que Seles soit rassurée. Il y avait bien une solution, mais rien ne disait que cela puisse fonctionner. Est-ce que cette personne pourra joindre Zelos ? Rien n'est sûr !
  Il semblerait qu'elle n'y était pas allée si fort que ça, finalement, puisqu'Aeron se montrait très rassurant dans ses mots et sa démarche. Cela la rassura, même si elle eut l'impression qu'il avait un léger malaise pour aligner ses pas, c'était si discret que l'on aurait pu croire que c'était sa façon habituelle de marcher. Après tout, elle n'avait pas bien pu analyser sa démarche la veille, il faisait si noir ! Et puis, s'il disait que ça allait, c'est que ça devait être vrai non ? Pauvre petite, elle n'avait pas idée de ce que pouvait faire les hommes par fierté, et elle n'avait pas non plus conscience de la patate que pouvait lui octroyer son exsphère.
  Rassurée, elle esquissa un léger sourire doux en prenant la suite de son chevalier et guide. Heureusement qu'il était là, tout de même, parce qu'elle, elle était complètement paumée. Elle avait bien envisagé de fuir seule en ayant la nouvelle de la déchéance de son frère, mais elle n'aurait su que faire une fois dehors, ni même où aller. Là, c'était simple, il suffisait de suivre tout bêtement, sans se poser de question, et d'ailleurs, elle ne s'en posait plus vraiment, ou peu. Tout ce qui la taraudait encore, c'était de retrouver son frère, et peut-être aussi, de trouver une ville pour prendre une douche. Mais les villes étaient à éviter pour eux qui devaient être à présent les deux êtres les plus recherchés au monde. A l'heure qu'il est, les hommes du Pontife devaient avoir retrouvé les restes du radeau et sans doute ne tarderaient-il plus à se rendre compte de la supercherie. Ça leur laissait tout de même un jour, peut-être deux, de répit, avant que les avis de recherche ne commence à proliférer comme une vilaine grippe dans un hall de gare.
  Ils traversèrent une plaine verdoyante avant d'atteindre une petite région boisée. Le vent était doux et apportait une délicieuse odeur de verdure, accompagné par le chahut du feuillage des arbres secoué par le vent. L'ambiance avait tout de la balade champêtre du dimanche après-midi, partant pour la cueillette de bais ou de champignons. Sélès n'avait d'ailleurs pas manqué d'observé l'environnement, se disant qu'elle pourrait peut-être improviser un petit plat avec les bons mets frais que leur offrait la nature. Elle savait reconnaître les champignons comestibles, de ceux qui ne l'étaient pas, c'était un avantage d'avoir passé tant de temps dans une abbaye qui devait s’auto-suffire. Elle ramassa donc quelques-uns, et dégota même quelques herbes aromatiques naturelles. Ce n'était pas parce qu'ils étaient en cavale qu'ils devaient mal se nourrir ! Et ils n'avaient pas encore mangé depuis leur fuite.
  Sélès semblait beaucoup aimer la ballade pour le coup. Elle s'éloignait parfois un peu de son guide pour aller cueillir quelques denrées au grand potentiel gustatif, mais jamais au point de le perdre de vue, et jamais très longtemps. Puis au bout de quelques kilomètres parcourus dans les broussailles, les rumeurs d'un cours d'eau parvint progressivement à leurs oreilles. Ils le débusquèrent bientôt, et Sélès s'y précipita aussitôt pour aller poser son royal popotin sur une pierre juste sur la rive, où elle se débarrassa de ses chaussures et de ses chaussettes pour se tremper les pieds dans l'eau fraîche. Ho, que ça faisait du bien. Elle en poussa un petit soupir de soulagement et de plénitude en battant des pieds dans l'eau claire. Elle avait posé son sac à côté d'elle, elle prit un peu d'eau dans le creux de ses mains pour se rincer le visage et le désaltérer un peu, avant de se relever et de se tourner vers Aeron.
  -Vous croyez qu'on peut faire un feu ? Autant que l'on se restaure ici avant de partir, il faut manger si on veut tenir la distance. Je pourrai cuisiner les quelques champignons et les herbes aromatiques que j'ai ramassées. J'ai des baies aussi ! Cette forêt est vraiment riche en délices.
  Sélès aimait autant les travaux intellectuels que manuels en tout genre. Elle avait eu beaucoup de temps pour s'y consacrer, il faut dire, il fallait bien tuer l'ennui dans sa prison. Et puis, elle voulait aussi faire plaisir à Aeron, après tout ce qu'il avait fait pour elle, elle lui devait bien ça. Elle n'avait pas grand chose sous la main, elle lui aurait bien préparé une superbe omelette aux champignons, mais elle n'avait pas trouvé d’œufs, et il faut dire aussi que ça lui faisait un peu mal au cœur d'aller en voler dans le nid d'une pauvre maman oiseau. S'il avait trouvé une ferme, elle aurait été en piquer quelques-uns dans le poulailler, mais elle doutait d'en trouver dans le coin.
  Elle commença à sortir tout le butin de sa cueillette ainsi que les ustensiles de cuisine qu'elle avait trouvé bon d'emmener avec elle pour le voyage : poêle, casserole, cuillère en bois etc. Elle avait bien emmené sa petite réserve de gâteaux secs et de viande séchée, mais elle préférait le garder en cas d'urgence, étant donné que ce n'était pas périssable.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Sam 2 Nov - 20:51
L'énergie de la rouquine faisait plaisir à voir. On aurait dit une enfant, à se balader partout, ramasser les baies, les champignons. On voyait cependant qu'elle ne ramassais pas n'importe quoi, qu'elle savait ce qu'elle faisait. Aeron faisait des efforts pour marcher toujours régulièrement mais son petit bricolage ne tenait pas aussi bien que prévu et la douleur était fatigante à la longue. Heureusement qu'il n'avait pas à courir parce que rien que le pas rapide qu'il avait adopté ne serait pas supportable très longtemps. Heureusement, ils atteignirent la rivière et le jeune homme put s'asseoir près de la rivière.
Il regarda sa compagne de voyage tremper ses pieds dans l'eau. Elle était adorable ! On pourrait croire une enfant si elle n'avait pas une apparence si féminine, autant au niveau du visage que la silhouette au niveau des épaules, des jambes et... Aeron se mit à rougir et détourna le regard pour se concentrer sur les sacs. Il posa le sien avec sa hallebarde à côté et releva les yeux en entendant Seles sortir des choses de son propre sac. Elle avait tout ce qu'il fallait pour cuisiner, excepté un feu. Il eut à peine le temps de penser cela que Seles demandait s'ils pouvaient faire un feu pour cuisiner. Elle semblait vraiment vouloir cuisiner elle-même.
-C'est une riche idée ! Je vous propose pour le moment d'aller vous laver. Un peu en amont de la rivière, vous pouvez voir le sommet d'une chute. L'eau tombe sur trois ou quatre mètres environs. On se lavait là-bas quand on avait des trajets à faire entre l'abbaye et la Maison du Salut vers laquelle nous nous dirigeons actuellement. Je vous propose d'y aller. Rassurez-vous, d'ici, on ne voit pas la base de la cascade et pendant ce temps, j'irai chercher du bois de l'autre côté. Je m'occuperai d'allumer le feu et j'irai me laver pendant que vous cuisinerez ce que vous avez récolté. Cela vous va ?
Tout en disant cela, Aeron osa enfin la regarder à nouveau dans les yeux. Son esprit avait fini de divaguer et ses couleurs étaient revenues à la normale, mais il avait peur que Seles ait remarqué sa gêne. Que dirait-elle ? Le traitera-t-elle de pervers ou s'imaginera-t-elle autre chose de plus naïf mais d'autant plus gênant ? Il était difficile de savoir ce qu'elle penserait.
  Elle craint un instant que faire un feu serait trop risqué pour la préservation de leur position secrète. Mais après tout, personne ne devait encore les chercher dans le coin, pas vrai ? Elle bondit de joie lorsqu'Aeron manifesta son accord et lui proposa en bonus d'aller se laver un peu plus loin. C'était vraiment une chance qu'il fasse si bon aujourd'hui, la baignade allait être très appréciée. La petite rouquine acquiesça d'une signe de tête enjoué et déterminé, ses lèvres traduisant sa bonne humeur en un large sourire adorable. Elle laissa son chapeau ici, à côté de son butin et de ses ustensiles de cuisine avant de ré enfiler ses chaussures et de prendre son petit sac à main étoilé avec elle pour suivre la direction donné par son chevalier. Il lui fit un petit signe de main avant de disparaître derrière un détour broussailleux, et continua sur quelques mètres en suivant le bruit de la chute d'eau. Lorsqu'elle la découvrit enfin, elle eut l'impression d'arriver dans un petit coin de paradis. La cascade et la verdure était d'une tel élégance naturelle que l'on pourrait se croire dans un coin perdu du jardin d'Eden. C'était pourtant un lieu et un paysage des plus banals, mais cela n'en relevait plus encore la beauté.
  La demoiselle s'approcha un peu plus et déposa ses affaires sur un rocher chevauchant la rive. Elle se défit de ses souliers et déboutonna son chemisier pour le déposer soigneusement avec le reste. Elle se débarrassa du reste jusqu'à se retrouver en sous-vêtements, et s’emparant d'une petite serviette de toilette – oui elle avait presque tout prévu, si ce n'est le maillot de bain – elle s'arrêta un instant pour observer les alentours, craignant que quelqu'un ne surgisse. Et si des hommes du Pontife passait justement par là pile à ce moment ? Elle aurait fière allure de fuir dans la forêt en sous-vêtements ! Elle écouta attentivement les rumeurs de la forêt, mais elle ne distingua que la mélodie du vent bousculant les branches des arbres, et quelques gazouillis d'oiseaux.
  Une fois rassurée, elle osa finalement s'aventurer dans l'eau fraîche et pure de la rivière avec un savon aux plantes : violette et jasmin, qui ne contenait aucune substance chimique et entièrement naturelle. Pour sa peau fragile, elle ne pouvait utiliser que ce genre de produit très doux, un avantage dans ce cas-là, elle pouvait se laver correctement sans intoxiquer la nature. Elle s'approcha de la cascade, l'eau lui montant progressivement jusqu'au dessus des genoux, puis bientôt aux hanches. Elle retint légèrement son souffle sous l'effet du froid, et s'humidifia un peu la nuque pour se préparer à prendre une bonne douche froide. Elle ferma les yeux et serra les points avant de plonger son corps sous la cascade, en évitant de se mouiller les cheveux. Une fois son corps habitué à la température de l'eau, elle prit le temps de se savonner tranquillement, trouvant finalement l'endroit tout aussi confortable que celui où elle avait grandi. Et oui, ce n'était qu'une abbaye après tout, les hommes et femmes de foi vivent dans la modestie et ne se contentent que de choses très rudimentaires. Elle n'avait finalement jamais était très habituée aux douches très chaude, aux mieux, elles étaient tièdes.
  Dans l'exercice de sa toilette, elle s'évada dans ses pensées, réfléchissant à où pourrait bien la porter ce voyage, car en y repensant, elle ne connaissait toujours pas sa destination finale, s'il y en avait bien une. Cela la reportant à s'interroger sur les véritables intentions d'Aeron ; être guidé par un guerrier aussi mystérieux n'était pas vraiment rassurant, même si ça lui donnait un certain charme. Du charme ? Oui, peut-être qu'il en avait. Elle ne s'était jamais vraiment posée de questions sur les garçon, car elle n'avait jamais connu que son frère et les vieux de l'Abbaye. Là, elle voyageait aux côtés d'un jeune homme fort serviable, et plutôt joli garçon. Quel âge avait-il d'ailleurs ? Il ne devait pas être bien plus vieux qu'elle, plus jeune que son frère c'était certain. Ah, cela lui fit penser qu'elle commençait à être vachement à l'étroit dans son soutiens-gorge. Comment-ça aucun rapport ? Si peut-être un peu … Elle se mit à rougir toute seule d'ailleurs. Ça allait être compliqué de se procurer des sous-vêtements pendant ce voyage, d'autant plus qu'elle ne pouvait certainement pas en parler à Aeron ! C'était trop gênant. Hm, d'ailleurs, que pouvait-il bien penser d'elle ? Pas en rapport à ses soutien-gorge trop petits voyons ! Mais de façon générale … Elle n'était qu'une demi-elfe après tout, et les humains n'aiment pas les demi-elfes. Pourtant il l'avait sauvée. Mais il avait dit cette chose dans la mine, quand elle lui a écrasé le pied … Hm. Comment pourrait-elle lui en tenir rigueur ? Elle avait du lui faire mal sur le coup quand même, alors les bons vieux réflexes avait du ressortir. Elle en arrivait à se dire qu'elle ne pouvait pas lui en vouloir d'être raciste, car tous les humains l'étaient plus ou moins, c'était dans leur éducation. Mais pourquoi les détestaient-ils comme ça ? Qu'avaient-ils fait de si mal pour mériter cela ? Ils existaient … Était-ce si mal que ça, d'exister ? Voilà des questions que doit se poser chaque demi-elfe en ce bas monde à un moment ou un autre de sa vie.
  Au terme de sa baignade, Sélès tenta de se convaincre qu'Aeron ne devait pas être si raciste que ça, puisqu'il l'avait sauvé. A moins qu'il ne cache bien son jeu et qu'il ne lui réserve pire sort que si elle était resté à l'abbaye. Mais elle ne voyait pas bien qui d'autre que le Pontife ou Zélos aurait intérêt à l'avoir sous la main. De toute façon, c'était trop tard maintenant, elle n'avait plus qu'à lui faire confiance. Elle ne pouvait rien faire de plus.
  Elle sortit de l'eau et se sécha. Elle sentait bon la violette et le jasmin et c'était plutôt agréable après une telle nuit dans la crasse. Mais elle ne se faisait pas d'illusion, elle savait qu'elle allait sans doute connaître pire par la suite, alors autant profiter au maximum de la chance qu'elle avait juste là. Elle se séchât bien et prit le temps de laver quelques vêtements qu'elle put sécher aussitôt grâce à sa magie avant de se rhabiller. Elle rangea tout son petit bazar, remit ses chaussures et suivit la rivière pour retrouver le coin où ils avaient établi leur petit camp de pause. Elle aperçu Aeron en train de frotter laborieusement des silex dans l'espoir d'allumer un feu. Elle arriva derrière lui sans prévenir – quoi qu'il put être avertit par ses bruits de pas s'il n'était pas trop concentré – et lança une petite boule de feu qui alluma le tout.
  -ça va plus vite comme ça, non ? Dit-elle joyeusement.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Dim 3 Nov - 16:34
Ramasser du bois mort n'était pas une tâche difficile et cela ne nécessitait pas une grande concentration. L'esprit du jeune homme divaguait. Il repensait à ce qu'il avait pu accomplir dans sa vie. La réponse était : pas grand chose. Au final, il n'avait pas fait grand chose pour sa famille, ni pour les gens dans le malheur. Il aurait même plutôt contribué à rendre les gens malheureux encore plus malheureux, autant par sa position de noble que par ses missions dans la garde pontificale. S'occuper aujourd'hui de Seles pouvait-il être vu comme une forme de rédemption ? Peut-être. Mais au final il s'en fichait. Il était heureux en sa compagnie. Elle disait les choses sans ambages, était franche. Elle n'allait pas mentir pour lui faire plaisir ou pour le politiquement correct. Elle était naturelle.
Cela lui rappelait à nouveau Elena. Quel âge avait-elle maintenant ? Elle était adulte depuis un moment, déjà. Même après tant de temps sans la voir, en n'échangeant que quelques lettres, il la considérait toujours comme une grande sœur bienveillante. Il faudrait trouver un endroit où les humains et demi-elfes peuvent se voir, discuter et s'aimer sans que cela ne fasse scandale. Après tout, ils versaient les mêmes larmes et riaient de la même manière... quoique Seles avait une manière bien élégante et mignonne de rire. C'était assez étrange au début mais Aeron s'y était fait rapidement et trouvait cela adorable. A côté d'elle, il se sentait pataud et ne savait pas quoi dire. C'était assez ironique de pouvoir parler politique devant une assemblée de gens mais ne pas savoir quoi dire devant une fille honnête. Était-il fait pour mentir plus que pour dire ce qu'il pensait réellement ?
Les bras plein de branches mortes, le blondin revint sur ses pas en tentant de penser à autre chose. Une fois arrivé près de la rivière, il prit bien garde à garder les yeux baissés. Il ne devait pas pouvoir apercevoir Seles d'ici, mais dans le doute, il valait mieux prendre ses précautions. Il préférait affronter la Garde Pontificale au complet plutôt que de manquer de respect à Seles en voyant son corps. Il tailla rapidement un bout de bois en pointe et s'efforça de frotter la pointe sur un autre morceau. Il s'acharnait depuis une petite minute quand d'un coup, une boule de feu alluma tout le tas. La remarque mi-gentille, mi-moqueuse acheva de le surprendre. D'abord hébété pendant quelques courtes secondes, Aeron finit par éclater de rire. Cette fille était décidément de très bonne compagnie.
-Bon, je vais me laver à mon tour. Je compte sur vous pour la cuisine. J'ai une faim de loup et risque de dévorer vos plats avidement ! A tout de suite !
Et sur ces mots, il prit son sac et se dirigea vers la chute. Il n'allait que se laver rapidement, de toute manière, ils auraient un bain digne de ce nom le lendemain soir, si tout allait bien. De toute manière, il ne voulait pas faire attendre Seles une fois que celle-ci aurait fini de cuisiner sa récolte. Il avait de la chance qu'elle cuisine, déjà, il ne fallait pas commettre l'affront de laisser ce qu'elle allait préparer refroidir.
Dernière édition par Aeron Valerius le Dim 3 Nov - 20:11, édité 1 fois
  Il semblerait que la glace se soit belle et bien brisée entre les deux compagnons de voyage, puisque le garçon rit de bon cœur devant l'intervention de la demi-elfe. Elle n'en sourit que de plus belle en venant s'asseoir près du feu alors que le blondinet, lui, se levait pour aller prendre une toilette bien méritée à son tour. Elle était contente que l'ambiance se soit un peu détendue entre eux, le lien gardien/prisonnière semblait avoir été définitivement rompu. Ils pouvaient à présent prétendre à la construction d'une amitié qui serait d'autant plus solide que pour elle, ce serait une première. Cela laisserait sans doute place à une légère maladresse et sa méfiance persisterait encore un moment, mais elle avait envie d'être amie avec lui, car il avait l'air d'un humain plutôt spécial.
  L’impatience du guerrier affamé la flatta et l'oppressa en même temps. Ce n'était pas un sentiment négatif dans tous les cas, seulement, elle craignait de le décevoir. Elle espérait pouvoir faire quelque chose de bon avec le peu de fourniture qu'elle avait amassé dans la forêt. C'était un défi d'autant plus grand qu'elle ignorait tout de ses goûts. Il ne devait pas haïr les champignons, sinon il l'aurait dit tout de suite, mais le reste de ce qu'elle avait cueilli était un peu plus spécial, et tout le monde n'y avait pas forcément goûté. Elle avait vraiment envie que ça lui plaise, oui, et si ce n'était pas le cas, elle se vexerait plus qu'elle ne culpabiliserait sur le coup, elle était comme ça, Sélès. Elle avait tellement envie de faire plaisir que lorsqu'elle échoué, elle en prenait chère pour sa fierté, elle qui avait tant besoin de faire ses preuves pour que l'on reconnaisse sa valeur.
  -Je vais faire de mon mieux. Acquiesça-t-elle en souriant. À tout à l'heure !
  Elle ne perdit pas une minute pour se mettre au travail alors qu'Aeron disparaissait dans les fourrés, et se fabriqua un petit reposoir pas très fiable pour y caler sa poêle. Elle devait maintenir le tout en faisant support à la base de la branche avec son pied pour s'assurer qu'une bourrasque ne renverse pas tout alors qu'elle épluchait les champignons. Elle ajouta un peu d'eau, quelque noix pour en faire suinter de l'huile et donner une saveur supplémentaire – faute d'autre matière grasse pour faire revenir le plat – ajouta les herbes aromatiques, des marrons et quelques glands. Le repas allait manquer de viande et ils n'avaient pas vraiment le temps de pêcher, alors elle choisit d'avoir la main lourde sur tout ce qui était à sa disposition. Comme Aeron semblait avoir très faim, elle craint un instant de ne pas avoir prévu assez en quantité, mais après avoir presque vidé un arbre de ses noix, elle se retrouva avec un plat plutôt copieux.
  L'odeur qui en exhalait était plutôt alléchante, si bien que cela en attira quelques curieux à quatre pattes. Un renard passa furtivement par là, et Sélès chercha un long moment à capter son regard, mais plus elle se penchait pour l'apercevoir, plus l'animal se terrait derrière les hautes herbes. La vision de la jolie créature aussi rousse qu'elle lui donna le sourire aux lèvres, et elle fut tellement attendrie et fascinée par sa visite qu'elle alla déposer un peu de sa préparation juste devant sa cachette, avant de revenir à sa place. L'animal surgit, ne fit qu'une bouchée de cette offrande avant de disparaître à nouveau. Ça avait eu l'air de lui plaire au moins, et comme les renards son omnivores, comme les humains, c'était plutôt bon signe. Dommage qu'il ne puisse pas parler pour lui donner une petite critique culinaire avant l'arrivé d'Aeron.
  Pour tout dire, c'était une innovation, elle n'avait jamais essayé un tel mélange avant, mais ça avait l'air plutôt bon. Plus qu'à espérer que les aromates sauvages suffisent à remplacer le sel et le poivre. Elle avait sorti deux petits bols pour les remplir alors qu'elle entendait les pas d'Aeron approcher. Elle déposa soigneusement son bol sur une pierre en fasse d'elle – cela faisait office de chaise – avant de s'installer, prête à recevoir le verdict de son seul juge ici-présent.
  -Aeron, vous tombez à pic, je viens juste de finir. Annonça-t-elle avant même de l'apercevoir.
  Elle ne chercha pas à se tourner vers lui et approcha sa bouche de son bol pour souffler la fumée qui manifestait la chaleur volcanique du mélange forestier. Il y avait de quoi boucher une bonne carie ! Plus qu'à espérer que ce soit bon, sinon, ça finirait dans le ventre des renards.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Lun 4 Nov - 11:52
Faire sa toilette n'avait pas pris longtemps à Aeron, mais cela lui avait fait du bien. Un sourire se dessina sur ses lèvres à l'accueil de Seles. Le plat cuisiné semblait avoir une apparence un peu étrange mais ça ne pourrait pas être pire que ce qui est donné aux gardes en général.
-Bon appétit !
Le jeune homme s'assit et, sentant le regard de la rouquine, pris une grande bouchée aussitôt. La nourriture était tellement chaude qu'il recracha aussitôt.
-Aaaaaaah ch'est chaud !
Quel idiot il faisait ! Prenant plus de précautions cette fois, il souffla sur son bol pour faire refroidir le tout avant de le prendre dans sa bouche. Le goût était assez étrange. C'était un mélange inhabituel avec une bonne dose d'épices qu'il avait rarement goûté. Seles avait probablement fait avec ce qu'elle avait trouvé. Le résultat était tellement bon. La surprise dut se voir sur son visage mais il n'en avait cure. Il enchaîna les bouchées les unes après les autres avec impatience. Il termina son bol tellement vite que quand il releva les yeux, il vit que Seles n'avait pas pris la moitié du sien.
-C'était vraiment délicieux ! Merci beaucoup pour ce repas, vous êtes une chef, Seles !
Tout en disant cela, il se leva, emmena tous les ustensiles, exceptés le bol et la cuillère que Seles était en train d'utiliser, à la rivière et commença à les laver avec application. Les pensées du jeune homme en étaient encore au repas qu'il venait d'avaler. Seles avait de grandes qualités dans tous les domaines. On verra rarement une femme se battre à l'épée et cuisiner ensuite. Le blondin se rendit compte qu'il avait vraiment beaucoup de chance de l'avoir aidée elle. Une autre femme aurait probablement été une charge à sa manière tandis que Seles était une aide, une vraie.
Revenant à Seles avec les ustensiles propres, il vit qu'elle avait fini. Elle avait posé le bol le temps de se lever, apparemment. Aeron en profita, il lui fourra les ustensiles dans les bras et se saisit du bol pour aller le laver également. Elle s'était déjà occupée de la cuisine, il pouvait bien s'occuper du reste, non ? L'air surpris de la rouquine quand elle reçut les ustensiles propres le fit rire intérieurement. De toute manière, ce n'est pas lui qui allait ranger cela dans le sac d'une dame, ce ne serait pas correct, voyons ! Il faudrait sacrément manquer de tact pour fouiller le sac d'une dame et y fourrer des choses... cela dit, une hallebarde en cas d'urgence avec une fille blessée à porter, est-ce une exception ?
Le soleil avait dépassé son zénith. Les deux voyageurs allaient devoir se presser s'ils voulaient être à l'heure pour la prochaine étape. Un retard ne serait probablement pas catastrophique, mais on ne pouvait pas savoir ce qui pouvait arriver. Un malheur ne prévient pas, en général.
-Nous allons devoir presser le pas pour être à l'heure, Seles. J'espère que vous êtes endurante !
Il disait cela, mais il savait que le plus gros problème d'endurance sera pour son pied à lui. Bientôt, il pourra se soigner directement. Il fallait tenir une après-midi, et ce serait bon. Pour se donner du courage, il commença à marcher d'un pas aussi vif qu'il le pouvait sans se fatiguer sur la durée. Cela serait suffisant, à priori.
  L'enthousiasme du jeune homme semblait toujours au rendez-vous, et toujours aussi agréable à voir. C'est tout juste s'il ne se jeta pas carrément sur son bol, le pauvre devait être plus affamé qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle l'observait avec un léger sourire quand il recracha net sa première bouchée. Elle ouvrit de grands yeux ronds, surprise et prête à se froisser quand il émit difficilement les raisons de son manque de convenance. Ce n'était donc qu'en raison de la température volcanique du plat, et non pas pour le goût. Ouf, sa cuisine n'était pas encore remise en cause ! Elle se permit donc un léger rire amusé avant de conseiller à son camarade de manger plus doucement, et de prendre le temps de faire refroidir un peu le tout. Mais il semblait bien trop affamé pour suivre ses conseils, et s'il prit garde à ne pas se brûler, il vida le contenu de son bol en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
  Elle l'observa tout du long, se surprenant à lui trouver quelque chose d'animal. Elle chercha un long moment à quoi exactement son impression faisait référence, avant de finalement trouver. Oui, il avait tout d'un lionceau. Petit – bon il était pas si petit, beaucoup plus grand qu'elle en tout cas – blond, maladroit et vorace. C'est surtout sa touffe blonde épaisse et hirsute qui devait jouer à cette impression, et aussi ses joues rondes qui le semblaient d'autant plus une fois pleine de nourriture. Ça lui faisait toujours plaisir de voir ça, quelqu'un dévorant un plat de cette façon, ça devait signifier que c'était bon. Elle eut bientôt confirmation, car son valeureux chevalier ne lésina pas sur les compliments. Ses joues empourprèrent légèrement son visage délicat de poupée à la peau si clair, venant rappeler, en l'espace d'un sourire, la couleur flamboyante de ses cheveux.
  -Merci beaucoup, je suis ravie que mon plat ne plaise pas qu'aux renards.
  Elle ajouta à cela un petit rire gêné, se disant que finalement, c'était peut-être son plat qui rendait sauvage, quand on voyait comme l'animal de tout à l'heure avait bondi dessus pour s'en retourner aussi sec avec le butin. Aeron avait tout de même eu la correction de le manger ici, bien que ce fut très rapide. La vitesse avec laquelle il engloutit le tout l’impressionna. Elle se dit que ce devait être un truc de garçon, car Zélos aussi mangeait vite, mais après ça, forcément, il se plaignait d'avoir mal au ventre alors elle lui préparait du thé pour le soulager. Là, elle n'allait pas avoir le temps d'en préparer, alors si monsieur le guerrier avait mal au ventre, il ne pourrait que s'en mordre les doigts.
  Sélès finit tranquillement son bol alors que le blondinet s'activait à la vaisselle. Elle ne s'en vanterait pas mais, c'est vrai que c'était bon cette affaire, elle avait bien improvisé et c'était finalement moins fade qu'elle ne l'aurait pensé. Une fois son bidon bien rempli et son bol vide, elle se leva pour aller nettoyer rapidement son couvert, juste au moment où Aeron revenait avec les ustensiles propres. Il les lui casa d'ailleurs dans les bras en lui dérobant son bol, la laissant un instant plantée là à essayer de comprendre ce qu'il se passait. Bon il voulait faire l'homme de ménage modèle, tant mieux ! Elle posa sa quincaillerie sur le rocher qui lui avait servi de chaise et commença à ranger le tout dans son si petit sac très spécial. Ils ne tardèrent pas à finir de tout remballer, et il était plus que temps de se mettre en route. Ils avaient beaucoup de chemin à faire apparemment, et ce n'était pas pour impressionner Sélès. Elle n'avait pas eu tellement d'occasion de faire de la randonnée ou même de sortir en ballade ne serait-ce que sur le terrain entourant l'abbaye, mais ça ne lui faisait pas froid aux yeux. C'était son heure de gloire, elle pourrait enfin prouver sa valeur. Zélos peinerait bien à croire tout ça, lorsqu'elle lui raconterait !
  -D'accord. Acquiesça-t-elle avec un signe de tête déterminé. Et moi, j'espère que vous suivrez le rythme ! Provoqua-t-elle gentiment, avec un sourire amical.
  Même si elle fatiguait où qu'elle était au bord du malaise, elle ne le dirait pas, c'était certain. C'était sans doute un héritage des Wilder ça, quoi que sa mère avait une fierté sans borne également. Avec un patrimoine génétique aussi pimenté, on peut bien lui accorder ce vice. Elle était pleine de bonne volonté au moins, on ne pouvait pas lui retirer cette qualité. Elle était toujours encouragée à repousser ses limites, grâce à cette détermination, à cette fierté et à ce désir de prouver sa valeur.
  Elle remplit sa gourde d'eau claire et fraîche avant de talonner Aeron de près. Quelque part, elle était un peu inquiète, elle craignait de ne pas être à la hauteur, que la fragilité de son corps ne la rattrape et que, tout comme cette nuit, elle ne devienne un nouveau fardeau. Elle allait devoir faire plus attention maintenant, le combat de la veille avait eu le mérite de lui apprendre beaucoup de choses. Elle devait être plus attentive, et moins focalisée sur une cible unique. Son frère lui avait bien dit, que son regard devait englober son environnement tout entier, même dans son dos. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire, surtout une fois prise dans le feu de l'action et que le stress vient nous bloquer. C'était fou, comme elle avait l'air si sûre d'elle ! Mais si elle en avait tellement l'air, c'était avant tout pour se prouver à elle-même qu'elle en était capable. Au fond, si elle avait besoin de prouver sa valeur, c'était bien parce qu'elle n'avait pas confiance en elle. Et ce manque de confiance apparaissait chaque fois qu'elle avait l'occasion de faire ses preuves. Elle ne devait pas se laisser impressionner. C'était une promesse d'elle à elle. La prochaine fois, elle ne se laisserait pas envahir par la peur et le doute.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Lun 4 Nov - 19:49
L'après-midi s'écoula lentement. Il était hors de question de trop parler puisqu'il fallait garder son souffle pour garder le rythme. Aeron avait décidé de marcher à son rythme rapide sans se soucier de Seles. Si elle avait du mal à suivre, cela se verrait. Le véritable soucis était son pied qui le faisait encore et toujours souffrir. Chaque pas sur ce pied entraînait un pic de douleur insupportable. Le blondinet avait du mal à se retenir de boiter et de grimacer. Selon ses estimations, cela devait faire entre trois et quatre heures qu'ils marchaient sans pause. Le soleil ne tarderait pas à se coucher mais la Maison du Salut était en vue. Ils allaient être en avance si tout se passe bien. Il ne restait plus beaucoup de marche. A peine eut-il pensé à ça qu'une douleur plus forte que d'habitude lui traversa le pied. La fracture devait s'être aggravée. Selon toute probabilité, il y aurait des guérisseurs à leur destination qui pourraient régler cela, mais il fallait encore l'atteindre.
Au pas suivant, la douleur frappa à nouveau et sa jambe le lâcha. Le jeune homme s'effondra et seul son réflexe de mettre son bras devant lui l'empêcha de se retrouver face contre terre. Sous la douleur et la surprise, il poussa un court cri et le regretta aussitôt. Qu'allait penser Seles ? Qu'il était faible ? Que c'était sa faute à elle ? Allait-elle l'abandonner là pour continuer seule ? Après tout, elle veut chercher son frère et Aeron n'avait pas de solution à ce problème. Allait-il devoir ramper seul jusqu'à la Maison du Salut ? Il aurait l'air fin une fois sur le lieu de rendez-vous, à ramper.
Se retournant pour se mettre sur le dos, Aeron s'assit et retira sa chaussure pour examiner l'état de son pied. Celui-ci était horriblement gonflé. Il comprenait mieux pourquoi il se sentait serré dans cette chaussure. La marque du talon de Seles était imprimée d'un couleur oscillant entre le bleu et ne noir. Relevant les yeux, il vit cette dernière qui semblait inquiète.
-Oh Seles, je... euh... ne t'en fais pas, hein. Je me suis juste bêtement fait mal au pied. Je finirai le trajet en boitant un peu au pire.
Il avait conscience que ces explications n'étaient pas des plus convaincantes, mais c'est le mieux qu'il avait trouvé. Que lui dire d'autre ? Il ne voulait pas la faire culpabiliser. Il espérait juste qu'elle ne l'abandonnerait pas. Il donnait une image assez pathétique de lui-même. Que dire d'autre dans cette situation ?
  L'allure convenait assez bien à Sélès, qui prenait tout de même pas mal sur elle pour suivre le rythme d'Aeron. Cependant, il lui semblait qu'il marchait moins vite que la veille, ou alors, peut-être que c'était elle qui marchait plus vite, étant sans doute plus en forme que la nuit dernière. Elle avait vraiment l'impression que sa démarche était différente en tout cas, et ça n'allait qu'en empirant. On dirait que quelque chose le gênait, mais elle était bien trop concentrée sur sa respiration et ses propres pas pour oser demander quoi que ce soit pour le moment.
  Bien que plutôt intensive, la balade était finalement assez agréable. Une fois qu'ils eurent quitté les bois, ils purent se déplacer bien plus vite, et profiter du paysage garni de collines et de végétation modeste mais verdoyante. Le vent ne leur apportait que les rumeurs d'un silence dépourvu de civilisation, comme s'ils étaient les seuls êtres humains au monde. La délicieuse odeur de la nature venait toujours chatouiller leurs narines, la fragrance de la quiétude d'un monde riche en mana, du monde en sa sainte période de salut. Voilà bien longtemps que Tesséha'lla bénéficiait d'un tel privilège, si longtemps que cela semblait dans l'ordre des choses, comme si cela avait toujours était ainsi. C'était un parfum d'autant plus rassurant, qu'il était source de quiétude pour l'élu lui-même, don le périple n'avait pas encore raison d'exister. Et Sélès réalisait à cet instant que ce n'était pas quelque chose d’acquis, elle réalisait à quel point c'était une chance que de vivre en un monde en bonne santé. Elle eut envie de remercier le ciel et les anges, ainsi que la déesse Martel pour tout cela. Ses malheurs semblaient si moindres, devant tout cela.
  Malgré l'ardeur de la ballade, la rouquine parvenait à profiter de cette air pur de la campagne ainsi que du ciel azur si clément et du paysage qu'ils traversaient. Elle avait l'impression de ne plus sentir ses jambes, qu'elles se déplaçaient de leur propre chef, tout à fait indépendamment d'elle-même. Elle se dit que ça devait être le signe qu'elle était enfin parvenue à prendre le rythme de croisière. Oui, elle avait presque l'impression qu'elle pourrait s'envoler maintenant, pour parcourir des lieux et des lieux sans faiblir. Comme ça serait pratique, elle aurait vite fait de retrouver son frère avec ça ! Mais rien de si extraordinaire, elle s'était juste accoutumée de la marche, ce qui lui vaudrait très certainement de bonne courbature le lendemain.
  Elle était à quelques pas derrière Aeron, elle fixait sa tête blonde pour se donner un point auquel s’accrocher lorsqu'elle sentait une baisse de tension. Mais soudain, son point d'accroche disparut de son champs de vision. Elle resta une courte seconde hébétée, à se demander où il était passé, avant de se rendre compte que son chevalier si courageux et robuste était tombé. Avait-il trébuché ou était-ce la fatigue ? Il ne semblait pas au meilleur de sa forme. La micro seconde qui suit, elle eut un bref sentiment de fierté, qu'il soit tombé avant elle, mais elle s'enquit de sa santé aussitôt après, courant au plus vite à son chevet pour s'agenouiller près de lui.
  -Aeron, vous allez-bien ? Que vous arrive-t-il ?
  Sa voix traduisait clairement son inquiétude, alors que son esprit passait en revu tous les scénarios possibles et inimaginables sur les raisons de cette chute. Peut-être que c'était à cause des champignons ? Ou alors il s'était fait piquer par quelque chose de venimeux dans la forêt ? Ou alors c'est parce qu'il avait mangé trop vite ! Enfin non depuis le temps il en serait tombé plus tôt. Le jeune homme coupa bientôt court à ses spéculations intérieures en ôtant sa botte, assurant qu'il s'était fait mal. Ben voyons ! Elle n'avait plus six ans, elle n'était pas aussi naïve que ça. Elle remarqua tout de suite que c'était exactement ce pied qu'elle avait écrasé, et la marque sur le pauvre petit peton du garçon ne laissait planer aucun doute. Wah, attendez une seconde … C'est vraiment elle qui a fait ça ? Aurait-elle réussi à lui briser le pied ? Peut-être pas brisé, mais en tout cas il était dans un sale état. Elle n'avait pas soupçonné qu'elle aurait put être capable de ça. Oui, un nouveau sentiment de fierté naquit au fond de son cœur, mais généreusement recouvert par l'inquiétude et la culpabilité. Et la colère. C'était un idiot. Après avoir observé le résultat de son assassina d'araignée, elle donna une petit claque sur l'épaule du jeune homme – pas au point de lui démettre, une petit claque de rien du tout cette fois – en le sermonnant du regard.
  -Ça pour être bête ! Vous auriez du me le dire plus tôt ! Et ne me prenez pas non plus pour une imbécile, je sais très bien comment vous vous êtes fait cela.
  C'est avec sa frimousse mécontente qu'elle approcha doucement sa main au dessus du bobo de monsieur de le chevalier, se concentrant pour entamer un sort de soin. Elle n’était pas la reine dans le domaine, pour la simple et bonne raison que c'était celui qu'elle avait le moins travaillé. Elle n'était pas encore aussi douée que son frère pour pouvoir l'utiliser tout en combattant, mais un jour, elle y arriverait. Elle deviendrait aussi forte et douée que lui.
  Une lueur bleutée et turquoise émana doucement de sa main, et la vilaine ecchymose s’estompa doucement, ne laissant pour trace derrière elle plus qu'un bleu léger qui ne devrait pas être une grande gêne. Ce n'était pas une guérison très parfaite, elle allait devoir s’entraîner dur pour maîtriser et perfectionner cet art.
  -Si vous l'aviez dit directement ça vous aurez évité bien des soucis. Dit-elle en se relevant.
  Elle n'avait pas l'air très contente, à le sermonner ainsi, mais elle était surtout inquiète et en proie à la culpabilité. Bon, elle était en colère aussi, quand même, qu'il le lui ait caché. Quitte à faire un gros bout de chemin ensemble, autant que ça soit dans l'honnêteté la plus complète.
  Elle releva la tête vers l'horizon alors que le soleil commençait doucement à décliner. Au loin, elle pouvait apercevoir une maison du spirituelle, elle se tourna alors vers le blond.
  -C'est là bas qu'on doit aller ? Ça va aller pour vous maintenant ?
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Mar 5 Nov - 22:39
Aeron fut d'abord surpris, puis soulagé lorsque la douleur disparut. Il regarda son pied, les yeux écarquillés, puis Seles. Il mit quelques secondes à accuser le coup pendant que celle-ci le sermonnait. Elle avait raison, il aurait du en parler, mais quelque chose en lui se rebellait malgré tout. Il n'allait pas se laisser faire par sa jeune protégée, non plus ! Mais d'un autre côté, elle l'avait soigné. Il n'était pas vraiment en droit de protester. Que dire dans ces cas-là ?
-Mmmmh j'aurais peut-être du vous en parler avant, oui. Mais de toute manière, j'aurais trouvé un guérisseur à la Maison du Salut. Vous auriez pu vous-même me dire que vous connaissiez des sorts de soin. J'irai faire vérifier mon pied au cas où, on ne sait jamais, brute comme vous avez pu l'être.
Tout en disant cela, le jeune homme se releva et commença à marcher vers la direction indiquée par Seles. Ses propos étaient peut-être un peu durs mais il était blessé dans sa fierté. C'était stupide, mais il était énervé. Énervé contre cette situation et contre sa propre stupidité. Ce fut sur un ton bien plus doux qu'il reprit la parole.
-Nous allons effectivement par là. Vous voyez le bosquet à une ou deux centaines de mètres de la Maison du Salut ? C'est ici que nous avons rendez-vous. Nous devrions y arriver à l'heure.
Sans oser croiser le regard de la rouquine, il indiqua le bosquet du doigt et s'y dirigea. Il entendit sa compagne de voyage marcher derrière lui, mais il n'y avait aucun moyen de savoir ce qu'elle pouvait maintenant penser. Le Haïssait-elle ? Ce ne serait pas étonnant, odieux comme il l'a été. Que dire pour rattraper ça ? Lui qui voulait éviter de la faire culpabiliser, il avait proféré les pires propos possibles et avait même mis en doute ses capacités de soigneuse. C'est un affront dont il risquait de sentir les conséquences à coup sûr ! Il assumera sa bêtise jusqu'au bout, il ne sera pas dit qu'il fuira ses responsabilités.
Ils approchaient du bosquet et chaque pas à présent leur faisait mieux réaliser la taille des grands arbres de ce bosquet. Normalement, à l'intérieur de ce bosquet se trouvait la charrette et tout ce qu'il fallait. Ils y serait dans une dizaine de minutes, quinze tout au plus et le soleil n'était pas encore couché. Ils étaient pile dans les temps. Seles marchait toujours derrière, Aeron l'entendait, mais il n'osait toujours pas se retourner. Il était difficile d'imaginer ce qui pouvait se passer dans la tête de la rouquine.
  Imbécile et de parfaite mauvaise foi avec ça ! C'était du joli ça, monsieur Blondi ! Elle était tombée sur quelqu'un qui avait autant voir plus de fierté qu'elle, avec ça, ça promettait de bonnes séances de crêpage de chignon. Ah, vraiment, elle n'avait jamais vu ça. Il faut dire que c'était la première fois qu'elle apprenait vraiment à connaître quelqu'un, elle allait sans doute passer de surprise en surprise de ce côté-là. Elle lui en aurait bien collé une, tiens, s'il ne s'était pas levé et éloigné en même temps qu'il crachait son venin. Un coup de pied n'aurait pas été moins mérité, mais cela aurait parut puéril, et puis elle n'était pas là pour se battre contre sa seule chance de fuir et de survivre dans ce monde hostile. Mais en plus d'être de mauvaise foi, il semblait presque considérer que le sort qu'elle avait utilisé était inutile. Oui, il venait de la blesser profondément dans sa fierté, et le pire, c'est qu'elle ne pouvait même pas s'offusquer étant donné que tout ça était de sa faute à la base, puisque c'était elle qui lui avait écrasé le pied. Mais tout de même, il serait bon de mettre les choses au clair : certes elle lui avait écrabouillé le pied, mais elle n'avait jamais demandé à ce qu'il reste sans soin ! Elle lui avait demandé si ça allait, et c'est lui seul qui avait pris la décision de feindre l'ignorance. Comment pouvait-elle lui reprocher de ne rien lui avoir dit sur ses sorts de soin ? Il ne lui avait pas demandé, et puis elle ne lui devait pas de CV non plus. Sinon il fallait prévenir. Et pour couronner le tout, il l'insultait de grosse brute mal léchée – pas exactement en ces termes, mais elle l'interpréta ainsi et même pire.
  Elle resta un instant planté à sa place, le fixa d'un air bougon, crachant presque des flammes de rage par les yeux pour lui lancer une malédiction qui lui vaudrait des épines dans les pieds jusqu'à la fin de son existence et au-delà. Son chevalier mal léché, lui, avançait déjà vers leur destination. Elle avait bien envie de se jeter sur lui pour le déchiqueter et lui dire le fond de sa pensée, elle aurait pu le remettre à sa place comme ça. Bon, en l'occurrence, sa place initiale était celle de son geôlier, alors elle n'était même pas sensée lui adresser la parole. Et puis même sans cela, c'était un humain, et elle une demi-elfe, et ces premiers étaient bien connus pour le traitement qu'ils réservaient à ces derniers. Finalement il n'était peut-être pas si différent ! Il semblait rechigner à être épaulé par une demi-elfe, et puis il avait dit cette chose dans les mines. Soit c'était du racisme, soit c'était du sexisme, voire un peu des deux. C'était plutôt décevant, elle qui le pensait assez exceptionnel. Bon, elle en faisait beaucoup pour une petite dispute, mais elle n'était après tout qu'une môme de quinze ans, et elle était vexée et rancunière. Il allait en prendre pour son grade. Elle pouvait peut-être paraître mature sur certains points, mais elle n'en restait pas moins une jeune fille en pleine crise d'ado ! Et il y avait des choses à ne pas prendre à la légère, comme sa fierté.
  La rouquine finit tout de même par suivre le mouvement, d'assez loin cela dit, en traînant un peu le pas. Elle boudait de la façon la plus puérile qui soit, mais tant pis pour lui. Elle fulminait intérieurement, triant ses invectives pour enfouir les plus mauvaises et les moins justifiées. Finalement, n'en tenant plus, elle explosa.
  -Et bien la prochaine fois je vous laisserai vous vider de votre sang en espérant que vous le trouviez vite, votre soigneur.
  Ceci étant dit d'un ton des plus secs et rêches, parfaitement cinglant et tranchant. Sa contrariété en était presque palpable et elle avait même haussé légèrement le ton pour qu'il entende, étant donné qu'en raison de son rythme ralenti, elle se retrouvait quelques petits mètres derrière lui. Pour Sélès, à cet instant, la colère était bien plus grande que la culpabilité. Si c'est pour réagir comme ça, il l'avait bien mérité de toute façon. Elle ignorait si Aeron avait déjà fréquenté beaucoup de filles par le passé, mais en tout cas avec elle, il allait vite apprendre ce qu'il en coûtait d'en vexer une, parce que celle-là allait rester contrariée longtemps. Et comme elle se renfrognait toute seule, elle eut soudainement un grand sentiment de solitude, qui ne poussa que plus encore son cœur à se révolter. Elle avait juste envie de rentrer au plus vite et retrouver son frère. Mais rentrer où ? Elle n'avait pas de maison. Et retrouver son frère où ? Elle était bloquée et ça l'énervait encore plus. Elle avait juste envie de s'arrêter, de s’asseoir là, au milieu de nulle part, et d'attendre son frère en croisant les bras. Mais elle continuait de marcher à rythme ralenti. Elle allait sans doute envoyer paître la prochaine personne qui aurait le malheur de lui adresser la parole – et comme il n'y avait pas grand monde à part Aeron … Ou alors elle s'enfermerait dans un mutisme tout aussi explicite.
  Bref, elle boude.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Mer 6 Nov - 17:53
La remarque de Seles l'atteignit de plein fouet. Il se doutait qu'il allait se prendre une remarque, mais celle-là avait fait mouche. Le jeune homme se retint de s'arrêter. Il continua à marcher le rythme régulier tandis que la culpabilité le rongeait de plus en plus à chaque pas. Il finit par se retourner, prêt à s'excuser, mais le regard furibond de la rouquine l'en empêcha. Il avait l'impression de se faire foudroyer sur place. Pourquoi avait-il été si stupide ? Ne pouvait-il pas simplement mettre sa fierté de côté ? Il ne voulait pas être un fardeau à nouveau, il voulait être utile, protéger d'autres par lui-même ne plus dépendre d'une protectrice. Regardant à nouveau devant lui, il inspira à fond, et se retourna à nouveau :
-Ecoutez, Seles, je n'aurai pas besoin d'un soigneur. Vous avez fait un travail formidable et je me suis montré ingrat. Je vous prie de bien vouloir m'excuser.
C'était loin d'être suffisant, il en était conscient. Il était inexcusable, sur ce coup. Il s'en voulait d'avoir été aussi stupide. A mesure qu'ils approchaient du bosquet, il croisait les doigts intérieurement pour que tout s'arrange. Si leur contact les voyait en froid, cela n'arrangerait rien. Déjà que Seles n'était pas prévue dans l'équation à la base, mais si en plus ils se criaient dessus, cela n'aiderait pas du tout. A ce propos, il allait falloir convaincre Seles de se plier à la solution de rechange de son plan. Comment faire ? Devait-il lui imposer cela comme une condition de survie ? Non, lui imposer quelque chose n'irait pas. Aeron se sentait déjà assez coupable comme ça, il n'allait pas en rajouter.
-Je dois vous dire... Je vais devoir vous demander quelque chose qui risque de ne pas vous plaire. Acceptez-vous de m'écouter ?
Il craignait qu'elle refuse tout net. Ils arrivaient au bosquet et entre les arbres, on pouvait déjà apercevoir une charrette, même si son propriétaire n'était pas en vue. Il ne restait plus qu'à espérer que Seles se calme... Ce n'était pas gagné ! Si Seles refusait d'adhérer à son idée, qu'allait-il faire ? Il ne pouvait pas l'abandonner là, c'était hors de question. Il faudrait changer leur emploi du temps, ce n'était pas une catastrophe. Tout dépendait donc des choix de la jeune Wilder.
  Elle s'arrêta de pied ferme lorsque le blondinet se tourna finalement vers elle. Quoi, qu'est-ce qu'il avait encore ? Il voulait un coup de boule peut-être ? Ça lui faisait pas peur, attendez juste un instant qu'elle grimpe sur une souche et elle lui briserait le dentier ! Cette avertissement semblait tangible dans son regard, elle se demanda d'ailleurs si ce n'était pas ça qui l'avait impressionné et qu'il s'était donc ravisé de tout commentaire. Il l'aurait sans doute senti passé s'il s'était avisé de l'affronter, elle aurait bien été capable de lui remettre le pied dans pire état que tout à l'heure. Mais rien de provoquant, non, il reprit la marche et proféra même des excuses auxquelles elle ne s’attendait certainement pas. Elle resta interdite un court instant, grandement surprise par le changement de comportement soudain du garçon. A quoi il jouait ? Depuis quand quelqu'un pouvait donc se montrer si lunatique ? Était-il moins stupide que les autres pour reconnaître ses torts ? Non ! Il était juste plus retors et malin, avec une pointe de lâcheté. Il cherchait à la flatter juste pour s'en sortir indemne, il voulait l'amadouer pour qu'elle ne fasse pas d'histoire et qu'elle continue de le suivre gentiment. Mais c'était la deuxième fois que sa véritable nature ressortait au grand jour ! Il cachait bien son dégoût et la haine, mais elle n'était pas dupe, avec ce qu'il avait marmonné dans la mine, elle était maintenant persuadée qu'il la menait en bateau. Qu'est-ce qu'il voulait alors ? La vendre ? Se garder pour lui seul la sœur du riche Zelos Wilder pour en soutirer une forte rançon ? C'était bien plus plausible que la théorie du vaillant chevalier accourant au secours d'une jouvencelle en détresse !
  Elle avait l'impression de se faire prendre pour une bonne poire, et pour cette raison et bien d'autres, non, elle n'allait certainement pas lui accorder son pardon ! Et que lui restait-il à faire maintenant ? S'il était vraiment le sale malfrat vicieux qu'elle pensait, était-il seulement mieux pour elle de s'enfuir seule maintenant ? Que ferait-elle toute seule ? Elle n'avait pas de plan, nulle part où aller, aucun moyen de contacter son frère ! Elle ne savait même pas où elle était. Il y avait toujours la maison Spirituelle, mais si elle s'y présentait, elle se ferait cueillir par les hommes du Pontife ! A moins qu'elle ne trouve un déguisement … Mais elle devait rester calme pour le moment. Elle continua de le suivre de loin, cherchant un moyen sûr de se carapater discrètement et rapidement. Elle n'aurait jamais du le soigner, rha ! Maintenant c'était certain, il la rattraperait en moins de deux si elle tentait quoi que ce soit.
  Ils arrivèrent bientôt aux abords d'un bosquet, et elle était de plus en plus méfiante. Pourquoi y avait-il une charrette là-bas ? Et puis c'était qui son contact ? Il voulait la vendre, à coup sûr ! Ou peut-être pire. Peut-être que c'était un bourreau et qu'ils enverraient des petits bouts d'elle à Zélos toutes les semaines pour l'encourager à verser une rançon des plus salées ! Son cœur s'emballa tout à coup, elle se sentait prise au piège. Elle trouvait soudainement son chevalier à la fois trop silencieux et aussi bien trop gentil pour que cela fasse vrai. Il avait tout fait pour l'amadouer, pour qu'elle le suive sans trop de question ni résistance, pour attirer sa sympathie. Oui, c'était vraiment trop louche. Comment avait-elle pu être si naïve ? C'était pourtant si évident.
  Ah et maintenant c'était le bouquet. Une question louche, vraiment louche, des plus louches même ! Si elle disait oui, elle était presque sûre que le piège se refermerait sur elle. Mais en même temps, ça ne changerait rien si elle l'envoyait bouler, c'était déjà trop tard ! Elle fronça doucement les sourcils en prenant appui sur ses jambes, prête à se défendre, elle glissa doucement sa main dans son sac pour pouvoir sortir son épée rapidement si nécessaire.
  -Quoi ? Dit-elle finalement d'un ton plutôt méfiant et hostile.
  Le soleil avait dangereusement décliné, et la pénombre apportée par sa fuite rendait la scène plus inquiétante et douteuse encore. Elle s'attendait presque à voir une horde de bandits surgir de nulle part pour s'emparer d'elle. Elle eut d'ailleurs un petit coup d’œil circulaire autour d'elle par précaution, mais elle ne vit rien pour appuyer ses craintes.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Mer 6 Nov - 23:02
L'humeur de la rouquine semblait avoir empiré, si c'était possible. Comment se faire pardonner ? Ce n'était pas le sujet le plus urgent mais malgré tout, Aeron n'arrivait pas à ne pas y penser du tout. Il appréciait Seles et ne voulait pas qu'elle le déteste. Il dut malgré tout enchaîner et poser la question qui posait problème :
-Dans un but de diversion, nous allons devoir aller à la Maison du Salut et y passer la nuit tout en faisant croire que nous allons à Meltokio. Cependant... si un noble se montrait avec une...
Les mots avaient du mal à sortir. Il considérait Seles comme une personne et n'avait cure de la race à laquelle elle appartenait, mais hélas, ce n'était pas le cas du reste du monde, surtout avec les mesures prises par le Pontife.
-Comprenez-moi bien, je n'ai rien contre vous, mais les demi-elfes sont mal vus et un noble ne peut pas avoir une relation d'égal à égal avec une demi-elfe sans que cela attire la méfiance des autres. C'est pour cela qu'il faudrait peut-être vous faire passer pour... une servante. Désolé, je...
Il allait expliquer à quel point les préjugés sur les demi-elfes le répugnaient, mais il n'eut pas le temps. Une voix se fit entendre derrière lui. Cette voix, il ne l'avait pas entendue depuis longtemps et elle l'emplissait d'une joie sans borne. Elle lui fit oublier Seles et la colère de cette dernière pendant un instant.
-Coucou Aeron, tu es sacrément grand et fort, maintenant, on dirait.
Aeron se retourna rapidement et il ne put contenir le sourire qui éclairait son visage. Elena n'avait pas changé. ses yeux verts le fixaient de leur éclat vif, ses longs cheveux d'une couleur blond cendré s'arrêtait au niveau des hanches. Deux mèches sur le devant soulignaient ses formes très généreuses que la robe noire, d'une simplicité qui attestait du manque de richesse de sa propriétaire, ne pouvait pas cacher. Grande et fine de partout en dehors de la poitrine, elle aurait facilement le regard de tous les hommes si elle n'était pas demi-elfe et se mettait un peu plus en valeur. Cela, cependant, n'intéressait pas Aeron. Il la voyait comme une grande soeur et il parcourut les quelques mètres la séparant en courant pour ensuite la prendre dans ses bras, la porter en tournoyant sur lui-même tout en riant.
-Elena, tu n'as pas changé ! Cela faisait longtemps ! Pour qui travailles-tu maintenant ? Tu ne me l'as pas dit dans tes dernières lettres.
Il reposa la femme qui, d'un air gêné, répondit de la même manière qu'elle aurait avoué une faute :
-Je suis au service du comte Orzhov, mais ne t'en fais pas, ce n'est pas si horrible qu'on le dit.
Elle se mit à sourire tandis qu'Aeron essayait de se ressaisir. En entendant le nom du comte, les couleurs avaient déserté son visage, mais il parvint malgré tout à sourire ensuite. Il y avait des choses importantes à voir tout de suite et le moment n'était pas aux inquiétudes de ce genre. Seles devait se demander ce que voulait dire tout ceci. Le blondinet se retourna vers la rouquine et tenta d'oublier le fait qu'elle était fâchée.
-Seles, je tiens à vous présenter Elena. Elle est... une amie très chère. C'est elle, notre contact. J'avais préparé ma désertion avec son aide. Elle a apporté ce dont on pourrait avoir besoin pour la suite de notre périple.
Il avait hésité un instant sur les mots à employer pour présenter celle qu'il considérait comme une grande sœur. Seles aurait peut-être trouvé cela bizarre, surtout après qu'il ait dit qu'un noble en compagnie d'une demi-elfe n'était pas correct selon les mœurs de la cour. De toute manière, ils auraient l'occasion de discuter un peu plus tard, il fallait d'abord voir la suite du plan.
-Je vous adresse mes salutations, Dame Wilder. C'est un plaisir de faire votre connaissance.
Toujours impeccable sur l'étiquette, les salutations de ce genre étaient la routine pour Elena. Sa rapide révérence en tenant les côtés de sa robe fut parfaite, effectuée avec élégance mais simplicité. Elle n'avait décidément pas changé.
  Il était bien trop lent dans ses explications, ce qui lui donna une terrible envie de le frapper pour qu'il crache le morceau une bonne fois pour toute et sans passer par quatre chemins. Elle était partie pour rester de mauvaise humeur jusqu'à demain, alors ce n'était pas le moment de la faire lambiner. La méfiance qu'elle portait à présent envers son chevalier rendait ses tiques et sa prétendue délicatesse que plus insupportable. Et si elle lui donnait une grande claque en lui disant quelque chose comme ''arrête de prendre des gants avec moi et vas-y, crache-le ton mépris, humain !''. Ici, à Tesséha'lla, le terme de ''racisme'' n'avait même pas sa place, tant la ségrégation des demi-elfes était commune et semblait parfaitement normale pour la majorité des gens, qu'ils soient humain, elfes ou même demi-elfes. Tout le monde ne trouvait pas forcément cela juste, mais c'était normal pour eux, car ça avait toujours était comme ça. ''Humain'' résumait bien alors le ressenti d'un demi-elfe qui se sentirait rejeté.
  Le verdict tomba finalement, et Aeron voulait simplement mettre Sélès au courant de leur prochaine couverture. Elle devait jouer les servantes ? Ben voyons, il n'avait rien trouvé de plus original ? Elle n'avait jamais été bichonnée comme une princesse, elle prenait même part équitablement aux corvées à l'abbaye. Ni maître, ni servante, elle était juste leur égale là-bas. Le fait de se faire passer pour une servante ne la dérangeait donc pas tant en soi, ce n'est pas ça qui allait atteindre sa fierté, mais la façon dont l'avait proposé Aeron laisser redouter bien pire que ce qu'elle s'imaginait de cette fonction. Elle savait que sa mère avait été la servante de son père et … Ho, attendez un instant. Est-ce que c'était courant ce genre de relation entre un maître et sa servante ? Est-ce que c'est ça qu'il voulait sous-entendre ? Elle le fixa d'un air farouche et s’apprêtait à rétorquer quelque chose de cinglant – ayant initialement l'intention de se faire prier juste pas principe, parce qu'elle boudait – mais une voix étrangère la coupa dans cet élan. Elle sursauta légèrement de surprise, mais distinguant aussitôt que c'était une voix féminine, elle ne s'alarma pas le moins du monde.
  Elle assista ensuite à une scène bien étrange de retrouvailles affectives, durant laquelle elle eut bien envie de s'enfuir vite fait, pendant que personne ne prêtait attention à elle. Mais elle n'en fit rien, car quelque chose l'en empêcha. Un détail aussi important que surprenant … Cette fille, qu'Aeron venait d'étreindre si chaleureusement … Elle aussi c'était une demi-elfe. Elle avait l'air beaucoup plus vieille que lui aussi. C'était sa petite amie ? Vu la couleur de ses cheveux, elle aurait très bien pu être sa sœur aussi. Peut-être que lui aussi avait une sœur demi-elfe ? Alors ça voulait dire qu'Aeron n'était pas l'humain raciste et fourbe qu'elle aurait soupçonné ? Ben, peut-être qu'il l'avait payée cette fille, pour se faire passer pour une copine et mieux l'amadouer! Après tout, quoi de plus facile pour un humain, pour amadouer une demi-elfe, que de lui présenter une autre demi-elfe super friendly ? Bah, traîtresse ! Ça se trouve elle n'était même pas demi-elfe et ce n'était qu'un camouflage particulièrement bien réalisé. Non, elle était bien demi-elfe, elle le sentait au fond de ses tripes. Ils semblaient tellement sincères tous les deux, elle se sentait un peu bête – ce qui, tenez-vous bien, l'énerva encore plus. Elle en viendrait presque à croire qu'il l'avait fait exprès pour qu'elle se sente ridicule ! Oui, Sélès allait voir des complots partout maintenant.
  Aeron présenta bientôt son amie, et la rouquine se sentit encore plus bête, ne sachant comment réagir, surtout devant les manières irréprochables de la jeune femme lorsqu'elle la salua. Encore un peu renfrognée, et surtout très intimidée, la demoiselle détourna légèrement la tête en rougissant discrètement.
  -Je ne suis pas une dame. Trancha-t-elle, d'une voix ferme mais sans animosité. Les bâtardes n'ont pas le droit à ce titre, encore moins les demi-elfes.
  Depuis la mort de sa mère, et ça remontrait déjà plus loin qu'elle ne saurait s'en souvenir clairement, elle n'avait jamais plus eu à faire à un seul demi-elfe de toute sa vie. On pouvait dire qu'Elena était la première qu'elle rencontrait, et elle ne savait pas du tout comment se comporter envers elle. Elle sentait comme son égale, mais était-ce seulement réciproque ? Elle avait l'air plutôt gentille en plus, ce qui pour sûr n'était pas certainement pas le cas de notre petite teigne ! Bon il fallait faire un truc quand même, elle boudait Aeron, elle, elle n'avait rien fait, la pauvre. Elle lui adressa alors un léger sourire qui traduit son embarras et baissa la tête en s'inclinant respectueusement.
  -Mais le plaisir est partagé, je suis enchantée de vous rencontrer. Je suis vraiment désolée si ma présence chamboule tous vos plans, je ferai de mon mieux pour ne pas être un fardeau.
  Elle eut presque envie de lui dire qu'elle était la première demi-elfe avec qui elle faisait connaissance, mais elle trouva cela déplacé. Elle ne s'était pas une seule fois tournée vers Aeron, et elle semblait même l'ignorer royalement. Oui elle était encore fâchée, et elle le resterait sans doute encore après qu'elle en ait oublié les raisons. Ce n'était pas très gentil, et une fois sa colère apaisé elle allait s'en vouloir, mais tant pis. De toute façon, elle n'avait même pas de contrôle là-dessus, c'était purement impulsif, et sur le coup, elle ne pensait pas au mal qu'elle pouvait engendrer. Elle devrait prendre un peu de recul pour cela.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Jeu 7 Nov - 22:05
Les réactions de Seles qui était apparemment décidée à l'ignorer le blessaient. Aeron savait qu'il avait été brusque et un peu idiot, mais tout de même ! Le mieux était peut-être de trouver un moyen de la faire partir seule de son côté ensuite, qu'elle soit débarrassée de lui. Elle serait peut-être mieux comme ça. Mais dans l'instant, une chose le turlupinait. Comment est-ce qu'Elena savait qui était Seles ? Il se tourna vers la servante mais celle-ci avait déjà deviné la question.
-Oui, je sais qui elle est. Quelqu'un est venu me voir chez moi le soir même de la fuite de l’Élu. Il ne m'a pas donné son nom mais je l'ai reconnu, il est le majordome des Wilder. Il avait apparemment déjà enquêté sur tout ce que tu avais prévu, sur ordre de son maître, probablement, car il avait déduit une grande majorité du plan.
Quelqu'un avait enquêté sur ses préparatifs ? Tout ? Mais qui ? Pourquoi ? Bon, réfléchissons une seconde, le "qui" est évident : Zelos Wilder. Son majordome n'a pu agir que sous ses ordres. Pour ce qui est du pourquoi... L'enquête n'était peut-être pas à la base pour surveiller des plans d'évasion. Il a pu s'inquiéter pour sa sœur et enquêter sur chaque personne qui participer à la garde de sa prison. Si c'était le cas, alors il était tombé sur des éléments étranges et a enquêté sur les préparations de l'évasion. Cependant, il est impossible qu'il sache pour les dernières étapes, et il ne peut pas savoir s'il a emmené Seles ou non. Après tout, il n'avait pas prévu la présence de Seles et la prendre avec lui est un choix qui l'avait lui-même étonné à la base. Il ne pouvait juste pas la laisser là. Il n'aurait jamais pu se regarder dans un miroir avec ça. Encore perdu dans ses réflexions, il mit un instant à saisir le sac qu'Elena lui tendait.
-Il m'a donné ça pour votre compagne de voyage.
Un sac ? Y avait-il un piège quelque part ? Et si ce n'était pas Zelos Wilder qui avait donné ce sac mais des hommes du Pontife ? Non, c'était stupide, ils ne savaient pas encore... mais si c'était le cas ? Jetant un coup d’œil dans le sac, la première chose qu'Aeron vit fut un soutien-gorge avec des vêtements en-dessous. Le rouge lui monta aux joues et il n'avait rien à envier à une tomate lorsqu'il demanda d'une petite voix gênée à Elena :
-Peux-tu vérifier qu'il n'y a pas de piège ? Que ce ne sont que des vêtements ?
-Oh il n'y a pas que ça, il y a également quelques rations de viande séchée, une pierre à aiguiser et diverses choses. J'ai tout vérifié et ai réorganisé le sac.
Tout en disant cela, elle arborait un grand sourire innocent. Ce sourire, Aeron l'avait déjà vu les autres fois où Elena l'avait taquiné. Elle avait donc fait exprès de taquiner le jeune homme en mettant le soutien-gorge sur le dessus. Elle ne changera jamais. De toute manière pour donner des vêtements dont des sous-vêtements, il y avait de grandes chances que le paquet provienne effectivement de la maison Wilder. Comment cela se faisait-il ? Comment l’Élu avait-il pu organiser cela ? Il avait apparemment fui le palais en toute hâte, il est évident que les Gardes Pontificaux ont cherché dans la maison Wilder. La seule explication serait que son plan était déjà prêt et il avait du se méfier de son entrevue avec le Pontife. Les consignes ont donc été données en cas de non-retour à la maison, et il s'était douté qu'il emmènerait Seles. Cependant il ne pouvait pas être certain, il devra de toute manière vérifier d'une manière ou d'une autre. La plus simple serait d'aller à l'abbaye même si ce serait risqué. Logiquement, il pourrait tracer leur parcours jusqu'à leur prochaine destination où ils pourront rester quelques jours. Mais pour découvrir tout ça et prévoir ça au cas où, cela voulait dire que ce Zelos Wilder était soit un génie, soit un paranoïaque, peut-être même les deux.
-Haha l'immonde petit... Seles, votre frère est un malin. Je dois m'excuser d'avoir douté du fait qu'il s'inquiéterait pour vous. Il nous offre là une occasion de peut-être le retrouver. Il pourra nous tracer jusqu'à notre prochaine destination, à priori.
-Ceci est donc pour vous, Seles, mais je dois vous prévenir, je pense que la personne qui a pris certains vêtements n'a pas prévu le fait que vous pouviez grandir.
-Grandir ? Comment ça ?
Pour toute réponse, Elena se cambra légèrement en arrière mettant en évidence son opulente poitrine. Aeron comprit et retrouva une couleur rouge qui montrait son embarras revenu. Dans un mouvement un peu exagéré, il se retourna et se dirigea vers le chariot.
-Je vais prendre les affaires que tu as amenées. Je vais devoir me changer, ne venez pas près du chariot s'il vous plait.
Il crut entendre Seles parler à Elena, mais il préférait ne pas regarder Seles après ces scènes gênantes. Contournant la charrette, il prit les pièces d'armures et les vêtements dans le sac et se changea en se servant de la charrette comme d'un paravent. Il espérait que tout irait comme selon le plan. Le jeune homme réalisa alors que la révélation à propos du frère de Seles lui avait fait oublier son projet de trouver une solution pour que Seles et lui partent sur des chemins différents. Dans le fond, il pensait que c'était tant mieux, il aurait du mal à se passer de sa compagnie.
  Sélès avait pensé qu'Elena connaissait son identité du simple fait qu'Aeron le lui aurait dit précédemment, mais ce dernier semblait surpris qu'elle en sache tant, alors cette supposition devait être erronée. Elle porta alors son regard sur la jeune femme pour écouter ses explications. Alors comme ça, elle avait vu Sébastien ? Exactement l'homme que Sélès voulait aller voir, car lui seul pourrait l'aider à retrouver son frère. Il était d'ailleurs la seule personne en ce monde en qui elle avait vraiment confiance, avec son frère bien entendu. Sébastien était de ces humains parfaitement exceptionnels car totalement fiables. C'était un allié de taille sur qui les Wilder avait toujours pu compter. Elle fut comme soulagée d'entendre parler de lui, car quelque part, cela la rapprochait indirectement de son frère.
  La jolie demi-elfe aux cheveux blonds sortit ensuite un sac destiné à la petite rouquine, qui eut un geste pour le prendre, se faisant cependant devancer par Aeron. Ce geste ne raviva qu'un peu plus son air bougon, surtout quand il se permit de jeter un œil dedans. Qu'importe ce qu'il pouvait y avoir à l'intérieur, ça lui appartenait, et il n'avait aucun droit de fouiller SES affaires. Franchement, où est-ce qu'il avait été élevé pour croire qu'il est normal de fouiller comme ça dans les affaires des autres ? D'autant plus dans le sac d'une dame ! Et bien, non, monsieur le chevalier blondinet, ça ne se fait pas ! Il semblait grandement perturbé par le contenu, ce qui contraria un peu plus la demoiselle qui n'était que plus impatiente de voir ce que lui avait fait parvenir son frère. Elle trouvait ça un peu étrange tout de même. Elle avait une grande estime de son frère et du pouvoir qu'il détenait, mais de là à être si informé et prévoir cela sur tant de théories hasardeuses ! Faire confiance à une parfaite inconnue qui plus est ? Alors qu'elle aurait très bien pu avoir la malhonnêteté de comploter contre eux dans un but lucratif ? Sélès restait méfiante. On lui avait appris à ne pas se fier aux apparences, et sous leurs airs tout mignon-gentil, ils cachaient peut-être de sombres projets. Tout était réuni pour la rassurer, et c'est justement cela qu'elle trouva louche.
  La demoiselle put enfin prendre possession de ses biens et commença en fouiller dedans discrètement pour voir par elle-même ce qui lui avait été laissé. Elle balaya le soutien-gorge d'un revers de main et jeta un œil discret sur la taille tout en le laissa au fond du sac, bien caché. Ben, en fait, il était à la taille juste au dessus que celui qu'elle portait, ça devrait donc aller. S'il y avait bien un truc pour lequel son frère était doué, c'est déterminer les mensurations d'une femme, même lorsqu'il ne l'a pas vue depuis trois ans. Mais elle doutait toujours du fait que tout cela soit vraiment de lui.
  Décidément, Aeron était toujours de plus en plus indiscret. Qu'il se mêle de ses affaires, boudiou ! Ah, elle était encore fâchée contre lui, et elle n'avait pas encore oublié pourquoi. Sa remarque sur Zélos n'arrangera rien, elle était contrariée qu'il ait put douter de lui, et par conséquent, de la croire naïve en plus d'être d'inutile. Bien sûr que son grand frère allait s'inquiéter pour elle ! Non mais ! Il ne comprenait pas toujours ce qui était le mieux pour elle, mais il avait toujours agi en sa faveur, jusqu'à aujourd'hui. Elle lui en voulait un peu à vrai dire, d'avoir privilégié cette ninja plutôt que leur sécurité à tous les deux. Elle ne manquerait pas de le sermonner quand elle le verrait, en espérant qu'il ne soit plus avec cette fille.
  Le jeune chevalier se décida enfin à s’éclipser un moment, souhaitant se changer, priant les deux demoiselles de ne pas s'approcher du chariot. Sélès haussa les épaules à cette remarque, ne voyant pas ce qu'elle irait faire par là-bas, elle n'avait aucune envie de le voir cul-nul (pas encore!). Il s'éloigna enfin et Sélès prit le temps de s'asseoir sur une souche, un peu songeuse. Elle était si impatiente de retrouver son frère, pour qu'il arrange vite cette sale affaire et qu'ils reprennent ensemble la vie normale à laquelle elle n'avait jamais pu goûter.
  Elena engagea rapidement la conversation, d'un air toujours aussi doux et guilleret. C'était très appréciable, de pouvoir enfin parler à une fille, et demi-elfe en plus de ça ! Elles se moquèrent gentiment du pauvre garçon qui se retrouvait finalement à représenter une nouvelle minorité. La blonde fit cependant de son mieux pour rassurer Sélès au sujet du jeune homme, lui assurant que malgré sa maladresse, il n'était vraiment pas un mauvais bougre, et qu'il avait vraiment un bon fond. Hm, peut-être bien. C'était ce qu'elle avait vu en premier chez lui après tout, et un dicton disait bien que la première impression est toujours la bonne … Peut-être qu'elle avait été un peu dure avec lui. Allez savoir si l'envie de s'excuser lui viendrait un jour ! Peut-être, mais beaucoup plus tard, lorsque ses doutes se seront totalement effacés de son cœur et qu'Aeron serait devenu un vrai bon ami proche. Wah, elle envisageait d'aller jusque-là ? Pourquoi pas, si elle en avait le temps.
  Et comme monsieur prenait son temps, sa vieille amie ne tarda pas à le taquiner sur le fait qu'il était ''pire qu'une fille'', ce qui fit bien rire Sélès. L'atmosphère semblait enfin s'être détendue.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Ven 8 Nov - 22:29
Les épaulières et l'épée étaient moins lourdes qu'Aeron s'y était attendu. Le forgeron qui s'en était occupé était un véritable artiste. Elena ne s'était pas trompée en le choisissant, il faudra qu'il lui demande de le féliciter. La petite arbalète était assez étrange au premier abord mais elle était très ingénieuse. Un système s'apparentant à celui du sac de Seles contenait une longue chaîne. La pointe au bout de la chaîne était dans l'arbalète et sortait la chaîne lorsqu'elle était tirée. Avec son attirail, il ignorait de quoi il avait l'air mais une chose était sûre, il était content de récupérer son exsphère qui se trouvait sur le dos de la main, près de l'arbalète.
Satisfait, il retourna vers les filles qui riaient ensemble. Voir le sourire de Seles le rassurait. Il avait peur d'avoir réellement fait du mal à la jeune fille et était maintenant rassuré. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle lui pardonne un jour son écart de conduite. Il espérait ne pas avoir commis une nouvelle gaffe quand il avait voulu vérifier qu'il n'y avait pas un piège dans le sac. Après tout, c'était à elle... le souvenir du soutien-gorge et du sous-entendu d'Elena le tarauda et il n'osa pas regarder Seles, de peur que son regard dérive vers la poitrine de la jeune fille. Son regard se fixa alors sur Elena et le jeune homme évita de parler directement à Seles.
-Elena, on va aller à la Maison du Salut pour la nuit. Comme prévu, je jouerai mon propre rôle pendant que tu seras ma servante. Seles devrai également jouer le rôle de la servante. Donne lui une de tes grandes capes à capuche. Il n'est pas inhabituel de voir un noble avec des servantes qui ne s'exhibent pas du tout quand ils sont de sortie. Cela évite les regards déplacés et... Bref.
Il espérait que Seles accepterait de se prêter au jeu et surtout qu'il n'y aurait pas de remarque déplacée. Les nobles en sortie avec des demi-elfes de sexe féminins profitaient souvent d'elles d'une manière ou d'une autre. Si Seles découvrait cela, accepterait-elle encore de le faire ? Aeron n'avait pas d'autre plan sous le main pour continuer de créer des diversions et ils avaient besoin de faire ces diversions autant pour eux-même que pour Zelos. Il s'en rendait compte, maintenant, son plan favorisait la confusion dans la Garde Pontificale et l’Élu pourrait peut-être en tirer parti.
-Allons-y. Je me mettrai à l'arrière de la charrette pendant que vous la conduirez. Les gens de la Maison du Salut ne seront pas méfiants si nous arrivons tranquillement par la route qui passe à côté du bosquet. Une fois arrivés à destination, laissez-moi parler, je m'occuperai de tout.
Dit comme cela, on pourrait croire qu'il était confiant. Cependant il passait son temps à douter. Tout allait-il bien se passer ? Il n'était pas question que de lui, là. S'il arrivait malheur à Seles par sa faute, il s'en voudrait longtemps et un certain rouquin lui tomberait également dessus avec des comptes à rendre. On pouvait d'ailleurs se demander comment il s'en sortait, de son côté. Comment était la ninja qui était avec lui ? Il n'osait pas demander à Seles et avait peur de ne pas avoir une version objective. Était-elle un dangereux assassin au sang froid ? Aeron l'imaginait souple, fine de partout, discrète, pas bavarde, froide avec les gens et habillée avec une tenue noire cachant tout excepté les yeux. La question demeurait : comment Zelos Wilder s'était-il mis dans le pétrin à cause de quelque dans ce genre ? Poser la question à Seles lui brûlait les lèvres mais il n'osait pas, surtout pas maintenant pendant qu'elle lui en voulait.
  Aeron revint bientôt avec de nouveaux vêtements et un attirail digne du chevalier errant qu'il était devenu. En détaillant aussi rapidement que discrètement cette nouvelle tunique, Sélès remarqua qu'elle était richement décorée de dorures et le dessus semblait de bonne qualité. Il avait beau être le mouton noir de sa famille, il n'en restait pas moins descendant d'un noble, ce qui lui valait une certaine aisance, même s'il n'était pas l'héritier. Oui, il était richement vêtu, et c'était le genre d'étoffe qui résistait à tout, idéal pour le voyage qui les attendaient.
  Le blondinet s'adressa directement à sa vieille amie, ignorant Sélès pour le moment. Cette dernière ne manqua pas de s'en offusquer intérieurement. Non mais, voilà qu'il la snobait maintenant, de mieux en mieux ! Comment ça c'est l’hôpital qui se moque de la charité ? Oui, complètement, vous avez parfaitement raison ! Mais elle l'assumait à merveille. Ou presque. En fait pas du tout, mais je vais assumer pour elle, c'est pas grave. Donc, oui, elle était parfaitement de mauvaise foi, parce qu'elle était bloquée en mode ''je me renfrognerai quoi qu'il arrive''. Pourquoi, elle était justement en passe de calmer le jeu et de redevenir un peu plus agréable à l'égard du jeune homme, et c'est justement pour cela qu'elle n'était pas contente qu'il l’exclue de la conversation. ''Faites ce que je dis et pas ce que je fais'' était un précepte qui lui allait à merveille, car oui, mademoiselle avait légitimement le droit de bouder et de snober les gens pour se venger, mais il n'était pas question que qui que ce soit face de même envers elle ! C'était parfaitement inacceptable.
  Enfin, elle eut la décence de ne pas en faire tout un plat, et cette petite contrariété ne resta qu'un petit ''tourment'' intérieur. Elle écouta même sagement les instructions, un peu rembrunie tout de même, elle évita soigneusement le regard de son camarade. La soirée promettait d'être super fun si tous les deux passaient par Elena pour communiquer. La pauvre allait vite sentir l'atmosphère l'étouffer, comme prise entre deux feux, alors que cette affaire n'était que trois fois rien. Mais bon, c'était le genre de petite bouderie digne d'une pubère de quinze ans et d'un jouvenceau de dix-sept – même si Sélès l'imaginait plus vieux.
  La demoiselle ne comprit pas les allusions du jeune homme concernant la présence de demi-elfes aux côtés des nobles, ni sur le réel pourquoi des capes. Pour elle, c'était juste un moyen de cacher son identité. On l'avait toujours protégée du pire de la réalité de la situation des demi-elfes dans le monde. Même si elle avait certaines interrogations parfois, elle s'imaginait que la situation de son père et de sa mère était exceptionnelle. En quelque sorte, ça l'était réellement, car ces deux là s'aimaient profondément et sincèrement, sa mère le lui avait toujours dit et répété. Elle lui avait si souvent parlé de son père, depuis le jour de sa venue au monde. Sans jamais l'avoir connu, elle avait d'ailleurs une photo de lui dans ses affaires. C'était tout ce qu'elle avait jamais eu de lui.
  Elle accepta la cape que lui tendit donc Elena et la revêtit. Elle se débarrassa de son gros chapeau mou qu'elle fourra dans son petit sac à main et rabattit la capuche sur sa tête de façon à bien cacher sa crinière flamboyante. Le soleil s'était couché le temps de leur petit aparté et la demoiselle grimpa sur la charrette pour s'installer aux côtés de sa semblable, sans mot dire. Elle lui laissa les commandes, n'ayant de toute façon jamais conduit de charrette avant. Ça ne devait pas être bien sorcier, mais autant laisser faire les professionnels. Ils reprirent le chemin comme indiqué par Aeron et se dirigèrent vers la maison spirituelle pour se garer tout près. Sélès prit son nouveau bagage en plus de son sac à main, elle souhaitait le vider complètement avant de se coucher, afin de détailler exactement ce qu'il renfermait – et puis elle devait absolument changer de soutien-gorge avant que celui-ci ne craque.
  Comme elle ne savait pas trop comment se comporter en tant que 'servante' elle resta tout près d'Elena pour imiter chacun de ses faits et gestes. Elle garda le visage bas afin de bien se cacher, ceci lui donnant un air bien misérable, presque comme si elle n'était qu'une pauvre enfant battue. Elle suivit son aînée de près, attendant près de la porte pour laisser Aeron passer le premier, puis le talonnèrent silencieusement. Gardant le visage bas, la jeune femme balaya la pièce discrètement. Heureusement qu'ils s'étaient arrêtés dans un sanctuaire religieux, et non un pub quelconque. L'ambiance aurait tout de suite été bien différente ! L'endroit était silencieux et l'odeur de vieux bois était la même que celle de l'abbaye où elle avait grandi. Elle avait un peu l'impression de rentrer ''à la maison''. Heureusement, Elena se chargea de tout et Sélès n'eut qu'à suivre le mouvement. On leur donna la dernière chambre disponible avec trois lits et ils s'y rendirent sans attendre. Ça avait semblé plutôt facile, rien n'était venu compliquer la démarche jusque-là. Il faut dire que la discrétion était le maître mot de ce genre d'endroit.
  Ils prirent possession des lieux et Sélès alla s'installer sur le lit le plus près de la fenêtre, y jeta un œil par la même occasion, comme si elle surveillait d'éventuels intrus ou rôdeurs. Cette soirée serait plus calme et confortable que la première, c'était bon à prendre. Comme ils semblaient en sûreté dans la chambre, elle ôta son capuchon et portant son regard vers ses compagnons de voyage. Elle esquissa un léger sourire satisfait, illuminant son visage d'un air adorable de petite poupée.
  -Facile de jouer les servantes !
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Sam 9 Nov - 14:58
Le trajet fut de courte durée, bien entendu. Tout se fit en silence, un silence qui inquiétait presque le jeune homme. Seles devait ruminer sa colère ou ses idées noires. Dans le premier cas, il valait mieux la laisser tranquille, dans le deuxième, il faudrait lui remonter le moral, mais il n'osait pas. Que pouvait-il lui dire ? Il n'avait aucune certitude que Zelos puisse les retrouver. Il n'était pas le héros des grandes épopées, ceux qui ont réponse à tout, sauvent la veuve, l'orphelin et le monde. Il n'était qu'un homme... un homme. Appartenir à la race humaine lui faisait honte. Il avait honte d'être associé à des hommes comme le compte Orzhov, le Pontife et les autres. Comment pouvait-il prétendre être quelqu'un de bien auprès de Seles quand sa race maltraitait la sienne à ce point. Comment pouvait-elle supporter cette situation ? Après tout, peut-être le haïssait-elle.
La charrette s'arrêta. Ils en descendirent tous. Elena flatta l'encolure du cheval, avant de suivre Aeron avec Seles. Le blondin rentra en silence et avisa un homme d'église. Quelques minutes plus tard, ils se dirigeaient vers leur chambre. Aeron avait envie de se retourner, jeter un œil à Seles, savoir si elle allait bien, si son rôle ne l'embêtait pas trop, mais il n'osait pas. Un noble n'aurait cure de l'état de deux demi-elfes. Jouer son propre rôle était plus éprouvant que prévu pour le moment. Une fois dans la chambre, il put enfin respirer. Chacun posa ses affaires et alors que le jeune homme détachait ses épaulières et les posait sur le sol, Seles décrocha un sourire. Elle semblait trouver le rôle de servante simple comme bonjour. Elle ne connaissait pas la réalité de ce rôle, toujours se fatiguer, devoir tout subir sans broncher.
A l'annonce guillerette de Seles, Elena sembla se rembrunir l'espace d'un instant avant de se ressaisir et sourire. Aeron savait ce qu'elle devait subir avec son maître actuel. La rouquine n'avait aucune idée du manque de tact dont elle avait fait preuve et continuait de sourire innocemment. Comment lui expliquer la réalité ? Il n'en n'avait pas le cœur. Elena le fit pour lui, de toute manière :
-Oh Seles, ton rôle a été très limité, ici. En tant que servante, tu es sensée répondre au moindre désir de ton maître. En tant que demi-elfe, tu n'as pas le droit de refuser le moindre de ses ordres. Ici tu n'as pas eu à obéir à quoi que ce soit. Dans une maison avec un noble moins gentil qu'Aeron, tu finirais exténuée.
Aeron eut peur qu'elle continue et parle de choses plus choquantes mais Elena ne le fit pas. En revanche, elle tourna vers Aeron un regard lourd de sens. Un jour il devra lui expliquer la réalité de ce monde. Il était injuste, surtout pour les demi-elfes. La honte d'être humain assaillit à nouveau le blondinet et le compliment qu'Elena avait fait n'y changeait rien. Que pouvait faire la gentillesse d'une personne pour racheter tant d'horreurs ? Encore une fois, il pensa à ce que devais subir Elena. Il ne pouvait rien faire pour elle. Elle serait tellement plus heureuse si elle n'avait pas à faire tout cela. Le risque que son escapade soit découverte emplit le jeune homme d'une culpabilité encore plus forte et plus directe. Il continua de se débarrasser de son attirail en le posant au sol tout en attendant la réaction de Seles. Il priait au fond de lui pour que celle-ci ne demande pas de détail, qu'elle ne dise rien qui pourrait froisser Elena, car même si celle-ci n'en voudrait pas à Seles, elle en souffrirait peut-être.
  L'embarra étreignit le cœur et la conscience de la petite rouquine si naïve. Bien heureux sont les ignorants, comme qui dirait, et ce 'qui' avait bien raison. Sélès n'en dormirait certainement plus si elle connaissait toutes les souffrances de son peuple. Mais son intention n'était nullement de rabaisser la fonction de servante, elle s'était simplement mal exprimée, et elle le déplorait. C'était un peu trop tard, hélas. Elle sentait que le malaise s'était bien installé – avec ses grosses fesses – à cause d'elle et que, quoi qu'elle puise dire à présent, elle passerait pour la petite snobinarde qu'elle était censé être en tant que Wilder. Snober Aeron juste pour manifeste sa contrariété, elle en faisait presque un jeu très volontiers, mais elle ne voulait pas que ce soit cette image que l'on ait vraiment d'elle, surtout pas la première demi-elfe qu'elle rencontrait. Elle était naïve la pauvre, elle ne connaissait rien du monde extérieur, le monde en lui même n'était qu'un compte de fée pour elle jusqu'à présent. Ses richesses et ses déchets, ses merveilles et atrocités, pour elle, ça n'avait jamais été vraiment concret. Elle se tout juste de sa mère et du jour de sa mort, du moins, pour les souvenir qu'elle en avait, elle se demandait parfois si elle ne les avait pas juste inventé ou rêvé pour combler un vide. Elle parvenait tout de même à ce souvenir de son visage et en y repensant, elle remarqua un petit air de ressemblance avec Elena. Tout comme elle, sa mère avait les cheveux blonds cendrés très clairs. Ce vague air familier souleva une certaine affection en son cœur, ce qui ne poussa que plus fort sa culpabilité à la tirailler.
  Elle savait bien que la fonction de servante n'était pas une sinécure et si effectuer sa part de corvée au saint du couvent ne la dérangeait pas – et elle considérait même cela parfaitement normal – effectuer autant de tâches tout en étant aux ordres d'un irrassasiable nobliau ne l'enchanterait guère. Parce que ces gens ont l'art de vous prendre de haut et de vous traiter pire que des chiens. Elle avait eut l'occasion d'en voir passer un ou deux part le couvent, les religieuses prenaient toujours soins à l'écarter ces jours là, afin qu'elle n'ait à y être confronter, mais elle voyait et entendait beaucoup de chose depuis sa chambre – pas encore assez il semblerait, pour briser son innocence de jeune et naïve jouvencelle.
  Bon, la voilà bien embêtée ! Elle avait sans doute vexé Elena en tenant ces propos, qui n'étaient pourtant pas du tout destinés à cela. Elle semblait clairement embarrassé et baisse doucement la tête, réfléchissant un instant à ses paroles et à leur impacte en tripotant gauchement ses doigts entre-eux.
  -Je ne voulais pas vous offensez, veuillez m'excuser … Je voulais … juste parler de la mission. Je suis consciente des difficultés qu'implique cette profession.
  Non, elle ne l'était pas, pas totalement en tout cas. Il ne lui était pas encore permis d'imaginer tout ce que cela impliquer, elle ne le savait pas, mais elle avait finalement encore trop d'estime envers l'espèce humaine, ou du moins, vers ces humains abjectes qui usent et abusent de leurs status pour rabaisser toujours plus les demi-elfes. Mais il y avait une chose qui restait sûr envers et contre tout : Aeron était une exception. Combien d'humain sur tesséha'lla aurait fait ce qu'il avait osé de faire pour elle ? Sans doute pouvait-il se compter sur les doigts d'une main ! Pour sûr, elle ne risquait pas d'accorder sa confiance à quelqu'un d'autre de si tôt, malgré le bel exemple qu'il lui avait donné. Méfiance est mère de sûreté.
  Sélès osa finalement relever la tête doucement pour déposer son regard sur Elena. Il lui vint alors une idée qui lui parut brillante sur le coup, pour son petit esprit ingénu et idéaliste, ignorant les fatalités du monde de l'extérieur. Son regard luisait presque d'espoir.
  -Mais si cette fonction est si terrible, pourquoi ne vous enfuyiez-vous pas ? Comme Aeron et moi ! Vous n'avez qu'à rester, on trouvera bien un endroit agréable où vous pourrez refaire votre vie, un endroit avec pleins d'autres demi-elfes qui seraient acceptés. C'est injuste que vous restiez toute votre vie à accomplir les quatre volontés d'un misérable tyran qui se croit tout permis parce qu'il est bien né.
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Sam 9 Nov - 18:37
La rouquine semblait vraiment mal à l'aise après avoir réalisé sa bourde. Aeron savait qu'Elena ne lui en voulait pas. Elle ne pouvait pas lui en vouloir pour la simple raison que Seles lui ressemble au niveau du caractère. Les deux allaient bien s'entendre, c'était certain, mais Elena n'allait pas pouvoir les accompagner. Déjà parce qu'elle n'allait pas abandonner ses proches, et ensuite parce qu'elle était là pour faire diversion. Voilà qu'il pensait en stratège avec son plan ! Elena répondit à Seles avec un sourire paisible :
-Je ne peux pas fuir. J'ai toujours vécu à Meltokio et ma mère prenait soin de moi. Elle est devenue servante parce que c'était la meilleure solution pour avoir assez pour veiller sur moi. Aujourd'hui, elle n'est plus en état d'être servante et je dois subvenir à nos besoins à tous les deux. C'est à mon tour de veiller sur elle et il serait compliqué de la déplacer. Qui sait, peut-être un jour se remettra-t-elle de...
Elle s'arrêta dans sa phrase, interdite. Parler de choses qui lui tenaient à cœur, de sa mère, lui avait faite oublier la raison de tout cela. Elle ne pouvait pas continuer sa phrase, elle ne voulait pas mettre le jeune homme mal à l'aise, mais ce fut lui qui termina pour elle. Seles aurait posé des question de toute manière.
-J'espère aussi qu'elle se remettra un jour de ce qui lui est arrivé. Après tout, je suis celui responsable de son renvoi et de ce qui a suivi. Ne me regarde pas comme ça, j'assume le fait de l'avoir envoyée vers la misère et de t'avoir mis une charge sur les épaules, le sujet est clos.
Le ton employé était plus autoritaire qu'il ne l'avait voulu et il s'en voulait. Si Seles se posait encore des questions, il y répondrait une autre fois. Pour le moment, il fallait penser à trouver le sommeil. Ils avaient encore une longue journée de route et repenser à tout cela l'empêcherait de dormir. Oui il s'en voulait d'avoir ruiné la vie d'Elena. Malgré tout ce qu'Aeron pouvait reprocher à sa famille, il devait admettre que leur traitement envers les servants demi-elfes était encore acceptable comparé à la plupart des autres maisons. Aeron, par ses erreurs, leur avait fait perdre une position confortable, étant donné leur statut. A présent, il fallait penser à la suite. Prenant une bande de tissu de son sac, il la tendit à Elena et Seles
-Il va falloir penser à dormir. Je dormirai dans cette tenue, mais si vous voulez vous changer ou autre, attachez-moi ce bandeau sur les yeux, vous serez plus rassurées, je pense. Mangez un peu avant de dormir si vous le voulez, mais pour ma part, je me couche tout de suite. Nous devrons partir au lever du jour.
La décision était sans appel. Le bandeau était bien sûr pour rassurer Seles. Elena était dénuée de pudeur devant le jeune garçon qu'elle considérait comme un petit frère et une jeune fille comme la rouquine. Une fois le bandeau mis, il savait qu'il s'effondrerait sur son lit et s'endormirait rapidement. Trouver le sommeil n'avait jamais été un problème pour lui.
  La triste réalité de la situation fut rapidement rappelée à la jeune et naïve petite demi-elfe. Elena n'était pas seule, forcément, elle avait des responsabilités. Ces mêmes responsabilités qui avaient poussé son frère à rester sagement aux ordres du Pontife jusqu'à maintenant, ces mêmes responsabilités qui l'avait poussée à toujours rester tranquille, elle aussi. En plus des responsabilités, il y avait effectivement le fait de n'avoir nulle part où aller, c'était en fait la principale raison pour laquelle les gens se contentaient de ce qu'ils avaient, aussi dur cela soit-il. Mais Sélès se sentait redevable. C'était Aeron qui l'avait libérée, mais Elena prenait également bien plus de risques à cause de sa présence, et en attendant de pouvoir renvoyer la pareille aux chevaliers, elle savait exactement comment elle pourrait aider Elena à son tour, le jour où tout sera revenu dans l'ordre, bien entendu.
  Aeron compléta la phrase que son amie hésitait à achever, embrouillant un peu plus l'esprit de la demoiselle. Elle se demandait bien ce qu'il avait pu se passer de si grave pour les mettre dans une telle situation de difficulté. Elle trouvait cependant cela indiscret de fouiner dans leurs affaires privées, et s’abstint donc de toute question, se contentant d'adresser à la blonde un regard empli de regrets. Puis le jeune homme décida de dormir, et s'attacha un bandeau sur les yeux, un geste plein d'attention et de respect envers la pudeur des deux demoiselles. Cela eut effectivement l'effet de rassurer Sélès, qui comptait bien profiter de dormir dans une chambre cette nuit pour revêtir un vêtement en conséquence. Elle attendit donc que le seul intrus de la pièce ait fini de s'aveugler et de s'allonger en tournant le dos aux jeunes femmes – ayant pris le lit près du mur – pour adresser un léger sourire plein d'espoir à sa semblable.
  -Lorsque tout sera revenu dans l'ordre, je demanderai à mon frère de vous engager. Vous serez bien traitée, et si vous avez envie de changer de vie, on vous aidera à vous installer ailleurs et à trouver le travail que vous aurez envie de faire.
  Vu la réputation de son frère, il serait peut-être préférable qu'elle ne travaille pas trop longtemps pour lui ! Cette garce de ninja suffisait bien comme ça, et ce grand nigaud avait un tel don pour jeter son argent par les fenêtres ! Autant qu'il l'utilise à des fins plus utiles, en aidant des gens comme Elena et sa mère, qui semblaient avoir des problèmes.
  -Si votre mère est malade, on pourra lui envoyer le médecin familial. Il s'occupe de moi depuis que j'ai quatre ans, il est très bien.
  Avec sa santé fragile, elle avait vu défiler pas mal de spécialistes depuis que son frère avait œuvré pour lui offrir les meilleurs soins. Sans doute n'aurait-elle pas passé l'hiver qui suivit la mort de sa mère sans lui, alors dans son malheur, elle fut bien chanceuse. Elle se sentait bien trop chanceuse d'ailleurs, pour une bâtarde demi-elfe. Elle avait l'impression de ne pas le mériter, et elle ressentait à présent le besoin de partager cette chance avec des gens comme Elena.
  -Je vous dois bien ça, vous prenez tellement de risques pour moi ! Aider un déserteur c'est quand même autre chose que cacher la seule arme du Pontife contre l'ex-élu.
  Ce qu'elle se gardait bien de dire, même à Elena et Aeron, c'est qu'en plus d'être la seule chose capable de faire chanter le Don Juan, elle détenait aussi l'objet le plus précieux de l'église : le cristal de l'élu. Son frère le lui avait confié il y a bien longtemps, et aujourd'hui, elle ne savait pas pourquoi, mais elle sentait que c'était son devoir de le protéger jusqu'à ce qu'elle retrouve son frère. Même si le Pontife l'avait déchu de son rang, peut-être que le cristal pourrait leur être utile et faire basculer la balance en leur faveur ?
  -Je vous dois beaucoup à tous les deux, merci pour tout.
  Un peu teigneuse et de mauvaise foi, mais pas ingrate, notre petite poupée. Elle était très sincère dans chacune de ses paroles, même si cela pouvait encore paraître assez naïf et idéaliste, elle savait que tout finirait pas s'arranger un jour. C'est toujours comme ça dans les contes, après tout, et pour elle, le monde n'a jamais été que cela, un joli conte.
  La jeune rouquine fouilla ensuite dans son sac à main, ainsi que dans le baluchon que lui avait apporté Elena pour tenter de tout remettre en place. Elle se débarrassa également du ruban qui ornait son col et déboutonna son chemisier, non sans un petit coup d'oeil vers Aeron pour vérifier qu'il n'avait pas bougé. Elle revêtit rapidement une chemise de nuit blanche un peu trop grande, lui donnant encore plus l'air d'une de ces poupées classiques de l'ancien temps. Elle prit soin de brosser ses cheveux roux tout en regardant pas la fenêtre, avant de se glisser sous les couvertures. Elle porta alors son regard vers Elena qui venait juste de se coucher elle aussi. Elles échangèrent un regard, puis Sélès détourna les yeux. Elle avait envie de parler de tellement de choses avec elle … Mais il était déjà tard. Dire qu'elle les quitterait si vite … Elle avait tellement envie qu'elle reste !
  La petite demoiselle souhaita finalement bonne nuit à sa camarade, avant de se tourner vers la fenêtre pour regarder les étoiles, en se demandant ce qu'était en train de faire son frère à l'instant présent. Était-il en train de penser à elle ? Était-il inquiet ? Bah, il était sans doute en train de fricoter avec cette sale sorcière. Elle ferma donc les yeux, et le soleil vint rapidement étant donné la fatigue accumulée durant ce voyage dont elle n'était pas encore tout à fait habituée.