Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Dim 10 Nov - 18:14
Les remerciements de Seles bercèrent le coeur d'Aeron. Il se sentit beaucoup mieux d'un coup car cela lui montrait qu'il ne faisait pas tout cela pour rien. Est-ce qu'ils arriveront jusqu'au bout ? Est-ce que Zelos les retrouvera ? Cela restait à déterminer. Le sommeil emporta les pensées suivante et Aeron rêva. Il rêva de voyages, d'aventures. Il sauvait Seles d'un danger imminent et un rouquin se tenait au bout de leur route à côté d'une fille en noir toute discrète dans les ombres. Il avait vaguement le souvenir que le rouquin lui en voulait et avait décidé de le tuer mais pas moyen de se rappeler pourquoi. Les rêves ont peu de sens, en général.
Se levant de son lit, le jeune homme retira le bandeau de ses yeux et se tourna vers ses compagnes de voyage. La première chose qu'il remarqua fut le sourire de Seles. Elle semblait tellement paisible, elle devait rêver de quelque chose d'agréable. Elena était à côté... avec la moitié de sa poitrine à l'air. Cette constatation mis le blondinet mal à l'aise. Il se retourna à nouveau, s'habilla rapidement et sortit de la chambre. Il fit volontairement un peu de bruit avec la porte pour qu'elles se réveillent. Il attendit quelques secondes avant de descendre au rez-de-chaussée. Il trouva le doyen de la Maison du Salut en train de prier. Par respect plus que par foi (il n'avait jamais été très religieux), Aeron se plaça à côté de lui et pria en silence pour la suite de son voyage. Après un long silence, le doyen parla :
-Comptez-vous nous quitter de si bonne heure ? Où irez-vous ?
-Nous allons à Meltokio. Il faudra d'ailleurs que j'achète un ticket pour la prochaine barge en direction du continent de la capitale. Savez-vous où en acheter ?
-Juste à côté de l'entrée, vous trouverez ce que vous cherchez.
Après quelques mots de remerciements, le jeune homme sortit et trouva une sorte de guichet pas loin de l'entrée de la Maison du Salut. Il ne l'avait pas remarqué en arrivant, mais il faut dire que personne n'était derrière à ce moment. Se dirigeant vers l'homme qui vendait les tickets, il remarqua que celui-ci ressemblait à tout sauf à un homme d'église. Parfait ! Prenant son air le plus hautain, il parla d'un ton assuré :
-Bonjour. Donnez-moi des tickets pour la prochaine barge en direction du continent de la capitale. Nous serons 3 et une charrette.
L'homme, d'abord dubitatif, examina les gravures sur les pièces d'armure et l'épée du jeune homme. Après un petit temps de silence, il annonça calmement une somme exorbitante.
-Vous osez tenter de m'arnaquer ? Sachez monsieur que je suis de la maison Valérius qui entretient des rapports privilégiés avec le Pontife. Si vous ne voulez pas que l'Eglise s'empare de votre affaire sans demander votre avis, je serais plus raisonnable, à votre place.
Les prix s'effondrèrent aussitôt. En annonçant son nom, il avait fait d'une pierre deux coups. La diversion était ainsi créée. Il n'y avait plus qu'à espérer que les Gardes Pontificaux mordront à l'hameçon. En prenant les tickets, il vit Seles et Elena qui attendaient à l'entrée de la Maison du Salut, leur manteau avec capuche rabaissée. Il restait à savoir ce qu'elles avaient entendu ou non et ce qu'elles en déduiraient. Il expliquerait son plan une fois en charrette. Prenant son air autoritaire pour les apparences, il leur parla comme un noble parlerait.
-Ah, vous êtes là, vous deux. Vous avez les sacs ? Parfait. En route alors, et ne me mettez pas en retard, sinon vous savez ce qui vous attend !
Il se dirigea vers la charrette en priant intérieurement que Seles ne lui tiendrait pas rigueur de se langage. Il fallait bien sauver les apparences, que ce soit crédible. Il détestait parler comme ça, surtout aux deux personnes qui étaient maintenant celles qu'il appréciait le plus en ce monde. Son cœur sembla se serrer pendant un moment alors qu'il montait à l'arrière de la charrette sur le siège de paille couvert d'un tissu. Il sentit la charrette se mettre en mouvement et ainsi ils partirent vers le nord-ouest. La Maison du Salut s'éloignait à vue d’œil.
  Voguant sur les flots d'une mer d'huile, son navire d'ambre et d'or avait déployé ses grandes voiles blanches gonflées par un vent des plus favorables. Elle portait un grand chapeau amiral pourpre, décoré de broderies dorées et bariolé de longues plumes douces, ondulant au grès du vent. Depuis la barre, elle observait l'horizon d'un air victorieux, et il n'y avait que de l'eau à perte de vue. Une mer calme et clémente, embrassant un ciel azur sans fin. Puis d'un geste sec, elle tira sur les commandes et le bateau prit son envol, naviguant plus vite encore dans les airs que dans les mers. Elle survola les vastes terres de Tesséha'lla, qui semblaient alors si petites, et fila directement jusqu'à la tour du salut. Elle la parcourut de tout son long, traversa les nuages de coton et rejoint bientôt l'étendue infinie de l'espace, avec ses perles d'étoiles scintillantes sur fond d'encre de chine. Son navire devint alors une étoile filante et elle parcourut l'univers de long en large pour découvrir ses merveilles. Elle était libre.
  L'instant d'après, elle chevauchait une licorne d’opale et d'or sur une planète de diamant et de guimauve, profitant simplement de la liberté qui lui était offerte, elle était la reine de sa propre vie, maîtresse de son destin. Sur ce monde, elle rejoignit bientôt son frère qui était en train de faire le ménage dans leur grand manoir de plain d'épice. Il portait un tablier rose à fleurs jaunes et l'accueillit avec un large sourire, la prenant dans ses bras en la faisant gaiement tournoyer. Elle était heureuse dans ce monde, car il n'y avait qu'elle, son frère et sa licorne. Quelle petite fille n'a jamais rêvé de voir une licorne ? En fait, Sélès aurait préféré avoir un dragon. C'est plus gros et plus pratique ça, les dragons ! Et juste au moment où elle se disait cela, sa licorne se transforma justement en dragon énorme, détruisant le toit de sucre de leur manoir. Elle grimpa aussitôt dessus en compagnie de son frère, et lança sa créature à la poursuite du Pontife qu'elle ne tarda pas à manger tout cru.
  C'est un doux rêve qui fut perturbé par le claquement sonore d'une porte, ainsi que les tous premiers rayons de soleil encore furtif. Elle poussa un petit bougonnement mal réveillé avant de s'étendre en bâillant pour reprendre pied avec la réalité. Encore toute embrouillée, elle était en train de se dire qu'elle devait vite trouver quelques steaks pour son dragon avant de reprendre la route, se demandant même comme elle allait faire pour le garer à Meltokio. Puis en se redressant et en regardant par la fenêtre, elle réalisa qu'elle n'avait pas de dragon, ni de licorne, pas même son frère. Dommage.
  Elle se tourna ensuite vers Elena. Cette bonne nuit de sommeil dans un lit plutôt confortable – toujours plus que la terre dure et pestilentielle de la mine – l'avait requinquée, et elle adressa un joli sourire à sa camarade en lui souhaitant le bonjour. Elle se leva et s'habilla aussitôt après un brun de toilette, n'oubliant pas son sac à main – dans lequel elle avait rangé le contenu de l'autre sac – ni de remettre sa cape et son capuchons. Le temps semblait plutôt frais ce matin, mais le ciel était dégagé.
  Les deux demi-elfes disposèrent de la chambre et Sélès prit un petit instant pour adresser une prière à la déesse Martel, en faveur de ses deux compagnons de voyage ainsi que de son frère. Pour le moment, c'est tout ce qu'elle pouvait faire, et ayant été élevée dans un couvent, Sélès était plutôt croyante. Ça lui faisait d'ailleurs très bizarre de ne plus prier au lever, à chaque dîner et aux couchers. Elle espérait que cela ne leur attirerait pas les foudres des divinités auxquelles elle osait toujours croire, même si on ne lui avait pas vraiment fait de fleur côté miracle. Il y avait quand même eu Aeron, qu'elle considérait bien comme un petit miracle envoyé de la déesse, cependant, ce miracle n'avait été déclenché que par un grand malheur. Plus qu'à prier maintenant, pour espérer que tout s'arrange vite et bien.
  Elle rejoint Elena à l'extérieur et Aeron les retrouva bien vite à son tour. Elle garda le visage bas, bien plus bas encore lorsqu'il joua son rôle de vilain noble. Elle ne s'offusqua pas cette fois – sa mauvaise humeur été partie – et elle trouva même cela plutôt amusant, ça l'était surtout quand on savait à quel point Aeron n'était qu'un petit ange en sucre. Après tous les événements de la veille, il avait perdu toute crédibilité à ses yeux, car pour la seule fois où il s'était énervé, il s'était excusé aussitôt après, pour le peu qu'elle hausse le ton à son tour, il n'était plus qu'un petit chiot battu. Bah, elle n'irait pas en profiter – en fait si, sûrement, mais juste pour le taquiner, quoi que – mais c'était simplement drôle à constater. Elle resta cependant bien dans son rôle et grimpa sur la charrette aux côtés de sa comparse pour prendre la route. Ils restèrent tous très silencieux le temps d'être bien éloignés de la maison spirituelle, pendant ce temps, Sélès s'était activée à préparer quelques sandwichs avec ce qu'elle avait sous la main. Lorsqu'elle estima qu'ils furent suffisamment éloignés, elle donna un petit sandwich à Elena et se retourna vers l'arrière de la charrette pour en tendre un à Aeron.
  -Tenez, maître Aeron, dit-elle avec ironie, le sourire aux lèvres, et mangez vite, ou vous savez ce qui vous attend !
  Elle avait dit cela avec beaucoup d'humour en reprenant les mots du jeune nobliau qui avait tenté de rentrer dans son rôle. Elle lui laissa le petit déjeuner improvisé et se réinstalla correctement pour manger le sien, jetant un œil sur Elena avec un petit regard envieux. Captant son air d'enfant convoitant un jouet, Elena lui sourit doucement et lui tendit les rennes en lui proposant d'essayer.
  -Ho oui, je veux bien essayer !
  Elle prit délicatement le contrôle des chevaux avec une petite mine concentrée, puis fière d'y parvenir facilement, puis concentrée à nouveau dans le virage, puis fière à nouveau de l'avoir franchis sans difficulté.
  -Où est-ce qu'on va, alors ? Je suppose qu'on ne va pas vraiment à Meltokio, si vous en avez parlé aux gens de la maison spirituelle.
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Dim 10 Nov - 23:55
La charrette était plus confortable que prévu. Le voyage était agréable, au fond. Aeron profitait du calme et se reposait un peu en prévision de la marche qu'ils auraient à faire. Ils étaient déjà un peu en avance, c'était bon signe. La météo était bonne , que demandaient-ils de plus ? Seles semblait même de bonne humeur, chose rare depuis le début de ce voyage. Non, peut-être pas à ce point, c'était de l'exagération. De toute manière, il l'appréciait telle qu'elle était, avec ses moments souriants et boudeurs. Alors qu'il avait cette pensée, la jeune fille fit sa blague en lui tendant un sandwich. Un sourire illumina aussitôt les lèvres du jeune homme. Vraiment, elle avait un quelque chose qui la rendait attachante.
Se redressant sur son séant, Aeron se retourna et observa Seles piloter la charrette. Ce n'était pas compliqué, mais elle s'en sortait bien. C'était un moment sympa à partager tous les trois. Dommage qu'Elena doive partir. Elle doit y retourner. A peine eut-il cette pensée que Seles demanda où ils iraient. Sans oser ouvrir la bouche, il descendit de la charrette. Après un regard vers Seles, il se tourna vers Elena et la tristesse emplit son cœur. Il savait pourtant qu'il ne la verrait pas longtemps.
-C'est le moment où nos chemins se séparent. Seles, nous partons vers le nord-est, maintenant. Elena, pendant ce temps, utilisera les tickets achetés, laissera la charrette dans un fourré et confiera le cheval aux palefreniers de son maître. Il n'aura rien contre avoir un destrier de plus. Les Gardes Pontificaux chercheront une charrette avec trois personnes et ne la trouveront jamais.
S'approchant d'Elena qui était descendu, Aeron lui fit ses adieux dans une grande étreinte. C'était difficile de se séparer à nouveau mais il le fallait. Seles et lui devaient partir. Tout irait bien s'ils s'en tenaient au plan et peut-être Zelos Wilder s'en tiendrait-il au plan. Si ce n'était pas le cas, alors il fallait pouvoir lui donner un autre indice. C'est alors qu'il eut l'idée. Se dégageant de l'étreint de la femme qu'il considérait comme une soeur, Aeron demanda à Seles :
Seles, auriez-vous un mot, un code ou quelque chose d'autre que seul votre frère pourrait identifier ? Je compte lui transmettre un message en passant par son majordome mais il faudra qu'il ait l'assurance que cela vient de nous.
Il avait conscience de prendre la rouquine au dépourvu. Si elle n'avait pas de réponse satisfaisante, il faudra que l’Élu fasse confiance à un message sans aucune assurance qu'il vienne de sa sœur. S'il était comme semblait le croire Seles, il en serait capable. Pour elle. Cependant, il valait mieux une assurance.
  Lorsqu'elle vit Aeron s'extirper de la charrette en un petit bon agile, elle tira doucement sur les rennes – attention mine concentrée – afin d'arrêter la brave bête qui les tractait, évitant tout geste brusque pour ne pas la perturber. Ils s'immobilisèrent et Sélès posa un regard interrogateur sur le chevalier, qui annonçait déjà leur départ. Bah, ça voulait dire qu'ils allaient devoir marcher maintenant ! Dommage, ce fut un répit bien bref. Et bien au-delà de la détresse que ressentirent ses pieds à l'idée de la torture qui les attendaient, elle eut un petit pincement au cœur de devoir déjà quitter Elena. Elle ne la connaissait pas, elle n'avait pas vraiment eu le temps de faire connaissance avec elle, et c'était bien ça le problème. C'était la première demi-elfe et la première fille avec qui elle pouvait sympathiser, elle aurait aimé pouvoir en profiter plus longtemps.
  Suivant malgré tout bien sagement le plan, elle posa délicatement les commandes et prit son petit sac avant de bondir à terre, le capuchon de sa cape se retirant dans le geste. Il n'y avait pas à dire, le moindre effort lui coûtait bien moins que la veille, à présent qu'elle était à l'aise avec un soutien-gorge à sa taille ! Quoiqu'elle sentait qu'il ne tarderait pas à craquer lui aussi. C'était dingue parfois, les poussées de croissance, elle était impatiente que cela s'arrête, elle trouvait déjà cela gênant. Elena était descendue elle aussi, un peu plus sagement que la jeune petite casse-cou. Cette dernière attendit sagement que les deux vieux amis se fassent leurs adieux provisoires, imaginant une union à la Roméo et Juliette entre eux. Après tout, il s'était bien passé quelque chose, mais elle ne savait pas quoi. Ils étaient sans doute devenu trop proche pour ce que permettait leurs rangs respectifs, ce qui avait poussé leur famille à les séparer – enfin, surtout la famille Valerius pour le coup. Mais proche à quel point ? Elle n'irait peut-être pas demander tout de suite … Quoi que, ce n'est pas l'indiscrétion qui la rebutait.
  Le blondinet, toujours soucieux des détails pour le bon déroulement de la mission, demanda ensuite si Sélès avait de quoi assurer à Zelos que le message venait bien d'elle et qu'elle était en sûreté. Elle réfléchit un instant, ne trouvant pas dans sa mémoire un quelconque code secret qu'ils auraient établi dans ce cas de figure. Cependant, il y a bien quelque chose que seule elle et lui savait pour le moment. Elle ne pouvait pas le dire explicitement, car elle estimait que le dire à Aeron représentait toujours un risque, autant pour elle que pour eux. Elle choisit alors d'utiliser les mots qu'avait employé Zelos le jour où il lui avait remis ce fameux objet si précieux.
  -Hm … Dites-lui … Que je prends toujours soin de son porte-bonheur.
  Son poing s'était levé jusqu'à son sternum, où elle toucha doucement le cordon auquel était accroché le cristal de l'élu. Elle était certaine que Zelos comprendrait, ce n'était pas le genre de choses que leurs ennemis pourraient inventer. Elle avait hésité un peu avant cela à carrément lui transmettre la pierre, mais elle n'était pas sûre qu'Elena arriverait bien à destination ou même que Sebastien aurait les moyens de transmettre l'objet à son maître. C'était bien trop risqué de le laisser se balader de mains en mains inconnues, le message était bien plus sûr. De plus, c'était un cadeau, elle avait promis d'en prendre personnellement soin, alors elle n'allait pas s'en séparer comme ça. Elle eut également l'envie de faire passer un autre message. Elle ouvrit même la bouche pour le dire, mais se ravisa et baissa les yeux. Elle avait simplement envie de lui dire ce qu'elle avait toujours rêvé de lui dire depuis toute ces années : « prends soin de toi, grand frère. ». Mais elle n'osa pas. Elle lui aurait bien également fait passer de ne plus se laisser avoir par la sale sorcière qui l'accompagnait, mais elle se ravisa également – bien que cette phrase aurait été une assurance de plus, quelque part.
  Elle ne pouvait qu'espérer à présent, qu'Elena arriverait bien à destination et qu'elle n'aurait pas de problème, que ce soit avec les autorités ou avec son maître. Il n'avait pas l'air d'un tendre, celui-là, elle était très inquiète. Elle était impatiente que cette histoire se termine, pour qu'elle puisse tout mettre en œuvre pour lui offrir une meilleure condition. Son frère ne lui refuserait pas ça, surtout si cela impliquait d'aider une jolie fille. Si seulement il pouvait un instant oublier sa luxure, tout de même, ça éviterait à tout le monde bien des soucis.
  -Merci encore pour tout, Elena. J'espère vous revoir bientôt, c'était vraiment un plaisir de faire votre connaissance.
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Lun 11 Nov - 13:36
Seles avait donc une sorte de mot de passe pour son frère. C'était parfait ! Après avoir bien réfléchi, Aeron s'était souvenu d'une anecdote donnée par quelqu'un qui se trouvait à leur destination finale. Il n'y avait plus qu'à espérer que Zelos se souviendrait de cette anecdote. Il n'y avait aucun autre moyen pour faire que lui seul puisse comprendre où était cette destination finale.
-Transmets le message de Seles au majordome, puis dis-lui ceci : "Si l'Elu ne nous trouve pas là où nous allons pour le moment, qu'il nous rejoigne là où repose son enfant de pierre". Retiens bien cette expression exacte, je te fais confiance.
-Pour qui me prends-tu ? J'ai des choses bien plus compliquées à retenir dans mon travail.
-A une prochaine fois, Elena. Bon retour.
Aeron se retourna et marcha d'un pas aussi vif qu'il pouvait sans que cela ne soit louche. Il voulait mettre de la distance entre lui et Elena parce qu'il commençait à s'énerver. Il vit Seles arriver à son niveau tant bien que mal. Il devina la question et anticipa.
-Non, je ne faisais pas référence à un véritable enfant. J'ignore si votre frère en a, ce ne serait pas impossible, volage comme il est, mais je parle d'autre chose. Je vous expliquerai plus tard.
Il avait beau parler de ça, son esprit revenait toujours au même problème. Il savait ce qui attendait Elena, il ne le savait que trop bien. S'il avait su qu'elle était au service du comte Orzhov, jamais il n'aurait demandé à ce qu'elle participe à ce plan. ils auraient eu une diversion de moi, ou se seraient débrouiller pour en faire une autre. Il ne lui posait que des problèmes. D'abord à la maison Valerius, puis même après... et maintenant il continuait. Pourquoi ne pouvait-il pas faire autre chose qu'apporter le malheur ? Qu'allait-il arriver à Seles, maintenant ? Quel malheur allait s'abattre sur eux ? Zelos pourrait mourir par la faute d'Aeron, cela ne l'étonnerait pas.
Ils devaient atteindre la côte dans la journée, le plus vite possible. On ne savait jamais vraiment quand le bateau partait, et il n'attendrait pas les retardataires. Il fallait donc se presser, mais l'énervement était responsable de la hâte d'Aeron plus que la bonne tenue du plan. Il fallait qu'il protège Seles à tout prix et qu'ils trouvent Zelos ou que Zelos les trouve. Il devait tout faire pour cela. Seles comptait sur lui et il ne voulait pas décevoir ses attentes. Il avait déjà assez honte de lui par rapport à Elena. Elena. Ses pensées revenaient toujours à cela, encore et toujours.
Quelques arbres se dressaient sur les côtés du chemins. L'arbre là était un pommier. Cela faisait un siècle qu'il poussait et un peu moins qu'il donnait des fruits à tous les voyageurs qui avaient la chance de passer au bon moments et qui étaient assez dégourdis pour les décrocher. C'est un arbre solide et en bonne santé. Des gravures sur le tronc attestaient du passage de quelques jeunes aventuriers désireux de laisser une trace, d'un couple qui voulait garder une preuve écrite de leur amour. Toute une partie de ces gravures furent brisées.
La colère, la culpabilité, la honte, tous ces sentiments mêlés rongeaient Aeron et il avait l'impression qu'il finirait par devenir fou. Il lui semblait que Seles lui parlait, mais lui était trop concentré à ressasser ses idées noires pour s'apercevoir de sa présence. Dans un grand mouvement, il donna un grand coup de poing dans l'arbre. Le coup, amélioré par la force octroyée par l'exsphère éclata l'écorce sur une bonne surface et laissa l'empreinte du poing. Dans ce coup, Aeron avait déversé sa rage et tout en le faisant, il hurla un son inarticulé. Un silence plus frappant que le cri suivit, puis fut rompu par le bruit de gouttes de sang tombant de la main, blessée par le choc contre une surface trop dure.
  Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait. Aeron semblait tout à coup ronchon, un peu comme elle hier, sauf qu'elle ne voyait pas de raison apparente pour justifier cette nouvelle humeur. Qu'il soit triste de dire au revoir à son amie était compréhensible, mais était-ce une raison pour être si désagréable ? Les hommes, j'vous jure ! Et oui, c'était encore une magnifique preuve de sa parfaite mauvaise fois, un problème avec ça ? Enfin, elle n'allait pas jouer tout de suite au fauve qui grogne le plus fort – elle avait déjà gagné la dernière fois – et se dit qu'elle devait peut-être essayer de rester passible pour le moment.
  Ils saluèrent une dernière fois la demi-elfe qui leur été d'un si grand secours, après qu'Aeron lui ait fait passer un message plutôt énigmatique. Un enfant de pierre ? Comment devait-elle interpréter cela ? Un véritable enfant de Zelos qui s'appellerait Pierre peut-être ? Non, c'était peut probable, jamais Zelos n'aurait opter pour un nom aussi banal. Bah, il ne manquerait plus qu'elle soit tata à son âge, sans le savoir en plus ! Non, ça devait être autre chose, forcément, mais quoi ? Un statue peut-être ? Mais il y en avait beaucoup dans le monde, des statues, de laquelle parlait-il ? C'était peut-être tout autre chose. Bah, elle était pommée ! Elle voulait savoir. Mais alors qu'elle rattrapait son camarade – qui s'était enfuis d'un pas furibond, ce dernier coupa très vite cour à toute question, d'un ton plus sec que de coutume. Elle eut alors une petit moue boudeuse, le suivant toujours de son mieux. Il marchait beaucoup plus vite qu'avant, peut-être qu'elle devrait lui re-casser le pied pour le ralentir un peu. A ce rythme-là, elle allait faire une crise d'asthme dans cent mètres.
  Dans sa grande bonté, elle tenta à plusieurs reprise d'engager la conversation. Elle commença par parler d'Elena, ventant les mérites de cette gentille demi-elfe au cœur d'or. Elle tenta de faire quelques allusions dans l’espoir qu'il lui en dise plus sur elle et leur relation, mais il restait muet. Comme il lui semblait que le sujet semblait le renfrogné – elle l'avait peut-être plaqué en fait – elle décida de parler du temps qui les gratifier d'un vent plutôt doux. Il restait muré dans son mutisme et accélérait toujours plus le pas, alors que son souffle commençait à se couper.
  Presque comme s'il avait entendu ses pensées, le blondinet s'arrêta tout à coup près d'un pommier gigantesque, don l’écorce avait été mainte fois mise à mal par divers promeneurs peu scrupuleux. Oui, Sélès était l'ami des arbres, elle trouvait les gens bien égoïste de ce croire tout permis sur les être vivants tel que ce résinifère sous prétexte qu'il ne peut ni bouger, ni crier. Aeron ne semblait cependant pas plus soucieux de la santé de cet arbre centenaire, puisque son point s'y planta furieusement en grand bruit de craquement, se mêlant à un cri de rage qui fit faire un bon à Sélès. Plus que surprise, elle venait d'avoir la peur de sa vie. Qu'est-ce qu'il lui prenait de crier comme ça tout à coup ? Il est pas bien dans sa tête celui-là ! Bon sang, il était mentalement désordonné en fait, il était complètement fou. On l'avait laissé avec un dangereux psychotique colérique ! Il avait fière allure son sauveur envoyé de Martel ! Merci, hein, merci beaucoup !
  Bing. Aïe. Tel un châtiment divin pour ses vilaines pensées, et comme si elle n'avait pas eut assez peur comme ça, elle reçu une pomme sur la tête, lui arrachant un petit gémissement aigu de douleur. Elle se frotta le sommet du crâne et se maudis intérieurement de ne pas avoir remit son chapeau plus tôt. Elle releva alors un petit regard contrarié sur le blondinet, fonça les sourcils. Elle tapa alors du pied, comme une petite fille en colère, peu convaincante.
  -Mais qu'est-ce qu'il vous prend, he ! Ça va pas ? S'enflamma-t-elle. Qu'est-ce que vous avez depuis tout à l'heure ?! Je vous préviens, soit vous déballer votre sac maintenant, soit vous vous calmer, mais je ne continuerais pas le voyage dans ces conditions !
  Elle croisa alors ses bras d'un petit air bougon et s'assied là, avec son air de petite gamine boudeuse, presque avec les joues gonflées. C'était une façon un peu brutal de l'aider, mais au moins, ça l'encouragerais sans doute à exploser une bonne fois pour toute, et ensuite il pourrait se calmer. Mais comme elle restait là à boudé, elle reçu une nouvelle pomme sur la tête, ronchonnant aussitôt d'un petit ''aïe, hou !'' puis elle poussa un petit soupire contrarié. Cet arbre ne l'aimait pas, et pourtant, elle devait être la seule parmi toute les personnes à être passé sous ses branches à ne pas lui avoir fait de mal ! C'était injuste. Quoi que, il était peut-être masochiste, cet arbre … C'est sans doute ce qu'elle aurait conclu, si elle savait ce que c'était que le masochisme.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Lun 11 Nov - 17:41
Voilà que la petite princesse s'énervait. Qu'est-ce qu'elle en sait de tout ça, elle ? Elle ne sait rien de ce qu'il se passe autour d'elle. Elle a toujours vécu dans son abbaye, ne sait rien du monde extérieur, elle ne sait rien du sort réservé à Elena. Elle a un frère qui pense à elle, qui la cherche, elle a eu une mère qui devait l'aimer, à priori. Aeron n'avait que mépris pour tous ceux qui était du même sang que lui. Il avait honte de toute sa race. Voilà que la petite Seles se mettait à bouder ?
-Oh il est hors de question que je vous laisse là. Vous allez vous faire attraper et retourner à la case départ. C'est ça que vous voulez ? Moi non. Maintenant vous allez arrêter de faire la gamine et me suivre.
Il l'attrapa par le poignet avec sa main intacte, car l'autre le faisait trop souffrir. Il la tira derrière lui et reprit le chemin. La jeune fille résistait mais maintenant qu'Aeron avait également une exsphère, elle ne pouvait pas y faire grand chose. Ainsi ils avançaient lentement mais ils atteindraient la plage à temps, normalement. Il n'avait pas le courage de ménager Seles. Si elle devait rester là, elle se ferait prendre et il s'en voudrait trop. C'était égoïste ! Même lui était égoïste. Au fond, il appréciait beaucoup Seles et il ne voulait pas qu'il lui arrive du mal, mais avait-il le droit pour autant de la forcer à accepter sa protection ? Non, probablement pas, mais Aeron était trop énervé pour agir autrement. Lorsque Seles fit mine de protester, il s'arrêta et se retourna. Il ne haussa pas le ton, cette fois, mais son ton était toujours aussi énervé :
-Vous voulez un héros sans peur et sans reproche ? Quelqu'un de parfait qui vous guide à votre frère directement sur un chemin arc-en-ciel sous un ciel rose ? Trouvez-en un, allez-y, dites-moi où est votre héros. La réponse est qu'il n'y en a pas. Je suis humain, j'ai mes soucis, mes sentiments, alors quoi ? Je ne suis pas assez bien pour vous ? Vous voulez rester ici ? Vous voulez vraiment vous faire attraper ? En partant de l'abbaye, vous avez échappé à quelque chose que vous n'envisagez même pas depuis votre petite tour d'ivoire, alors montrez un minimum de gratitude en m'épargnant vos caprices !
Sa tirade était exagérée. Seles n'était pas la responsable de ses propres malheurs. Elle avait juste eu le malheur d'être la goutte d'eau de trop et d'être la seule à portée. Au fond de lui, Aeron s'en rendait compte et avait une pointe de culpabilité, mais le brouillard de la colère cachait pour le moment ces sentiments plus nobles et plus sage que son ire.
  Son effet était plutôt raté, pour le coup. Même totalement foiré ! Plutôt que de vider son sac, il décida lui aussi de se prêter au jeu de celui qui rugira le plus fort, et forcément au sommet de ses grandes guibolles et avec son air imposant de chevalier, il avait un petit avantage. Mais plus c'est petit, plus c'est teigneux, et plus sa crie fort, c'est bien connu. La nature est plutôt bien faite de ce côté là, elle compense les handicaps de chacun. Ils se disputaient beaucoup ces deux-là, depuis leur départ, le voyage promettait d'être orageux décidément, s'ils arrivaient au bout avant que l'un n'étrangle l'autre pendant son sommeil. Le pire c'est qu'elle l'aimait bien au fond, mais là il dépassait les bornes, oser la traité de gamine alors que c'était lui qui était ronchon ! Bon d'accord elle fut bien puérile la veille, mais ça, c'était hier, et puis elle ne fait pas de mal aux arbres, elle, quand elle est contrariée ! Il ne manquerait plus que ça, voyons.
  Écarquillant les yeux d'un air offusqué, elle prononça le début d'un « quoi » outré, mais fut coupée lorsqu'il lui saisit fermement le poignet pour l'obliger à avancer. Ben voyons, c'est bien une solution de garçon ça ! De gros machos qui ne pensent qu'avec leurs muscles ! Alors qu'elle aurait continué de suivre bien sagement s'il lui avait expliqué pourquoi il était énervé comme ça. Il aurait aussi très bien pu lui dire que ça ne la regardait pas, là, elle se serait vexé aussi mais elle aurait fini par suivre le mouvement s'il avait demandé gentiment. Mais non. Monsieur s'est senti obligé d'utiliser ses nouveaux muscles dopés à l'exsphère ! Bon dans tous les cas il aurait eut tort, mais bon. Il n'y avait pas de place ici pour deux personnes à l'humeur fragile, et comme c'était elle qui portait l'utérus, elle avait la priorité. Outre cela, le comportement d'Aeron l'inquiétait et l'effrayait même quelque peu. Ce devait être grave pour qu'il se comporte comme ça tout à coup, mais elle ne comprenait pas. C'est ce qui l'énervait le plus. Elle n'avait rien demandé elle, et voilà que tout lui tombe dessus. Elle l'avait un peu cherché, c'est vrai, mais à la base, c'était juste pour essayer de l'aider, le faire parler, pour qu'il déballe son sac. C'était complètement raté.
  Elle se débattit furieusement alors qu'il la traînait toujours comme si elle n'eut été qu'une pauvre poupée de chiffon insignifiante. Elle trouva alors étrange qu'il mette tant d'honneur à la garder avec lui, il voulait vraiment la vendre si ça se trouve ! La petite rouquine paniquait alors un peu, elle avait presque envie d’appeler au secours, ce qu'elle ne fit bien sûr pas.
  -Lâchez-moi !! Utch, et c'est moi la gamine après ça ?!
  Il fit la sourde oreille et la traîna jusqu'à la plage, où, la tenant toujours d'une poigne de fer, il se tourna vers elle pour la sermonner. Bah, c'était ça ! Il nous faisait une petite crise d'angoisse dû à son complexe infériorité. En réalité, Sélès n'avait pas du tout l'âme à ironiser la situation. Elle avait un petit air à la fois contrarié et effrayé, face au ton de plus en plus cru du blondinet qui perdait de plus en plus son self-contrôle. Sélès tentait toujours de se dégager de son emprise, mais la main d'Aeron serrait, serrait toujours plus, et elle serra les dents avec la sensation que son poignet était sur le point de céder sous la pression.
  Elle se sentait grandement insultée par les mots d'Aeron, terriblement déçue et blessée d'être jugée aussi rapidement par quelqu'un qu'elle estimait pourtant beaucoup malgré tout ce qu'il s'était passé. Elle avait cru Elena lorsqu'elle lui avait demandé de ne pas être trop dure, lorsqu'elle lui avait dit que, derrière une certaine maladresse, c'était vraiment un gentil garçon. Mais là ce n'était plus de la maladresse, il était carrément en train de se défouler sur elle. Mais ses derniers mots eurent pour effet de la piquer à vif, si bien qu'elle ne contrôla même pas sa main libre qui fendit l'air pour claquer la joue du blondinet furibond.
  -Qui fait des caprices ici ?! Premièrement : je n'ai pas besoin de héros, je sais me défendre toute seule ! Deuxièmement : Je vous suis bien reconnaissante de tout ce que vous avez fait pour moi, mais je ne vais pas devenir votre chose en remerciement ! Et troisièmement, je ne sais pas ce qui vous prend tout à coup et je veux bien faire l'effort de comprendre mais pas si vous vous servez de moi comme un défouloir ! Et ne m'accusez plus de faire de caprice alors que vous venez presque d'abattre un arbre d'un coup de point sans prévenir !! Et EXCUSEZ de m'inquiéter de savoir où finira le prochain coup !! Et lâchez-moi , vous me faites mal !!
  Ça c'était dit. Avec la tarte qu'elle venait de lui décocher, elle allait très vite savoir ce qu'il avait au fond de lui, s'il n'était qu'un humain hautain comme les autres, et bien, elle allait très certainement mourir ou pire. Sinon et bien … En fait, elle ne voyait pas comment ça pourrait bien finir après ça.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Lun 11 Nov - 19:19
La gifle eut d'abord l'effet d'une douche froide, mais les propos tenus ensuite ravivèrent sa colère mais d'une manière beaucoup plus froide. Il comprit alors que l'une des choses qui lui pesait le plus était de cacher des choses à Seles. Si elle voulait comprendre alors oui elle allait comprendre. Malgré tout, le fait qu'il lui ait fait mal le fit souffrir. Il la lâcha aussitôt, et d'un ton froid, commença à expliquer.
-Que vous soyez ma chose ? Si j'avais vraiment voulu cela, il m'aurait suffi d'attendre à l'abbaye, mais ça vous l'ignorez. Vous ne savez rien de ce qui se passe autour de vous.
Sortant une lettre de son sac, il la jeta littéralement à la figure de Seles.
-Vous pouvez lire cette missive qui a été adressée aux gardes de l'abbaye et une similaire a du être envoyée aux autres. Vous lisez ces mots ? Comprenez-vous cette expression "disposer d'elle" ? Je vois à votre visage que non. Vous n'êtes qu'une demi-elfe ! Rien d'autre. C'est-à-dire que toute la Garde Pontificale que vous auriez croisé serait passé entre vos cuisses, et belle comme vous êtes, ils auraient bien pris leur temps. Vous comprenez ça ? Ils vous auraient tous frappée puis violée et auraient probablement tenté de me forcer à participer.
Il souffrait de voir les yeux de Seles à ce moment. Elle était choquée, c'était évident. Cependant, Aeron ne s'arrêtait pas là. Il continua. Il avait besoin de se relâcher.
-A présent vous m'accuser d'être pareil ? Vous osez me traiter de la sorte, de croire que je serais capable de vous infliger des violences pareilles alors qu'au contraire je risque ma vie pour vous sauver ? Et ne me dites pas que vous savez vous défendre seule ! Vous ne sauriez pas où aller, ni comment vous défendre des obstacles rencontrés.
Les mots venaient seuls, il avait peur de faire du mal à Seles, encore, mais il ne pouvait plus mentir ou cacher des choses à celle qui voyageait avec lui. Malgré son caractère, les choses s'étaient arrangées le matin même dans la charrette. Elle lui avait tendu ce sandwich et il avait été tellement heureux à ce moment. Voilà qu'il avait tout gâché.
-Vous voulez savoir pourquoi je suis énervé ? Tout simplement parce que j'ai ruiné la vie d'Elena, et aujourd'hui encore, je continue alors que je ne le voudrais pas. Vous savez ce qui l'attend, là ? La même chose qui vous aurait attendu, à la différence que le comte pour qui elle travaille profitera tout seul de ces plaisirs. Vous n'avez pas idée de ce à quoi j'ai assisté le concernant. Rien que cette anecdote vous glacerait les sangs ! Aujourd'hui les deux seules personnes à qui je tiens dans ce monde risquent de subir le même supplice, l'une des choses que j’abhorre le plus au monde. Est-ce que vous pouvez comprendre ça, vous qui avez un frère en liberté qui vous retrouvera et avec qui vous serez probablement heureuse encore longtemps. Lui qui est si fort, qui se tire de toutes les situations.
Les larmes perlaient au coin de ses yeux mais au diable la fierté masculine, il n'en avait cure. Il respira profondément pendant quelques longues secondes pendant lesquelles personne ne parla, puis voyant la trace rouge sur la peau de Seles au niveau du poignet, repris d'une petite voix :
-Pardon de vous avoir fait mal... et désolé pour ma colère, ce n'est pas de votre faute.
Il se retourna vers la mer, fit quelques pas, planta son épée et posa son derrière dans le sable avant d'enfouir son visage dans ses bras. Il était vidé. Il avait tout dit, avait peut-être choqué la jeune fille et lui a fait encore plus de mal, mais il n'aurait pas pu continuer à cacher des choses et à mentir.
  La pauvre enfant, si naïve et bercée dans l'idéal d'un pays imaginaire, elle eut grand mal à comprendre les premières allusions du chevalier. Cependant, ce dernier ne la laissa pas sur sa faim cette fois, et décida de toute lui expliquer en détail après lui avoir jeté la missive au visage. Elle rattrapa le papier d'un geste sec, passablement contrariée du geste, mais elle parcourut tout de même quelques lignes des yeux, un peu distraite cela dit par la présence si imposante de son camarade. Non, bien sûre que non … Elle était bien loin de se douter de tout ce que renfermait ce ''disposer d'elle'' ! A dire vrai, elle se serait bien passée de savoir. Ô combien elle donnerait pour revenir juste quelques secondes en arrière, juste avant qu'il ne prononce ces terribles paroles qui l'écorchèrent vive, faisant saigner son cœur et ses tympans. Ô combien elle donnerait pour ne jamais savoir, pour ne jamais avoir posé la question. Elle voulait oublier, mais ces mots résonnaient en écho assourdissants dans son crâne, lui coupant littéralement le souffle. Et au-delà des mots, son imagination commença même à faire un travail inquiétant, des images qu'elle tenta très vite de chasser et qui s'imposaient malgré tout à elle, tout comme la vérité s'était imposée également.
  Ses grands yeux bleus semblèrent se vider de toute lueur de vie, alors que des larmes de détresse venait les rougir légèrement. Elle ne voulait pas croire cela, ce n'était pas possible. Le monde, ce conte de fée auquel elle songeait tant en regardant par sa fenêtre. Elle savait qu'il renfermait ses malheurs et ses vices, mais pas ça, non, ce ne pouvait pas être laid à ce point. Comment de tels monstres ont-ils pu voir le jours sous la juridiction de Martel ? Comment croire encore en elle après cela ? Pourquoi et comment cela pouvait-il exister ? C'était absurde, inconcevable. Mais les mots persistaient et bousculaient tout son être. Comment être la même après cela ? Elle ne pourrait plus, c'était impossible. Elle ne pourrait plus jamais accorder un seul regard à un humain, elle se mit tout à coup à les détester, alors que jusque-là, elle était restée parfaitement indifférente.
  Elle restait parfaitement statique, plus encore qu'une statue, elle sentait cependant chacun de ses muscles et organes se liquéfier, comme si elle cessait progressivement d'exister. Elle le souhaitait tant, oui, elle souhaitait tant disparaître … Elle se sentait complètement démunie, elle n'avait plus envie de se battre dans ce monde pestilentiel, elle n'avait plus envie de vivre dans un monde aussi laid.
  Elle se rendit compte qu'avec ses propos, elle avait bel et bien blessé Aeron, bien plus qu'elle ne saurait le concevoir, sans doute. Et pourtant, malgré toutes les suspicions qu'elle put avoir à son égard, jamais elle n'aurait imaginé une chose pareille ! Ce n'était pas du tout ce qu'elle avait voulu sous-entendre, et même en se méfiant de lui, jamais elle n'aurait été le suspecter de tels vices. Au fond d'elle, elle devait savoir depuis bien longtemps que cela existait, mais elle n'avait jamais pu se résoudre à l'imaginer. A la simple idée que cela aurait pu se produire, elle se sentait sale et déshonorée. Elle avait juste envie de s'enfouir sous le sable et d'oublier tout.
  Puis Aeron proféra les paroles qui eurent raison d'elle. Apprendre le sort qui attendait Elena l'avait complètement achevée, et sur le coup, elle eut envie de partir en courant le plus vite possible pour la rattraper, mais elle devait être déjà loin. Comment pouvait-elle retourner là-bas en sachant ce qui l'attendait ? Sélès ne pouvait le comprendre, même si c'était pour protéger sa mère. Bon sang. Elle voulait être plus forte, plus puissante et influente. Elle voulait voler jusque là-bas et offrir un havre de paix à Elena et sa mère, car elle savait, que le jour où elle pourrait faire quelque chose pour elles, et bien, il serait déjà trop tard. Il était sans doute déjà trop tard, d'ailleurs, le mal devait être fait depuis longtemps, bien avant leur rencontre. Et désirant tant cela, le poids de son impuissance n'en fut que plus lourd, et ce sentiment, elle put parfaitement le partager avec le blondinet, dont la honte d'être humain en était devenu palpable.
  La petite rouquine dont la douce ignorance juvénile venait d'être brisée baissa doucement la tête en fermant les yeux, alors que le chevalier partait un peu plus loin pour finalement se laisser tomber dans le sable, laissant la détresse le submerger un instant. La jeune fille porta alors doucement ses doigts jusqu'à son poignet, pour effleurer les rougeurs qui la picotaient légèrement. Elle serra alors les poings. Elle aurait pu se soigner, mais elle ne le ferait pas. Elle s'estimait tellement chanceuse de sa condition, qu'elle pouvait au moins porter cela, pour tous les maux de son peuple. Cela ne changerait strictement rien, sinon de décharger un semblant de rien du poids qui serrait son cœur. Elle aussi, elle avait envie de défoncer un arbre à grand coups de poings, maintenant.
  En relevant doucement la tête vers lui, elle remarqua qu'Aeron s'était laissé aller à quelques larmes de détresses. Elle avait tellement envie de partir en courant … Pour retrouver Elena, pour la sauver. Elle se sentait tellement responsable ! Si elle n'avait pas été là, Aeron aurait très certainement tenté le tout pour le tout afin d'éviter le pire à son amie. Mais sa présence était bel et bien un fardeau, plus terrible encore qu'elle n'aurait pu le redouter. Elle avait envie de lui prendre la main et de le traîner à son tour à travers la forêt pour retrouver Elena. Elle le voulait tellement … Mais il était trop tard. Tant d'heures les séparaient, elle était sans doute sur le point de débarquer sur l'autre continent à l'heure qu'il était.
  Elle donna un petit coup de pied furibond en arrivant à cette conclusion, dérangeant un crabe qui passait par là et qui s’enfuit en faisant claquer ses pinces. Elle se mordit la langue jusqu'à sentir un goût de sang envahir sa bouche, suffisamment pour avoir la force de ravaler des larmes bien inutiles. Pleurer ne lui servirait à rien, se dit-elle, ce n'est pas ça qui la sauverait, ni elle, ni que ce soit. Les humains n'étaient que des montres ! Et rares étaient les exceptions de l'étoffe d'Aeron.
  Elle s'approcha doucement de lui, et sentit finalement ses dernières forces l'abandonner alors qu'elle arrivait juste derrière lui. Elle s'agenouilla là, et comme il pleurait, elle fit la seule chose qui lui semblait logique de faire dans ces cas-là : elle le prit dans ses bras. Blottissant sa tête contre son dos, elle ferma les yeux pour tenter d'oublier ce qu'elle savait à présent, alors que ses petits bras frêle s'étaient enroulés autour du blondinet. Mais garder les yeux fermés favorisait plus encore la figuration imagée, si bien qu'elle s'efforça de garder les yeux ouverts, fixant simplement le vide.
  -Je suis désolée … tellement désolée … Je … Je ne vous ai jamais cru capable de telles cruautés …
  Elle resserra un peu plus fort son étreinte pour ravaler ses propres larmes. Elle devait être forte, maintenant plus que jamais.
  -Si vous voulez rebrousser chemin pour retrouver Elena, je vous suivrai, et je vous aiderai, qu'importe les risques. Je ne veux pas que vous renonciez à elle à cause de moi.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Lun 11 Nov - 22:05
Aeron était désespéré. Pourquoi faisait-il tout cela ? A quoi bon ? Arrivera-t-il seulement à sauver Seles ou empirera-t-il sa vie ? Après tout, peut-être que l’Élu serait arrivé avant la Garde Pontificale. Non, c'était peu probable... quoique... On ne peut jamais savoir. Qu'allait-il faire, maintenant que Seles allait probablement lui en vouloir à mort ? Il se posait encore la question quand les bras de celle-ci l'entourèrent. Il n'osa pas bouger. Qu'allait-elle faire ? L'étrangler ? Le traîner dans la boue, enfin, le sable, plutôt ? Mais non, les bras restèrent là, avec douceur.
Les excuses qu'elle prononça lui réchauffèrent le cœur. Il ne sut quoi dire. Il resta interdit. Ainsi elle ne l'avait pas cru capable de cela ? Un instant, il avait vraiment cru être comme tous ces porcs qui agissaient égoïstement. En quelques mots, elle avait balayé ces doutes. Les bras de la jeune filles se resserrèrent un peu plus. Ce geste affectueux lui fit plus de bien que tous les mots du monde. Instinctivement, de sa main en bon état, il s'accrocha à un de ses bras. Ce n'était pas le bras qu'il avait maltraité un peu plus tôt, mais l'autre. Il était trop déprimé pour apprécier l'ironie de la chose. Sa main blessée avec laquelle il avait essayé d'attraper le bras avec la marque avait à peine bougé quand il avait essayé. Peut-être s'était-il fait plus mal qu'il ne l'avait cru. Il s'en fichait pour le moment. Sa main était agrippée au bras de la jeune fille mais cette fois c'était en douceur. Aeron était trop timide et peut-être encore un peu trop fier pour prononcer les mots "ne me laissez pas tomber", donc sa main s'en chargeait pour lui.
Seles proposa de rebrousser chemin pour Elena. L'idée aurait été tentante si elle était réalisable et s'il y avait une solution pour sauver Elena et sa mère. Dans l'état actuel des choses, c'était irréalisable. Il imaginait d'ici le traitement qui lui serait réservé. Et encore, elle avait la chance d'être probablement la plus belle des servantes demi-elfes. Le comte n'osera pas trop l’abîmer. En revanche il la forera malgré tout. Une fois de plus, sa main blessée essaya de se contracter sous la colère, mais seule la douleur sans mouvement répondit. Il répondit malgré tout à Seles.
-Non, ça ira. Nous devons lui faire confiance. Il ne la maltraitera pas autant qu'une servante ordinaire. Elena est une perle rare parmi les servantes. Elle subira des mauvais traitements, mais c'est son choix, même s'il a en partie été imposé. J'ai ruiné sa vie de nombreuses fois. Dans le fond, je ne vaux peut-être pas mieux que ce salaud. Je me souviendrai toujours de son air supérieur quand le Pontife l'a soutenu ce jour-là. Je pourrais les tuer tous les deux si je les avais face à moi tout de suite.
Il avait conscience de faire référence à des souvenirs que Seles ne partageait pas, mais il ne voulait pas lui raconter. Pas maintenant en tout cas. Il l'avait déjà tant blessée, et pas que moralement. Il s'était juré de ne jamais blesser une femme et aujourd'hui, il avait brisé sa promesse. il se dégagea avec douceur de l'étreinte de la jeune fille et se leva. Il lui tendit sa main valide pour l'aider à se lever, puis, réagissant à son instinct, la prit dans ses bras. Un peu baissé, il avait presque le nez dans ses cheveux. Elle sentait bon.
-C'est à moi de m'excuser, Seles. Mon comportement est impardonnable. Je suis désolé de vous avoir surprise avec l'arbre, de vous avoir faite souffrir. Et je n'aurais peut-être pas du vous dire tout cela, en tout cas, pas comme ça. Je m'en veux. Et, tant que je suis assez lucide pour mettre ma fierté de côté, merci. Merci d'être là, de me soutenir, de me donner un but.
Il relâcha son étreinte, commençant à être embarrassé d'avoir osé la prendre dans ses bras comme cela. Il ne voulait pas l'offenser ou la mettre mal à l'aise. Décidément, il n'apprendrait jamais ! Tournant la tête, il distingua la forme d'un navire au loin.
-Nous allons devoir repartir. Nous avons quelques centaines de mètres à faire vers l'est. Le navire de transport passe dans la baie pour récolter directement sur place la récolte de quelques pêcheurs isolés. Nous en profiterons pour demander à aller avec eux jusqu'à leur destination. C'est monnaie courante, ici, donc ils ne seront pas étonnés. Enfin... je dis cela, mais... voulez-vous toujours me suivre ? Je ne me suis pas vraiment montré exemplaire, ces derniers temps.
Son cœur se serra à l'idée qu'elle le rejette et qu'il doive la laisser là. Lui, pourrait s'en sortir, mais dans quel but ? A quoi bon ? Il avait préparé ce plan de désertion il y a bien longtemps mais la raison pour laquelle il ne l'avait jamais mis à exécution est qu'il n'avait aucun but à poursuivre après ça. Aujourd'hui, son avenir à ses yeux était lié à Seles.
  Les propos d'Aeron ne la rassurèrent pas le moins du monde. Elle aurait presque aimé redevenir un peu plus jeune, juste assez pour qu'elle soit encore en âge de recevoir de jolis mensonges qui favoriseraient son sommeil. Mais elle était grande maintenant, elle était largement en âge de comprendre, et elle se devait d'être forte et de gérer ce genre d'informations, aussi coûteuses soient-elle émotionnellement. Elle devait être à la hauteur pour partager le fardeau si lourd à porter pour le jeune chevalier, il avait été si bon avec elle, elle lui devait bien cela. Alors elle ferait de son mieux pour respecter son choix, qui, bien qu'évident pour maintes raisons, était difficile à comprendre pour elle. Sélès était plutôt du genre impulsive, elle foncerait volontiers tête baissée pour jouer à l'héroïne, qu'importe si c'était voué à l'échec. Aeron lui, était la raison. C'était ironique de voir comme les rôles étaient inversés, en général, c'est plutôt les jeunes chevaliers fringuants qui se montraient téméraires, et les jeunes filles, elles, restaient plus sages et réfléchissent. Mais Sélès voulait prouver sa force, elle vivait dans ce seul espoir, alors elle s'efforçait parfois de se conduire en petite brute épaisse. Ça coûterait beaucoup à sa conscience, mais elle décida de respecter son choix, et de ne pas le contredire, sachant pertinemment que cela ne ferait que le perturber et le faire se remettre en doute. Elle ne voulait pas lui laisser croire qu'il prenait la mauvaise décision, elle ne voulait pas qu'il se voit comme un monstre, alors qu'il était son véritable ange gardien.
  Elle se demandait tout de même de quoi il parlait exactement, en disant qu'il avait gâché sa vie. Elle pouvait mal se figurer les détails, mais il semblerait qu'il soit devenu trop proche d'elle et que sa famille ne l'ait pas accepté. Après, jusqu'où cela a-t-il pu aller et comment ? Maintenant que le peu d'illusion d'estime qui lui restait envers les humains était brisé, elle n'était pas étonnée qu'ils aillent très loin pour peu de chose. Elle n'allait pas se permettre de questionner Aeron à se sujet tout de suite, il lui en parlerait le jour où il s'en sentirait capable, qu'il en ressentirait le besoin. Elle partagea cependant pleinement son désir de meurtre, elle aussi se ferait une joie de réduire le Pontife en un gros tas de viande, c'est tout ce qu'il méritait.
  Le chevalier éploré se dégagea de son étreinte pour se relever, l'aidant gentiment à redresser à son tour en lui tendant la main. Elle accepta l'aide bien volontiers, se faisant surprendre par un nouveau câlin inopiné qu'elle mit un certain temps à calculer. Elle esquissa un léger sourire à la fois gêné, flatté et rassurant alors qu'il déballait ses plus plates excuses. Elle avait l'impression d'étreindre un petit chaton tout larmoyant, bien qu'il fasse bien deux têtes de plus qu'elle. Elle le savait gentil bougre, mais elle ne l'aurait pas imaginé aussi bisounours – qui irait imaginer cela de son geôlier en même temps ? Elle lui tapota doucement le dos pour l'aider à se ressaisir, et lui signifier qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur – pour cette fois-ci.
  Comme il se décollait doucement d'elle, elle le rassura d'un regard, amusé de le voir tout embarrassé, bien qu'elle le soit un peu également. Elle suivit ses gestes du regard pour tenter d'apercevoir le navire dont il était en train de faire mention. Elle n'était plus très enchantée à l'idée de se retrouver sur un bateau rempli d'humains, des marins qui plus est. Elle se sentait encore très révoltée contre cette race, et elle sentait qu'elle partirait au quart de tour à la moindre remarque. Elle allait devoir prendre sur elle, pour éviter d'attirer des problèmes à son camarade. Elle allait devoir se concentrer sur ce point et seulement là-dessus pour ne pas sortir de ses gonds par pure impulsivité. Ça allait être dur d'être optimiste vis-à-vis des humains à présent, mais aussi bien, ce n'était pas des mauvais bougres ces matelots. Malgré ses doutes, elle hocha la tête avec détermination.
  -Je reste avec vous, Aeron. De toute façon, comme vous l'avez dit, je ne saurais pas où aller, vous avez parfaitement raison sur ce point. Donnez-moi une carte et je saurais vous placer un tas de villes, mais même avec toutes les cartes du monde je serais bien incapable de me rendre d'un point A à un point B. Je suppose que je peux encore supporter vos humeurs pendant quelques temps, si vous êtes également prêt à supporter les miennes.
  Elle avait dit cela avec beaucoup de sympathie et d'allégresse, afin de détendre l'ambiance et de tenter de le faire déculpabiliser un peu. Elle le sentait tout tendu, elle voyait bien le regret dans son regard. Ce n'était pas très bon pour lui d'ailleurs, qu'elle ait remarqué son art de culpabiliser, car elle pourrait bien en profiter un jour. Pas pour des choses bien méchantes, mais suffisamment pour l'embêter un peu, ou juste pour tester ses limites. Elle se découvrait beaucoup de malice, notre innocente petite poupée.
  Avant de prendre la route, Sélès prit la main blessée d'Aeron pour la soigner. Les écorchures qui l'avait tâché de sang s’effacèrent aussitôt et elle espérait être parvenue à arranger également les dégâts internes.
  -J'avais dit que la prochaine fois, je vous laisserais dans cet état, mais comme vous êtes doué pour les excuses, je vous fais une fleur pour cette fois. Ajouta-t-elle, toujours avec le sourire.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Mar 12 Nov - 2:45
Le fait que Seles accepte de rester en sa compagnie lui allait droit au cœur, mais ce qui lui faisait le plus plaisir était son sourire quand elle disait ça. Aeron était passé de la dépression à la joie. Seles était pour lui le meilleur des remèdes. Au final, que ferait-il quand ils auront retrouvé Zelos ? Pourrait-il rester avec eux ? Il risquait d'être en trop. Peut-être partira-t-il avec la ninja ? Il doutait que celle-ci soit très loquace comparée à Seles. De toute manière, il voulait rester avec Seles, cela il en était certain pour le moment. Alors qu'il commençait à marcher vers l'est, il sentit quelqu'un tirer sur son bras. En se retournant, il vit Seles, une main au-dessus de la sienne. La douleur disparut et il lui semblait évident qu'il était inutile d'aller voir un médecin après.
Ils marchaient depuis une bonne dizaine de minutes avant de voir des petits navires de pêche appartenant aux pêcheurs alentours. Ils attendaient déjà le grand navire qui allait arriver dans les minutes suivantes. Il arriva en fait pile en même temps que nos deux voyageurs. Seles avait entre deux remis la cape et rabattu la capuche, probablement plus pour s'aider elle-même à ne pas réagir en compagnie d'humain que pour se protéger. Les deux n'avaient pas discuté pendant le trajet, plus par embarras qu'autre chose, mais ils se comprenaient malgré tout. Lorsqu'Aeron s'arrêta sur la plage et fit un signe de main au navire qui avait jeté l'ancre, on lui répondit d'un autre signe de main. Seles, elle, restait derrière lui, calme, silencieuse. Le jeune homme supposa qu'elle se préparait à devoir subir des humains, marins de surcroît, et probablement lubriques.
Après pas mal de temps d'attente pendant lequel les deux jeunes gens observèrent les bateaux traiter les uns après les autres avec le navire pour vendre leurs marchandises, une barque se dirigea vers eux. Aeron n'eut pas besoin de dire à Seles que ce serait à lui de parler. Elle le savait parfaitement. Elle ne savait même pas où ils allaient et le jeune homme se promit de la tenir mieux informée de ses plans à l'avenir. Après tout, elle était décidée à le supporter encore un peu et elle avait prouvé plus d'une fois qu'il pouvait lui faire confiance. La barque semblait tellement lente, mais en réalité, c'était surtout que sur une étendue d'eau pareille, on ne se rendait pas compte que le navire était si loin. Sur cette barque, on pouvait voir deux hommes. L'un d'eux était en poupe et semblait les fixer tandis que l'autre ramait. Une fois qu'ils eurent atteint la plage, ils tirèrent la barque sur un mètre sur le sable avant d'aller s'adresser à ceux qui seraient peut-être de futurs passagers, autrement dit, des clients.
L'homme qui était à la poupe de la barque avait une dague ornée de gemmes à la ceinture. Cet objet était le seul de valeur qu'il semblait avoir. Selon la tradition, un capitaine avait cet objet symbolique sur lui afin de s'identifier, se démarquer des autres. Il avait un corps musclé, des cheveux châtains attachés en une tresse, une barbiche, et une cicatrice qui lui barrait la joue droite. Son rameur avait un physique similaire au point qu'il semblait évident que ces deux hommes étaient liés par le sang. Chacun d'eux avait une épée courbe à la ceinture. Malgré le fait que leur venue était pour des affaires, donc de l'argent pour eux, ils avaient un air patibulaire. Du coin de l'oeil, Aeron se rendit compte que Seles semblait surprise.
-Bien le bonjour, jeunes nobliaux. Vous souhaiteriez voyager sur notre navire, c'est cela ?
-Oui, j'ai entendu dire qu'il vous arrivait souvent de prendre des passagers et qu'ils étaient satisfaits de leur voyage.
-Effectivement, nous en avons une fois sur deux, en moyenne. ils arrivent tous à bon port avec toutes leurs possessions à l'exception des quelques pièces qu'ils me versent. Le soucis ici est que nos clients sont généralement des gens du petit peuple, pas des nobles.
Aeron s'y attendait. Il savait que les nobles étaient mal vus de ce capitaine. Après tout, c'était parfaitement normal, étant donné leurs statuts respectifs.
-Cela fait-il une grosse différence pour vous ? Après tout, si vous ne me prenez pas, cela fait un refus de clientèle, ce n'est donc pas bon pour vos affaires, n'est-ce pas ?
La phrase était provocante volontairement. S'ils continuaient à prendre leurs précautions éternellement, ils n'en sortiraient jamais. Ainsi, au moins, les marins allaient être obligés de donner leurs conditions. C'était une méthode pour entamer les négociations, en quelque sorte.
-Nous n'aimons pas votre manière de nous traiter. On sait comment sont les nobles, alors vous allez nous confier toutes vos armes et si je vous appelle pour aider à ramer, vous ne posez pas de question et vous ramez avec mes semblables.
Le capitaine semblait penser que jamais un noble n'irait se désarmer sur son navire, et Aeron lui concédait qu'il ne connaissait pas beaucoup de nobles qui le feraient. Malgré tout, il était assez confiant en ses propres capacités pour gérer la situation, avec ou sans arme.
-Très bien. J'accepte en partie vos conditions. Je m'explique : je vous donne mes armes et je participerai aux rames si besoin, en revanche, ma compagne de voyage ayant une santé plutôt fragile, elle sera dispensée de ramer.
Prenant son épée, à la main, il la tendit au capitaine, pommeau vers l'avant. Ce fut ensuite le tour de l'arbalète qu'il décrocha rapidement. Un coup d’œil suffit à lui indiquer que Seles brûlait de réagir, de poser des questions, mais qu'elle se retiendrait car ce n'était pas le moment de le faire, pas devant eux. Ce que son regard voulait dire était par contre évident : "vous auriez pu me prévenir !". Effectivement, il aurait pu et aurait peut-être du. Il essaya de faire des excuses silencieuses, mais fut vite interrompu par le second du capitaine qui prétendait vouloir fouiller Seles à la recherche d'armes. Il avança une main vers elle. Il était certain que Seles ne se laisserait pas faire. Plutôt que d'avoir une tigresse déchaînée, le jeune homme préféra agir. Il prit le poignet du marin dans sa main et parla d'une voix froide au capitaine :
-Capitaine, soyons clairs. Si un seul membre de votre équipage, qu'il soit humain comme moi ou demi-elfe comme vous, ose poser la main sur cette personne qui m'est chère, je lui arrache la main, dussé-je la couper avec mes dents et combattre tout votre équipage sans arme.
La menace aurait pu paraître drôle, ridicule et vide de sens, mais Aeron y avait mis toute sa conviction. Il pensait parfaitement ce qu'il disait et cela se voyait dans ses yeux. Il lâcha la main du second qui recula de quelques pas, intimidé, tant que le capitaine, de son côté, continuait de fixer Aeron, les armes de celui-ci dans les mains. La tension était palpable. Aeron venait clairement de menacer l'homme qui allait les conduire à destination. Le capitaine hocha lentement la tête, mais ne bougea pas. Était-ce un assentiment ? Le blondinet décida de le prendre comme tel. Il posa délicatement une main sur l'arrière de la tête de Seles pour indiquer d'une infime poussée qu'il fallait avancer. Ce faisant, il avait tiré sur l'étoffe et le visage de Seles vu visible au soleil. Le capitaine l'observa alors attentivement, se demandant probablement quel genre de noble elle était, mais ses yeux s'écarquillèrent. Non, il ne reconnaissait pas Seles, presque personne ne savait exactement à quoi elle ressemblait et la nouvelle de sa fuite de l'abbaye ne pouvait pas déjà être arrivée à ses oreilles. Non, il reconnaissait juste une semblable demi-elfe et ne semblait pas croire qu'un homme puisse parler ainsi d'une personne de cette race.
En quelques pas, les deux jeunes gens arrivèrent à la barque que le second avait remis à l'eau. Aeron monta et tendit la main à Seles pour l'aider à monter. Celle-ci semblait tendue, tout sauf rassurée, probablement autant à cause de la situation avec le capitaine que du fait d'aller dans une barque qui semblait si chétive. Une fois les deux assis à l'arrière de la barque, le capitaine se posa à l'avant et ordonna à son frère de commencer à ramer. Le silence se fit pendant toute la traversée. Aeron était presque aussi tendu que Seles. Il pensait le capitaine honnête, de ce qu'il avait entendu, mais qui savait quels griefs il pouvait avoir contre les nobles ? Le fait que Seles soit demi-elfe ne voulait pas forcément dire grand chose à ses yeux. Comment prévoir tout ce qu'il se passera une fois à bord du navire ? Toutes les possibilités se bousculaient dans la tête d'Aeron quand la barque heurta doucement le bois de la coque de leur futur moyen de transport. Le capitaine choisit ce moment pour sortir de son mutisme.
-Je vous ai peut-être mal jugé. J'espère ne pas me tromper en vous faisant confiance. Reprenez vos armes et filez en cabine. Je vous conseille de vous reposer un peu, le voyage durera quelques heures. Une fois sur le pont, allez dans l'entrée à droite et demandez la cabine numéro trois. Ainsi vous ne traînerez pas dans nos pattes.
La tension tomba. Le capitaine semblait leur accorder une chance de montrer qu'ils étaient des gens bien. Aeron ne voulait pas le décevoir, mais il n'avait rien à faire pour cela, juste aller en cabine. Il hocha donc la tête et monta l'échelle de corde qu'on leur avait mis à disposition. Une fois en haut, il attendit Seles. Celle-ci restait toujours silencieuse mais observait autour d'elle. Le jeune homme l'imaginait bien bouillonner à l'intérieur. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'équipage semblait comporter à peu près autant d'humains que de demi-elfes, même s'il aurait eu du mal à l'affirmer avec certitude. Les gens dans le besoin, lorsqu'ils s'engage sur un navire comme celui-ci pour subsister, affrontent les même difficultés. A ce moment, quelle est l'importance de la race ? Il n'y en a pas. Si seulement ce genre de choses pouvait se produire ailleurs que sur un navire de transport !
Avançant d'un pas plus assuré qu'il n'était réellement, Aeron approcha de l'ouverture menant aux cabines et à la cale, Seles sur ses talons. On leur indique la fameuse cabine numéro trois. Il s'y engouffra, tint la porte à Seles avant de la refermer. Il anticipa la réaction de Seles et parla avant elle :
-Seles, je me doute que vous avez beaucoup de questions, je suis prêt à répondre à absolument toutes celles que vous pourrez poser, mais oui je savais que le capitaine était demi-elfe et non, je n'ai pas pensé à vous le dire , pardonnez-moi.
  Tout était enfin revenu dans l'ordre entre eux, et l'atmosphère s'adoucit considérablement afin d'améliorer leurs conditions de voyage. C'était bien plus agréable ainsi, voyage en tout sympathie avec son guide, s'il était assez sage, elle lui referait peut-être une bonne petite poêlée de champignons, à l'occasion. Elle le suivit donc assez tranquillement au début, puis à mesure qu'ils approchaient du petit port, elle était de plus en plus inquiète. Il est vrai qu'elle appréhendait grandement ce voyage en bateau, les seuls contes de marins qu'elle connaissait étaient des histoires de pirates sanguinaires, et avec tout ce qu'elle savait maintenant, elle redoutait bien pire que de se faire trancher la gorge ou de se faire voler son sac à main. Pour couronner tout, et c'était surtout ce point qui l'inquiétait, elle était persuadée que le navire serait dirigé par des humains sans vergogne, de l'espèce dont Aeron lui avait parlé, bien malgré elle. Intérieurement, elle commençait déjà à fulminer de nouveau d'ailleurs, se maudissant d'avoir choisi de le suivre, et le maudissant lui, d'avoir choisi un tel itinéraire. Mais elle restait le plus calme possible d'apparence, ses inquiétudes ne pouvaient transparaître que par ses jolies mirettes azures qu'elle s'était empressée de camoufler en rabattant son capuchon. Elle gardait contenance car au fond, elle faisait toujours bel et bien confiance à Aeron. Après tout ce qu'ils avaient enduré en deux petits jours de cavale et tout ce qui avait été dit, elle ne pouvait que lui faire confiance.
  Ils attendirent longuement sur le ponton, de là, Sélès prit tout de même le temps d'admirer le grand navire à voile au large, malgré ses appréhensions. Elle en avait déjà vu passer de pareil près de l'abbaye, elle avait même appris à quelle fréquence ils passaient, pour pouvoir s'installer à sa fenêtre ou à l'extérieur afin de les regarder passer, rêvant d'aventure et de voyage comme celui qu'elle était justement en train de vivre. Dans les histoires qu'elle se racontait, il lui était déjà arrivée d'être une pirate, ou une grande navigatrice qui devait en affronter. Mais le navire qu'elle observait ne voguait pas sous le pavillon noir, ce qui, à priori, était déjà bon signe. Cependant, peut-être qu'ils en rencontreraient ? Elle en rêvait presque, réaliser ses rêves de petite fille et croiser le fer avec un pilleur des mers empestant le rhum ! C'était le genre de chose qui étoffait agréablement une biographie.
  Comme elle voyait deux matelots approcher, elle baissa la tête, aussi bien pour se cacher d'eux que pour les cacher d'elle. C'est tout juste si elle n'eut pas le réflexe de se retirer derrière Aeron, elle l'aurait bien fait si elle avait quelque brins de fierté en moins, mais elle resta parfaitement statique, tripotant la hanse de son petit sac de ses deux mains. Elle imaginait déjà à quel point ces humains allaient être répugnants, car elle aurait bien du mal à les voir autrement à présent. Elle n'aurait sans doute plus jamais foi en cette espèce, qui pourtant devait compter bon nombre d'exceptions.
  Elle refusa longuement de poser un regard sur eux, mais comme elle entendait à présent leurs pas se rapprocher et que la voix rauque de l'un deux venait de retentir, elle ne put s'empêcher de jeter un petit coup d’œil par curiosité. Une seconde suffit pour que toutes ses illusions les plus inquiétantes ne se brisent en mille morceaux. Ce n'était pas d'abjects humains qu'elle avait en face d'elle, non, pas du tout. C'était simplement des demi-elfes plutôt rustres. Elle qui n'en avait jusque-là presque jamais rencontré, voilà qu'elle les enchaînait à présent ! Elle s'était toujours sentie seule, elle pensait qu'ils étaient rares dans le monde, et elle découvrait finalement qu'ils devaient être à peu près aussi nombreux que les humains. Elle baissa aussitôt la tête pour se cacher derrière son capuchon, afin de dissimuler sa surprise aux inconnus. Même s'ils étaient de sa race, ils n'en étaient pas moins de vieux loups de mer, et elle ne pouvait pas vraiment leur faire confiance à l'aveugle, d'autant plus qu'ils ne se montraient pas forcément commode, sans être spécialement agressifs, cela dit. Elle restait donc méfiante, mais bien moins inquiète que s'ils avaient été humains, pour sûr. Elle avait bien malgré elle développé une certaine discrimination raciale, alors qu'elle n'y faisait pas spécialement attention avant. Peut-être qu'elle apprendrait à passer au-delà des atrocités occasionnelles de certains humains, mais pour le moment, elle en était encore à généraliser.
  Elle resta bien silencieuse et en retrait lors des négociations, se voyant bien à la rame, malgré les exigences d'Aeron n'allant pas dans ce sens, cependant, lorsque l'un d'eux s'approcha d'elle avec l'intention de la fouiller, demi-elfe ou pas, elle ne comptait pas se laisser toujours comme ça. Ses doigts se crispèrent et elle eut un léger mouvement de recul farouche alors qu'Aeron lui épargnait le désagrément in extremis. Si le chevalier avait accepté de rendre ses armes pour le bien du voyage, elle comptait bien garder les siennes au fond de son sac, juste au cas où. Et puis mince alors, ça ne se faisait pas de fouiller le sac d'une dame ! Et encore moins ses poches. Elle aurait bien aimé voir Aeron couper une main avec ses dents, soit dit en passant … Le fait qu'il la qualifie ''d'être cher'' eut un drôle d'effet sur elle. Elle en rougit presque, toute gênée et flattée, d'autant plus que ça avait été dit avec le plus de sincérité au monde.
  Les deux hommes se ravisèrent de la fouiller, et bien que leur réponse fut loin d'être claire pour la rouquine, Aeron l'encouragea à avancer vers la barque. Sans mot dire, elle obtempéra en redressant légèrement la tête, croisant alors le regard du capitaine, qui, voyant enfin son visage, se rendit seulement compte à cet instant qu'elle était de ses semblables demi-elfes. Il en parut clairement surprit, et elle se douta que dans sa tête, il devait presque penser à une blague, mais devant la complicité des deux voyageurs, il n'y avait pas de doute possible. Elle détourna rapidement les yeux, ne sachant encore si elle pouvait vraiment leur faire confiance, bien qu'au fond, ils n'avaient pas l'air de mauvais bougres – son jugement était peut-être faussé par ses nouveaux idéaux.
  Elle attendit patiemment assise dans la barque le temps de la traversée, appréhendant toujours un peu malgré tout. Si Aeron prévenu que c'étaient des demi-elfes, elle n'aurait peut-être pas été si méfiante dès le début. Mais il ne fallait pas qu'elle se laisse aller à ce genre de préjugés. Des gens, il y en avaient des bons et des mauvais, quelle que soit leur espèce. Elle grimpa à bord à l'aide d'Aeron, découvrant un équipage très hétéroclite. Le petit duo attira bien des regards, que Sélès évita soigneusement en détourna la tête, choisissant de suivre Aeron, toujours en silence. Elle fut surprise de découvrir tant d'humains et de demi-elfes sur le même navire, travaillant ensemble dans une grande fraternité. Elle ne pensais pas cela possible, pas en aussi grand nombre ! Et pourtant, la misère avait le don de tisser bien des liens.
  Ils rejoignirent donc directement leur cabine, et Sélès resta bien sage pendant tout ce temps. Et oui, elle savait se tenir notre petite teigne ! Cependant, ça devait se voir sur son visage qu'elle commençait à avoir du mal à encaisser les surprises dues au manque de communication concernant leur voyage, car Aeron prit les devants pour se justifier et s'excuser. On dirait qu'il avait peur d'elle, ou plutôt, de ses petites crises de colère. Finalement, c'est bien plus amusant qu'exaspérant. Elena avait raison, il était juste maladroit.
  -L'équipage est assez étonnant, mais je préfère ça. Je m'attendais à bien pire. Dit-elle d'un voix douce et calme, telle la petite poupée paisible qu'elle était redevenue.
  Elle balaya ensuite la pièce du regard, devant toujours son petit sac de ses deux mains, devant elle, rendant le décor parfaitement inappropriée à sa délicate petite personne. Elle trouva la cabine bien plus confortable, également, que ce qu'elle aurait put redouter, le seule petit hic était … Qu'il n'y avait qu'un seul lit double. Elle décida de ne pas en faire la remarque tout de suite et s'y installa simplement avec toute l'élégance dont elle pouvait faire preuve, sa jupe gonflant légèrement de part le geste.
  -Je voulais juste savoir … Quelle est exactement notre destination finale ? J'ai beau chercher, je ne vois vraiment pas ce que vous avez voulu dire par 'enfant de pierre'.
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Mar 12 Nov - 14:01
Aeron s'était attendu à ce que Seles le sermonne pour ne pas lui avoir indiqué certains détails, mais elle était restée étonnamment calme. Il n'allait pas s'en plaindre. La question posée par Seles était d'ailleurs parfaitement légitime, mais il voulait malgré tout gardé la surprise pour lui. On pouvait prendre ça comme de la taquinerie, quelques sorte.
-Cette histoire d'enfant de pierre ne nous servira que s'il ne nous retrouve pas. Apparemment, votre frère a enquêté sur mon petit plan. Lorsqu'il verra que vous vous êtes effectivement échappée de l'abbaye, il comprendra que nous sommes sur ce bateau. Alors il ira vers notre prochaine destination. Si tout va bien, notre destination actuelle sera la dernière avant qu'il nous retrouve. Il s'agit d'Altamira. Dans cette ville, nous...
Il s'interrompit devant l'air ahuri de la rouquine. Il faut dire que le choix, d'un point de vue extérieur, pouvait surprendre, mais l'expression de la jeune fille était juste hilarante. Aeron ne put s'empêcher d'éclater de rire. Ce n'était pas pour se moquer d'elle, c'était nerveux, mais il y avait de bonnes chances qu'elle le prenne mal. Il allait encore souffrir à un pied ou à la joue. Une fois le rire calmé, il se tourna à nouveau vers elle avec un sourire d'excuse, priant pour que ce soit convaincant.
-Pardon, mais si vous aviez vu la tête que vous avez tirée. Bref donc je comprends qu'Altamira, la ville du tourisme, avec des nobles, des riches et autres humains de toutes sortes mais rarement des meilleures puissent vous inspirer la plus grande antipathie. Cependant, cette ville est principalement gérée par la société Lézaréno. Cette société est possédée par le Duc Bryant qui est probablement l'un des nobles les plus droits que je connaisse. Vous savez, parmi les nobles, il y a ceux que certains vont appeler les "tolérants", d'autres les "naïfs". Ce sont des familles nobles qui traitent leurs serviteurs humains et demi-elfes à la même enseigne. Bien que leurs préjugés soient là, ils ne se laissent pas guider par eux. Le Duc Bryant fait partie de ces gens, ainsi que la famille Wilder, si cela peut vous rassurer. Même si vous n'aviez pas existé, je ne pense pas que votre frère aurait pu faire du mal à une demi-elfe en profitant de sa faiblesse... par contre en charmer quelques dizaines pour des aventures d'un soir, ça, je ne dis pas. Toujours est-il que le Duc Bryant est peut-être le seul à engager un navire avec un capitaine demi-elfe. J'ai des arrangements avec le remplaçant du Duc, un certain Georges. Nous aurons une chambre et je serai traité comme le noble que je suis. Cela nous permettra de rester quelques jours. Est-ce que cela vous convient pour le moment ?
Il n'avait jamais osé expliquer autant en détails ce qu'il avait planifié. Elena elle-même ne connaissait que les grandes lignes de ce plan. Seles était devenue une confidente pour Aeron, une vraie. Il pourrait lui parler de tout et n'importe quoi sans aucune peur d'être jugé ou que cela soit répété. En quelques jours, cette jeune fille avait su lui remonter le moral, lui donner un but, et lui apprendre ce que c'est que d'avoir confiance en quelqu'un. Il n'avait qu'Elena, avant cela. Aujourd'hui, il voyait Seles comme la personne qui lui donnait le courage de se lever, de sourire. Ce n'était pas rien.
  Ben, c'était pas gentil ça. Elle était toute sage, pour une fois elle ne s'énervait pas et avait même demandé gentiment au lieu d'exiger de façon acerbe, et puis il snobait sa question. C'était bien la peine de dire juste avant qu'il serait prêt à répondre à tout, il aurait fallut préciser que ce serait sans compter qu'il détournerait ses interrogations. Enfin, au moins, il lui expliqua en détails leur destination immédiate, ce qui ne fut bien pour la surprendre ! Elle qui s'imaginait passer un bon moment cachée dans un trou sordide, elle découvrait qu'il l'emmenait dans la ville la plus branchée de Tesséha'alla ! Sa surprise sans ressentit clairement, sans doute ses yeux s'étaient-ils exorbités, puisqu'en la regardant, le blondinet se mit à rire sans retenue. Elle eut alors une petite moue à la fois renfrognée et embarrassée, se demandant si elle avait quelque chose sur le visage, pour qu'il se moque ainsi. Elle détourna d'ailleurs discrètement la tête pour passer machinalement sa main sur son nez, juste au cas où.
  Mais avant qu'elle ne lui casse quelque chose d'autre, il se ressaisit finalement pour s'excuser. Bah, quoi encore ? Qu'est-ce qu'elle a sa tête ? Il veut peut-être lui donne un coup de boule dans les dents avec sa tête ? Bon pour atteindre ses dents elle allait devoir grimper debout sur le lit, mais s'il le fallait, ça pouvait s'arranger ! Suffit de le dire. Enfin, elle accepta tout de même la petite moquerie, bien qu'elle soit un peux vexée – ou plus embarrassée que contrariée à vrai dire. C'est juste qu'elle n'aurait jamais imaginé mettre les pieds là-bas, et encore moins si tôt ! Elle avait beaucoup entendu parler de cette ville, ses richesses, sa plage, son parc d'attraction et surtout … Son casino ! C'est dommage qu'elle soit trop jeune pour y entrer, peut-être qu'elle pourrait tricher ? Avec un peu de maquillage et des bons talons, elle pourrait se vieillir. Depuis qu'elle avait lu un livre sur les jeux de casino, elle rêvait d'essayer le Black Jack. Elle était plutôt cérébrale, malgré qu'elle ait préféré être toute en muscle ! Et avec un peu de veine, elle se voyait déjà remporter le pactole. Enfin, encore faut-il que les demi-elfes soit acceptés, mais connaissant le Duc qui dirigeait toute cette compagnie, il lui semblait que ce n'était pas un problème. Ah, elle divaguait … Aeron ne la laisserait sans doute pas profiter de tout ça, même s'ils restaient quelques jours, ils allaient sans doute devoir se faire discret et rester dans leur chambre ! Quel dommage. Tant pis, elle comptait bien revenir plus tard, avec son frère ! Quoi que, dans une ville pareille, elle ne le supporterait sans doute pas, lui avec ses humeurs si volage ! Non si elle voulait vraiment profiter de son frère, c'est dans une grotte qu'elle devait l'emmener, sans fille ni distraction, où il n'aurait d'autre choix que de s'occuper d'elle, et seulement d'elle.
  Lorsque le noble chevalier eut terminé ses explications, elle eut comme un petit air dubitatif, presque boudeur, mais très innocent, un tout adorable n'inspira en aucun cas l'antipathie. Elle sembla réfléchir un instant fixant son acolyte, comme si elle était prête à faire un nouveau petit caprice de princesse. Elle émit ensuite un petit ''hmmm'' confirmant les doutes véhiculé par son expression, gonflant presque les joues d'un air boudeur. Puis finalement, un grand sourire illumina ses joues et elle leva les points au ciel sous l'effet de la joie.
  -Je vais à Altamira, youhouu !!!!
  Puis, sautillant sur le lit, se faisant ainsi rebondir au rythme d'un grincement rauque, elle se dandina pour manifester sa joie. Elle avait toujours rêvé de voir Altamira ! Ça, parmi tant d'autres endroits dont on lui avait parlé ! Mais Altamira, c'était juste … LA ville qui, tant qu'on l'a pas vue, on n'a jamais vraiment vécu ! Dans des moments comme ça, elle n'avait vraiment pas l'impression d'être en cavale, non, elle se sentait vraiment en vacance ! Elle savait qu'elle ne devait pas baisser sa vigilance mais, mince alors, Altamira ! Au diable le Pontife – et c'était peu de le dire – elle partait en vacances au soleil ! Parce qu'il faisait toujours beau là-bas, pas vrai ? L'abbaye dans laquelle elle avait grandi avait beau être au sud, elle se trouvait dans une région propices aux tempêtes, mais il est vrai qu'il ne s'écoulait pas une semaine sans que l'on voit le soleil. Le soleil c'est cool. La plage c'est cool. Les parcs d'attractions, ça avait vraiment l'air très cool, et le casino encore plus !! Elle laissa alors sa juvénilité fleurir à nouveau, chassant ses doutes et osant directement poser ses questions à Aeron. Elle n'avait pas envie de rester enfermée là-bas, elle avait envie de profiter de la ville !
  -Est-ce qu'on pourra aller au parc d'attraction ? Ho, et au casino !? Ho, dites, on pourra ?!
  Au moins, elle était enthousiaste, elle en avait presque des étoiles dans les yeux. En restant quelques jours, il y avait de grandes chances pour que Zelos les retrouve là-bas, il devait tellement aimer cette ville qu'il accourrait d'autant plus vite sur place ! Ah, elle était joie et paillette.
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Mar 12 Nov - 21:50
Aeron s'attendait à d'autres questions sur les étapes du voyage mais pas à ça. Il avait cru que Seles allait piquer une crise, à son air, et voilà qu'elle n'était que joie, bonheur et félicité. C'était assez surprenant, en fait. Comment devait-il réagir à ça ? Devait-il se réjouir de cela ? Seles posa alors des questions bien particulières. La plage ? Le Casino ? Oh ça devait être faisable. Après tout, il avait prévu d'aller à une des soirées de gala, alors pourquoi pas aller ailleurs et profiter du séjour ? Personne ne savait à quoi Seles ressemblait et de toute manière sa disparition de l'abbaye ne sera pas communiquée à la populace. Le Pontife perdrait en crédibilité si on apprenait que sa Garde Pontificale poursuivait partout une jeune fille de quinze ans et n'arriverait pas à la retrouver. De toute manière, personne n'aurait idée de chercher Seles à Altamira. Les personnes aux cheveux roux ne courraient pas les rues, mais n'étaient pas rarissimes non plus. Malgré ces déductions logiques, Aeron ne voulait pas dire oui comme cela à Seles. Il avait une idée pour lui faire plaisir mais il ne pouvait pas dire oui si facilement.
-Mmmmh, je me demande. Après tout, nous sommes recherchés. Qui sait à quel moment nous pourrons sortir de notre cachette ?
En voyant l'expression déçue de Seles, il dut se retenir de rire. Au fond, elle pouvait être la plus mature des jeunes femmes, prêt à affronter tous les dangers comme elle pouvait être une gamine avec des étoiles dans les yeux dès qu'on lui faisait miroiter quelque chose qu'elle trouverait extraordinaire.
-Ne vous en faites pas. Je vous fais marcher. On pourra sortir, mais il faudra être prudent. Nous devrons d'abord analyser la situation et voir si nous pourrons y aller ou non. Pour la plage, il y a des chances, mais pour le casino, ce n'est pas dit. Je vous promets de faire mon possible mais ne m'en veuillez pas si on ne peut pas pour des raisons indépendantes de ma volonté, d'accord ?
La moue un peu boudeuse de Seles restait plutôt souriante malgré tout. Oui, il trouverait bien un moyen de la faire aller où elle voudrait. Après tout, personne ne les chercherait là-bas à part Zelos. Personne ne pouvait savoir qu'ils seraient ici. De toute manière, il aurait du mal à trouver le courage de refuser et briser l'enthousiasme de Seles. Il se promit de prévoir quelques surprises pour sa compagne de voyage. L'enchantement d'Altamira et ses beauté était quelque chose de nouveau pour elle, il était normal qu'elle soit si enjouée. Il avait été pareil à une époque, après tout.
-Avez-vous d'autres questions ? Je suis tout ouïe.
Il ne put s'empêcher de se réjouir à nouveau de pouvoir dire tout ce qu'il pensait sans rien avoir à cacher à la rouquine. Ils passaient des moments agréables. Pourvu que cela dure et qu'ils n'aient aucun pépin.
  L'arme redoutable de Sélès, pire encore que ses crises de colère et ses caprices, c'était bien ses grands yeux mouillés de petit chaton battu. Alors lorsqu'elle combinait sa petite moue boudeuse avec la puissance du chaton qui sommeillait en elle, personne ne pouvait résister ! Elle n'avait pas vraiment eu le temps de l’exercer, mais elle comptait bien en user et en abuser à sa guise, autant avec lui qu'avec son frère. Peut-être avec les prochains pauvres pigeons qui auraient le malheur de croiser sa route, qui sait ! Non, elle n'allait pas considérer Aeron comme un pigeon, d'autant plus que c'est lui qui se moquait d'elle à l'instant ! Enfin, c'est ce qu'il pensait, il tentait de sauver les apparences, mais la vérité, c'était qu'il ne pourrait plus rien lui refuser à présent. Quelqu'un de plus cru dirait qu'elle le tenait par les bijoux de famille. Mais c'était si subtile, les hommes tombaient si facilement dans ce piège, surtout face à une petite douceur telle que Sélès.
  Elle était grandement touchée du dévouement d'Aeron à son égard. Si elle ressentait un certain sentiment de victoire de le voir céder et prêt à tout pour lui donner ce qu'elle voulait, cela l'embarrassa un peu également. Elle n'avait jamais manqué de rien grâce à Zelos, si ce n'est de Zelos lui-même. Aujourd'hui, son chevalier servant étant bien là, à ses côtés, et il ne semblait pas près de la laisser tomber ! C'était quelque chose de très rassurant, et elle lui était reconnaissante bien plus pour sa simple présence que pour tout ce qu'il pourrait lui offrir.
  Profondément touchée, elle en aurait presque rougi si elle n'avait pas ce contrôle de soi qui incombait aux nobles dames. Elle ne manifesta alors qu'un petit air espiègle, mi boudeuse – pour la moquerie – mi souriante, car tout de même, ça lui faisait grandement plaisir, elle ne pouvait pas le cacher, et elle ne voulait pas le cacher. Dire qu'il était en train de se casser la tête pour réaliser ses moindres désirs, alors qu'elle était justement en train de se dire qu'elle avait été égoïste, et qu'elle avait sans doute un peu abusé en manifestant ce caprice d'une façon aussi puérile. Mais puisqu'il avait déjà accepté, c'était trop tard pour reculer, maintenant ! Tant pis pour lui, n'est-ce pas ? Advienne que pourra.
  -Hm, on verra, peut-être que je trouverais la force de vous pardonner, mais bien parce que c'est vous et que vous êtes très doué pour ça. Dit-elle clairement sur le ton de la plaisanterie.
  Elle estimait tellement sa chance, d'avoir un tel chevalier servant ! Bien des mercenaires avides d'une récompense aurait pu la sortir de sa tour d’ivoire par pur et simple intérêt, mais aucun d'eux ne l'aurait aussi bien traitée que cela ! Sans doute que la plupart l'aurait même enfermée dans une petite boite ou une cave sordide, la nourrissant juste assez pour qu'elle tienne jusqu'à l'arrivé de la rançon. Et oui, Aeron était un noble chevalier au cœur pur. Nous pourrions même dire chaste sans trop de risque de nous fourvoyer.
  Allez savoir pourquoi, en le regardant – alors qu'il se mettait de nouveau à disposition pour répondre à ses questions – elle se souvint tout à coup de leur dispute de tout à l'heure. Elle se souvint qu'au beau milieu de toutes les horreurs qu'il avait pu éluder, il avait dit à un moment, qu'elle était ''belle''. Belle, elle ? Elle ne s'était jamais posée la question en fait. Elle prenait beaucoup soin de son apparence, c'est vrai, parce qu'elle adorait les jolis vêtements, mais de là à se dire qu'elle avait un joli visage, c'était tout de même autre chose. Mi gênée, mi intriguée en repensant à ce détail, elle eut presque envie de lui demander s'il la trouvait vraiment jolie. Juste pour l'embêter. Mais elle ne le connaissait pas encore assez pour se le permettre, sans que cela ne la gêne elle-même. Elle baissa alors les yeux, tentant tout de même d'imaginer quel aurait été sa réaction face à cette question, non sans un sourire amusé.
  Elle revint ensuite aux choses sérieuses. Avait-elle d'autres questions ? En fait, pas vraiment. Maintenant qu'elle savait qu'ils allaient à Altamira et qu'ils y resteraient un moment, elle n'avait plus du tout envie de connaître la suite potentielle du voyage, ça ne l'intéressait subitement plus, en partie parce qu'elle désirait plus que tout que Zelos les retrouve directement là-bas, et que tout soit enfin fini. Elle avait parfaitement conscience que rien de tout cela ne serait terminé, même si elle le retrouvait tout de suite, mais au moins, il serait là, elle aurait la certitude qu'il va bien et vis-versa. Oui, elle n'avait pas du tout envie de penser à un ''après Altamira'' si son frère n'y était pas, car elle ne voulait pas que cela soit possible.
  Elle émit alors un petit ''hm'' de réflexion en observant la cabine, et donc ce seul et unique lit à deux places. Elle releva alors les yeux vers lui, sans le vouloir, sans s'en rendre compte ni même la moindre petite pensée lubrique, il y eut comme un éclat tendancieux dans son regard, alors qu'elle se penchait légèrement en arrière en posant ses mains derrière elle, juste pour se mettre à l'aise.
  -Oui … Une question …
  Ces mots furent prononcés sans la moindre arrière pensée, et pourtant ça en avait l'air. Elle était si innocente, elle ne se rendait pas compte que n'importe qui se serait attendu à une proposition peu catholique. Et pourtant, elle se redressa d'un coup, reprenant aussitôt sont air enfantin.
  -Quand est-ce qu'on arrive ?!
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Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Mer 13 Nov - 2:45
La petite plaisanterie de Seles faisait mouche. Aeron ne put s'empêcher de sourire. Cette fille était vraiment adorable ! Aeron avait conscience de se faire un peu mener par le bout du nez mais il s'en fichait. C'est en rendant Seles heureuse qu'il se sentait bien, c'était ainsi. Après tout, il savait que si Seles exagérait ou commençait à vouloir l'exploiter, elle en prendrait pour son grade. Le jeune homme était gentil, content de lui faire plaisir, mais il ne supporterait pas que Seles mente ou profite volontairement de sa gentillesse. Pour lui, Seles était une jeune fille honnête, si elle voulait quelque chose, elle le dirait, mais s'il fallait qu'il refuse pour son bien, elle comprendrait... Enfin, il espère en tout cas.
Seles semblait réfléchir en observant la cabine. Aeron suivit le regard de la jeune fille au fur et à mesure qu'elle observait toute la salle. Elle s'arrêta un instant sur le lit. Le jeune homme était un peu tendu à propos du fait de dormir avec elle. Il pensait même dormir par terre s'ils faisaient une sieste. Seles se tourna à nouveau vers lui avec un air qui n'était plus tout mignon mais plutôt... séduisant. C'est le mot qui lui venait à l'esprit alors qu'elle commençait à mettre les mains derrière son dos. Elle se cambra légèrement, faisant ressortir ses formes. Aeron se força à fixer les yeux de Seles, mais ces proéminences qui avait déjà une belle forme et rendaient le corps de Seles très désirable étaient toujours dans son champ de vision. Pourquoi les remarquait-il plus qu'à l'accoutumée ? Était-ce à cause du lit et de son embarras à ce propos ? Du fait qu'elle se soit cambrée ? Les deux ? Il n'y avait pas à dire, la poitrine d'Elena avait un charme qu'on remarquait au premier coup d’œil, mais la taille un peu plus réduite de celle de Seles était bien plus élégante. S'ils ne grandissaient encore qu'un peu, elle aurait vraiment le physique le plus parfait qu'Aeron puisse imaginer. Mais il fallait qu'il pense à autre chose, et vite.
-Quand nous arrivons ? Nous arriverons en fin d'après-midi, normalement. Il nous faut rester dans la cabine en attendant autant que possible afin de ne pas gêner l'équipage dans ses manœuvres.
Aeron se tourna vers un tableau au mur et faisant mine de l'observer, il se pencha un peu en avant. Dans cette position, il se sentait un peu moins serré dans son pantalon et son état se remarquait moins. Il restait peut-être un peu rouge, mais c'était tout. Il avait honte d'avoir eu des pensées pareilles sur le corps de Seles. Bien qu'il n'avait aucune intention d'en abuser, que cette idée ne lui viendrait jamais à l'esprit, il se sentait un peu comme ces porcs qui abusaient de servantes. Bien sûr il s'était déjà soulagé en pensant à un corps féminin aux formes opulentes ou à d'autres choses, mais là c'était différent. Il s'agissait de Seles. Comment pourrait-il la regarder dans les yeux s'il avait de pareilles pensées ? La jeune fille semblait avoir bougé derrière lui mais ne s'était pas rapprochée. L'entrejambe du jeune homme se calmait petit à petit et celui-ci parvint à parler d'une voix égale.
-Nous devrions nous reposer. Nous n'avons pas eu des nuits vraiment complètes récemment. Même à la Maison du Salut, nous ne nous sommes pas non plus reposés tout notre saoul.
Etant maintenant assez calme (bien que pas complètement) pour que cela ne se voie pas, le jeune homme prit un oreiller du lit et s'installa par terre dans une position relativement confortable. Il essayait d'éviter le regard de Seles, de peur d'avoir à nouveau des pensées déplacées, mais il remarquait bien qu'elle l'observait, médusée par un comportement qu'elle trouvait étrange. Aeron ne voulait pas se justifier, et tenta juste de rassurer la rouquine.
-Ce n'est pas beaucoup moins confortable que le lit que j'avais à l'abbaye. Je vous conseille de vous reposer, à moins que vous n'ayez d'autres questions.
  Quel dommage qu'ils soient bloqués dans cette petite cabine ! Elle était plutôt confortable, mais tout de même, ils allaient s'ennuyer la dedans pendant des heures ! Il n'y avait rien à faire dans une pièce aussi étroite, ne comportant qu'un lit et une vague petite table faisant office de bureau. Du moins, elle était bien trop jeune et naïve pour savoir tout ce qu'il y avait à faire en présence d'un lit. Elle n'en était encore qu'au stade où, lit égale dormir, rien de plus, pour elle. Elle était un peu fatiguée par le voyage, et la petite crise de colère de la matinée, c'est vrai, mais de là à faire une sieste, alors que le soleil filtrait si généreusement par le hublot et qu'elle était sur le point de découvrir Altamira ? Non, elle était bien trop excité pour dormir ! Si seulement elle avait apporté un jeu de carte, ils auraient eut de quoi s'occuper. Elle avait peut-être de quoi gribouiller un peu ? De toute façon, même au comble de l'épuisement, pour elle, le jour ne servait pas à dormir. Elle n'avait jamais fait de sieste de sa vie, ce n'était pas le genre de la maison au couvent et pourtant, il y en avait des semaines fatigantes ! Et puis en embarquant, elle s'était très vite sentit le pied marin. Elle aurait bien passé le voyage sur la proue, à admirer l'horizon, les cheveux dans le vent et l'air marin chatouillant allègrement son nez. Mais elle devrait se contenter d'un lit dure dans une petit pièce poussiéreuse. Il y avait pire, mais c'était tout de même dommage. Elle espérait que le prochain voyage en bateau, elle pourrait le passer sur le pont.
  Aeron se détourna pour porter son attention sur un tableau accroché au mur. Intrigué, Sélès suivit naïvement son regard, remarquant que c'était la simple représentation du navire sur lequel ils voguaient actuellement. Qu'y avait-il de si passionnant la dessus, alors que la mer était à eux ! Elle se dit simplement que ce garçon était étrange. Spéciale dirons-nous, d'autant plus qu'il semblait se tortiller étrangement. Ah … Elle venait de comprendre !! Il avait sans doute envie d'uriner. Elle se demanda alors où et comment les marins faisait leur besoin dans ces cas là, puis en regardant par le hublot, elle vit une gerbe d'eau tomber du pont – sans doute le contenue d'un sceau qui avait servit au nettoyage – puis se dit que finalement, elle ne voulait pas savoir et qu'il était effectivement mieux qu'elle reste ici. Heureusement qu'elle n'avait pas envie, elle, sinon cela aurait été gênant, très gênant. Elle était la seule dame à bord et même s'ils avaient souvent des passagers clandestins, elle doutait que cela soit aménagé pour les femmes. Bah, rien que d'y penser, elle avait presque envie de faire pipi tiens, c'était malin, elle devait penser autre chose, sinon avec le puis de la mer et tout ça, elle allait vite se retrouver saturée.
  C'est à ce moment qu'Aeron daigna enfin lâcher le tableau des yeux pour se tourner vers elle. Le pauvre, se retenir comme ça d'une envie pressante, il devrait allait se soulager, c'était mauvais de contenir une tel pression … Je parle bien sûr de sa vessie, n'est-ce pas … Mais plutôt que de céder à cette tentation (ou à une autre) le blondinet proposa plutôt à sa compagne de voyage de se reposer, et sur ces mots, il s'approcha du lit – engendrant un petit geste de recule furtif de la part de la rouquine qui se demandait s'il aurait vraiment l’audace de se coucher près d'elle – pour ne prendre qu'un oreiller avant de se coucher à même le sol. Elle l'observa avec surprise – encore sous le coup de la mauvaise pensée qu'il puisse squatter le même lit qu'elle – se disant qu'il était vraiment bizarre de se retenir ainsi – puisqu'elle était toujours convaincu que sa vessie criait alerte à l'explosion. Elle lui adressa alors ce regard qui vous faisait clairement sentir que vous êtes une créature étrange, ce qui engendra aussitôt des explications. Elle sembla avoir un petit air dépité, puis, défaisant ses chaussures du bout des pieds, elle s'installa complètement sur le lit. Elle gigota alors un instant jusqu'à retirer la couverture épaisse et mouleuse du dessus, la jetant aussitôt sur le blond qui se retrouva complètement recouvert sans rien y comprendre. Elle eut alors un petit sourire espiègle, croisant son regard alors qu'il s'extirpait du piège.
  -Repliez-là par terre, ça vous ferez un futon assez confortable, vu comme elle est épaisse.
  Mais elle, elle n'avait vraiment pas sommeil. Elle s'installa donc confortablement sur le lit, se calant contre le mur près du hublot pour admirer la vue. Elle fouilla dans son sac pour sortir un petit carnet, ainsi qu'un crayon à papier pour gribouiller quelque chose. Tout en dessinant, et sans lâcher sa feuille des yeux, elle se sentit tout de même obliger de rassurer Aeron, ça l'embêter qu'il se retienne tout de même.
  -Si vous avez besoin de vous soulagez n'hésitez pas, je peux bien rester seule quelques minutes.
  Pour elle, c'était une évidence, elle parler de besoin d'uriner, donc elle ne prit pas le soin de préciser, elle trouvait cela clair. Cependant, l'atmosphère lui sembla différente, alors elle posa les yeux sur Aeron, qui semblait tout à coup livide. Elle pencha doucement la tête sur le côté, intriguée et presque inquiète.
  -Vous semblez souffrant, auriez-vous le mal de mer ?
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Mer 13 Nov - 21:54
Il était allongé et Seles était partie vers le lit. Prêt à essayer de trouver le sommeil malgré son absence de fatigue. La sieste n'était pas nécessaire, elle était juste un prétexte pour cacher sa gêne et pour arriver bien en forme à Altamira. Une couverture lui arriva dessus et le couvrit totalement par surprise. Pendant une fraction de seconde, le côté guerrier d'Aeron pris le dessus et il se dégagea d'un geste brusque en se redressant, mais ce n'était que Seles qui lui donnait ça pour qu'il s'en serve de matelas. Elle était gentille de penser à lui, comme les autres fois. Décidément, lui qui voulait la protéger, il était dorloté. C'était une chance. Il avait encore la couverture sur la moitié inférieure quand elle lui proposa d'aller se soulager. Quoi ? Qu'avait-elle dit exactement ? Se soulager ? Elle voulait dire... non ce devait être une erreur. Rien qu'à cette remarque, il ne put s'empêcher d'avoir à nouveau une pensée déplacée. Il détestait son imagination sur le moment. Toute couleur quitta son visage quand il pensa à ce que dirait Seles si elle découvrait cela. Le traiterait-elle de porc ? Il se retrouverait probablement rabaissé au rang de tous ces nobles qu'elle hait. Pourquoi fallait-il que ses hormones le torturent autant ?
Seles fit une remarque sur son teint pâle. Oui, il n'allait pas très bien mais rien à voir avec le mal de mer. Il avait surtout peur qu'elle découvre son état. Il avait un peu honte qu'elle lui fasse autant d'effet, surtout penchée en avant comme ça avec les bras qui... serrait ses seins... l'un contre l'autre... les faisant ressortir... d'une... manière... AAAAARGH, fallait penser à autre chose. Même en regardant les yeux de Seles, le fait que ses formes soient dans son champ de vision suffisait à lui faire de l'effet et son cerveau marchait au ralenti. Heureusement que la couverture était sur la moitié de son corps, sinon sa gêne aurait été complètement visible. Attends, qu'avait voulu dire Seles ? Elle est plutôt innocente. Peut-être n'a-t-elle pas fait référence à cela. Elle devait croire qu'il devait aller aux toilettes. Ça devait être ça. Que dire ? Que faire ? Aller aux toilettes permettrait de résoudre le soucis, d'une manière ou d'une autre.
-Vous avez raison. Je reviens.
Comment faire alors que son entrejambe était au sommet de sa forme et que les pensées à propos du charme de Seles affluaient encore ? Tant pis, il fallait tenter le tout pour le tout. Aeron se leva en prenant la couverture et la tenant devant lui pour la plier. Se faisant, il cachait ce qu'il fallait. Cependant, il ne pouvait pas la prendre avec lui sans que cela ne paraisse louche. Il tourna la dos à Seles pour poser la couverture, puis alla vers la porte. Seles avait deux longues secondes où ce serait dans son champ de vision. Il fallait prier pour qu'elle ne regarde pas à ce moment-là. Il arriva à la porte et sorti dans le couloir. Personne d'autre dans le couloir, il se permis de remettre son attirail dans une position où on ne voyait pas trop son état. Avançant vers l'extérieur, il avisa un marin qui passait. Celui-ci lui indiqua les toilettes. En fait de toilettes, c'était un seau dans une salle minuscule et calé avec des briques. Evidemment, ce n'était pas le genre d'installation qu'Aeron utilisait souvent malgré le fait que l'abbaye n'ait jamais été très luxueuse. Aeron songea à se soulager pour de bon mais il ne pouvait pas. Il savait que dans la situation actuelle, seules des pensées concernant Seles lui viendraient et ça, il refusait totalement. Il ne pourrait jamais se regarder dans un miroir s'il fait cela. Il urina donc vite fait. Cela eut pour effet de le décontracter totalement.
Sortant des toilettes, il tomba sur le second du capitaine. Celui-ci s'apprêtait à toquer à la porte de la cabine où Seles était. Aeron s'approcha avec de grandes enjambées, prêt à en découdre si le demi-elfe avait des arrières pensées. Le second le vit et se tourna vers lui.
-Oh, vous êtes là. Mon frère s'inquiétait de ne pas vous voir du tout.
-Nous n'avons pas osé vous déranger dans vos manœuvres.
-Oh, c'est donc pour cela. D'habitude, les passagers se baladent partout, donc le fait que vous soyez restés sages était étonnant, du coup. Vous avez de l'espace à la poupe. Avec les courants et vents favorables, nous arriverons dans deux bonnes heures, je pense. Vous voudrez probablement voir l'approche de la ville.
Quelle riche idée ! Aeron avait hâte d'annoncer ça à Seles, maintenant qu'il était calme. Il remercia le second pour cette nouvelle et toqua à la porte. Il entra doucement dans la cabine, bien décidé à annoncer la nouvelle à Seles.
  Il était tellement livide et avait les yeux si exorbités qu'il lui sembla presque qu'il était sur le point de rendre le maigre petit déjeuner qu'ils avaient pris un peu plus tôt. Il n'avait pourtant pas été malade lorsqu'ils avaient quitté l'abbaye ? Remarque, ça ne faisait pas du tout pareil d'être en cabine que sur un petit radeau où il suffisait de s'étendre un peu pour se tremper les pieds dans l'eau. Elle espérait qu'il accepterait de sortir, elle n'avait aucune envie de le voir vomir juste là, ce genre d'odeur était tenace en plus. Heureusement, il se leva en acceptant bien volontiers le conseil de la rouquine, qui le regarda plier la couverture d'un air intriguée. Elle ne chercha pas plus loin, et se dit simplement qu'il était juste étrangement soigneux, puis elle baissa à nouveau le nez vers son carnet alors que le blondinet s'éloignait pour sortir de la pièce. Il n'avait pas l'air très à l'aise, mais ça, personne ne l'est avec une telle envie d'aller au petit coin ! Et ces messieurs encore moins, surtout quand l'appel de la vessie n'était pas la raison principale de leur besoin d'isolement. Cela, Sélès l'apprendrait un peu plus tard, car ses connaissances en éducation sexuelle, et surtout dans la physionomie masculine était très limitée. En fait, elle n'y connaissait carrément rien ! Miracle d'ailleurs, qu'elle sache comment on fait les bébés, car, ce n'est pas dans un couvent qu'on parle de ce genre de chose. Le sexe y était un sujet carrément tabou, car l'acte en lui-même était proscrit pour tous les religieux qui y résidaient. On ne lui en avait jamais vraiment parlé, et elle n'avait jamais essayé d'aborder le sujet. Ça ne l'intéressait pas vraiment, en fait, elle n'y pensait tout simplement pas, surtout pas depuis qu'elle était en cavale. Quoi qu'avec un si beau chevalier à ses côtés, ça ne tarderait peut-être pas.
  Pour le moment, elle était occupée à dessiner une petite fleur dans un champ, sur laquelle venait se déposer un papillon. Assez banal, un peu niais, mais joliment tracé. En griffonnant quelques ombres pour donner plus de teneur au croquis elle se mit à repenser à Aeron. Hm. Elle venait d'avoir une idée ! Elle referma son petit carnet à la couverture de cuir et le rangea soigneusement dans son sac avant de se lever. Elle avait un léger sourire espiègle, et l'éclat de la malice faisait étinceler ses jolies prunelles azurées. Elle défroissant soigneusement ses vêtements et marcha à petit pas de souris jusqu'à la porte, se plaquant contre le mur juste à côté, de façon à être cachée lorsqu'elle s'ouvrirait. Elle attendit là un petit moment, jusqu'à entendre des bruits de bas approcher, puis une brève conversation. Elle reconnut la voix d'Aeron, et l'autre devait être un des matelots. Le capitaine ou son second, elle n'arrivait pas bien à les différencier. Elle ne comprit pas tout ce qui fut dit, mais elle en discerna juste assez pour comprendre qu'ils arriverait dans deux heures, et qu'ils étaient autorisés à monter sur le pont pour voir ça. Chouette. Mais avant cela, elle devait mettre son plan machiavélique en marche !
  Elle trépignait d'impatience, souriant bêtement toute seule de sa propre bêtise. La porte s'ouvrit enfin, elle se plaqua un peu plus contre le mur pour se cacher alors qu'Aeron avançait dans la pièce. Il avait commencé à parler pour lui annoncer la nouvelle, mais il se coupa net en remarquant son absence. Vite, elle allait rire, il fallait agir ! Elle surgit alors d'un bon juste derrière lui, alors qu'il devait être au comble de la panique du fait de sa disparition, l'attrapant fermement de façon à lui immobiliser les bras – de peur de se manger une baigne sans doute – tout en poussant un petit rugissement qui se voulait rauque, mais pas très convainquant venant d'elle.
  -GRRRRRRRWAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!!
  Elle comme elle lui avait foncé dessus avec la délicatesse d'un phacochère enragé, le pauvre garçon continua d'avancer jusqu'à tomber face contre matelas sur le lit. Sélès éclata d'un petit rire bien joyeux avant de le relâcher, lui ébouriffant les cheveux en guise de conclusion à cette mauvaise blague. Elle espérait juste que ça ne l'achèverait pas au point de rendre le contenu de son estomac sur place, mais à priori ça avait l'air d'aller !
  Elle mit un instant à se ressaisir pour contenir son rire, prenant son petit sac d'un geste naturel – comme si rien ne s'était passé, voyez – et lui lança un petit regard joueur – parfaitement innocent – avant de se diriger vers la porte où le second du capitaine était resté cloué. Il devait les prendre pour deux gros attardés – enfin surtout elle – mais elle s'en moquait totalement ! Elle l'avait bien eu sur ce coup-là, elle était fière d'elle ! C'était une grande marque d'affection mine de rien, signe qu'elle se sentait de plus en plus à l'aise avec lui.
  -Alors vous venez, Aeron ? On va sur le pont ! Elle se tourna alors vers l'autre demi-elfe, se faisant aussitôt plus discrète et même toute timide. C'est bien ça ? Ne vous en faites pas, je ne sauterai pas partout là-haut, on restera sage. Merci beaucoup de nous accueillir.
  Et elle s'en alla comme ça dans le couloir, sans même attendre ce pauvre Aeron qui n'avait pas fini d'en baver avec un petit diable aux cheveux roux comme elle.
Carnet de voyage Titre: Déserteur Classe: Combattant Infos +: Aeron Valerius
Sujet: Re: Evasion de l'abbaye [PV Sélès] Mer 13 Nov - 23:49
Seles n'était pas là. Aeron avait commencé sa phrase mais seul le vide accueillit sa réponse. Où avait-elle pu passer ? Quelqu'un l'aurait emmenée ? En si peu de temps ? Si quelqu'un voulait l'emmener ou la maltraiter seul, on aurait du mal à le reconnaître après la fureur de Seles. De toute manière, elle aurait hurlé, c'était juste impossible. Mais alors que s'était-il passé ? Aucune trace de lutte, en plus. Était-elle sortie ? Pour quelle raison ? Le blondinet se posait encore toutes ces questions en s'avançant dans la chambre quand quelqu'un lui immobilisa les bras. Il allait se faire tomber sur le dos pour écraser son agresseur quand il entendit le cri de Seles et la reconnut. Il ne savait pas quoi faire et tomba en avant vers le lit. Il s'y laissa tomber alors que la rouquine, toute guillerette et contente de sa blague, partit dans le couloir tout en faisant son invitation à venir qui était en même temps une petite provocation amicale. Le jeune homme aurait été moins surpris, il aurait remarqué la pression sur son dos exercée par les formes féminines de Seles et il aurait à nouveau eu son dilemme. Heureusement, il était calme et se retourna à temps pour voir Seles partir dans le couloir. La petite peste était sacrément rapide.
Il l'appelait petite peste dans sa tête mais en fait il l'appréciait encore plus. Cette blague était une preuve qu'elle l'appréciait. Elle était à l'aise avec lui et cela le rassura beaucoup. Heureusement qu'elle n'avait pas compris sa gêne de tout à l'heure. Marchant à pas tranquilles, il prit le chemin qu'avait emprunté Seles, devant le regard amusé du second du capitaine. Une fois sur le pont, il identifia rapidement la chevelure de feu de Seles. Elle avait l'air heureuse, là où elle était. Quelque chose semblait capter son attention. Aeron se glissa derrière elle, posa les mains sur ses épaules tout en la poussant vers l'avant, puis la retint au moment où elle commença à crier de surprise. Content de sa revanche, Aeron évita le regard accusateur de la jeune fille et contempla le panorama. L'eau s'étendait à perte de vue à gauche. A droite, on distinguait le continent qu'ils avaient quitté, et face à eux, on voyait le sommet de l'île où se trouvait Altamira.
Altamira, cela ravivait des souvenirs. Ses soirées mondaines, ses plages, ses touristes. Il se souvenait encore comme son frère le narguait parce qu'il pouvait entrer dans le casino en se faisant paraître pour plus vieux qu'il n'était réellement. Aeron ne pouvait pas prétendre pouvoir se vieillir assez, c'était impossible. Aujourd'hui, il pouvait sans soucis. Seles voulait y aller d'ailleurs. Peut-être qu'il pourrait l'amener. Après tout, elle avait beau être naïve et encore parfois un peu gamine, elle était en réalité une jeune femme forte. En tout cas c'est ainsi qu'Aeron la voyait. Elle était plus résolue que beaucoup d'autres femmes et surtout, elle était franche et honnête. Il avait hâte de lui faire certaines surprises. Il devinait déjà la tête que tirerait Seles devant les magasins, devant la plage, dans la chambre réservée. Il imaginait déjà ses étoiles dans les yeux. Ignorant la réaction de Seles à sa blague, il la calma en pointant du doigt.
-Regardez, des créatures marines qui suivent le navire. Elles nous suivront encore pendant quelques temps et quand nous approcherons de la ville, que l'on croisera d'autres navires, ils feront demi-tour.
Sortant un bout de viande séchée de son sac, il lança la nourriture en direction des créature. L'une d'elle sauta hors de l'eau de deux bons mètres pour attraper le morceau en vol. La créature avait beau être carnivore, elle n'attaquait les humains qu'en cas de famine. La société Lézaréno avait pris l'habitude de nourrir ces créatures avec des petits bouts de viande. La rumeur disait que ces créatures avaient parfois sauvé des naufragés et avaient été récompensées par un véritable festin. Elles n'était pas à proprement dire apprivoisées, mais c'était toujours ça. Prenant un autre morceau de viande, il le tendit à Seles.
-Nous pourrons manger à notre faim à Altamira, autant que cette viande serve !
  La présence d'une grande majorité de demi-elfes à bord la rassurait clairement, si bien qu'elle se sentait plutôt à l'aise, finalement. Son humeur et son impatience de découvrir Altamira jouait également beaucoup, elle était contente et détendue, autant en profiter ! Un rien pourrait changer la donne et la mettre de nouveau en mode berserk, ce que nous voulons bien évidemment tous éviter, n'est-ce pas !
  Elle gambadait donc tranquillement dans les couloirs du bâtiment jusqu'à arriver sur le pont. Là, elle jeta un petit coup d’œil circulaire autour d'elle pour évaluer l'environnement, croisant quelques regards. La mer semblait clame et le vent soufflait en leur faveur, ce qui ménageait bien le labeur de l'équipage. La petite rouquine arborait sans le savoir un léger sourire doux de sérénité. Elle reteint son chapeau lorsqu'une bourrasque s'engouffra dans ses cheveux flamboyants, portant son regard haut vers le ciel, où trônait le mat de la vigie. Puis, d'un pas rapide digne de l'impatience d'une enfant, elle grimpa jusqu'à la poupe observant le capitaine à la barre à son passage, lui adressa un léger signe de tête amical en continuant son cheminement jusqu'au fond, pour s’accouder à la rampe. Il y avait tant d'espace, tant d'eau à perte de vue, rien ne venait entraver cette étendue parfaitement plane, si ce n'est la silhouette nébuleuse du continent s'évanouissant lentement à l'horizon. En face, à gauche, à droite, c'était pareil. Que du bleu et du vide. Elle en eut presque le souffle coupé alors qu'elle sentait pour de bon des ailes de liberté lui pousser dans le dos.
  Quelque chose venait d'attirer son attention dans l'eau quand elle sentit qu'on lui saisit les épaules pour la bousculer légèrement en avant. Elle tressaillit en plaquant ses mains contre la rampe, craignant de basculer et de se faire happer par cette immense étendue de vide, mais on l'aida à se redresser aussitôt, et c'est alors qu'elle découvrit le visage espiègle d'Aeron, bien content de sa petite vengeance apparemment. La demoiselle prise à son propre jeu eut alors une petite moue contrariée en croisant son regard, elle semblait malgré tout toujours très à l'aise, et son petit regard réprobateur n'était que bon enfant.
  Craignant cependant son courroux, le blondinet ne perdit pas une seconde pour trouver un prétexte qui adoucirait sa petite protégée, attirant justement son attention sur ce qui l'avait intriguée juste avant la farce. Elle observa alors un peu plus attentivement, toute sage, écoutant les dires de son camarade. Elle essayait de mieux les distinguer, mais les vagues et l'écume relâchées par le navire rendaient leur silhouette bien trop nébuleuse pour vraiment se faire une idée de ce à quoi elle ressemblait. Sélès devinait cependant qu'elle était bien plus grosse qu'un humain.
  Aeron sortit alors d'une de ses sacoches un morceau de viande qu'il envoya au loin, et c'est alors que la magnifique créature marine surgit de la mer pour prendre son envol dans les airs. C'était une sorte de petite baleine à la tête très ronde et à la peau remarquablement lisse et bleue, aux reflets colorés uniques. Ses nageoires pectorales se prolongeaient en d'immenses ailes écailleuses, qui, faute de lui permettre un véritable vol d’oiseau, devait lui octroyer une vitesse impressionnante une fois dans son environnement naturel. Sa gueule ronde renfermait une rangée de dents pointues, plutôt petites comparées à sa taille totale. C'était une créature vraiment magnifique, Sélès en avait déjà vu dans des encyclopédies, mais elle n'aurait jamais imaginé en voir en vrai un jour ! Elle en avait des paillettes dans les yeux.
  Le chevalier, décidément très attentionné, lui tendit alors un autre morceau de viande, avouant qu'ils allaient sans doute se perdre étant donné qu'ils n'en auraient pas besoin à Altamira. Sélès esquissa alors un léger sourire, mi émerveillée, mi intimidée, avant de s'emparer de l'affaire, observant attentivement les créatures qui faisait à présent quelques petits bonds discret hors de l'eau pour recracher de l'air par leur évent. Elle se concentra un instant, sortant un petit bout de langue au coin de ses lèvres, se disant que, surtout, elle devait lancer suffisamment loin pour ne pas risquer à la créature de venir se cogner contre le navire. Elle se décida enfin à faire son lancer, qui arriva à peu près aussi loin que celui d'Aeron. Merci exsphère !!
  Elle sautilla joyeusement sur place en voyant la créature bondir pour récupérer son lancer à la perfection. Pourvoir interagir ainsi avec une créature si différente et majestueuse était quelque chose d'unique et de merveilleux. Cela avait un étrange effet antidépresseur et réconfortant, balayant les sentiments de solitude et de désarroi, face à de telles puissances de la nature. On se dit que finalement, notre solitude et nos petits maux ne sont rien face à cela. Elle avait l'impression d'apprendre à vivre vraiment, elle avait l’impression ne n'avoir jamais vraiment pris le temps de respirer avant cela.
  Le sourire aux lèvres, elle se tourna vers Aeron. Elle se sentait plus gâtée que jamais, aucun cadeau matériel ne pourrait remplacer la richesse des gestes simples visant tout simplement à faire plaisir. Sélès s'en sentait grandie et plus riche encore. C'était un peu ce sentiment qu'elle avait chaque fois que Zelos lui rendait visite autrefois.
  -Elles sont incroyables ! Mais je pense qu'on devrait faire don du reste de nos denrées périssables à l'équipage, ils en auront besoin, c'est sûr que ça leur sera utile.
  Elle n'avait pas de remord à priver les créatures marines de cela, elle savait que l'océan regorgeait de petites merveilles gustatives pour elles, et puis elles allaient finir obèses si elles se laissaient aller à se faire nourrir par la main de l'homme ainsi.
  La demoiselle continua tout de même de les observer avec attention, jusqu'à ce qu'elles se laissent doucement distancer. Elle se tourna alors vers la proue, remarquant alors la silhouette plus si lointaine d'Altamira, qui était à présent toute proche. Elle pointant l'île du doigt, d'où l'on pouvait voir les hautes tours luxueuses et modernes de la ville.