“ Biographie ”

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“Il était une fois”. La plus simple des formules qui permet de transformer une histoire simple et banale en un récit héroïque et fantaisiste. De faire d’un héros d’un jour une légende vivante. Mais pour employer ce terme, l’histoire doit déjà avoir une fin. Or, celle-ci ne fait que commencer.

Tendez l’oreille, et écoutez. Vous pourrez, avec de la chance, réussir à entendre des rires d’enfants au milieu de toutes cette végétation. S’agit-il d’esprits? Peut-être n’est-ce qu’une hallucination. Ou bien c’est la folie qui vous guette ? On vous l’avez dit, il est dangereux de s’aventurer au cœur de Gaoracchia si l’on ignore où se trouve notre destination. Mais après tout, si ce n’était rien de tout ça. S’il s’agissait de vrai rires, sincères et vivants. Car pas si loin, au coeur de cette forêt, s’élève Mizuho. C’est dans ce petit village que va grandir Shana. Un village aussi ancien que sa culture et aussi secret que ses traditions. Unique fille d’un père ninja et d’une mère qui l’était.

- Maman ? Pourquoi tu fais pas comme papa toi ?, demanda une fois Shana à sa mère.
- Parce que je préfère rester à la maison avec toi plutôt que de courir le monde, trésor.

Le visage d’enfant de la jeune Shana s’illumina d’un sourire aux tendres mots de sa mère. Et après un baiser de celle-ci, la petite prit la direction de la porte et s’engouffra dans le soleil matinal. Mizuho est un petit village, et on en fait vite le tour. Mais c’est ce qu’elle aime ici. La proximité avec tout les gens de ce village, le vent dans la forêt qui laisse un murmure constant dans l’air. “Les voix des ancêtres qui chantent des charmes pour nous protéger”, lui avait dit sa mère un jour pour la rassurer lorsque ces bruissements étaient bien plus fort que d’ordinaire. Elle ne voit que rarement son père. Ninja, comme la plupart des personnes habitant ce village, il n’est que très peu présent. Mais quand il est là, elle le monopolise le plus possible. Car même si elle adorait son village, même si elle aimait par dessus tout sa mère, elle voulait être comme son père. Elle aussi voulait être une ninja.

- Moi aussi papa je vais être une grande ninja quand je serais grande !
- Je n’en doute pas un seul instant. Je suis même persuadé que tu seras une bien meilleure ninja que moi., continua son père.
- Ah oui ?
- Bien sûr. Tiens, attends je vais te montrer quelque chose.

Shana resta assise dans la cours intérieur de la maison trois minute, le temps que son père aille chercher un curieux objet.

- Regarde, lui fit-il en lui tendant l’étrange chose.
- Waaaah! Mais... C’est quoi ? A quoi ça sert ?
- C’est un bô. Une arme. Quand tu seras grande, il sera à toi. Apprends à l’utiliser. Quand tu le maîtrisera, il deviendra une arme aussi létal qu’un sabre.
- Un bâton ?
- C’est parce que c’est un baton que je te le donne. Parce qu’il peut être dangereux si on sait l’utiliser. Mais il peut aussi n’être... Qu’un simple bâton., termina le paternel avec un rire.
- Waaaah... Merci mon papa !

Depuis cet instant, tous les jours elle s’entraînait, même seule, dans l’objectif de ensuite apprendre à utiliser le « bô » que son père lui avait montré. Même si dans ces moments là cet entraînement n’était pas d’une grande utilité. Elle écoutait les conseils de sa mère, suivait les apprentissages de son père... Mais elle s’améliore difficilement. Car si son père avait de grands espoirs, la réalité était tout autre. En effet, Shana n’avait pas de grandes prédispositions pour devenir la grande ninja qu’elle rêvait d’être. Et son père devint bien plus rude lorsqu’il le remarqua. Peut-être que sans soutien elle aurait abandonné ? Car si elle se disait qu’il était bien plus sévère pour qu’elle s’améliore plus vite, la fatigue, mais surtout le désespoir de ne pas avancer comme son père le voulait se faisait de plus en plus ressentir.

Les autres enfants se débrouillaient bien mieux qu’elle. Elle le voyait aussi. Elle les regardait faire, essayait de reproduire la même chose. Mais ce n’était pas aussi concluant. Et il y avait cette fillette. A peine plus âgée qu’elle. Qu’est-ce qu’elle aurait aimée lui ressembler. Parfois il lui arrivait de songer  qu’elle voudrait tant être à sa place. Elle admirait sa façon d’être, mais surtout ce qu’elle savait faire. Alors que la pauvre héritière des Murasaki était une incapable aux yeux de son père, et une enfant fragile aux yeux de sa mère. Elle essayait de se donner un air fort. Mais au fond, c’est à peine si elle savait se faire discrète. La base pour un ninja. De temps à autre, pendant les heures de libre à l’école, cette fille lui donnait des petites astuces à suivre. Elle lui devait énormément. Car si elle avait du mal à reproduire chez elle tous les conseils qu’on lui donnait, ce que cette fille fit pour Shana par la suite lui fit faire un pas de géant dans son ambition de devenir l’une des meilleurs ninja de sa génération. Un soir, avant de quitter l’école, elle avait couru vers la fillette. Elle restait plus âgée. Rien ne garantissait qu’elle accepte sa requête. Et puis, est-ce qu’elle allait l’écouter ? Mais peu importait ses doutes, elle avait des rêves et elle voulait, non elle savait qu’elle pouvait l’aider ! En s’approchant de celle qu’elle admirait tant, elle cria son nom pour attirer son attention.

- Sheena ! Attends ! Je peux te parler s’il – te – plait ?

C’est lorsqu’elle eu toute l’attention de la jeune fille que Shana laissa planer quelques secondes de silence, remettant en doute sa propre décision. Mais il était trop tard à présent. Elle s’inclina devant Sheena, laissant ses longs cheveux blancs cacher son visage.

- S’il – te – plait, montre-moi comment devenir ninja. Apprend-moi comment faire pour que je m’améliore !

Ce premier réel contact scella une amitié entre les deux jeunes filles où Shana vouait un profond respect envers son aînée qui l’aidait plus que jamais dans ses lacunes. Jusqu’à ce terrible jour. Ce jour où les ninjas prirent la direction du temple de la foudre. Et Sheena aussi. Tous partaient confiants. Mais tous ne revinrent pas… Au début, la petite ne comprenait pas pourquoi sa mère ne voulait pas qu’elle aille voir son amie. Mais elle sortait des arguments de plus en plus convaincants qui touchait la jeune Shana en plein cœur.

- Si ton père n’avait pas était en mission ailleurs ce jour-là, il aurait surement été de l’expédition… Moi-même si je n’avais pas abandonnée ma condition de ninja j’aurais pu participer à cette mission…

Des arguments qui ne pouvaient que forcer l'apprentie ninja à se ranger dans les rangs, et imiter le reste du village. Alors comme les autres, elle se mit à ignorer la fillette. Et de nouveau, Shana se retrouva seule pour son apprentissage. Qu’est-ce qu’elle regrettait après coup d’avoir écouté les plus grands. Mais elle regrettait surtout d’avoir osé abandonner son amie quand elle avait le plus besoin d’aide. Cependant, il était déjà trop tard pour se morfondre et se tordre en excuse. Après tout, il est difficile de se faire pardonner d’un souvenir.

Dans sa maison, Shana était en assise en seiza devant l’arme que son père lui avait montré quelques temps auparavant. Tout s’était enchaîné si rapidement. Son désir de devenir la meilleure, l’objectif d’obtenir ce bô des mains de son père, être devenue ensuite l’amie et la disciple de Sheena… Et perdre cette amie si chère. Tout ça. En si peu de temps. Elle fixait le bâton avec intensité. Et après plusieurs minutes elle s’était décidée. Elle allait continuer à s’entraîner, et bien plus dur qu’avant. Elle atteindrait son objectif. Mais elle en avait un nouveau. Car une fois qu’elle le pourrait, elle partirait d’ici pour retrouver Sheena. Elle l’avait aidé à s’améliorer. C’était à son tour de lui tendre la main.

Le temps allait si lentement. Et pourquoi elle n’avait toujours pas héritée de ce bô ? Shana s’impatientait de voir les saisons passer mais aucun signe de n’importe quel villageois manifestant de l’inquiétude envers la fille du chef. Envers son amie. Quelque chose qui l’agaçait autant que son père qui ne voulait pas admettre qu’elle méritait enfin le titre de « ninja ». D'autant plus en ce moment, où un mal étrange s'abattait sur Mizuho. Tout les ninjas étaient à l’affût. Jamais les monstres n'avaient pénétrés l'enceinte du village. Et Shana faisait tout pour aider à repousser ces invasions. Elle faisait tout pour que son père la remarque et la reconnaisse. Sans succès cependant.

- Et puis c’est quoi ça encore. Tu crois que c’est passe-partout ces peintures ?
- Pas besoin d’être passe-partout si j’ai pas besoin de me cacher !
- La discrétion, savoir arriver quelque part sans se faire entendre, sans même se faire remarquer. C’est la base de l’art ninja.
- Pourquoi vouloir passer inaperçu quand c’est inutile. On peut avoir des moments ninja et des moments pas ninja ! Et puis justement parfois y a du bon à se faire remarquer, non ?
- Donc tu veux apprendre à être une ninja pour ne pas en être une.
- J’ai pas dit ça !

Ce genre de dispute arrivait de plus en plus fréquemment sous le toit des Murasaki. Et le plus souvent ça se résultait par la mère de Shana qui intervenait pour séparer le père et la fille qui aucun des deux ne voulait laisser le dernier mot à l’autre. Et c’est suite à l’une de ces disputes de trop que Shana pris son ultime décision. Celle qui changerai sa vie. Celle de prendre son destin en main et d'avoir le dernier mot à poser pour cesser ces disputes incessantes et infernales.

Dans le courant de cette nuit-là, elle se leva de son futon et, le plus discrètement qu’elle le put, s’habilla et récupéra une besace qu’elle remplit de ce qui lui passait par la tête pour le voyage à venir. En prenant la direction de la porte, elle passa devant ce qui aurait dû lui revenir depuis longtemps. Depuis qu’elle était devenue une ninja. Contemplant l’objet quelques secondes, prise entre sa bonne conscience qui lui disait qu’elle devait le laisser là et sa mauvaise qui lui susurrait qu’elle avait tout les droit de le prendre, elle se laissa tenter par la deuxième option. Après tout elle était déjà en train de fuguer, alors voler cette arme. Et voler un objet qui vous appartient, est-ce réellement un vol ? N’est-ce pas plutôt un emprunt à long terme ou, dans ce cas-là, une appropriation sans autorisation direct mais avec accord préalable ? Sans chercher plus loin, Shana se saisit du bô et quitta son foyer sans un mot. En refermant la porte, elle resta quelques secondes face au logis, comme pour un adieu silencieux. Puis elle se précipita vers la porte du village où, avant de pénétrer dans les profondeurs de la forêt de Gaoracchia, elle jeta un dernier regard sur l'ancestral village de Mizuho. Peut-être quelqu’un l’avait-elle vu ? En tout cas, personne ne l’avait arrêtée. Pas même ses propres parents dans le cas où ils se seraient réveillés.

Ça faisait déjà plusieurs jours qu’elle avait quitté le village. Et le meilleur adjectif pour décrire sa réaction en découvrant à quoi ressemblait réellement le monde serait sûrement « surprise ». Car il était loin de ressembler à ce qu’elle s’était imaginé.  Ce monde était bien plus vaste qu'elle ne le pensait. Les gens étaient étranges. Ils avaient des vêtements étranges, des façons de se tenir étranges, une culture étrange… Eux disaient l’inverse. Ils disaient que c’étaient la jeune Shana qui était étrange. Peut-être avaient-ils raison. Peut-être avaient-ils tords. Mais Shana s’en moquait. Elle découvrait une nouvelle façon de vivre. Une vie où elle jonglait entre saltimbanque dans les rues et sur les routes , récoltant quelques pièces en faisant quelques tours de base de ninjutsu ou avec son bâton, et des missions bien plus propre à ses origines. Même si Shana n'en réalisait pas tant que ça en vérité. De par son jeune âge, les gens avaient du mal à la prendre au sérieux ou du moins à avoir confiance en ses capacités. Alors elle essayait de trouver d'autres voies. Du travail plus commun. Une nouvelle vie, plus compliquée, mais tellement plus palpitante ! Mais il lui arrivait de temps à autre de se poser une  question : « Sont-ils à ma recherche ou m’ont-ils abandonnés à mon sort moi aussi ? ». Connaissant son père, et surtout les services de renseignements de Mizuho, elle optait plutôt pour la seconde option. Dans l’autre cas, ça ferait longtemps qu’elle serait de retour au village.  D'ailleurs,  elle qui n'avait jusqu'alors connu que son petit village où rien n'avait de secret pour personne, les villes lui avaient parues si imposantes au début.  La première fois, lorsqu'elle était entrée dans l'une d'elle, la jeune ninja ne savait plus où donner de la tête. Ce genre d'endroit où le voisin de palier pouvait nous être totalement inconnu lui semblait juste invraisemblable. Dès lors elle voulu savoir à quoi ressemblait la capitale. La plus grande ville de son monde. Celle où riche et miséreux se côtoyaient sans se voir. Mais tout le monde lui déconseillait d'y aller. Et ce pour pleins de raisons. Entre l'absence totale de haute Autorité et  ces étranges secousses à répétition qui frappait la ville, Meltokio n'étaient pas la meilleure destination touristique. Sauf pour Shana, qui continuait son périple, ignorant les paroles des gens lui conseillant de faire demi-tour. Car d'une certaine manière, les avertissements de ces personnes la rassurait. Ce n'était pas Mizuho qui était maudit. C'était le monde dans sa globalité. Une question, aussi angoissante qu'elle ne pourrait avoir la réponse, s'imposa alors à Shana : l'Elue de Sylvarant avait-elle réussie son pèlerinage pour que Tésseha'lla sombre dans un tel chaos?